Sur la science et au-delà

Jean Vandenhaute, Christian De Duve

Description

Ce livre est le dernier ouvrage de Christian de Duve. Dans ce livre, Christian de Duve retrace son itinéraire intellectuel si original. Il y évoque sa contribution à la naissance de la biologie moderne. Il développe son questionnement sur le sens de l’évolution et sa préoccupation quant au devenir de l’humanité. Un livre testament achevé par Christian de Duve quelques jours avant sa mort volontaire et où il se confie à Jean Vandenhaute, mort lui aussi dans les mêmes circonstances. Le dernier message d’un très grand savant et d’un profond humaniste. Christian de Duve (1917-2013) a reçu le prix Nobel de médecine en 1974. Il a été professeur à l’Université catholique de Louvain et à l’Université Rockefeller de New York. Il a notamment publié À l’écoute du vivant, Singularités, Génétique du péché originel, De Jésus à Jésus… en passant par Darwin et Sept Vies en une, qui ont tous été de grands succès. Jean Vandenhaute (1941-2013) a été professeur de génétique moléculaire à l’Université de Namur et a collaboré avec de nombreux laboratoires dans le monde (CEA Saclay, Halle, Harvard Medical School), tout en étant engagé dans des actions de coopération au développement. Durant ses années d’éméritat, il a poursuivi sa réflexion sur la génétique et l’évolution au sein de la faculté de philosophie et lettres. 

Sujets

• Science
• Autobiography
• Technology
• Biography
• Lettres et linguistique

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 08 novembre 2013
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782738174789
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Le produit de la vente de ce livre ira intégralement au laboratoire de biochimie de l’ISP (Institut supérieur pédagogique) de Bukavu en République démocratique du Congo (RDC). Ce laboratoire a été fondé en 2011 à l’initiative du Fonds Adrien-Bauchau par Robert et Simone Wattiaux, collaborateurs de la première heure du professeur de Duve. Avec ses 3 000 étudiants l’ISP est le principal institut de formation des enseignants de l’est de la RDC.
©  O DILE J ACOB, NOVEMBRE 2013
15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7478-9
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Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
NOTE DE L’ÉDITEUR
Namur, 4 mai 2013
Préface
Première partie - ITINÉRAIRE D’UN CHERCHEUR
CHAPITRE PREMIER - Les influences de jeunesse
Famille et école
Un élan romantique pour devenir un « homme en blanc »
CHAPITRE 2 - L’engagement dans la recherche : la part du choix et celle du hasard
De la médecine à la science
Le choix d’un objectif : résoudre le problème de l’insuline
De l’insuline à la biologie cellulaire
CHAPITRE 3 - Une double vie partagée entre l’Europe et les États-unis
CHAPITRE 4 - La consécration du prix Nobel
CHAPITRE 5 - La recherche au service de la médecine
L’influence de Mai 68
Création d’un institut de recherche sur le modèle de l’Institut Rockefeller
CHAPITRE 6 - La place de la recherche dans la société
La liberté et la recherche fondamentale
Le succès du modèle américain
La structure de la recherche en Belgique
Donner la priorité aux bons chercheurs
CHAPITRE 7 - Une retraite studieuse
La vulgarisation : une tâche nécessaire mais difficile
Le hasard d’une vocation tardive d’écrivain
Deuxième partie - AU CŒUR DES RÉVOLUTIONS DE LA BIOLOGIE
CHAPITRE 8 - La naissance de la biologie moderne
Le darwinisme : le point de départ d’un bouleversement
Des résistances dogmatiques : le triste exemple soviétique
L’avènement de la biologie moléculaire
CHAPITRE 9 - L’approche mécaniciste de la vie
Le déterminisme chimique
Et la vie avec une autre chimie ?
Deux évangiles : hasard et nécessité
Sommes-nous, nous-mêmes, déterminés ?
CHAPITRE 10 - Une dernière frontière de la biologie : la conscience
Quelques réflexions sur l’approche neurobiologique
Spéculations sur des processus physiques inconnus
Troisième partie - QUESTIONNEMENTS SUR LE SENS
CHAPITRE 11 - Le refus de toute doxa religieuse
CHAPITRE 12 - Une approche par d’autres voies que scientifiques ?
La philosophie
L’art
CHAPITRE 13 - Un sens ultime au-delà de la science ?
Quatrième partie - QUESTIONNEMENTS SUR L’ÉTHIQUE
CHAPITRE 14 - Une relation entre savoir et éthique ?
CHAPITRE 15 - Des applications illégitimes du savoir ?
L’eugénisme
Les OGM
CHAPITRE 16 - Le libre arbitre : une illusion ?
CHAPITRE 17 - Sans religion, pas de morale ?
CHAPITRE 18 - Un sentiment de responsabilité envers les générations à venir
CHAPITRE 19 - Pourquoi l’éthique ?
Cinquième partie - LE DESTIN DE NOTRE ESPÈCE MENACÉ À COURT TERME
CHAPITRE 20 - Malthus, Darwin et une catastrophe annoncée
CHAPITRE 21 - Des mesures drastiques pour éviter l’effondrementde notre humanité
CHAPITRE 22 - Une solution naturelle pour contrer la sélection naturelle : l’épigénétique
CHAPITRE 23 - Le déficit rédhibitoire en sagesse
CHAPITRE 24 - Qui pourra convertir les mentalités ?
Les religions et les Églises ?
La sagesse des savants ?
CHAPITRE 25 - Un pessimisme teinté d’espoir
Toute raison d’être pessimiste
Le rôle de la femme
Une évolution vers un meilleur cerveau ?
Postface
Remerciements
De Christian de Duve chez Odile Jacob
NOTE DE L’ÉDITEUR

