Souvenirs du Vieil Agen
226 pages
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Souvenirs du Vieil Agen , livre ebook

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Description

Philippe Lauzun (1847-1920), l’un des grands historiens de l’Agenais et de la Gascogne, fit paraître cet ouvrage en 1913. C’était l’occasion de faire revivre des monuments majeurs de l’histoire de la capitale de l’Agenais, monuments qui avaient traversé les siècles et qui furent promptement détruits, pour quantité d’entre eux, dans ce XIXe siècle où les municipalités firent souvent preuve d’un aveuglement expéditif pour ne pas dire plus...


Brillante évocation de l’histoire d’Agen au fil de ses vieilles pierres à jamais perdues que l’on se prête à regretter tant l’image et l’aspect du cœur de la ville historique en eût été bonifié.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782824050706
Langue Français
Poids de l'ouvrage 43 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0101€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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LAUZUN
Philippe LAUZUN
SOUVENIRS DU V I E I L
A G E N
SOUVENIRS DU VIEIL AGEN ARR317-B
Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays. Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain Pour la présente édition : © EDR/EDITIONS DES RÉGIONALISMES ™ — 2010/2013 EDR sarl : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 CRESSÉ
ISBN 978.2.8240.0179.1 Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique,outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
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Philippe LAUZUN
Souvenirs du VIEIL AGEN Illustrés de reproductions de documents anciens, de plans et de dessins originaux d’André Millet
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LE BEFFROI DE L’HÔTEL DE VILLE e premier monument que nous ayons tenu à faire figurer en tête de ces monographies est le Beffroi de l’ancien travLaux exécutés en ce moment pour la construction du nouveau Hôtel de Ville, l’un des plus pittoresques du vieil Agen. Les théâtre ont mis au jour une partie de ses fondations. Son étude nous semble donc toute d’actualité. Ne concentrait-il pas, en outre, la vie publique de nos pères, et n’était-il pas l’édifice auquel ils tenaient le plus, comme présentant à leurs yeux le symbole des franchises municipales, si chèrement acquises, si péniblement conservées et auxquelles, pour ces raisons, ils attachaient tant de prix ? Il fut dessiné et lithographié en 1833, alors qu’il était encore intact, par Henri Brécy, conducteur des Ponts et Chaussées à Agen, au crayon duquel nous devons la reproduction de quelques autres monuments, notamment des ruines de la cathédrale Saint-Étienne, que nous publierons prochainement. C’est la seule vue qui nous en a été conservée. Quelques amateurs l’ont reproduite depuis dans leurs aquarelles, leurs gouaches ou leurs dessins, et y ont apporté de légères modifications, toutes de détail. Nous ne nous y arrêterons pas, ne voulant que fixer à tout jamais le dessin original de Brécy, dont le sens archéologique était très développé et des plus sûrs ; chose trop rare à cette époque pour ne pas mériter d’être signalée. Bien que la vue de ce monument nous dispense de le décrire, nous tenons à rappeler la page que M. G. Tholin, le premier, lui a consacrée : (1) « La tour de l’horloge de la maison commune, écrit-il , n’était pas bâtie hors œuvre. C’était une étroite façade qui coupait l’angle aigu formé par deux corps de logis, l’un sur l’alignement de la rue Garonne, l’autre sur la rue Moncorny. Le bas de la tour, jusqu’au tiers de sa hauteur, était occupé par un placage simulant un fronton sur pilastres qui encadrait la porte. Au niveau du second étage de
1. Les anciens Hôtels de Ville et le local du Musée d’Agen (Revue de l’Agenais, t. V, p. 177 et suiv. — Tirage à part, in-8 de 22 pages, 1878.)
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Beffroi de l’ancien Hôtel-de-Ville d’Agen.
l’Hôtel de Ville s’étendait un balcon en porte-à-faux, orné de balus-tres. Il reliait deux tourelles semi-circulaires qui se dégageaient sur les angles par une série d’encorbellements.Trois cordons coupaient horizontalement, comme pour simuler des étages, la masse, un peu lourde, formée par ce groupement de trois tours. Elle dominait tout le quartier. Telle quelle cette construction était une des curiosités de la ville. Elle offrait de curieux détails. Les culs de lampe avaient été superposés avec une grande hardiesse. Les architectes de cette e époque, comme leurs devanciers du XVI siècle, aimaient à tenter de pareils tours de force, au risque même de compromettre la solidité de leurs ouvrages. » Par quelles péripéties passa le beffroi de l’Hôtel de Ville ? Quelle fut son histoire ? C’est ce que nous allons essayer d’exposer rapi-dement. C’est par centaines que nous sont fournis par les Archives munici-pales d’Agen les renseignements les plus divers sur l’Hôtel de Ville, ou, pour employer le terme de nos pères, sur la Maison Commune d’Agen. Mais si elles nous donnent sur elle les plus minutieux détails, elles oublient de nous fixer sur un des points les plus importants, son emplacement au Moyen Âge. Est-il bien sûr, comme le croit et l’écrit M.Tholin, « que la Maison Commune se trouvait située au point où la rue Grande Horloge débouche sous les Cornières » ? L’existence de la tour de la Grande Horloge, qui était une des tours de l’enceinte primitive et qui portait un beffroi, est-elle une raison suffisante pour établir la proximité de la Maison Commune ? Un de nos plus anciens registres de Jurades e ne nous apprend-il pas au contraire, qu’au XIV siècle (1344-1354) « la Maison Commune était au bout du pont, de l’autre côté de la Garonne, et que pour ce motif, elle doit être démolie, ainsi que les (2) maisons qui sont sur ce pont ? » De quel pont est-il ici question ? Pas du Pont-Long à coup sûr, ou Pont de Garonne, à cette date tout nouvellement construit, qui donnait sur les fossés de ville et au-delà duquel ne se trouvait que le Gravier et la Garonne ? Du Pont d’An-goyne beaucoup plutôt, ce pont se trouvant, on le sait, au carrefour de la rue Garonne et Saint-Antoine, précisément à l’endroit où
2. Archives municipales d’Agen, BB. 16.
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s’élèvera plus tard le beffroi qui nous occupe, et qui était jeté devant la vieille porte de ville, dite «Porte du Pont d’Angoyne ou de Bézat»,sur le fossé de ville, auquel aboutissait un bras de la Garonne, si bien qu’au dire de nos vieux annalistes les mariniers pouvaient venir jusque sous ses arches y amarrer leurs bateaux. Quand dans la suite, avons-nous écrit nous-mêmes, tout ce fau-bourg dit de Garonne fut incorporé dans la ville, le Pont d’Angoyne, recouvert par une rue, ne forma plus qu’une bouche d’égout, qui s’ouvrait en un large plein-cintre au travers de la Maison Noubel, en face de la rue Moncorny. Chanté d’abord par l’auteur del’Eperno-nisme berné,puis par Jasmin dansLou Chalibari,il a été entièrement e recouvert au commencement du XIX siècle. Il n’en continue pas moins toujours les fonctions de bouche d’égout, l’eau de la Garonne (3) y affluant avec violence les jours de grande inondation . » Quoiqu’il en soit de l’emplacement exact de la Maison Commune au Moyen Âge, qu’aucun document ne nous permet de déterminer, e il est certain que, dès la fin du XV siècle, les consuls décidèrent sa translation au lieu dont nous venons de parler, c’est-à-dire devant le Pont d’Angoyne, à la jonction des rues Garonne et Moncorny, à cet endroit qui, depuis la démolition des murs de la première enceinte e e et l’agrandissement considérable de la ville aux XIII et XIV siècles jusqu’à la Garonne à l’ouest et la Porte Neuve au sud, allait devenir le plus fréquenté et se trouvait presque le plus central. On utilisa donc laet à sa suite, dansPorte Bézat ou Porte du Pont d’Angoyne, une maison achetée ou peut-être construite à cet effet, on y établit la nouvelle Maison Commune. Au début, ses dimensions étaient des plus médiocres. Le cadastre de 1566 nous donne sa délimitation. Elle était enserrée entre la maison de Lucas Barilhard libraire, qui donnait sur la rue Garonne au nord-ouest, et la maison d’Estrades au nord et à l’est, achetée plus tard par les consuls. Mais, pendant un siècle, ceux-ci se conten-tèrent de ce petit logis, contenant quatre salles, ainsi désignées dans l’inventaire des meubles fait le 31 décembre 1613 : La Grande Chambre ou Chambre Consulaire,qui renfermait de
