Fournier l Américain
159 pages
Français

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Fournier l'Américain , livre ebook

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Description

Voici les mémoires de celui qui fut surnommé "le condottiere de la révolution". Technicien autant qu'observateur des grandes journées de la révolution française, Fournier l'Américain nous a laissé un témoignage très vivant. Jamais réédité depuis sa première édition en 1890, ce texte est complété par des documents inédits, notamment deux brochures écrites avec Babeuf et un projet concernant Saint-Domingue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 301
EAN13 9782296258211
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Historiques
dirigée par Bruno Péquignot et Denis Rolland


La collection "Historiques" a pour vocation de présenter les recherches les plus récentes en sciences historiques. La collection est ouverte à la diversité des thèmes d’étude et des périodes historiques.
Elle comprend deux séries : la première s’intitulant "Travaux" est ouverte aux études respectant une démarche scientifique (l’accent est particulièrement mis sur la recherche universitaire) tandis que la seconde, intitulée "Sources", a pour objectif d’éditer des témoignages de contemporains relatifs à des événements d’ampleur historique ou de publier tout texte dont la diffusion enrichira le corpus documentaire de l’historien.

Série Travaux

Daniel PERRON, Histoire du repos dominical. Un jour pour faire société , 2010.
Nadège COMPARD, Immigrés et romans noirs (1950-2000) , 2010 .
Arnauld CAPPEAU, Conflits et relations de voisinage dans les campagnes du Rhône au XIX e siècle , 2010.
John WARD, Placement et adoption des orphelins au Royaume-Uni (1870-1926). L’orphelin et ses anges gardiens , 2010 .
Jean-Pierre HIRSCH, Vie de bistrot en Alsace. Lieux de loisirs et de sociabilité. 1844-1914 , 2010.
Michaël CULOMA, La religion civile de Rousseau à Robespierre , 2010.
Robert CHAPUIS, Bourgogne/Franche-Comté : les relations ambi-guës entre deux régions sœurs et rivales , 2009.
Pascale PELLERIN, Les philosophes des Lumières dans la France des années noires : Voltaire, Montesquieu, Rousseau et Diderot, 1940-1944 , 2009.
Didier CHAUVET, Georg Elsner et l’attentat du 8 novembre 1939 contre Hitler , 2009.
Fournier l’Américain
Yves BLAVIER


Fournier l’Américain

Mémoires secrets et autres textes


L’Harmattan
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12026-6
EAN : 9782296120266

Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
INTRODUCTION
Etrange destin que celui de Claude Fournier. Surnommé « Fournier l’Américain » en raison d’un séjour aux Antilles, cet Auvergnat d’origine nous a laissé des mémoires passionnants sur les journées révolutionnaires de 1789-1792. Restés à l’état de brouillon, ils ont été retranscrits et publiés par l’historien A. Aulard au XIXe siècle. Bien qu’inachevé, son texte possède la saveur d’un reportage. Un exemple : voici un extrait de son récit du 10 août 1792 : « Nous montons de nouveau l’escalier, Lazowski et moi. C’est à ce moment que le signal part et qu’on nous fusille. Je suis jeté dans le fond de l’escalier par l’explosion d’un grand feu général dirigé de toutes parts sur nos bataillons ; je reçois dans le même moment un coup au bras gauche dont je suis et resterai probablement estropié. »
On a reproché à ce texte des défauts liés à la personnalité de l’auteur : de l’exagération, des règlements de compte contre d’autres agitateurs comme le célèbre Santerre, des vantardises de l’auteur… C’est exact mais ils ne gênent en rien la lecture dès lors qu’on est prévenu sur les limites du témoignage. L’historien Albert Mathiez a reconnu la valeur de ce document malgré ses imperfections : « … Fournier l’Héritier dit l’Américain qui a laissé sur les premiers temps de la Révolution des mémoires secrets, très vivants et très véridiques, encore qu’écrits en style de soudard. » {1} Rares sont les acteurs de la Révolution qui ont été ainsi jeté dans la mêlée. La plupart sont issus d’un milieu aisé et ont écrit l’Histoire à l’intention d’un public cultivé, hostile à ces sans-culottes que côtoyait Fournier l’Américain.
Si ces Mémoires secrets sont considérés aujourd’hui comme un témoignage de premier ordre par les historiens, leur auteur ne bénéficie pas de la même considération. Il est tantôt considéré comme un « condottiere de la Révolution » ou un « aventurier ». Pire, cet agitateur, proche des Enragés de 1793 passe tout au plus pour un homme de main au service des Girondins, voire pour un agent provocateur selon une légende noire inaugurée par Michelet. Ceci justifie que nous n’ayons pas conservé la présentation d’Aulard, lacunaire et souvent partiale, écrite pour la première édition {2} . En effet, l’historien officiel de la III e République n’a pas toujours respecté ses propres préceptes scientifiques. Lors de la séance inaugurale de son cours d’Histoire de la Révolution en 1886, il avait pourtant distribué dix commandements de la méthode historique, en proclamant à l’article 8 : « Présenter les faits d’une manière impartiale et tout objective ». Rien de tout cela dans la préface d’origine des Mémoires secrets : certains faits sont déformés, des documents semblant accuser Fournier sont cités longuement et sans explication alors que ceux plus favorables sont omis, la période de 1793 est écartée tout comme les relations avec Babeuf, etc. Tout cela dans le but évident de présenter Fournier comme un personnage incohérent, ignorant tout des idées de la Révolution.
Par la suite, d’autres historiens auront encore moins de scrupules. Ainsi, Madeleine Marsat, dans un ouvrage pourtant plus nuancé, s’inspire d’un portrait conservé par le Musée Lambinet de Versailles pour faire cette description physique : « Son aspect n’a rien de bien engageant et est bien plus propre à inspirer la terreur que la confiance » {3} . Or, un examen de cette peinture montre qu’il s’agit en fait d’un geôlier de l’époque auquel le peintre attribue d’ailleurs un visage poupin et juvénile, qui aurait été flatteur pour Fournier ! On pourrait multiplier ainsi les remarques sur ces jugements expéditifs. Des personnages comme Fouché ou Carrier n’ont pas suscité autant de sévérité ! On en retrouve même des traces dans la littérature. Alexandre Dumas (mais lui au moins ne prétendait pas fait œuvre d’historien), l’évoque dans son roman Ingénue comme « une espèce de bouledogue » {4} .
Cette nouvelle préface n’est pas pour autant une hagiographie. Cet homme garde sa part d’ombre et apparaît souvent peu sympathique mais on doit à la vérité historique de rectifier certaines légendes et son témoignage, dont nul ne conteste au moins la véracité, mérite certainement la lecture.
Claude Fournier L’Héritier est né à Auzon en Haute-Loire le 21 décembre 1745 dans la famille d’un tisserand {5} . Son père s’efforcera de lui donner des rudiments d’instruction même si celle-ci s’avérera insuffisante ; ses difficultés pour écrire en témoignent. Adolescent, il travaille d’abord comme domestique avant de s’embarquer pour Saint-Domingue à l’âge de dix-sept ans (et non à quinze ans comme l’écrit Aulard) dans le but de faire fortune. Un rapport de police tardif nous le décrit comme un homme de petite taille (1m 65), les cheveux noirs, les yeux « roux », un nez « moyen » les narines ouvertes, le menton rond dans un « visage rond et plein » {6} . Il convient sans doute d’ajouter à ce portrait de longues moustaches comme en portaient les soldats de métier et dont il parle lui-même avec orgueil…
Au 18 e siècle, les Français occupent la partie occidentale de Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti), soit le tiers de l’île, où s’est développée une économie de plantation basée sur l’esclavage. Pour un jeune français dépourvu de fonds, donc trop pauvre pour acheter des terres, il existe néanmoins des possibilités d’emploi. Les Blancs sont minoritaires dans cette colonie esclavagiste (peut-être 30 à 40 000 Blancs contre 452 000 esclaves) et les volontaires manquent dans les forces de l’ordre. Aussi, Fournier peut s’engager sans difficulté dans les Dragons des milices bourgeoises, une troupe composée de détachements non mixtes de Blancs et de Noirs libres, où il sert pendant seize années. Par la suite, tout en exerçant ce service jusqu’en 1783, Fournier devient intendant ou contremaître de plusieurs habitations , le nom que l’on donnait aux domaines, les Anglais disant plutôt plantations . Dès 1782 il devient lui-même propriétaire à la Petite Rivière dR

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