Commerce fluvial sur l Adour du XVIIe au XVIIIe siècle
334 pages
Français

Commerce fluvial sur l'Adour du XVIIe au XVIIIe siècle , livre ebook

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Description

Le commerce fluvial sur l'Adour connut sa pleine expansion et une grande prospérité au XVIIe et au XVIIIe siècle. En remontant le fleuve du port de Bayonne vers le « Haut-Pays », les galupes ou gabares rapportaient le sel nécessaire à la conservation des aliments mais aussi le poisson en période de Carême, la laine espagnole et les épices d'Amérique. Cet ouvrage revient avec précision sur ce commerce et ces échanges qui animèrent la région à cette époque.

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Date de parution 01 mai 2016
Nombre de lectures 32
EAN13 9782140008610
Langue Français
Poids de l'ouvrage 11 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le commerce fluvial sur l’Adour connut sa pleine expansion et
de chais, de greniers ou d’entrepôts, pour recevoir les charrois des
Jurançon, les eaux-de-vie, les céréales. En remontant l’Adour, du port
viande de baleine), les laines d’Espagne et les épices provenant des îles d’Amérique. En cette période, des familles de négociants, les
capables de naviguer sur l’Adour, d’en éviter les bancs de sable, les rochers, les souches et autres obstacles édifiés par les riverains
produits résiniers des forêts du Marensin, d’où partaient des quantités
Bayonne. Ce nouveau genre d’échanges commerciaux fera l’objet du
Chemins de la Mémoire
Vincent Lagardère
Commerce fluvial sur l’Adour e e du XVII au XVIII siècle
Les ports de SaintSever, Mugron, Laurède et Hinx
e e Série XVII / XVIII siècle
Commerce fluvial sur l’Adour e e du XVII au XVIII siècle Les ports de Saint-Sever, Mugron, Laurède et Hinx
Chemins de la Mémoire Fondée par Alain Forest, cette collection est consacrée à la publication de travaux de recherche, essentiellement universitaires, dans le domaine de l’histoire en général. Relancée en 2011, elle se décline désormais par séries (chronologiques, thématiques en fonction d’approches disciplinaires spécifiques). Depuis 2013, cette collection centrée sur l’espace européen s’ouvre à d’autres aires géographiques. Derniers titres parus : LOUIS(Abel A.),Jean-Pierre Eugene Clavier. Premier homme de couleur membre du Conseil colonial et de la Cour d’appel de la Martinique (1810-1863),2016. e LOCURATOLO(François),siècle. Adrien MauriceGuerre et politique au XVIII de Noailles (1678-1766), soldat et homme d’État,2016. HEIMBERG (Charles), ROUSSEAU (Frédéric) et THANASSEKOS (Yannis), e Témoins & témoignages. Figures et objets dans l’histoire du XX siècle,2016. BABIC (Laurence),L’interprétation et la représentation du Moyen Age sous le Second Empire,2015.LAFAGE(Franck),Côme III de Médicis, Grand-duc de Toscane,Un règne dans l’ombre de l’Histoire (1670-1723),2015. PRIJAC (Lukian),Le blocus de Djibouti, Chronique d’une guerre décalée (1935-1943),2015. CHASSARD (Dominique),Vichy et le Saint-Siège, Quatre ans de relations diplomatiques, juillet 1940-août 1944,2015. CHAUX(Marc),Les vice-présidents des États-Unis des origines à nos jours,2015. e ELHAGE (Fadi),Le chevalier de Bellerive, Un pauvre diable au XVIII siècle, 2015. PAUQUET (Alain),L’exil français de Don Carlos, Infant d’Espagne (1839-1846),2015. Ces dix derniers titres de la collection sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent.La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site www.harmattan.fr
Vincent LAGARDERECOMMERCE FLUVIALSUR L’ADOURE E DUXVIIAUXVIIISIECLELes ports de Saint-Sever, Mugron, Laurède et Hinx L’Harmattan
DU MÊMEAUTEUR Le Vendredi de Zallâqa, 23 octobre 1086,L’Harmattan, Paris, 1989. Les Almoravides I,L’Harmattan, Paris 1991. e e Campagnes et paysans d’al-Andalus VIII – XV siècle, Maisonneuve et Larose, Paris, 1993. Histoire et société en Occident musulman au Moyen-Âge, Analyse du Mi’yâr d’al-Wansharîsî,Collection da la Casa de Velazquez, tome 53, Madrid, 1995. Les Almoravides, le Djihad andalou (1106-1143),L’Harmatan, Paris, 1998, 1ière e édition, 2008, 2i édition. Madînat Shaltîsh, Une ville islamique dans les marécages de l’Odiel (Huelva, e e Andalousie) du IX au XIII siècle,Etudes et documents, Archéologie 14, Namur, 2011, chapitre 1. Le commerce fluvial à Mont-de-Marsan du XVIIe au XVIIIe siècle, éd L’Harmattan, 2012, tome I, 327 p. Le commerce fluvial à Mont-de-Marsan du XVIIe au XVIIIe siècle,éd. L’Harmattan, 2014, tome II : le quartier du port, 264 p.
