Course et corsaires en tunisie dans la première moitié du dixseptième siècle
234 pages
Français

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Description

Dans la première moitié du dix-septième siècle

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Publié par
Date de parution 01 janvier 2020
Nombre de lectures 1
EAN13 9789938074475
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dr. Taoufik Bachrouch Course et corsaires en tunisie dans la première moitié du dix-septième siècle ARABESQUES 2020
Livre : Course et corsaires en Tunisie dans la première moitié du dix septième siècle Auteur : Dr Taoufik Bachrouch Première édition 2020 Couverture : Yassine Kahlaoui Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés à l’éditeur: ARABESQUES EDITIONS ISBN ARABESQUES:978-9938-07-447-5ISBN Faculté 9 avril : 978-9938-44-025-6 33, rue Lénine-Tunis 1000 www. editions-arabesques.tn E-mail :editionsarabesques.tunis@gmail.com Les articles dont se constitue le présent ouvrage ont déjà fait l’objet d’une publication par le soin de la Fondation TEMIMI
LA MILICE TURCO-OTTOMANE DE TUNIS
TUNUS YENIÇERI OCAGHILa constitution, l’organisation et le fonctionnement de la milice turque, telle qu’elle fut implantée à Tunis et y acclimatée, n’ont cessé de poser nombre de problèmes dont certains sont restés insolubles à ce jour. La raison en est que les registres de soldes laissés par Dar al-Bacha sont conçus de manière à ne pas permettre de reconstituer l’organigramme de la milice de manière aussi détaillée que précise. La première question qui se pose est celle d’en mesurer le degré de conformité et de déviance par rapport au standard qui avait cours à Istanbul. La milice turque de Tunis a-t-elle été une copie conforme, dès son implantation en 1574, duYeniçeri ocaghitel qu’il avait pu prendre forme en Anatolie, ou bien était-ce un dérivé qui se fraya une destinée à part au point de se dénaturer par rapport au modèle originel ?
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La seconde question a trait au système timariote turc. Il ne fait aucun doute que la formehistorique particulière que revêtit la féodalité turque ne fut pas transposée telle quelle,mutismutandis, en Tunisie, de sorte que la province ne fut pas transformée en un iqtâ’conformémentau modèleoriental. On ignore à quel type de concession se rattacha le nouveau beylik : benevbet timar, mulk timar, serbest timar, akindji timar...La province de Tunis a-t-elle figuré sur les registres fonciers ottomans (Arazi Tahrir Defterle) : seules des recherches pointues permettraient de se faire une opinion à ce sujet et de prendre connaissance des deniers déboursés par les pachas pour en obtenir la concession. Toutefois, la question qui se pose est de savoir si le fait d’avoir imposé aux Pachas de Tunis, du moins à haute époque, le versement d’une contribution annuelle préalablement fixée et le fait de leur avoir prescrit de prêter main forte à leurs suzerains en cas de guerre ne pouvaient pas être considérés comme une forme d’assujettissement auiqtâ’par le sommet sans que le système timariote fût introduit à l’intérieur du sanjak nouvellement acquis. Les dons envoyés de manière sporadique et irrégulière à la Sublime Porte constituent-ils une survivance découlant des achats de charges opérés à haute époque ? Et comme les Pachas se dérobèrent assez tôt, mais à une date restée indéterminée, à cette obligation pour des raisons plus ou moins fallacieuses, force est d’admettre que même les sipahis qui prirent pied dans lepays ne furent pas
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logiquement des feudataires. C’est qu’à la base il nous manque la manière dont la haute administration ottomane catalogua sa nouvelle conquête dans la grille de son administration provinciale et présida à son organisation. Il se peut que le statut provincial de Tunis ait été influencé par celui d’Alger tel que conçu et mis en place depuis 1529. Comment se peut-il que des sultans ottomans aient pu renoncer aux tributs réguliers auxquels ils subordonnèrent l’attribution d’un pachalik, pour se contenter de présents irréguliers et occasionnels, si riches fussent-ils, en guise de bakchich homologué, alors que la province passait à tort pour regorger de richesses. Je me souviens d’une rencontre que j’ai eue à Istanbul, et pour mon grand bonheur, avec une vieille et fort charmante dame turque, qui était, selon la présentation qui m’en a été faite, la femme d’un ancien général de l’armée turque ; et s’exprimant dans un parfait français, elle me rapporta un vieux diction osmanli passé dans le patrimoine turc qui disait :Zengin, Tunus beyi gibi ou riche, comme le bey de Tunis. La Régence passait pour un Eldorado et son chef pour un Crésus. Devons-nous passer la main en l’occurrence à l’ethnographie des images, s’agissant de l’image de l’autre, se situant au loin ? Si tel était le cas, on comprendrait mal le fait que le pays ait été érigé en une province privilégiée (eyalet mümtaze) dispensée de payer le « vergi », parce que jouissant de fait d’une
