La Guerre, la Ville et le Soldat
203 pages
Français

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La Guerre, la Ville et le Soldat , livre ebook

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Description

La ville en temps de guerre a toujours constitué un objectif militaire dont le combattant répugnait naguère à s’emparer de vive force. Hoplite grec ou G’I américain : il préférait se battre en rase campagne. Aujourd’hui, tout a changé. Le soldat doit désormais, dans l’urgence, rétablir ou imposer la paix en ville, assurer à tout prix la sécurité menacée des citadins. Demain, la paix sera urbaine ou elle ne sera pas. Ce livre raconte la marche commune de la guerre et de la ville au travers de mille exemples surprenants, de l’Antiquité à nos jours. Il narre d’incroyables histoires de sièges et de bombardements, de révoltes et d’insurrections où le courage, l’invention, la détermination des hommes impriment aux événements un caractère d’extraordinaire âpreté. Ancien attaché militaire au Liban, Jean-Louis Dufour a été chargé du suivi de la situation internationale à l’état-major des armées. Il s’est ensuite spécialisé dans l’étude des crises internationales et des conflits armés contemporains. Professeur associé à l’École militaire de Saint-Cyr, il enseigne dans divers instituts et universités français et étrangers. Il a notamment publié La Guerre au XXe siècle (avec Maurice Vaïsse) et Les Crises internationales, de Pékin-1900 au Kosovo-1999.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2002
Nombre de lectures 1
EAN13 9782738185457
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JEAN-LOUIS DUFOUR
LA GUERRE, LA VILLE ET LE SOLDAT
 
 
Du même auteur
La Révolte de l’Aïr , Paris, Centre d’études du Sahara, 1987.
Les Vraies Guerres , Lyon, La Manufacture, 2 e  édition, 1991.
La Guerre au XX e  siècle , Paris, Hachette, 3 e  édition, 2003 (en collaboration avec Maurice Vaïsse).
Les Décolonisations de 1945 à nos jours , Paris, Armand Colin, 2000.
Les Crises internationales, de Pékin (1900) à Bagdad (2004) , Bruxelles, Éditions Complexe, 4 e  édition, 2004.
© Odile Jacob, février 2002 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8545-7
www.odilejacob.fr
Table