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-07492-4 EAN : 9782343074924
Introduction
Le commerce fluvial sur l’Adour connut sa pleine expansion et une grande e e prospérité au XVII siècle et au XVIII siècle. Le fleuve Adour semble avoir été e utilisé très tôt par l’homme, comme voie de communication. Dès le XII siècle, Bayonne recevait par eau, les vins de Chalosse et les blés de la Gascogne gersoise destinés à sa consommation et au commerce.
Le réseau navigable se présente ainsi : une artère centrale, l’Adour, où viennent déboucher de courts tronçons latéraux. « Formé de ruisseaux descendant des pentes des cols d’Aspin vers Payolle et du Tourmalet à l’Ouest de la Mongie, l’Adour pénètre dans les Landes juste après avoir reçu, à sa gauche le Larcis, à deux kilomètres en amont d’Aire-sur-l’Adour ; à 160 km de la mer, le fleuve est à 80 m d’altitude. C’est encore un cours d’eau assez 3 modeste, écoulant en moyenne 39,5 m /s. Les plus hautes eaux sont relevées en 3 janvier et en février (63,5 m /s) ; elles se maintiennent jusqu’en mai à plus de 50 3 3 m /s, pour décroître ensuite rapidement jusqu’à 8,7 m /s en août ; puis vient la remontée, qui s’accélère en fin d’année », période souvent choisie par les négociants de Saint-Sever, Mugron, Laurède, Hinx et Mont-de-Marsan, pour embarquer sur leurs gabares ou galupes les vins de Béarn, Jurançon, Chalosse, Tursan. « Les hautes eaux sont donc sept fois plus importantes que les étiages. Nourri par les pluies abondantes qui s’abattent sur le piémont pyrénéen et par la fonte des neiges tombées sur la montagne, l’Adour moyen a un régime pluvio-nival, dont la régularité est perturbée par les crues liées à des redoux brutaux sur la montagne, ou à des pluies particulièrement abondantes, ou aux deux à la fois ». « Ce régime se dégrade quelque peu le long du cours moyen. Pendant une cinquantaine de kilomètres, le fleuve coule vers l’Ouest le long du coteau qui marque le rebord du Tursan et de la Chalosse, rebord dont il ne s’éloigne qu’à l’Ouest de Mugron. De 80 m au confluent du Larcis, il s’abaisse à 66 à Cazère-sur-l’Adour et à 32 à Saint-Sever, pour n’être plus qu’à 16 m au port de Mugron et au confluent de la Midouze. Ainsi sa pente longitudinale reste-t-elle sensible : 1,2 m par km entre Aire-sur-l’Adour et le pied du coteau de Saint-Sever, 1,16 entre cette cité et le port de Mugron. L’Adour coule rapidement en dessinant de nombreuses sinuosités, voire des méandres et ayant déplacé son lit à maintes reprises ». Le port de Mugron sera victime de ses errements de nombreuses fois e au cours du XVIII siècle. « Le régime du fleuve, très marqué par les influences montagnardes, reste voisin de celui décrit à Aire-sur-l’Adour. De plus, surtout en saison froide, les eaux montent parfois assez rapidement et régulièrement
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jusqu’à des cotes voisines de 3,5 m : puis vient la décrue, qui ne demande pas plus de temps que la montée des eaux. Durant ces périodes de crue, les eaux s’écoulent aussi par de nombreux bras secondaires et peuvent même submerger une plaine d’inondation dont la largeur atteint jusqu’à 1500 à 2000 m (ainsi en e 1879) ». À la fin du XVIII siècle, le port de Mugron fut submergé et la société Domenger frères et compagnie vit partir au fil des eaux des crues jusqu’à 400 barriques de vin.
