De l acte fondateur au mythe de fondation
228 pages
Français

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De l'acte fondateur au mythe de fondation , livre ebook

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Description

Toutes les sociétés, toutes les civilisations, ont besoin d'une genèse héroïque pour fonder leurs origines. Une geste destinée à justifier leur présent ; un point de départ qui fixe un avant et un après et qui fait qu'à partir d'un événement créateur, "rien ne sera plus comme avant". Le "père fondateur" est, selon les cas, un homme, une femme, un événement, un discours… Cet ouvrage se propose d'explorer ce concept, en croisant différentes approches : la linguistique, l'histoire, la philosophie, la littérature et le droit.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782140005756
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La quête de repères identiîcatoires est probablement l’une des plus vieilles entreprises que l’humanité s’est donnée pour asseoir son histoire et construire sa mémoire. Toutes les sociétés, toutes les civilisations, fussent les pires totalitarismes, ont besoin d’une genèse héroïque ‒ et donc exemplaire ‒ pour fonder leurs origines. Une geste destinée à justiîer leur présent ; un point de départ qui îxe un « avant » et un « après » et qui fait qu’à partir d’un événement créateur, selon la formule maintes fois annoncée, toujours contredite : « rien ne sera plus jamais comme avant ». On a tous besoin d’un père, tous besoin d’un géniteur, individuel ou collectif. Cette qualité peut naturellement se décliner sous différentes formes : le « père fondateur » est, selon les cas, un homme, une femme, un événement, un discours, un livre… Cet ouvrage se propose donc d’explorer ce concept, en croisant différentes approches : la linguistique, l’histoire, la philosophie, la littérature et le droit.
Illustration de couverture : création originale de Jean Monnet d’après l’une de ses œuvres,
Collection dirigée par Monique Clavel-Lévêque et Laure Lévêque
: 978-2-343-08599-9 24 €
DanielFaivre
DE L’ACTE FONDATEUR AU MYTHE DE FONDATION
Une approche pluridisciplinaire
DE L’ACTE FONDATEUR AU MYTHE DE FONDATION
DE L’ACTE FONDATEUR AU MYTHE DE FONDATION
CollectionHistoire, Textes, Sociétés
dirigée par Monique Clavel-Lévêque et Laure Lévêque
Pour questionner l'inscription du sujet social dans l'histoire, cette collection accueille des recherches très largement ouvertes tant dans la diachronie que dans les champs du savoir. L'objet affiché est d'explorer comment un ensemble de référents a pu structurer dans sa dynamique un rapport au monde. Dans la variété des sources – écrites ou orales –, elle se veut le lieu d'une enquête sur la mémoire, ses fondements, ses opérations de construction, ses refoulements aussi, ses modalités concrètes d'expression dans l'imaginaire, singulier ou collectif. Déjà parus Marie-Claude L’Huillier et Anne Jollet (dir.),Guerre et paix. Troisièmes rencontres d’Histoire critique, 2015. Antoine Casanova,: la longueFigures de Dieu, entre masculin et féminin marche, 2015. Monique Clavel-Lévêque,Autour de la Domitienne. Genèse et identité du Biterrois gallo-romain, 2014. Enrique Fernández Domingo, Xavier Tabet (textes réunis et présentés par), e e Nation, identité et littérature en Europe et Amérique latine (XIX -XX siècles), 2013. Laure Lévêque (éditeur),Les voies de la création. Musique et littérature à l’épreuve de l’histoire, 2012. Sidonie Marchal (éditeur),Belfort et son territoire dans l’imaginaire républicain, 2012. Lydie Bodiou, Florence Gherchanoc, Valérie Huet, Véronique Mehl,Parures et artifices : le corps exposé dans l’Antiquité, 2011. Stève Sainlaude,Le gouvernement impérial et la guerre de Sécession (1861-1863),2011. Laure Lévêque (éditeur),Paysages de mémoire. Mémoire du paysage, 2006. Laure Lévêque (éditeur),Liens de mémoire. Genres, repères, imaginaires, 2006. Monique Clavel-Lévêque,Le paysage en partage. Mémoire des pratiques des arpenteurs, 2006.