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certaine forme d’autonomie locale. La province devait-elle son statut privilégié à sa position périphérique ? Son éloignement géographique serait-il la cause du relâchement des liens la liant au Centre. Ou encore porte-t-elle la marque des conditions et circonstances de sa conquête par les Ottomans, depuis Khereddine jusqu’à Sinan Pacha. ? En tout état de cause, le timariote serait le corps des janissaires et les ressources fiscales en constituent le timar, indépendamment de toute répartition foncière systématique à l’intérieur de la province. Le problème des circonstances et modalités d’accès à la propriété terrienne est un paragraphe obscur, bien que des échos à peine audibles aient répercuté le mécontentement des autochtones face aux agissements des Levantins en la matière. La milice fut appelée à vivre sur l’imposition et ne devait aucunement réclamer la moindre contribution financière de la Porte pour alimenter le budget de la province. L’autonomie administrative fut le corollaire de l’autonomie financière. Ce qui nous amène à la troisième question : est-ce en raison de l’éloignement de la province que le gouvernement central n’envoya pas la fine fleur de ses élites pour administrer le pays et le livra à des parvenus, des arrivistes souvent peu scrupuleux, et dotés d’une formation intellectuelle souvent approximative sinon inexistante, n’étant pas le produit direct du système osmanli de gouvernement ? La milice réunit les bas fonds de la
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Méditerranée, à de rares exceptions. Salvago (1625) les a qualifiés « de grossiers et rustiques en comparaison des Turcs d’Europe que les Ottomans ont reconnus à l’épreuve comme courageux, alors qu’ils trouvent les autres lâches...Malgré tout cela, ils ont en Barbarie la majorité et la prééminence. On peut croire que cette différence suscite chez les Turcs barbaresques une haine intestine contre la Porte qui les a répudiés ; et cependant les Turcs lorsqu’ils abandonnent les huttes où ils sont nés et les charrues, courent en hâte s’anoblir en Berbérie où ils peuvent se marier avec des femmes ». Autrement dit ils n’apportèrent avec eux que leurs bourses séminales comme fonds d’investissement. En conséquence de quoi la quatrième question qui se pose concerne la composition ethnique des immigrés venus d’Orient. Le nombre réel des odas (chambrées) qui ont été détachés à Tunis, au terme de la campagne, pour tenir militairement la nouvelle conquête, nous est inconnu. D’un côté on avance généralement le chiffre de quatre mille janissaires. Et de l’autre on évoque le détachement de la cent unième oda dont l’effectif ne devait pas dépasser plusieurs dizaines de personnes tout au plus. La garnison était-elle vraiment entièrement de sang turc, de langue ottomane et de rite hanéfite, ou bien constituait-elle un mélange hétéroclite de candidats à l’émigration, issus des bas fonds de la société anatolienne, les levend. Ces Orientaux n’avaient d’autre ambition que de fuir la misère de
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leur condition matérielle et de se faire une place au soleil, enviable tant qu’à faire, ce qui était de nature à stimuler les ambitions les plus folles et à donner libre cours aux spéculationsles plus hasardeuses.Ils se trouvèrent devant un espace politique libre et accessible dont ils ne se privèrent pas de tirer profit.
Certains jeunes tunisiens se croyant d’ascendance turque se sont mis récemment en quête de leurs origines lointaines. Munis de leurs seuls patronymes, ils se sont mis à sillonner l’Anatolie dans le fol espoir de tomber sur un homonyme qui ne pourrait être en définitive qu’un paronyme. Tel ce Cara Ali qui a été contacter la tribu des Karali en Anatolie dans l’espoir de découvrir ses racines profondes, alors que l’approche méthodologique suivie pourrait paraître sujette à caution. A chaque fois que je rencontrais le Pr. Sahellioghlu, je lui posais la question, devenue rituelle, si de nouvelles archives avaient été exhumées au Bash Bakanlik Arshivi, permettant de dénouer l’écheveau des innombrables points d’interrogations que nous affrontons. J’avoue ne plus être au fait des dernières contributions (hormis celles de Uzunçarşeli qui commencent à dater), si elles existent, de nos collègues et non moins amis historiens turcs, portant sur les janissaires de chez eux. J’objecte que les travaux dont j’ai pu prendre connaissance ne sont pas d’un grand secours en la matière, de mon point de vue. Dès lors il est
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