C’est avec une profonde émotion que je publie aujourd’hui le livre-testament de Christian de Duve.
Christian de Duve m’a confié son dernier texte la veille de sa mort volontaire.
Que l’hommage soit ici rendu à sa personnalité exceptionnelle, à son génie de savant, à son talent d’écrivain et à sa p rofonde humanité.
Je salue également la mémoire de Jean Vandenhaute, son coauteur.
Odile Jacob
Namur, 4 mai 2013
Christian de Duve est décédé ce 4 mai 2013. Il m’a appelé le 1 er  mai pour ce qui serait un ultime entretien. Il m’a précisé que la postface qui clôture ce livre devait être datée du jour qu’il avait fixé quelques semaines auparavant pour son euthanasie. Il a insisté pour qu’y soient incluses ces quelques lignes qu’il avait préparées – un dernier codicille comme il aimait à l’appeler. Il voulait rendre clair qu’il n’était pas un grand penseur, qu’il n’avait pas réfléchi toute sa vie dans le but de laisser des messages planétaires. « J’ai été, me redit-il une nouvelle fois, un chercheur. Ce n’est qu’ensuite que je me suis posé les questions que tout un chacun se pose ; j’ai eu le temps d’y réfléchir et j’ai essayé de le faire en homme raisonnable et libre, m’appliquant à livrer le résultat de ma réflexion avec rigueur et honnêteté intellectuelles. » Il me demanda si je souhaitais l’interroger encore et l’enregistrer, mais je n’en avais pas le cœur. Il prit enfin le soin de confirmer par courriel à Odile Jacob que le livre était prêt, puis je l’ai laissé aux affaires qu’il lui restait à régler. Il m’a embrassé et je n’ai pu que lui murmurer un « merci ».
C’était une superbe fin d’après-midi où le soleil printanier inondait la plaine humide qu’il pouvait contempler par la fenêtre de son bureau.
Préface

Christian de Duve a accepté de répondre à mes questions au cours d’une série d’entretiens que nous avons clôturés au printemps 2013. Ce dialogue fut à plusieurs voix, car j’ai aussi été l’interprète de nombreuses questions transmises par quelques amis et en particulier par Dominique Lambert, philosophe et physicien. Ce livre leur doit donc beaucoup à tous et tout particulièrement à ce dernier.
Ces questions s’adressent au savant, figure de proue de la biologie moderne, mais aussi à l’humaniste qui, au-delà de la science, affronte quelques grandes interrogations de notre temps. Au fil d’échanges à bâtons rompus, Christian de Duve livre sans détour sa pensée, souvent longuement réfléchie, mais parfois aussi immédiate et spontanée. À plus d’une occasion, il remet en cause des positions qu’il a pu défendre précédemment illustrant ainsi l’évolution de sa pensée régie par le respect de la rigueur et de l’honnêteté intellectuelles.
Sur la science, je n’ai pas cherché à obtenir de lui une nouvelle relation de son œuvre de chercheur ; sa contribution est bien connue et fut distinguée par le prix Nobel de médecine ou physiologie en 1974. Je l’ai invité plutôt à jeter un regard rétrospectif – mais aussi prospectif – sur l’univers de la recherche, cette « maîtresse exigeante », comme il la qualifie. Davantage que les détails de sa biographie, qu’il a fait paraître récemment, c’est son périple intellectuel qui importe : son éducation chez les jésuites – imprégnée du vitalisme ambiant qu’il retrouvera encore à l’université –, le contact, vers 18 ans, comme jeune étudiant en médecine, avec son premier « patron » de laboratoire qui sera responsable de sa conversion au mécanicisme, la lecture des grands tels Descartes, Claude Bernard, mais aussi Einstein, et, enfin, la naissance de la passion pour la science qui ne le quittera plus.
Et comment, médecin puis chimiste et enfin biochimiste, devient-il ce biologiste cellulaire éminent, découvreur d’organites nouveaux au sein de la cellule, lui qui précisément, de ses propres dires, n’a jamais été à même de « rien voir dans un microscope » ? Pour le découvreur éminent que fut Christian de Duve, qu’a été – au vrai – le processus de la découverte et quelle part le hasard y a-t-il tenue ? Quelle importance a eue pour lui la rencontre avec ses « héros » ou « maîtres » ? Et, d’un point de vue plus général, quelle place tient ou devrait tenir la science dans la cité ? Qu’est-ce que la vérité et la liberté scientifiques ? Le savoir est-il toujours bon, et la science triomphante de nos jours est-elle source de véritable progrès ou bien est-elle dangereuse ? En particulier, que dire des inquiétudes récurrentes sur les applications de la biologie, que ce soit en médecine ou encore dans l’agroalimentaire ?
Sur ces questions, et bien d’autres surgies au fil de ces entretiens, de Duve livre des analyses pénétrantes dans le langage direct qu’on lui connaît. Elles sont nourries de sa science et de sa rationalité, débarrassée de tout conditionnement intellectuel ou dogmatique et elles sont marquées au coin d’une rare sagesse qu’il a acquise par un long travail de réflexion. En effet, de Duve, une fois qu’il eut quitté ses laboratoires, soit près d’une trentaine d’années avant ces entretiens, n’a cessé de se consacrer, au quotidien, à un vrai labeur d’investigation, mais cette fois purement intellectuelle. Une série d’ouvrages destinés au grand public en sont le fruit. Les premiers constituent une fresque incomparable de l’épopée moderne de la biologie dressée par l’acteur et le témoin privilégié qu’il fut. Certains domaines frontières – l’origine de la vie et la compréhension du cerveau avec le problème, fascinant entre tous, de la conscience et du libre arbitre – y sont évoqués, et Christian de Duve esquisse à propos de ces domaines qu’il affectionne certaines pistes possibles pour leur exploration scientifique