Histoire de France

Marc Ferro

Description

Oui, l’Histoire est une force, comme il existe des forces économiques ou des croyances religieuses : elle exerce une action sur la société. Mais de quelle Histoire s’agit-il ? Celle, héroïque, des Bourgeois de Calais, tragique de la Saint-Barthélemy ou de la Commune de Paris, glorieuse ou honteuse pour tel épisode passé, mais qui recouvre combien de mythes, de querelles, de silences et de mensonges... Or, il est une autre histoire, plus anonyme. Celle des habitants de ce pays, si semblables et si différents de leurs voisins, au travail comme à table, et si portés à la guerre civile… Comment expliquer ces traits, ces différences ? Marc Ferro confronte ici l’analyse de la société aux événements de cette histoire : n’est-ce pas réaliser le vieux rêve de Fernand Braudel ? Aujourd’hui où la souveraineté de l’État-nation est mise en cause, il est urgent de revisiter l’histoire de ce pays pour mieux comprendre comment elle a été vécue et comment on l’analyse maintenant. Marc Ferro est directeur d'études à l'EHESS. Il est notamment l'auteur de La Révolution de 1917, La Grande Guerre, de Cinéma et Histoire, d'un Pétain et de L'Histoire des colonisations. Il anime Histoire parallèle sur Arte.

Sujets

• Europe
• History
• Histoire

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 01 avril 2001
• Nombre de lectures: 7
• EAN13: 9782738197429
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

DU MÊME AUTEUR CHEZ ODILE JACOB
Le Choc de l’Islam , 2001.
Ouvrage publié sous la responsabilité éditoriale de Gérard Jorland.
© O DILE J ACOB , M ARS  2003 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-9742-9
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S OMMAIRE
Couverture
Titre
Du même auteur chez Odile Jacob
Copyright
Histoire de la France et roman de la nation
Quand commence l’histoire de la france ? - Clovis ou Vercingétorix ?
L’apparition de la France
Première partie - LE ROMAN DE LA NATION
Chapitre premier - Les temps de l’église
Chronologie - Des Gaulois aux Francs
L’invention de la Gaule
La grande mutation
Chronologie - De Charlemagne et des Carolingiens
Charlemagne et les Carolingiens
Chronologie - Le temps des Capétiens
Désintégration de l’empire, vitalité de la foi
Système féodal, régime seigneurial
Montée en puissance de la papauté
L’essor des campagnes et des villes à l’heure des cathédrales
Capétiens contre Plantagenêts (XIIe-XIIIe siècle)
Chronologie - Du règne de « Louis IX ou Saint Louis »
Pourquoi « Saint » Louis ?
Philippe le Bel et les templiers : une « affaire » au Moyen Âge
Chronologie - La guerre de Cent ans
Guerre de Cent Ans ou cent ans de calamités
L’Occident, capitale Bourgogne
De la France des princes à la France du roi
Chapitre 2 - Les temps de la monarchie absolue
Une ère nouvelle ?
Chronologie - Le royaume à l’époque de la réforme et des guerres de Religion
Les sources de la révolution protestante
Entre réforme et contre-réforme
Les rois de France et l’empire de Charles Quint
Guerres civiles, ou de Religion
La Saint-Barthélemy (1572)
Le royaume démantelé, la royauté contestée
La ligue : Vervins et l’édit de Nantes
De la monarchie absolue à la Révolution française
Chronologie - La France et la guerre de Trente Ans (1618-1648)
La journée des Dupes, intrigue de Cour ou crise politique ? (1630)
Richelieu, du roi-État à l’État-roi
Quel sens avait la Fronde ? (1648-1652)
Louis XIV, « l’État, c’est moi »
À Versailles, la Cour
Le mercantilisme de Colbert
De la persécution des protestants à la révocation de l’édit de Nantes
Les misères du Grand Siècle
Les quatre saisons de Louis XIV
1715 Comme si une ère nouvelle commençait…
Pourquoi des colonies ?
1715-1789 : crise de conscience à la française
Crise financière : la brèche
Chapitre 3 - Le temps des révolutions et des empires coloniaux
Les révolutions de 1789
La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
La chute de la monarchie
Girondins et Montagnards : la Terreur
Thermidor
La Contre-Révolution et l’Église
Directoire : la grande peur des dirigeants
La non résistible ascension de Napoléon Bonaparte
Chronologie - Les six coalitions contre la Révolution et l’Empire
Napoléon, la figure et les actes
Napoléon, quel grand dessein ?
1789-1815 La Révolution française : quel bilan ?
1815-1848 Une ère nouvelle pour les enfants du siècle
L’échec de la monarchie parlementaire (1815-1848)
La lutte des classes est annoncée
Le parcours des romantiques
1848 : Élan et faillite de la révolution romantique
Le second Empire : quel bilan ?
Chronologie - L’action du Second Empire hors de France
1870 : l’humiliante défaite
La Commune de 1871, le mythe et l’histoire
Les fondateurs de la République : Thiers, Gambetta, Jules Ferry, Victor Hugo
« Enrichissez-vous ! »
Deuxième colonisation ou impérialisme ?
Du patriotisme de la défaite au nationalisme de la revanche
L’affaire Dreyfus
Le projet de la France radicale et ses contradictions
Chapitre 4 - Le temps des périls
1914-1918 : La guerre patriotique
La guerre, fourrier de la violence totalitaire
L’éclatement du mouvement ouvrier et la naissance du parti communiste
Entre apogée et déchéance
La tentation fasciste du 6 février 1934
Le Front populaire
Munich — le pacte germano-soviétique : Sedan et Waterloo de la diplomatie française
Pourquoi la « drôle de guerre »
La débâcle
Les deux France
Les impératifs du pays libéré
La IVe république (1946-1958)
Monnet, Marshall, Schuman : des plans, quels enjeux ?
Les Trente Glorieuses
Indochine : guerre coloniale ou contre le communisme ?
Au Maghreb, la politique française tétanisée
1954 — L’insurrection algérienne
Le retour de De Gaulle
La Constitution de la Ve République
L’explosion de mai 1968
Changement d’époque
Chapitre 5 - Le temps des mutations
Chronologie - Le temps des mutations
Les mutations de l’identité
1974 : quelle crise ?
Mitterrand : quel bilan, quel homme ?
Apparition d’un contre-pouvoir : la justice
L’Europe, un moyen ou un but ?
Deuxième partie - LES CARACTÈRES ORIGINAUX DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE
Les grandes crises : histoire de la France ou histoire de l’Europe ?
Chapitre premier - Ce pays et les autres
Les données de l’émergence
Chapitre 2 - L’unité française
La greffe des provinces
Les immigrés dans le creuset français
La centralisation et les caractères sacrés du pouvoir
Chapitre 3 - Des travaux et des jours
Les mutations du travail
La terre : du paysan à l’agriculteur
D’une économie, l’autre
Les avatars de l’identité industrielle
Entre l’industrie et l’art
Un apogée en médecine : de l’école de Paris
Instruction et santé : similitudes et contrastes
Civilité et manières de vivre
Aux âges de la vie
Chapitre 4 - La part des femmes
Statut de la femme, un « retard » français
Chapitre 5 - Le génie de la guerre civile
Religion et laïcité
La gauche et la droite
Les doctrines de la suspicion et de la haine
Le règlement des conflits sociaux
La place des intellectuels dans la vie politique
Le passé, enjeu politique
Les silences du déshonneur
Chapitre 6 - La France au miroir
La France et les français au miroir des autres
Le pays de La Marseillaise et de L’Internationale
1930 — Friedrich Sieburg : « Dieu est-il français ? »
Le regard des arabes
An 2000 — les Anglo-Saxons : une nouvelle révolution française
Est-ce la fin de l’exception française ?
Sélection bibliographique
Index des noms
Index thématique
Chronologies
Remerciements
Épilogue
Compléments bibliographiques 2003
Du même auteur
Histoire de la France et roman de la nation

À l’heure où s’écrit cette Histoire de France, la mondialisation et la construction de l’Europe aboutissent à une lente désagrégation de la souveraineté des États-nations, notamment en Europe ; or, par un mouvement différent, mais complémentaire, la revendication régionaliste met en cause leur identité, leur essence.
Ainsi, il est apparu urgent de revisiter l’histoire de ce pays, pour mieux comprendre à la fois comment ses habitants l’ont vécue, comment se sont comportés les différents éléments qui le constituent, et comment, aujourd’hui, ils analysent ce passé.
Mais l’enjeu est tout aussi bien de repérer les caractères originaux de cette histoire et de cette société, pour les comparer à ceux des pays voisins : on pourra ainsi vérifier comment les uns et les autres ont réagi aux défis du passé, à ceux de notre temps.
Car il est évident que l’histoire de ce pays, aujourd’hui, ne peut être seulement une histoire de la nation.
Elle est nécessairement comparative.
Dès la première question, Quand commence l’histoire de France ?, on peut vérifier que toute réponse a une fonction, que celle-ci peut être érudite et savante, mais qu’elle n’en est pas moins suspecte de parti pris. N’en est-il pas ainsi de la plupart des problèmes de cette histoire ?
Un premier détour doit le rappeler, car cette histoire-là est présente dans les mémoires et sa représentation agit sur la perception que la société a du reste du monde et d’elle-même.
D’Étienne Pasquier à Ernest Lavisse et ses successeurs apparaît la fonction de l’histoire qu’ils écrivent : éduquer le Prince à mieux gouverner en lui enseignant l’histoire à la place des anciens exempla et moralia  ; réfléchir avec lui ou avec les gouvernants au sens et aux lois de l’histoire pour la mieux comprendre ; inventorier et classer les archives du Roy ou de la République pour donner à l’État-nation une mémoire, un argumentaire, une défense. Le souci de l’efficacité apparaît en tous les cas.
Alors qu’à l’époque grecque, selon Momigliano , les historiens étaient d’une certaine façon autonomes, la dépendance et ce service apparaissent sous le Haut Empire. La renaissance de ce phénomène daterait, pour Florence, de Leonardi Bruni, et pour la France, selon Guenée et Huppert , du XV e  siècle également. Au XVI e  siècle, Étienne Pasquier recommande aux historiens d’abandonner le latin et d’écrire français « pour être plus efficaces ». Trois siècles plus tard, en 1884, La Tribune des instituteurs jugeait que si l’enseignement de l’histoire n’a pas atteint un résultat, « le maître aura perdu son temps ». Ce résultat ? « Faire des patriotes sincères. »
Avant comme après la Révolution, cette fonction est indépendante du signe idéologique qui sous-tend l’institution dirigeante, qu’il s’agisse de l’Église, du roi, de la République. Chacune instruit sa vision de l’histoire, en constitue un foyer. Ainsi, il s’est développé plusieurs historiographies doubles qui se chevauchent et interfèrent. Par exemple, à partir du XVI e  siècle, u