L’Adour qui s’assagit dès l’aval de Mugron et fut utilisé par la navigation depuis le port de Saint-Sever, relié par navettes de galupats ou demi-gabares au port de Mugron, reçoit au Hourquet, sur la commune d’Audon, la Midouze qui lui apporte les eaux du Sud de la forêt landaise et du Bas-Armagnac. Longue de 43 km, elle est formée par la confluence, à Mont-de-Marsan, de la Douze et du e e Midou, mais demeure mentionnée dans les documents des XVII et XVIII siècles sous le terme de Douze.
« Le profil longitudinal de l’Adour s’adoucit sensiblement en aval du confluent de la Midouze, à tel point que, sur les derniers 94 km de son cours, la pente moyenne n’est plus que de 17 cm par kilomètre et qu’elle tombe à des valeurs bien inférieures, dans certaines sections… » « D’Aire-sur-l’Adour au Bec du Gave, l’Adour reçoit à gauche, une série d’affluents venus, exception faite des Gaves Réunis, du piémont pyrénéen. D’amont en aval, voici d’abord le Ruisseau du Brousseau (11 km) et le Lourden (16 km), qui drainent les bas plateaux situés au Sud-Ouest d’Aire-sur-l’Adour. Déjà plus puissant est le Bahus (50 km), qui conflue vers l’Adour un peu en amont de Saint-Sever : né en Béarn au voisinage de Claracq. Il apporte à l’Adour les eaux du plateau de Miramont-Sensacq avant de s’enfoncer profondément dans les coteaux du Sud et de l’Ouest du Tursan, vers Bahus-Soubiran, Eugénie-les-Bains, Fargues et Montgaillard ». (Serge Lerat).
Le port de Saint-Sever bénéficie de ces apports et peut expédier vers Mugron et Bayonne les vins de Vic-Bilh, de Béarn et de Chalosse, si recherchés par les négociants hollandais entre 1730 et 1770.
« En aval de Saint-Sever, débouchent les plus puissants tributaires de rive gauche de l’Adour, le Gabas, le Louts et le Luy. Si le Louts, né sur les bas plateaux du Nord du Béarn, entre Thèze et Lalonguette, n’est long que de 76 km, dont les trois quarts dans les Landes, 107 km (dont 46 dans les Landes) séparent la source du Gabas, près d’Ossun, sur le plateau de Ger, de sa confluence avec l’Adour, en aval de Toulouzette. C’est aussi sur le plateau de Ger que naissent le Luy de France (85 km) et le Luy de Béarn (75 km), ces
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rivières essentiellement béarnaises…, se réunissent au pied du dôme de Bastennes pour former le Luy qui, au terme d’un parcours sinueux de 56 km, rejoint l’Adour en aval de Tercis-les-Bains » (Landes et Chalosses, I, 30 à 35). « Pénétrant dans les Landes au Sud de Pimbo, le Gabas coule aux confins de la Chalosse et du Tursan, vers Samadet et Coudures ; il draine ainsi le Sud du Tursan par son affluent de droite le Bas (30 km), mais reçoit très peu d’apports sur sa gauche. À moins de 2km au Sud-Ouest coule en effet le Louts, qui écoule les eaux des bas plateaux qui s’étendent de Samadet au Nord à Mant au Sud et de Lacajunte à l’Est aux portes d’Hagetmau ; en avril un grand nombre de petits ruisseaux lui apportent les eaux des collines chalossaises, entre Mugron et Montfort-en-Chalosse, et celles du Pays d’Auribat, avant qu’il rejoigne l’Adour à Préchacq-les-Bains. C’est à Monget que le Luy de France pénètre en Chalosse, décrivant maintes sinuosités, mais de faible ampleur. À Castet-Sarrazin, ses apports sont moindres que ceux du Luy de Béarn, qui arrose Amou et auquel l’Ourso apporte les eaux de la région de Bonnut. En aval, le Luy collecte par l’intermédiaire de nombreux affluents très courts, les précipitations du Sud de la Chalosse de Montfort ; il est aussi grossi à gauche du ruisseau de Grand Arrigau, venu des abords de Habas, et plus en aval du Ruisseau de Bassecq, qui draine la partie septentrionale de la Chalosse de Pouillon. Ces rivières à faible pente, (de l’ordre de 4 à 5 cm par km pour le Luy), drainent des régions où les chutes de neige sont très rares : aussi leur régime est-il franchement pluvial et concourt-il à renforcer cette tendance sur l’Adour ». « Au Bec du Gave, sur le territoire de la commune de Port-de-Lanne, l’Adour mêle ses eaux à celles des Gaves Réunis, courte rivière de 9400 mètres de longueur, elle-même formée par la réunion à un kilomètre en amont de Peyrehorade, du Gave de Pau et du Gave d’Oloron… . Le débit de l’Adour est presque triple par les apports des Gaves Réunis. En effet, à quelques kilomètres 3 de leur confluence, le Gave de Pau roule 85 m /s sous le pont de Béseux et le Gave d’Oloron plus de 101 à Escos… ». « Si abondants soient-ils, les apports des Gaves Réunis ne le sont toutefois pas assez pour modifier le régime de l’Adour, perturbé par ailleurs par le jeu de la marée (qui se fait sentir, du reste, beaucoup plus en amont du Bec du Gave, jusqu’à Mées) ; le régime reste franchement pluvial. Les eaux soutenues d’hiver, qui gênent l’écoulement dans les barthes, y sont suivies d’une montée correspondant à la fonte des neiges, en avril et en mai, montée à laquelle succède une période d’étiage de juillet à octobre. Les effets, ici conjoints, des crues survenant sur les diverses artères de la partie amont du bassin de l’Adour, entraînent des montées prolongées des eaux qui mettent à rude épreuve les levées de terre, notamment celles qui protègent les barthes du Seignanx et du pays de Gosse… Les crues de l’Adour mettent en effet deux ou trois jours pour s’écouler de Bagnères-de-Bigorre à Dax, celles du Gave de Pau quinze heures de Lourdes à Orthez, soit à une vitesse de 5 km/h et celle du Gave d’Oloron
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s’écoulent encore plus vite dans une vallée au profil longitudinal accentué et où la zone d’inondation est très étroite » (Landes et Chalosses, I, 35).
Cette morphologie du cours de l’Adour établie par Serge Lerat, conjuguée au mauvais état des routes, amenait à préférer la voie fluviale pour l’acheminement des marchandises, malgré les multiples et sérieux inconvénients qu’elle présentait. Toutefois, nous mettrons en regard de ces inconvénients l’avantage représenté par la grande capacité de certains bateaux : le chargement d’une galupe ou gabare équivalait à vingt charrettes (cas ou kas) ; celui d’une demi-galupe ou demi-gabare à dix, enfin les galupats ou galupots transportaient la charge de sept à huit charrettes. Ces divers moyens de transport étaient construits dans des ateliers établis à Laurède, Saint-Jean et Saint-Pierre-de-Lier, Urt et Bayonne.
e Dans la plupart des pays landais, la culture de la vigne tenait au XVII et au e XVIII siècle, sous l’Ancien Régime, une place bien plus importante qu’aujourd’hui. Elle y trouvait des conditions somme toute favorables. S’accommodant de sols médiocres ou même pauvres, elle avait davantage à craindre les orages de grêle que la rigueur des hivers ; par contre, l’ensoleillement de l’arrière-saison hâtait la maturation du raisin. Dans les Chalosses et en Tursan, le relief des coteaux engendre des sites bien exposés, favorables à l’implantation des ceps. Du Sud-Ouest landais au Tursan, la population était à cette époque assez nombreuse pour le travail minutieux qu’exige tout vignoble. Enfin, le réseau fluvial asturien assurait au trafic des vins l’accès aux marchés étrangers, dont Bayonne était l’étape obligée.
