Il était une fois des hommes
102 pages
Français

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Il était une fois des hommes , livre ebook

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Description

Pierre Pecqueriaux, l'homme du Nord, Elie Dinet, le Poitevin, et François Cogniard, le Morvandiau : trois hommes dans la tourmente 1914-1918. Des photos, des écrits de guerre, des souvenirs évoqués bien plus tard. Un tableau sans fard sur une période atroce de l'Histoire. L'héroïsme et le patriotisme sincère côtoient les ordres imbéciles, la boue, la fatigue, l'horreur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juillet 2014
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336351452
Langue Français
Poids de l'ouvrage 9 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Collection « Aux marges de l’écriture » dirigée par Agnès Royer
Déjà parus dans la collection

La Vie jusqu’à la dernière goutte (Danièle Massardi)
René Théophile Laennec ou La Passion du diagnostic exact (Étienne Subtil)
Le Puits perdu (Elie Dermarkar)
Mon insouciance de 1914 et nos angoisses de 1939 à 1944 (Adrien et Suzanne de Givenchy)
Pour ce soir et demain - Poèmes d’ado-les-sens (Elie Dermarkar)
Un alphabet pour une Gabonite (Andrée Brébant-Cogniard)
Peaux de Vaches et Noms d’oiseaux - Une fable bourreaucratique (Chantal Ferdinand)
Survol d’une mémoire (Auguste Marcon)
La Destruction de l’humain dans les camps nazis - Témoignages d’un monde sans éthique (Auguste Marcon)
Entailles douces (Agnès Royer)
Le Temps passe au rouge ! (Marie-Christine Luche)
Précieux souvenirs pour Suzanne (Suzanne de Charsonville)
Chroniques irascibles (François Tézenas du Montcel)
Titre
Andrée Brébant-Cogniard







Il était une fois des hommes...

Les soldats de la guerre de 1914-1918
Copyright

© L’Harmattan, 2014
5-7 rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-70156-1
Il était une fois des hommes…

AU DEBUT DE CETTE GUERRE, déclarée le 2 août 1914, lors des combats, les officiers, pantalons rouges et tuniques bleues aux boutons dorés qui brillent au soleil, comme à la parade, s’élançaient devant la troupe, sabre au clair, accompagnés du clairon qui sonnait la charge et du porte-drapeau, en criant « en avant » cibles parfaites, morts aux champs d’honneur. Ils firent la une des journaux.
... Quelques-uns réussirent même à chanter les premières mesures de La Marseillaise avant de tomber, sous le feu ennemi.

C’était la tradition, s’élancer devant la troupe ou franchir le parapet d’une tranchée sabre au clair accompagné du clairon et du drapeau, comme celle d’enlever l’objectif à la pointe des baïonnettes, animés par une force morale supérieure.
Au lendemain de la défaite de Charleroi, sanglant exemple des carences de cette doctrine et notamment de l’esprit d’offensive à tout prix, le général Joffre le 21 août l9l4 écrivait, je cite :
« L’offensive de Lorraine a été superbement entamée. Elle a été enrayée brusquement par des défaillances individuelles ou collectives qui ont entraîné la retraite générale et ont occasionné de très grosses pertes. J’ai fait replier en arrière le 15 e corps qui n’a pas tenu sous le feu et a été la cause de l’échec de notre offensive. J’y fais fonctionner ferme les conseils de guerre. »

Depuis le 3 août, le Gouvernement a autorisé le commandement militaire à faire exécuter les sentences de mort.
Loin des combats, le général Joffre sur sa carte d’état-major pousse ses soldats de plomb.
Les généraux ne connaissant, pour la plupart, qu’une expression, « se faire tuer sur place », et considérant les pertes lourdes comme une conséquence normale d’une guerre, envoient à l’abattoir section après section (dix mille hommes tués au km 2 à Verdun). Discuter les ordres, c’était s’exposer à la cour martiale improvisée et être condamné à être fusillé, pour l’exemple.
Les galons et les étoiles qui déterminent les grades donnent le droit à ceux qui les portent de faire tuer leurs subalternes.
Le général Pétain, seul à être clairvoyant, eut du mal à faire entendre que l’artillerie de l’armée française était inférieure à celle de l’ennemi et que « cela ne peut être compensé par des hommes... espérons un miracle ! »

