L Alliance
262 pages
Français

L'Alliance , livre ebook

-

262 pages
Français

Description

L'histoire de l'Armée nationale du peuple algérien, maquis nationaliste de plus de quatre mille hommes opposé au FLN, armé et équipé par l'armée française, est extravagante. S'y entremêlent des stratégies incompatibles, des retournements d'alliances et des épisodes d'une violence inouïe. Emerge l'image de Mohammed Bellounis, seigneur de guerre puissant, aux ambitions politiques démesurées, menant un jeu habile et dément entre la France et le FLN.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2009
Nombre de lectures 439
EAN13 9782296221260
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avant-propos
Curieusement,cet épisode extraordinaire de la guerre
d’indépendancedel’Algérie,qui s’inscrit,àlasuite de
certaines pagesdu conflit indochinois, dans la continuité
de l’histoire colonialeetdeladécolonisation françaises,
n’aguère retenu l’attention deshistoriens. Il estpourtant
significatif de la volontéou velléité permanente de
susciterune«troisième force» nationaliste et opposée au
Viet-Minh, puisau Front de libération nationale,qui fut
celle de certainsmilieux civils et militaires de la
eIV République.Iladvint que ce dessein françaiscoïncida
avec le projet ambitieux d’un chef nationaliste algérien.
S’ensuivit une épopéeextravagante.
On aura comprispourquoi la bibliographiequi figure
en fin de volumeest relativementpeu fournie; sauf
omission parmégarde,elle estpourtant exhaustive. Les
sources documentaires françaises– administratives et
militaires–sont plus abondantes queles publications,et
accessibles,pour la plupart,aux chercheurs persévérants.
Lessources documentaires algériennessont ténuesetà
peineentrouvertes;cette carence estcompensée
partiellement parles archives de
l’arméefrançaise,abondamment approvisionnées surles champs de bataille en
documents saisis surl’adversaire.
Lesrécits d’acteurs et de témoinssont donc
particulièrement précieux. Un seul dessurvivantsque j’ai pu
contacter n’apas voulus’exprimer; il s’agit d’une figure
éminente du FLN, le commandant Azzedine, qui a
beaucoup écrit et qui aurait pu être amenéàpréciserou
rectifier. Tous lesautres, de quelque bord qu’ils fussent,
ont étéextrêmement coopératifs,etjeleuren saisgré.
Au tout premierrang figurelafamille de Mohamme d
Bellounis. Sa deuxièmeépouse, Zineb, et sa fille aînée,8 L’Alliance
MouniaChabane,qui furent mêlées àl’aventure, qui
n’avaientjamaisparlé et qui,chacune de son côté,ont
répondu avec précisionàmes questions quand ellesle
pouvaient,soucieuses,l’une et l’autre, de s’approchera u
plus près possibledelavérité historique et de s’en tenir
aux faits.Un demi-siècle après, ellesont manifesté, non
parfois sans douleur, une mémoirefascinante, hésitant à
peinesur un nom propreou surune date.Jesuis
conscientdelapeine que celaleurcausa,etjeleursuis
profondément reconnaissant.Ilfautciteraussi Houcem
Bellounis, fils de Mohammed et de Zineb, trop jeune
pour être un témoin–ilest né en 1955 –, mais quim’a
aidé dans mesrecherches sursafamille et quiaété notre
interprète au coursdemes entretiens avec sa mère.La
demi-sœur de Houcem,Mounia, n’avaitpas besoin
d’interprète,maisson fils,Nabil Chabane,aapporté à
mon enquête l’aide de sa curiosité critique et de son souci
de l’exacteprécision.
Parmiles proches, politiquement,deBellounis, je
veux citerDjanina et AnouarBenkelfat,fille et gendrede
MessaliHadj, ainsique Mustapha Ben Mohamed,
responsable militairedu MNAen Algérieen 1954-1955,
aujourd’hui secrétaire généraldu Partides travailleurs.
Parmiles Algériensdel’autre bord, je suis
particulièrement reconnaissant àHamoud Chaïd, seul survivant
autant que je sachedes officiersdelawilaya VI,età
Abderrezak Bouhara,delawilaya II et de l’arméedes
frontières, tous deux sénateursaujourd’hui,ainsi qu’à
Chérif Belkacem, alias commandant
Djamal,del’étatmajordelawilaya V, ministrepar la suite,de1962 à
1972.
Deux militaires français, le généralJean Combette,
ealorscapitainecommandantun escadron du 8régiment
de spahis près de Melouza, et le colonelDonatie n
Gouraud, alorscapitainechefdelaquatrième centaine
