Voyages de l'intérieur , livre ebook

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Il y avait donc un commencement, c’est évident, mais il y a un « avent ». J’imagine bien le tohu-bohu des origines, la montée du désir magnifié par les derniers obstacles, l’envie de partir enfin, loin, laisser, voir. Je repars au désert : désir de rien et de somptueux, désir de lumière. Dans le train vers Paris défile en ma tête les photos du « désert de lumière » que je tournais ces derniers jours comme pour tromper l’attente ou mieux la remplir d’un vrai désir de couleur et de beau, de pierres et d’inconnu. Les plus belles pages de ce livre sont sans doute celles où Jean Rouet évoque la présence de cet Autre qui offre soudain l’allégement et le repos quand on se déprend de soi pour espérer en lui.
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Date de parution

26 décembre 2012

Nombre de lectures

2

EAN13

9782312006987

Langue

Français

Voyages de l’intérieur
Jean Rouet
Voyages de l’intérieur
Préface de Jean-Pierre Lemaire













Les éditions du net 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
Mon épouse infidèle, je vais la séduire,
je vais l’entraîner jusqu’au désert,
et je lui parlerai cœur à cœur.
Osée 2,16































© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00698-7
Préface « Plus grand que notre cœur »
Ce livre raconte une expérience qui défie le langage et a pourtant besoin des mots. On pourrait l’appeler une « mise au large », l’initiation du cœur crispé à un nouveau rythme, quand il cesse de chercher une assurance dans le repli sur soi pour la trouver en s’ouvrant à plus grand que soi : le désert et le Dieu qui vous entraînent toujours plus loin. Double et unique aventure où le chemin est parcouru à la fois dans l’espace et « de l’intérieur ».

Le livre commence par un cri d’amour adressé à un lieu qu’on pourrait d’abord prendre pour une personne ; il a un nom propre, énigmatique : Mitzpe Ramon. D’autres noms propres suivront, le Néguev, Pétra, l’Akakus… Un nom commun les rassemble : le désert. Une seule grande expérience déclinée en plusieurs voyages. Tous les symptômes de l’enthousiasme amoureux s’y retrouvent : la fièvre dans l’attente du départ, comparée à un temps de fiançailles ; l’éblouissement de la rencontre, qui marque un « commencement » absolu tout en éclairant une préhistoire, celle de la vocation sacerdotale ; l’impression décisive d’avoir « trouvé la porte ». L’auteur ici devient poète, les paragraphes se transforment en couplets, en refrains parfois : « aujourd’hui est un bel aujourd’hui ».

Au fil des pages, la beauté particulière du désert se confirme et se précise : c’est d’abord le choc de la couleur, dont le « nuancier » se déploie au soleil levant et au soleil couchant. C’est ensuite la découverte d’un horizon que rien n’encombre et que le voyage, à pied ou en voiture, repousse toujours au-delà. « La moindre chose apparaît tout entière, écrit Jean Rouet. On a envie que l’intérieur soit ainsi fait de rien pour que le moindre détail apparaisse comme le cadeau de Dieu. » Ce sont enfin les traces laissées par l’eau, les animaux (de la gazelle au scorpion), les hommes dont les peintures rupestres ramènent sous nos yeux une vie venue du fond des âges. On comprend que le désert soit tout ensemble un lieu de rencontre privilégié avec Dieu et comme la métaphore de celui-ci : « Je sais pourquoi j’aime le désert. Il est comme mon Dieu brûlant et frais, rude et séduisant, beau et doux à la fois. »
Mais passée l’ivresse des commencements, l’aventure se révèle aussi une épreuve. Le voyageur subit la chaleur, la soif, la faim parfois, qu’on trompe en évoquant de futurs festins. S’y ajoutent les restrictions qu’impose à notre auteur une malformation cardiaque. Surtout, le désert est sans distraction : il nous renvoie impitoyablement, mieux que ne le ferait aujourd’hui notre chambre qui s’est, depuis Pascal, remplie de gadgets, à notre solitude essentielle. Malgré les compagnons de route et le thé offert à l’étape, on endure au désert ses propres limites.