Introduction
Première partie. LA GUERRE ET LA VILLE
CHAPITRE PREMIER. Ville, guerre et soldat urbain
Vous avez dit « guerre », vous avez dit « ville »
La ville militaire
Le soldat urbain
Les rapports guerre-ville
La ville, objectif stratégique
La ville, objectif tactique
La ville, acteur de la guerre
CHAPITRE II. Le terrain urbain
Géographie urbaine, défense et guerre
La ville modelée par la guerre
La ville et la défense de l’État
« La ville de bataille »
Les villes ont une âme
CHAPITRE III. Villes, stratèges et stratégies
Des Anciens plutôt partagés
Périclès, Énée, deux stratèges éminents
Un Moyen Âge privé de stratégies ?
Renaissance et Machiavel
« Villes ouvertes » et dédaignées
De Napoléon à Clausewitz, la ville gêne la manœuvre
De la guerre étrangère à la guerre civile
La Grande Guerre sans combats urbains
Attaquer les arrières adverses, de Grant et Sherman à Douhet
Se battre en ville ou non ?
Villes et stratégie à l’ouest de l’Europe
Villes et hommes d’État
Approches contemporaines
Deuxième partie. LA GUERRE CONTRE LA VILLE
CHAPITRE IV. La ville fortifiée
Décider de fortifier la ville
Défendre la ville ou la déplacer
Fortifier la ville, l’éternel souci
Des avantages et inconvénients des fortifications
La ville fortifiée et la guerre
La ville fortifiée et l’État
Villes, fortifications et politiques de défense
CHAPITRE V. La ville assiégée
Approche directe ou indirecte
Des sièges exemplaires
Des sièges souvent de longue durée
L’assiégeant parfois assiégé
Invention et imagination
Siège et détermination
Siège et populations
Faim, soif, privations, la survie dans les villes investies
Se battre néanmoins
Action psychologique
Bruits et rumeurs
Sièges et médias
Troisième partie. LA GUERRE DANS LA VILLE
CHAPITRE VI. La ville assaillie
La guerre étrangère
La guerre civile
CHAPITRE VII. La ville insurgée
Les quatre phases de l’insurrection
« La rue, reine des batailles »
Du crime à l’émeute
Le terrorisme urbain
Les opérations de guérilla
L’insurrection ouverte
Le ghetto se soulève
Varsovie s’insurge
La révolte de Budapest
CHAPITRE VIII. Beyrouth, la ville aux guerres multiples
La ville aux symboles divers
Des guerres nombreuses aux acteurs multiples
De la guerre civile à la guerre internationale
La guerre civile
La guerre internationale et le siège de Beyrouth
Quatrième partie. LA GUERRE À LA VILLE
CHAPITRE IX. La ville bombardée
Le choix des démocraties
Des tentatives d’avant le second conflit mondial
Les villes sous les bombes
Le bilan contrasté du second conflit mondial
Villes bombardées du dernier demi-siècle, villes épargnées ?
CHAPITRE X. La ville otage
Les otages exécutés
Les otages en sursis
Cinquième partie. LE FUTUR URBAIN DE LA GUERRE
CHAPITRE XI. Le bel avenir de la guerre en ville
Un monde urbain en très forte expansion
Guerre et prolifération des villes
La ville déçoit
La ville belligène
La guerre dégénérée
Les conflits armés d’aujourd’hui : le temps des guerres civiles
La ville, dernier « maquis »
CHAPITRE XII. L’armée de la ville
Les nouvelles missions urbaines
Des armées nouvelles
Les soldats de l’armée urbaine
Les villes d’exercice
Les armes de la guerre en ville
La guerre récente en ville
Les appuis
L’avenir des armes et des équipements
Les armes non létales
Conclusion
Bibliographie
Ouvrages
Articles
Romans
Films
Théâtre
Expositions
Cycle de conférences
Colloques
Notes
Index des noms de personnes et de villes
Merci à Claude de me supporter,
à Frédérique d’avoir corrigé ce travail,
à Bernard d’être mon ami
Introduction
 
