Alerte en Europe : le guerre dans les Balkans (1912-1913)
186 pages
Français

Alerte en Europe : le guerre dans les Balkans (1912-1913) , livre ebook

186 pages
Français

Description

Les guerres balkaniques sont longtemps restées dans l'oubli. Mais c'est en 2014, alors que les Européens et leurs alliés tentent de comprendre la tragédie de la Grande Guerre, qu'analystes et historiens se penchent sur les fractures anti-ottomanes, puis fratricides, de 1912 et 1913. Quelles sont les passions et les intérêts en jeu ?

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Date de parution 01 juin 2014
Nombre de lectures 24
EAN13 9782336350516
Langue Français
Poids de l'ouvrage 19 Mo

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Extrait

Sous la direction de Catherine DurandinetCécile Folschweiller
Alerte en Europe : la guerre dans les Balkans (19121913)
INTERNATIONAL
Alerte en Europe : la guerre dans les Balkans(1912-1913)
Collection « Inter-National » dirigée par Denis Rolland, Joëlle Chassin et Françoise Dekowski Cette collection a pour vocation de présenter les études les plus récentes sur les institutions, les politiques publiques et les forces politiques et culturelles à l’œuvre aujourd’hui. Au croisement des disciplines juridiques, des sciences politiques, des relations internationales, de l’histoire et de l’anthropologie, elle se propose, dans une perspective pluridisciplinaire, d’éclairer les enjeux de la scène mondiale et européenne. Série générale (dernières parutions) : Pierre-Philippe BERSON,Sous le soleil de Chávez. Enquête sur le Venezuela d’Hugo Chávez, 2014. Mathieu CRETTENAND,Le rôle de la presse dans la construction de la paix, Le cas du conflit basque, 2014. Pierre JOURNOUD,La Guerre de Corée et ses enjeux stratégiques de 1950 à nos jours, 2014. Philippe SAUNIER,Politique de la comptabilité publique, 2014. Laurent BORZILLO,La Bundeswehr. De la pertinence des réformes à l’aune des opérations extérieures, 2014. Jean-Yves PARAÏSO,La perception de la théologie latino-américaine de la libération en République Fédérale d’Allemagne. L’exemple du cercle d’étude « Eglise et libération » (1973-1978), 2013. Edouard BOINET,Hydropolitique du fleuve Sénégal. Limites et perspectives d’un modèle de coopération, 2013. Eric DICHARRY,L’écologie de l’éducation. Un anthropologue à l’école du bertsularisme en Pays basque, 2013. Sébastien BARRERE,Les Etats-Unis face au franquisme. 1936-1956, la croisée des chemins, 2013. Marc PAVE,La pêche côtière en France (1715-1850). Approche sociale et environnementale, 2013. Marianne GUILLEMIN,Femmes officiers de communication dans l’armée de Terre. Le parcours des combattantes, 2013. Ariane LANDUYT & Denis ROLLAND (org.),Construire l’espace politique européen. Historiographies, politiques et territoires, 2012. Julien GYGAX,Olympisme et guerre froide, 2012. Daniel AARÃO et Denis ROLLAND (dir.),Modernités nationales, modernités importées. Entre Ancien et Nouveau monde (XIXe-XXIe siècle), 2012. Jean-Luc GRANDRIE, avec Nathalie COSTA et Denis ROLLAND,Les Tréteaux de France, 2001-2011. Récit d’une reconquête théâtrale,2012.
Sous la direction de Catherine DurandinetCécile FolschweillerAlerte en Europe : la guerre dans les Balkans (1912-1913)
© L’HARMATTAN, 2014 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03626-7 EAN : 9782343036267
SOMMAIRE Catherine DURANDINIntroduction ................................................................................7Jean-Jacques BECKERLa France et la Russie face aux guerres balkaniques ...............11Jean-Noël GRANDHOMMELes aspects militaires des guerres balkaniques (1912-1913). Rappels historiques et point historiographique.........................17Annette BECKERDroit, observations et interventions humanitairesdans les Balkans, 1912-1914 ..................................................................39Silvia MARTONLe débat politique en Roumanie :mémoires et perspectives en 1912-1913.................................................................................55Catherine DURANDINRoumanie, guerre et veille de guerre :les menaces..................85Lucie GUESNIERLes Socialistes et la guerre.Du socialisme roumain à la « Confédération Balkanique »,un projet pour la paix dans e l’ombre de la II Internationale .................................................97Cécile FOLSCHWEILLERL’inéluctable fin de l’empire austro-hongrois ?L’alternative fédéraliste et les projets roumains ..........................................123Hamit BOZARSLANLe contexte ottoman ...............................................................141Stanislav SRETENOVICEntre mémoire serbe et construction de l’identité yougoslave, les célébrations de la bataille de Kumanovo dans l’entre-deux-guerres ....................................................................................153
INTRODUCTION
Catherine Durandin INALCO, Paris
Guerres Balkaniques 1912-1913, deux temps de guerre. L’une située dans la tradition de l’affrontement contre les Ottomans, l’autre engagée comme règlement de compte territorial entre des États-nations des Balkans qui s’entre-déchirent. Oubliées en France, mises de côté dans les lointains oublis qui frappent la mémoire collective : la Grande Guerre occupe aujourd’hui, et occupera jusqu’en 2018, le terrain de la narration historique collective, partagée entre les images de deuil dont témoignent les grands cimetières et la célébration de la victoire, autour du 11 novembre. Le retour des Poilus a évacué le passé tout proche de 1914, celui des guerres des Balkans. L’on bondit en un an de l’affrontement localisé à la Grande Guerre tout d’abord européenne. Les chiffres des pertes des soldats français, près de 1 400 000 morts, ont fait tomber dans l’oubli – en France – les 380 000 morts et blessés des « petits » États des Balkans, en 1912-1913. Ces mêmes conflits, dans la réalité de la violence et de la barbarie d’une guerre à la fois moderne déjà, de par son niveau d’armement, et archaïque encore, du fait des comportements paysans de la troupe, souvent héroïques par ignorance, par innocence, sont entrés dans le récit de l’épopée gagnante ou dans le souvenir de l’apocalypse, selon les acteurs, vainqueurs et vaincus. Deux temps se dégagent, étrangement différents quant à l’objet des ambitions des uns et des autres. Une première alliance des Serbes, Bulgares, Grecs et Monténégrins, et voici que les armées des Balkans dotées d’armements, entraînées par la France et l’Allemagne, imposent la retraite aux armées de l’empire ottoman. Pour aboutir à des négociations de paix qui
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s’ouvrent à Londres, le 17 décembre 1912. Retournement surprenant, à première vue, les vainqueurs balkaniques bientôt s’entredéchirent, et les ex-alliés auxquels s’associe la Roumanie s’unissent contre les ambitions territoriales bulgares. Une Bulgarie défaite qui demande l’armistice le 31 juillet 1913. Ce récit d’union puis de désunion déroute. Si ce n’est que sont en jeu la délimitation, la consolidation et la sécurisation de frontières que le droit historique s’applique à légitimer. Cette quête de sécurité nourrit le besoin d’extension territoriale. En ces mêmes années, depuis plus de trente ans, la projection coloniale a renforcé pour les puissances européennes hors Balkans l’assise nationale intérieure. Trop tard, les jeunes États des Balkans, à peine indépendants, se rêvent des espaces de conquête. La mobilisation nationaliste serait supposée guérir et effacer les fragilités internes. Les gouvernants et une large partie des élites conjuguent et s’appliquent à articuler une idéologie romantique de l’émancipation des peuples/nations/États contre les empires, notamment contre l’empire ottoman non chrétien, et une idéalité post-romantique de l’extension de la puissance… Ce défi nourrit l’union de ses ex-alliés contre les ambitions territoriales de la Bulgarie, en 1913. Nous aurions pu en rester là, à cette grille de lecture, si 1912-1913 n’était pas devenu le prélude de la Grande Guerre. Chaque acteur belligérant s’est proposé de retenir et de glorifier ces moments anti-ottoman puis anti-bulgare, ou, à l’opposé, d’oublier les coulisses où gisaient 380 000 morts. La Serbie s’est accrochée à la commémoration de 1912 et de sa victoire de Kumanovo contre les Ottomans, et a instrumentalisé cette mémoire au fil de la construction du royaume des Serbes, Croates et Slovènes puis de la Yougoslavie. La Roumanie parle peu de son intervention en Dobroudja de 1913, car sa rapide défaite de 1917 contre les Bulgares et les Austro-Allemands a coupé le fil de la marche triomphante : mieux vaut en rester à 1916, année de son entrée en guerre aux côtés de l’Entente et à 1918, son retour de dernière heure, après la signature d’une paix séparée, dans le camp des vainqueurs. Pour l’empire ottoman, 1912 signifie l’apocalypse, la Grande Guerre serait ou devrait
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être le moment de la revanche et de la refondation légitimée par le nationalisme turc. Ces guerres ont coûté cher en hommes et en souffrances, elles ont horrifié les observateurs et déjà mobilisé les humanitaires : elles s’inscrivent dans la ligne de ce que furent les épreuves de la guerre de 1877-1878, confrontation entre Russes et Ottomans, guerre des Slaves chrétiens et des Roumains romantiques contre cet empire fatigué où certains lisaient l’anachronisme des modes de souveraineté. Alors, en 1877 et 1878, la Russie portait le drapeau de la Chrétienté orthodoxe… et se rêvait installée à Constantinople. En 1912 Saint-Pétersbourg manifeste plus de retenue, tandis que l’alliée de la Russie, la France de Poincaré, s’inquiète de ne pas être tenue clairement informée des négociations, des accords entre les Russes et les frères des Balkans… Aux antipodes de ces gestes de guerre, certains esprits militants, éclairés, humanistes, socialistes qui pèsent les enjeux géopolitiques et les hécatombes humaines que l’écroulement des empires et leur disparition entraîneraient, tant en réalité de souffrance qu’en complexité des recompositions à venir, tentent de lutter contre ces idéologies nationalistes aventurières. Quelles sont les logiques à mettre en œuvre pour sortir le nouveau puzzle du chaos ? Des États-nations solides. Quelle puissance, quelles frontières, quel peuple uni pour un État-nation solide dans un univers bariolé de cultures, de religions, de langues et d’expériences historiques diverses ? À Vienne d’un côté, au niveau de l’Internationale socialiste, les expertises et projets, les militantismes se mobilisent. À Vienne encore, le cercle du Belvédère échoue à trouver une forme viable de la restructuration de l’empire. Quels critères pour définir de nouvelles entités inscrites dans une fédération ? à Bruxelles, à Paris, en Suisse, à Bucarest, les socialistes pacifistes ne sont pas unis, certains d’entre eux osent penser que d’un embrasement général pourrait naître la Révolution… Les années 1912-1913 furent autrefois étudiées dans une sorte de vision logique, téléologique, c’étaient les dernières années de crise après l’affaire franco-allemande du Maroc, conduisant comme inéluctablement à la Grande Guerre, au désastre, pour l’histoire des Lumières et du Progrès.
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