Daniel FAIVRE DE L’ACTE FONDATEUR AU MYTHE DE FONDATIONUne approche pluridisciplinaireAuteurs Dominique BERNARD-FAIVRE, Gérard GOBRY, Mohsen ISMAÏL, Françoise LADOUÈS, Laure LÉVÊQUE, René NOUAILHAT, Pierre OGNIER, Aimé RANDRIAN, Philippe RICHARD
© L’HARMATTAN, 2016 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-08599-9 EAN : 9782343085999
Avant-propos La quête de repères identificatoires est probablement l’une des plus vieilles entreprises que l’humanité s’est donnée pour asseoir son histoire et construire sa mémoire. Toutes les sociétés, toutes les civilisations, fussent les pires totalitarismes, ont besoin d’une genèse héroïqueet donc exemplairepour fonder leurs origines. Une geste destinée à justifier leur présent ; un point de départ qui fixe un "avant" et un "après" et qui fait qu’à partir d’un événement créateur, selon la formule maintes fois annoncée, toujours contredite : "rien ne sera plus jamais comme avant". On a tous besoin d’un père, tous besoin d’un géniteur, individuel ou collectif. Cette qualité peut naturellement se décliner sous différentes formes : le "père fondateur" est, selon les cas, un homme, une femme, un événement, un discours, un livre… Ce besoin gît au cœur même de l’individu, dont l’événement fondateur personnel est sa propre sortie de l’utérus maternel, événement qu’il va ensuite ritualiser dans une forme de cérémonie vaguement fétichiste de renouvellement symbolique de la naissance, que chacun organise à son gré et qui s’appelle anniversaire. Il n’est aucun domaine de la vie des hommes qui ne s’appuie sur cette idée. Selon une logique bien ordonnée, toute chose doit commencer par un point de départ, un événement qui peut être de différentes natures et qui surdétermine son avenir : on peut chercher (et trouver) le fait déclaré fondateur d’éléments aussi divers que le blues, l’écologie, le football, l’athéisme ou la poule au pot… Les sociétés ont toujours ressenti ce besoin de commémoration, sacrée ou laïque. Cette distinction n’est d’ailleurs que formelle car des manifestations contemporaines telles que le défilé du Quatorze juillet, laïque par essence, font partie d’une forme de liturgie républicaine dans laquelle le sacré est sous-jacent et qu’un citoyen revenu de la Rome antique n’hésiterait pas une seconde à qualifier de religieuse. Ce "devoir de mémoire", comme on l’entend souvent, est toujours tourné vers des faits qui fondent quelque chose du patrimoine de l’humanité, qu’il s’agisse de la prise de la Bastille, de la fête des travailleurs, comme on devrait logiquement er nommer le 1 Mai si Vichy n’était pas passé par là, de la découverte de l’Amérique ou de la Passion du Christ.
Avant-propos Pour réfléchir sur cette question, dix spécialistes se sont été réunis en séminaire au Centre Universitaire Catholique De Bourg ogne (CUCDB), à Dijon, afin de confronter leurs connaissances : dix spécialistes issus de disciplines aussi diverses que l’histoire, la théologie, la philosophie ou la linguistique. Mais dix spécialistes soucieux de confronter leur propre champ d’investigation à celui des autres. Au terme d’un séminaire de recherches de deux ans, ils livrent ici au lecteur le fruit de leurs réflexions et de leurs discussions. Ils ne prétendent naturellement pas à l’exhaustivitéeût fallu pour cela écrire une véritable encyclopédie et il convoquer des centaines d’auteursmais ils croisent leurs regards et permettent de découvrir quelques clés sur les grands moments qui donnent du sens à notre histoire, au plan religieux, politique et même… artistique. Cela commence par un questionnement théorique sur le fait de fonder. Qu’est-ce qui fait qu’un acte sera interprété ultérieurement comme fondateur et qui en décidera ? Deux types de réponses seront apportés : l’éclairage de la linguistique avec Gérard Gobry, qui réfléchira d’abord sur les mots qui nous servent à qualifier "ce qui fonde", avant de proposer une forme de typologie des grands mythes fondateurs de l’humanité ancienne ; l’apport de la philosophie ensuite, avec Aimé Randrian qui présentera également une forme de modélisation du fait fondateur. Puis les trois monothéismes seront à leur tour interrogés : judaïsme, christianisme et islam. Abraham tout d’abord, avec Daniel Faivre, car le patriarche biblique apparaît, plus encore que Moïse, même si nous ne connaissons rien de sa réalité historique, comme l’ancêtre fondateur, réel ousymbolique, de la religion monothéiste ; sa figure s’est imposée comme celle du "père" de tous les peuples qui porteront témoignage du Dieu unique. René Nouailhat nous montrera ensuite que la naissance du christianisme n’est sans doute pas aussi corrélée au seul ministère de Jésus qu’on pourrait le penser a priori et que celui-ci s’est construit d’abord dans la pluralité, avant de s’établir en dogme, bien des années après la crucifixion, dans les structures impériales du monde romain. L’islam enfin sera questionné par Mohsen Ismaïl, non sous l’angle du fait fondateur de la religion elle-même, qui est maintenant bien connu, mais par un biais très original et beaucoup moins étudié, celui du "droit" musulman, dont usent – et souvent abusent – les mouvements islamistes ainsi que certains chefs d’États contemporains. Ensuite, dans une logique que nous avons voulue chronologique, le christianisme fera l’objet d’un nouveau questionnement, sous la forme médiévale des pèlerinages, dont Françoise Ladouès cherchera à débusquer le moment fondateur. En effet, cette manifestation de foi, qui n’est évidemment pas propre au christianisme bien qu’elle en soit, aujourd’hui encore, une composante importante, ne puise pas ses origines dans les Évangiles mais se développera beaucoup plus tard.
