Des pacifistes français et allemands pionniers de l entente franco-allemande
304 pages
Français

Des pacifistes français et allemands pionniers de l'entente franco-allemande , livre ebook

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304 pages
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Description

Comment naît et se développe la paix entre deux peuples qui longtemps n'eurent de cesse de se qualifier d'" ennemis héréditaires " ? Dès le lendemain de la guerre de 1870-1871, des pacifistes français et allemands ont le courage de se faire les pionniers de la réconciliation franco-allemande sans toutefois oublier leur engagement patriotique. Oubliés de l'histoire, ces premiers européens mirent en place les fondements d'une relation qui ne s'épanouira véritablement qu'après la seconde guerre mondiale pour aboutir au Traité de l'Élysée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 1999
Nombre de lectures 83
EAN13 9782296393417
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Des pacifistes français et allemands,
pionniers de l'entente franco-allemande
1871 - 1925(Ç)L' Harmattan, 1999
ISBN: 2-7384-8129-9Sophie LORRAIN
Des pacifistes français et allemands,
pionniers de l'entente franco-allemande
1871 - 1925
Cet ouvrage a été publié avec le concours de
l'Université Marc Bloch de Strasbourg
L'Harmattan L'Harmattan Inc.
5-7, rue de l'École Polytechnique 55, rue Saint-Jacques
75005 Paris - FRANCE Montréal (Qc) - CANADA H2Y IK9Ouvrages parus du même auteur
- Histoire de la RDA, Que-sais-je ?, PU~: Paris, 1994.
- L'autre Allemagne, 1990-1995 : L'unification au quotidien, co-dirigé avec
Sylvie Lemasson et Gilbert Casasus, Éditions Autrement, Paris, 1995.
- Berlin, Les guides Autrement, Éditions Autrement, Paris, 1997.« Si la politique ne parvient pas à former une ligue entre les
nations pour les obliger à désarmer, à respirer, à travailler, à
remplacer la force par le droit, qu'est-ce donc que la politique? À quoi
sert-elle et en quoi notre prétendue civilisation diffère-t-elle de la
barbarie ?»
Jules Simon, cité par Frédéric Passy, Bulletin de la sociétéfrançaise
pour l'arbitrage entre nations, Janvier-Juin 1890.
«J'espère qu'un jour viendra où le grand but sera atteint, où tout
bon Français pourra crier: « Vive l'Allemagne! » et où tout bon
Allemand criera, comme je le crie ce soir: « Vive la France! »
Hellmut von Gerlach, Grenoble, le 5 janvier 1925.Avant.'propos
omment naît et se développe la paix entre deux peuples qui longtemps
n) d)« ennemis héréditaires»? Est-elle leC eurent de cesse de se qualifier
d)un « Fiat Pax! » survenu par décret ou bien celui d)un long travail sou-résultat
terrain d)hommes politiques souvent oubliés qui prendra forme visible et
politique à la faveur d)une conjoncture favorable) plusieurs décennies après la mort
de ses initiateurs?
d)une relation franco-Habitués que nous sommes aujourd)hui à l'évidence
allemande normalisée dont le bon fonctionnement surmonte crise après crise)
nous devons nous livrer à un difficile travail d)imagination pour mesurer à sa
juste valeur tout le courage des pionniers de la réconciliation franco-allemande
qui initièrent, dès le lendemain de la guerre de 1870-1871) le rétablissement
proC) d) d)gressif des rapports entre les deux pays. est au courage une pensée et une
action en équilibre périlleux entre l'engagement patriotique d)une part et le
combat pour la paix en Europe d)autre part, que cet ouvrage souhaite avant tout
rendre hommage par ces quelques lignes écrites sur les pages restées
étonnamment blanches d)une histoire qui mena pourtant) avec lenteur mais efficacité) à
la conversion des relations franco-al1err~andes au lendemain de la seconde guerre
mondiale.
Cet ouvrage est la version abrégée d'une thèse dirigée par Michael Werner et
soutenue en décembre 1994 devant les professeurs Gilbert Merlio) Michel
Espagne) Gilbert Krebs et Rudolf von Thadden pour l'obtention du doctorat de
n)l'Université Paris VIII. Le but visé était pas l'exhausitivité mais le rappel à notre
mémoire et à la vie -du moins scientifique -de ces acteurs à part entière de
l'hisd)toire. Je laisse à autres le soin de semer dans les champs laissés inexploités.
Beaucoup de personnes et d)institutions m'ont accompagnée durant ce
cheminement) puis pour la publication. Qu)ils en soient remerciés chaleureusement.
Sans l'École normale supérieure et la Mission historique française à Gottingen)Des pacifistes français et allemands, de Sedan à Locarno