e La vigne est présente, encore à la fin du XVIII siècle, dans une notable partie de l’actuel département des Landes. Subsistent quelques vignobles de ville : le plus connu est celui de Dax. Exemple d’une production artificiellement maintenue, le « vin du cru » dacquois est l’objet d’une protection âprement défendue par les jurats. Les vins étrangers, dont ceux de Chalosse, Tursan, Béarn et Jurançon, ne peuvent être vendus qu’au marché du Sablar, avec interdiction de les faire entrer dans la ville entre la Saint Martin (11 novembre) et Pâques. Ces mesures protectionnistes sont renouvelées en 1642, en 1720 et en 1733. Aubergistes et taverniers, artisans, marchands de Chalosse, négociants de Saint-Sever, Mugron, Laurède et Hinx demandaient la liberté de ce commerce, mais, encore en 1773, elle leur fut refusée. Toutefois, le déclin de ce vignoble était inéluctable : dès 1642, les jurats reconnaissent que les vins chalossais, plus délicats, font mépriser les leurs.
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e « La carte de Belleyme (XVIII siècle), dans la mesure où elle mérite créance, indique d’autres vignobles aux alentours de quelques cités : aucun à proximité de Tartas, quelques-uns au Sud et à l’Est de Mont-de-Marsan, par contre sur les terrains calcaires de l’anticlinal de Roquefort, un assez vaste vignoble semble ceinturer cette dernière ville. Son étendue est probablement en rapport avec la production de l’eau-de-vie, dont l’abbé Ducru signale les progrés à partir du e e XVI siècle et surtout au XVIII siècle en Bas-Armagnac, mais aussi en Gabardan et dans quelques localités du Marsan, comme Labastide-d’Armagnac et Saint-Justin, que la carte montre bien pourvues en vignes ».
Les vins de Chalosse et du Tursan bénéficiaient d’une vieille réputation. er François I en faisait acheter pour sa maison ; des lettres patentes d’Henri IV les disaient en 1600, « les meilleurs de toute la Guyenne ». Une grande partie de la récolte était d’autant plus disponible pour le commerce que le cidre ou « pomade » constituait la boisson commune des riverains de l’Adour. Tout un réseau commercial avait été mis en place, notamment dans la Chalosse septentrionale. Si les bénéficiaires de grosses parts de récolte ou de dîmes importantes pouvaient les enchayer dans l’attente d’une montée des cours, les petits propriétaires et les métayers devaient sans délai vendre leur récolte aux négociants. Ceux-ci, tels les Prisonnier, Camerade, Castandet, Barbères, Tortigue, Lespiaub à Saint-Sever, Domenger à Miugron, Hiard à Laurède, Degos à Poyanne faisaient aussi le trafic des eaux-de-vie, des vins de Béarn et de Jurançon et des produits résineux. Les vins étaient charroyés jusqu’aux ports de l’Adour (Saint-Sever, Mugron, Laurède, Hinx, Dax), où ils étaient entreposés en attendant leur embarquement sur des galupes ou gabares à destinatiion du port de Bayonne et pour les pays étrangers : Flandre, Hollande, Prusse, Europe du Nord. Au port de Mugron, le chai-grenier Servat et les chais Domenger engrangeaient les vins de Chalosse, Tursan et Béarn, les céréales (froment, millocq/maïs, graines de lin) ; au port de Laurède, le grand chai de Larribère, long de quarante mètres, recevait le produit des sept métairies du bien noble de e Castet-Merle. Quant au vignoble du Tursan, c’est au XVII siècle que ses produits avaient connu une faveur particulière des villes hanséatiques de l’Europe du Nord. D’après le registre des jaugeurs de Bayonne, 32 430 barriques (de 320 litres) étaient expédiées en 1623, et encore 30 293 en 1665, soit des sorties de l’ordre de 100 000 hectolitres, quantité considérable pour l’époque. À la demande de vin de Chalosse, Tursan, Béarn et Jurançon s’ajoutait celle d’eau-de-vie. Sa production se développait non seulement dans le Bas-Armagnac, mais aussi en Chalosse.Le Mémoire de l’intendant Bazin de Bezons (1698) indique qu’on en fait beaucoup dans ce pays sans compter celle qui vient d’Armagnac par Mont-de-Marsan. En 1666, Laborde Péboué y signalait la présence de soixante « chaudières », dont six dans le seul village de Saint-Aubin, au sujet desquelles il rapporte un épisode pittoresque. L’écoulement de ce produit préoccupait les autorités : d’Etigny demandait pour les eaux-de-vie de
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