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Avant-propos Après ce large développement autour des trois grands monothéismes, le fait fondateur se tournera vers le politique, cherchant à mettre en évidence les bases du modèle républicain français, au sens étymologique du terme. Le livre donnera d’abord la parole à Laure Lévêque, qui réfléchira autour de l’idée de nation, née dans ème les derniers soubresauts de l’Ancien Régime, à la fin du XVIII siècle et qui doit beaucoup à cette petite brochure de l’abbé Sieyès,Qu’est-ce que le Tiers État, parue au début de l’année 1789. Ensuite, Pierre Ognier recherchera les fondements de la laïcité à la ème française, apparue un siècle plus tard en même temps que s’ancre la III République et présentera l’évolution de ce concept que beaucoup, aujourd’hui encore, peinent à définir clairement. À l’heure où la morale revient dans les programmes scolaires, l’auteur nous montrera aussi la manière dont celle-ci a cheminé un temps avec l’idéal laïque, avant d’en être dissociée. Puis l’ouvrage prendra une coloration plus juridique avec la contribution de Philippe Richard, qui proposera au lecteur une réflexion sur les droits de l’homme depuis leur fondation, en France d’abord, dans leur dimension onusienne ensuite. Partant des "principes de 89", il fera un bref historique de cette « mémoire dangereuse », pour terminer sur l’exigence de sa préservation et de son inscription dans le droit international comme une valeur de référence pour l’humanité. Enfin, nous clôturerons cette réflexion sur une contribution plus origi -nale. Dominique Bernard Faivre posera l’œil de la philosophie sur l’art dit con-ème temporain, né dans la seconde moitié du XX siècle. Nous verrons alors que la plupart des mouvements artistiques, en rupture avec le figuratif traditionnel naissent, plus ou moins directement, de l’exposition par l’artiste français Marcel Duchamp d’une roue de bicyclette fixée par sa fourche sur un tabouret en bois, à Paris en 1913. Il est bien sûr manifeste que le nombre de sujets ici traités est sans commune mesure avec l’immensité des questions qui se lèvent dès que l’on évoque la question des fondements et ce livre n’apportera pas la solution au problème du premier œuf ou de la première poule. Telle n’est d’ailleurs pas son intention. Mais il offre, sur les thèmes qu’il traite, des éclairages que nous croyons importants, très souvent originaux, qui permettront peut-être une meilleure compréhension de notre monde, de ses points d’ancrage, de son mode de fonc-tionnement, mais aussi de ses fragilités. Ainsi que du sens de cette quête obsédante du moment fondateur. Daniel Faivre Centre Universitaire Catholique De Bourgogne Dijon, janvier 2016
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Fonder… Fondation… ? Gérard Gobry Que veut-on dire quand on parle d’un événement ou d’un personnage "fondateur" ? On le signale comme premier d’une séquence, comme le déterminant primordial de sa suite chronologique. Mais selon quel processus le titre "fondateur" lui est-il décerné ? Quel jury lui donne son label ? C’est ce que nous allons tenter d’établir ici. Beaucoup d’actions sont perpétrées dans le dessein secret ou public de rester dans la mémoire de la postérité. Nombreuses aussi en sont les déceptions. Car c’est plutôt un jugement ultérieur qui, après l’analyse des causes de plusieurs événements successifs, en construit une séquence et attribue au premier choisi le rôle de fondateur. Or, c’est en raison de la nécessité universelle de se référer à quelque source fondatrice que le mythe vient confusément à la rescousse des événements et personnages historiques pour fonder, dans le primordial voire hors du temps, les grandes questions métaphysiques et éthiques de la condition humaine. Et si on peut parler de "refondation" pour notre société contemporaine en crise, c’est peut-être que la fonction de fondation est encore essentielle pour nos civilisations et que nous devons en tenir compte pour élaborer des projets sensés pour l’humanité. Après une étude du mot ainsi que de sa famille, nous tenterons de comprendre comment la notion fonctionne dans l’absolu, puis dans les mythes spécifiques de l’Antiquité gréco-latine. Une troisième partie analysera quelques situations où l’on a vu la fonction se fourvoyer dans des dérives. C’est ce stade critique qui permettra d’élaborer les conditions et les valeurs d’une refondation de notre monde.
 Gérard GOBRYdocteur en littérature contemporaine. Il a dirigé l’Ins titut de Formation pour est l’Étude et l’Enseignement des Religions (IFER), au Centre Universitaire Catholique De Bourgogne (CUCDB) à Dijon, où il est également enseignant-chercheur.
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