Tout cela oblige à voyager aussi « de l’intérieur ». La solitude du marcheur entre en résonance avec le célibat du prêtre qu’est Jean Rouet, avec ce voyage de la vie qu’il doit faire « sans une épaule » où s’appuyer. Isolé, il l’a été aussi très tôt par le regard méprisant de son institutrice dès qu’elle a su son désir d’entrer au séminaire. Bien sûr, il y a les joies, le réconfort de l’amitié. Mais les amis également ont leurs limites ; il leur arrive d’être oublieux, de s’endormir comme les apôtres au moment crucial. Le prêtre est voué pour l’essentiel à un double rapport, avec l’assemblée et avec lui-même. Entre les deux, c’est souvent le vide.

Dans ce désert intérieur, comme dans l’autre, surgissent des tentations : mépris de soi ou, à l’inverse, exaltation du pouvoir imaginaire que l’on s’attribue, fausse consistance du personnage social où l’on joue à être un autre, encombrement de l’agenda qui bouche les moindres fissures du temps par lesquelles le doute pourrait s’insinuer. Mettant à distance ces différentes façons de se perdre dans la vie ordinaire, les retrouvailles périodiques avec le désert apportent à la fois une révélation et une délivrance. Une révélation parce qu’il n’y a plus moyen de s’y cacher à soi-même ; mais d’où viendrait la délivrance ?

Les plus belles pages de ce livre sont sans doute celles où Jean Rouet évoque la présence de cet Autre qui offre soudain l’allégement et le repos quand on se déprend de soi pour espérer en lui. Il est tout proche – au point qu’on se trouve un jour associé à sa Passion, qu’on découvre sa Face pitoyable comme un miroir où la nôtre se reflète – et insaisissable. C’est le trésor trouvé et aussitôt recaché, car il faut tout vendre pour l’acquérir. « La force du désert, écrit Jean Rouet, c’est qu’il n’y a rien et cependant vous y croisez toujours quelqu’un qui vient d’on ne sait où et qui va là où vous n’irez pas. » C’est pourtant bien « le face à face qui est en jeu dans cette solitude ; un face à face avec un visage qui a perdu toute apparence humaine, un visage de gloire où la lumière vous éblouit comme une incandescence, un face à face qui, pour se réaliser, a besoin de se réfracter en milliers de visages. »

L’existence sur ce chemin prend peu à peu « forme du Christ ». Il s’y révèle au creuset comme l’or du temps que l’on croyait avoir passé vainement auprès des autres et dépensé en pure perte. « Après l’encombrement des choses où les autres vous dérangent, toute chose et tout être se situent par rapport à Lui en vous. » Le Christ est la porte, immense et « étroite », à la mesure de laquelle il faut « s’agrandir et se dilater, s’abaisser et se réduire », comme le dit un moine de l’Église d’Orient, pour trouver sa taille humaine et la juste perspective. Alors pourra venir le moment de l’écriture.

Celle-ci prolonge en quelque sorte les traces d’animaux relevées dans le désert, les inscriptions nabatéennes, les versets d’un psaume qui montaient aux lèvres du voyageur. Il s’agit de relier les signes qui ont été donnés le long du chemin en laissant entre eux des blancs, comme entre les mots d’une phrase. Leur mise en rapport n’est pas rigide ; elle préserve un certain « jeu » propice à l’humour. Ainsi les mouches qui vous assaillent un vendredi en pays musulman se révèlent-elles « êtres sans aucune religion ».

Plus sérieusement, elle associe le paysage et l’Écriture, la découverte silencieuse de soi au désert et les paroles du psaume 138 (« Que je me lève ou m’assoie tu le sais »). Elle prend quelquefois des raccourcis étonnants, comme celui qui nous mène directement de l’échelle de Jacob à la croix, les deux étant de bois et la seconde gardant pour toujours l’ouverture qu’avait fait entrevoir la première.

Le lecteur est enfin frappé par des formules magnifiques où la justesse et la gravité n’excluent pas le plaisir de jouer avec les mots : « Le contraire du mépris de soi ce n’est pas l’estime de soi, c’est l’intime de Dieu pour moi. » Oui, l’écriture réserve de ces surprises, de ces dépassements inattendus de la rhétorique, « fait jaillir en soi autre que soi, toutes portes closes. » Telles sont les traces en pointillés, la couture émouvante entre l’espace du désert et « l’espace du dedans » que nous livrent les « voyages » de Jean Rouet.
On souhaite à ceux qui liront ces pages d’y trouver comme au désert la plus belle des raisons d’aimer : « pour ce face à face où l’on est saisi par l’

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