La ville et la violence, la décomposition du tissu social, l’insécurité des banlieues et la peur du citadin, sont des sujets traités des milliers de fois. En revanche, le comportement du soldat confronté à la ville lors d’un conflit armé a rarement été analysé en langue française, guère plus par les auteurs anglo-saxons 1 . Non seulement ce thème semble neuf mais il est profondément actuel.
Cette nouveauté étonne car la guerre, la ville et le soldat sont aux prises depuis au moins trois millénaires. Les récits de sièges et de prise de villes, les travaux historiques sur certaines batailles urbaines, les mémoires, souvenirs, journaux, romans ou films sur le sujet sont innombrables. Mais la synthèse a rarement été tentée. Or les liens entre la ville, la guerre et le soldat sont singuliers. Le terrain urbain ne ressemble à aucun de ceux auxquels est habitué ce dernier. La terminologie usuelle ne convient pas. Même s’il doit affronter un adversaire ou rétablir la paix en ville, le soldat part toujours en campagne, en tenue de campagne, une fois arrêté le plan de campagne, appuyé par une artillerie de campagne 2 . La population citadine constitue en temps de guerre un enjeu du combat mais aussi une gêne pour les opérations. Confronté à l’objectif ville, stratèges et tacticiens hésitent en général sur le comportement à adopter.
Tout un passé récent montre la récurrence de la problématique guerre-ville. Les soldats américains à Saigon, Hué, Panama, Mogadiscio, Los Angeles ou bien New York, français à Alger, Beyrouth, Kinshasa, Brazzaville, Sarajevo ou bien Mitrovica, britanniques à Belfast ou bien Freetown et dans les agglomérations yougoslaves, soviétiques ou russes à Berlin-Est, Budapest, Prague ou bien Grozny, ont eu à œuvrer en ville pour porter secours à des populations, y rétablir ou imposer la paix entre factions. Dans les territoires palestiniens peu à peu transformés en conurbation, le soldat d’Israël est sans cesse confronté aux réalités complexes et dangereuses de la guerre en ville. Selon un rapport récent de la Rand Corporation , 237 des 250 derniers engagements des US Marines ont comporté des opérations urbaines. Les attentats inouïs perpétrés le 11 septembre 2001 contre le World Trade Center et le Pentagone marquent ce sujet d’une actualité brûlante. La ville est l’endroit rêvé pour assaillir des populations mal défendues.
La paix urbaine et son maintien demeureraient un problème d’une importance relative si, comme c’était le cas au début du XIX e  siècle, 3 % seulement de la population mondiale résidaient toujours dans des villes de plus de dix mille habitants. Il n’en est rien. Exceptionnelle en 1800, la ville désormais se généralise, les hommes s’y agglutinent chaque jour en plus grand nombre à commencer par les plus pauvres. En 1950, six des sept villes de plus de cinq millions d’habitants étaient situées dans les pays industrialisés, Shanghai excepté. En 1991, sur trente-sept villes de plus de cinq millions d’âmes, vingt-cinq se trouvaient au « Sud » dans ce qui s’appelait encore le tiers-monde. Aujourd’hui, 53 % des citoyens de la planète habitent des villes, souvent immenses, bientôt démesurées. Que la guerre ait lieu demain en ville est une hypothèse. Si elle se confirme, le soldat devra modifier la composition et les structures de ses armées, la nature de ses armes et de ses matériels, l’homme d’État définir une politique de défense et de sécurité adaptée à une situation absolument inédite, le citadin exiger d’être protégé.
 
Pour démêler l’histoire imbriquée de la ville, de la guerre et du soldat des origines à aujourd’hui, il faut observer les divers conflits armés, le rôle joué par les grandes cités, et analyser le comportement du soldat en ville et face à la ville. On a jugé souhaitable de présenter un essai d’exégèse des réflexions émises à ce sujet par les tacticiens et les stratèges. De Périclès à Raymond Aron en passant par Machiavel et Clausewitz, les penseurs militaires n’ont pas manqué, même si ce n’est jamais de façon systématique, d’évaluer l’intérêt présenté par la ville à la guerre et d’en suggérer au soldat la capture, la destruction ou le maintien en l’état. Face à l’expansion des villes et aux transformations de la guerre, ce livre espère offrir des éléments de réflexion.
Première partie
LA GUERRE ET LA VILLE
CHAPITRE PREMIER
Ville, guerre et soldat urbain
Il y a de la gêne à rapprocher les concepts de ville et de guerre, surtout pour analyser leurs relations. S’il faut en croire certains théoriciens de la ville, tout oppose celle-ci à la guerre. À moins d’être « morte », la ville est un symbole de vie. « La ville, écrivait Aristote, ce sont d’abord des gens qui la composent, qui y naissent, y meurent, y vivent, y travaillent, s’y distraient, y souffrent. Et plus que ces personnes, la ville est le lieu où elles vivent ensemble. Plus que ces personnes, la ville est faite de leurs relations. La ville, c’est là où il y a de l’autre, de l’autre qui vous reconnaît. » Pour le philosophe antique, l’opposition est claire : la guerre tue la ville, elle l’empêche de se développer et de prospérer. Cependant, si elle est l’endroit où règne une heureuse « urbanité », la ville est aussi le théâtre d’oppositions susceptibles de se transformer sans délai en luttes inexpiables, en confrontations armées, en massacres d’un quartier à l’autre, entre riches et pauvres, croyants et hérétiques, individus et collectivités.
Guerre et ville ne sont donc pas incompatibles. Il est du reste des villes qui tirent leur prospérité des industries de défense, d’autres, dites « de garnison », dont l’activité essentielle est d’abriter des troupes.

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