je n'aurais pu mener à bien les missions de recherche nécessaires en Allemagne et
aux États-Unis. Mes remerciements s'adressent tout particulièrement à Monsieur
Gérald Chaix et à Madame Bastid-Bruguière. Je suis également reconnaissante à
l'université Marc Bloch de Strasbourg de m'avoir soutenue pour la publication.
Ces missions n'auraient pas été aussi fructueuses si le professeur Karl Holl n'avait
eu la gentillesse de me recevoir à Brême. Sur ses conseils, je pus prendre contact
à New York avec Sandi Cooper qui m'ouvrit sa bibliothèque et me donna de
précieux conseils.
De nombreux amis m'encouragèrent: ma gratitude va tout particulièrement
à Élisabeth Nunn, pour son constant et fidèle soutien, à Bertrand Bernard qui
s'arma de patience pour donner forme à l'ouvrage final et à mon mari, dont
l'exigente attention vint apporter la dernière touche. Je lui dédie cette histoire de
pionniers dont la pensée et l'action courageuses finirent par devenir réalité.
Strasbourg, le 7 mai 1999INTRODUCTION
« De leurs glaivesils forgeront des hoyaux,
Et de leurs lances des serpes,
Une nation ne tirera plus l'épée contre une autre,
Et l'on n'apprendra plus la guerre.
Ils habiteront chacun sous sa vigne et sous son figuier,
Et il n'y aura personne pour les troubler. »
Michée 4, 3-4.
Les pages blanches des relations franco-allemandes
epuis le Moyen-Âge, la France et l'Allemagne se sont livrées plus de vingt
guerres, dont les plus rJ1.eurtrièr~s durant ce siècle. Mais comment s'estD
opérée la transition entre la notion vécue d'« ennemi héréditaire» et les délices
du couple franco-allemand tant évoqué depuis la fin de la seconde guerre
mondiale? Lannée 1945 constitue-t-elle de ce point de vue une « année zéro» ou bien
la genèse d'une réflexion sur l'instauration d'une paix franco-allemande ne
remonte-t-elle pas plus en avant? Ce n'est pas le moindre des paradoxes de voir
souligner à satiété le lourd passé belliqueux des relations franco-allemandes et
célébrer la paix chèrement conquise entre les deux peuples sans évoquer l'action
de ceux qui, précisément, ont essayé dès la fin du siècle dernier d'appliquer leurs
réflexions sur la guerre et sur la paix à la résolution des dysfonctionnements
franco-allemands.Des pacifistes français et allemands, de Sedan à Locarno
Aussi ce travail souhaite-t-il commencer à remplir l'une des pages blanches de
la réconciliation franco-allemande, à écrire une histoire autre, celle des pacifistes
des deux pays. Il fait sienne en l'étendant à l'ensemble des relations
franco-allemandes l'exhortation de l'ancien président de la RFA, Gustav Heinemann, à ne
pas oublier les courants démocratiques de l'histoire allemande: « Ne refoulons
plus ces courants de notre histoire qui ont préparé notre démocratie
d'aujourd'hui et soyons conscients de ce lien avec notre époque. En dehors des côtés
déplaisants, antipathiques, voire criminels de notre histoire, nous avons le droit
et le devoir de souligner et d'honorer ce qui nous a été utile et ce qui nous a fait
progresser »1.
Il y a plus que jamais, durant la période considérée qui s'étend de la guerre
franco-prussienne de 1871 à l'entrée de l'Allemagne dans la Société des Nations
en 1926, équivalence, voire identité de nature, entre le problème de
l'établissement de la paix - européenne ou mondiale - et celui de la réconciliation
francoallemande. La reprise des relations franco-allemandes est la condition sine qua
non de la construction européenne et de la paix2; réciproquement, les «
chercheurs de paix », au travers de leurs activités au sein des mouvements pacifistes,
vont faire des relations franco-allemandes leur principale préoccupation. En
dépit de leur activité extrêmement minoritaire, que d'aucuns qualifieront
d'inconsistante, cette histoire postule l'existence, au-delà des crises, des guerres et des
sentiments de haine réciproques, d'une certaine continuité d'une réflexion
franco-allemande sur la réconciliation, la paix, la démocratie et l'Europe, dont
l'initiative revient précisément aux pacifistes des deux pays.
Heurs et malheurs de la recherche sur le pacifisme:
histoire d'un décalage franco-allemand
Le cas particulier de la France
Le déséquilibre historiographique entre la paix et la guerre au profit de cette
dernière s'explique en partie par l'intérêt tardif pour l'Allemagne, quasi inexistant
pour la France, dont la communauté scientifique a témoigné tant pour le
pacifisme proprement dit qu'a fortiori pour son rôle dans les relations

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