3. Les Enceintes successives de la Ville d’Agen.Agen 1894, in-8 de 71 pages avec plan.
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beaux tableaux, dont les sujets étaient presque tous religieux, un portrait d’Henri IV, un autre de Louis XIII, de riches tapisseries, « dont douze de drap parsemées de fleurs de lis avec les armes de France, de feu Monsieur le mareschal d’Ornano et de la ville », de très beaux meubles, le grand coffre des archives, « où il y a deux calices d’argent, l’ung vieux fort ancien, tout plainier, et l’autre ouvré et en partie doré avec leurs platines, chascun aussi d’argent » ; cette salle servant de chapelle où la messe était dite dans certaines grandes occasions, notamment celle de l’installation annuelle des nouveaux consuls. 2° LaSalle Neuve,où se trouvaient laornée aussi de tableaux, garde-robe des consuls, le pavillon de velours rouge, un vieux coffre plein de papiers anciens, les registres ordinaires de comptabilité, etc. 3° LaChambre Verte,également tendue deou salle d’audience, tapisseries, affermée quelque temps au Présidial, dont les membres reconnaissaient déjà, en 1560, que « la salle qu’ils occupent dans la Maison Commune appartient bien à la ville et assurent auxdits consuls que dans la jouissance de ce local ils ne commettront aucun (4) préjudice » . 4° Enfin laSalle d’armesouArsenalau rez-de-chaussée,, d’abord puis à l’étage supérieur, « la salle actuelle d’en bas, devant, en 1625, (5) servit de prison » . Les besoins augmentant avec le temps, l’agrandissement de la Maison Commune devenait de plus en plus nécessaire. Les consuls le comprirent et, au mois de septembre 1658, ils achetèrent au maréchal d’Estrades, par l’intermédiaire de sa femme et de son procureur fondé Antoine de Grimard, la vaste maison qu’il possédait (6) tout à côté et qui leur fut vendue 18 000 livres . Elle prit désormais le nom deMaison du Roi. Composée de trois corps de logis séparés par une cour intérieure en forme de trapèze, comme l’indique très bien le plan de Lomet
4. Archives municipales. DD. 22. 5. Archives municipales, BB 44, 46 ; CC. 336, 340, 355, EE. 19. — Voir aussi cet inventaire, publié par M. G. Tholin dans son travail précité. 6. Idem. CC. 235. Voir la notice que nous avons consacrée au maréchal d’Estrades. Revue de l’Agenais.T. XXIII p. 289 et tirage à part (1896).
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dressé avant la Révolution, cette maison avait son aile gauche, qui fut prolongée plus tard jusqu’à la rue Garonne, attenante et parallèle à la Maison Commune. Cette aile lui servit immédiatement d’annexe, alors que le corps de logis principal, celui encore debout, qui consti-tue l’entrée du Musée actuel, était destiné à servir de logement aux grands personnages de passage à Agen.Aussi l’entretien de cet hôtel fut-il à la charge du pays et non de la municipalité. Une somme de 1 (7) 500 livres par an lui était encore attribuée au dernier siècle . Alors furent entrepris de nombreux changements à la Maison Commune, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. En bordure sur la rue Moncorny, là où se trouvait naguère le théâ-tre, la Maison Commune avait une fort vilaine entrée. Les consuls de l’année 1662, qui étaient noble François de Poussou, sieur de Poussou et de l’Estelle, maître Jean Paul Duluc, avocat en la Cour, Jean de Faure, bourgeois et marchand, maître Jean Sarreau, greffier en chef en la Cour Présidiale, maître Anthoine Ducros, docteur en médecine, et le sieur Anthoine Bejon, bourgeois et marchand, ré-solurent de l’aménager plus convenablement. À cet effet, « ils firent bastir un portal et sur les deux arceaux d’icelluy, une grosse tour d’une excessive hauteur ; mesme sur les deux costés d’icelle deux , tours basties de pierre de tailhe à demy suspendues en l’air, d’une haulteur presque esgale, et, du costé de la rue qui va du pont d’An-goine au Palais, une galerie aussi bastie de pierre de tailhe, joignant lesdites tours aussi à demy suspendue en l’air. » « On sentit en 1660, écrit de son côté Labrunie d’après la Chroni-que de M. Charrière, un tremblement de terre dans tout le royaume. Le mur de façade de l’Hôtel de Ville en fut lézardé du haut en bas, ainsi qu’il paraît. Nos consuls firent faire en 1662, la Tour et le Por-tal de l’Horloge de la Maison de Ville. Le 27 mai 1672 l’horloge fut placée et commença à servir au public en 1673, où l’on fit le dôme au-dessus du cadran. Ce dôme avait trois étages qui offraient un très beau coup d’oeil. Le dernier, plus petit que les deux autres, était surmonté d’une girouette à chaque côté. L’ouvrage était en bois, garni de plomb, et couvert d’ardoise. Mais, comme on négligea de le réparer et qu’il menaçait ruine, il fut détruit en 1717. Il ne resta
7. G. Tholin,op. cit.
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