Mais le 22 août, c’est le désastre de la bataille de Rossignol, village dans la Lorraine belge, dans laquelle étaient engagés des hommes aguerris, la 1 re brigade d’infanterie coloniale (1 er et 2 e RIC, 6 800 hommes), la 3 e (3 e et 7 e RIC, 6 800 hommes), un régiment d’artillerie divisionnaire, le 2 e RAC (36 canons) formant la 3 e division, ainsi que le 6 e régiment de dragons, le 3 e chasseurs d’Afrique (600 cavaliers).
Cette 3 e division à qui l’on avait assigné une zone de pénétration étroite, engagée en colonne de route au-delà de l’affluent de la Meuse, la Semoy, en empruntant une chaussée bordée de marécages avant d’aborder la forêt de Neufchâteau, impénétrable, prise à partie par deux divisions allemandes, n’avait aucune chance de vaincre.

Après de folles et héroïques charges à la baïonnette arrêtées chaque fois par le feu nourri d’un adversaire embusqué dans des casemates dans la forêt, qui fait dans les rangs des vides effroyables, les bataillons réduits à des paquets d’hommes se réfugient à Rossignol et opposent à l’ennemi une résistance inouïe. Les canons aboient furieusement, pivotant sur place pour répondre aux coups qui leur arrivent de tous côtés ; manquant de puissance, ils ne peuvent démolir les abris bétonnés. Des caissons explosent, des attelages sont abattus. Les renforts n’arrivent pas. Le cercle de feu se rétrécit. Nos artilleurs continuent leur dure besogne jusqu’au dernier obus du dernier caisson. Alors il ne reste plus qu’un amoncellement de cadavres, hommes et chevaux mêlés, les coups de fusils s’espacent, le bois du château est un véritable charnier, un filet de sang s’écoule vers le fossé de Marbehan, le soleil qui descend à l’horizon est caché par un épais nuage de fumée éclairé par la lueur des incendies. De l’artillerie, rien ne subsista, quelques fantassins purent s’échapper.
Au total, trente bataillons d’infanterie, six escadrons de cavalerie, trente batteries de 75, six compagnies de génie disparurent le 22 août 1914 - 20 000 hommes, 5 000 chevaux, 700 véhicules, 84 canons.

Après ce désastre, le plus grand désastre de la bataille des frontières, le jour le plus sanglant, le général Joffre ne compte plus sur la stratégie enseignée à l’École de guerre.
Désormais, le général ne croit qu’aux hommes de caractère, capables d’adapter les ordres aux circonstances. Après la purge du commandement, il réorganise l’armée. « Le commandement doit être donné aux plus capables... aux hommes de caractère », écrit-il dans sa note de service du 25 août 1914. Les considérations d’ancienneté et même de services antérieurs passent en seconde ligne.
Alors des sous-officiers furent nommés sous-lieutenants, c’étaient eux, les hommes de caractère capables d’adapter les ordres aux circonstances.
Ce fut donc la guerre des capitaines, des lieutenants chefs de section ; les bataillons se morcelaient pour s’adapter au terrain, les chefs de section, sans communications avec l’état-major, improvisaient des configurations inconnues à l’École de guerre.

Ces hommes n’ont pas été récompensés à hauteur de leur courage et de leur valeur ; ces hommes dont le génie s’était révélé à un moment crucial, ces sous-officiers nommés sous-lieutenants, lieutenants, ces chefs de section qui, avec leurs hommes, ont gagné la guerre n’ont pas eu la place qu’ils auraient dû avoir dans la société d’après-guerre.
Rome a doté ses vétérans.
L’empereur Napoléon I er a aussi élevé certains sous-officiers – les plus capables - au rang d’officiers mais il les a anoblis et dotés.
Sous la République, après la guerre de 1914-18, pour les morts pour la France, dans toutes les communes de France furent érigés des monuments sur lesquels furent gravés ces mots « La Patrie reconnaissante » suivis des noms des morts et des disparus ; de modestes obélisques surmontés d’un coq, ornés d’un poilu ou d’une veuve éplorée et, à la suite de la suggestion du président du Souvenir français, place de l’Étoile à Paris, le tombeau du soldat inconnu. (Ce soldat a été choisi par un du 132 e régiment d’infanterie, entre huit autres, chacun venant de l’un des secteurs de l’Artois, de la Somme, de l’Île-de-France, du chemin des Dames, de Champagne, de Lorraine, de Verdun, des Flandres.) Sur ce tombeau brûle une flamme symbole d’éte

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