ede la 11 demi-brigadedeparachutistesdechoc, alias
e«11Choc », m’ont apportédes précisions surles
premiers contactsdel’armée française avec Bellounis, dont
ils ont étédes principaux artisans. J’ai reçu aussi uneaide
précieuse de mon amietancien patron dans lesAffairesAvant-propos 9
algériennes, le colonelPierre Quieffin, qui servit dans la
région pendant toutelapériode de«l’affaireBellounis»,
et de mescamarades qui furent comme moiofficiers du
contingent dans lesSAS de l’arrondissement de Djelfa,à
la fin et au lendemain de la même époque,parmi lesquels
Bertrand Saint-Sernin,del’Académie dessciences
moralesetpolitiques, qui futadjoint au chef de
SASdeDarChioukh, l’ex-PCdel’Armée nationale du
peuplealgérien de Bellounis.
Il me faut encore dire ma gratitudeàmes confrères
journalistesetaux historiens qui ont bien voulurelireet
commenter tout ou partie du manuscrit, sans pour autant
que leur responsabilité soit engagéedansletexte final,
notamment Hamid Barrada,Mohammed HarbietRenau d
de Rochebrune.
Cette liste estincomplète. Elle le sera moinsquand
j’auraicité certainsdeceux qui,à destitres divers,m’ont
apporté un précieux concours: Haoua Ameur-Zaïmeche,
Leïla Boutaleb,BoualemSansal, JacquesSimon,
Benjamin Stora, sans oubliermafemme,Tilly,etmes
filles, Corinne et Delphine,lectrices vigilantes comme
pour la préparation de tous mesouvrages,ainsi quemon
gendre, Marc Trahand.
Reprochera-t-onàl’auteurd’avoirpeu évoqué
sonpropretémoignage dans cet ouvrage? Cinquanteans après,
et ayantpu constater, au vu desdocuments consultés,
lesdéfaillances de mémoiredecertainstémoins,on
comprendraqu'ilsesoitméfié de sessouvenirs,au
demeurantindirectsà l’exceptiondeladatedelamortde
Bellounis. Précisons,pourque toutsoit clair.
ArrivéàDjelfale7 juin 1958 en qualité d’aspirant du
contingent adjointau chef de SASdecette ville– lequel
n’attendait que celapour partir en permission –, je me
trouvaiinvesti, sans aucune préparation, de la
responsabilité de cette étrange structure, nouvellement créée, au
rôle maldéfini, priseen sandwichentre lesautorités
militaires et ce qui restaitdes
autoritéscivilesaulendemain du 13Mai.10 L’Alliance
Immédiatementchargédelamission d’improviseret
réaliser le recensement de la population de cette ville
d’une quinzaine de milliers d’habitants– elle enaprèsde
deux centmille aujourd’hui –, et absorbépar cette tâche,
je ne perçus que deséchos amortis de la tragédie qui se
déroulaità cinquantekilomètres de là.Laseule certitude
importantequi me reste, car ce futspectaculaire, est
l’ampleurdelavague de soulagementqui soulevala
population de la région quand prit fin «l’affaire
Bellounis» proprementdite.Jenepouvaiseninduire
qu’une vue partielle et déformée de ce qui m’apparut
alorscomme une séquencehistorique dramatique,mais
de simple intérêtrégional.I
Àl’écoledunationalisme
(Introduction)
«Je suis legénéral
MohammedBellounis.»L’alexandrin est de bonne facture. Le chef de maquis qui se
présenteainsià un officier français,le 31mai 1957,dans
le sud de la Kabylie,n’est pas Hannibal. Dar-Chioukh,
médiocre village au palais de parpaings perdu dans la
steppe alfatièreaux confins du Sahara, quifut
sa«capitale»,n’estpasCarthage.Certainsépisodesdel’aventure
évoquent pourtant l’histoirepunique, voirecelle de
Néron ou de Caligula,et lespersonnages auraient pu être
cornéliens.
Pendantunan,au cœur de la guerred’Algérie,cechef
nationalistea« régné» surun territoiregrand comme la
Belgiqueet la Hollande réunies –et quicommande
l’accès aux gisements de pétroleet de gaz –avec la
bénédiction, les armes et lessubsides de la France. Son
dessein ou son rêve stratégiqueconsistaitànégocier avec
le colonisateur une sorted’«indépendancedans
l’interdépendance»,à l’imitation des accords franco-marocains
et franco-tunisiens,après avoir contribuéà éliminer le
FLN(Front de libération nationale), principale formation
nationaliste, qualifiéepar luide« suppôt du
communismeetdel’impérialisme soviétique».
Les quelquequatremille combattants destroupes
1bellounistes,bien armés,bien équipés,bien encadrés,
bien approvisionnés en munitions, représentaient
numéri

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents