La Palestine contemporaine

Pierre Guillossou

Description

Ce précis d'histoire de la Palestine à l'époque contemporaine, destiné à ceux qui s'avouent perplexes devant la complexité du Proche-Orient, se veut une contribution documentée à la compréhension d'un drame qui semble n'avoir pas de fin. Il envisage le problème palestinien dans son contexte régional et international afin d'en restituer la dimension universelle.

Sujets

• Science politique
• Afrique subsaharienne
• Histoire

Informations

• Publié par: L'Harmattan
• Date de parution: 01 février 2013
• Nombre de lectures: 17
• EAN13: 9782336288444
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Couverture
4e de couverture
Comprendre le Moyen-Orient
Collection dirigée par Jean-Paul Chagnollaud

Mohammad AL SUBAIE, L’idéologie de l’islamisme radical . La nouvelle génération des intellectuels islamistes, 2012.
Didier LEROY, Hezbollah, la résilience islamique au Liban , 2012.
Hassan Diab EL HARAKÉ, République islamique d’Iran : quel pouvoir pour le peuple ? , 2012.
Alice POULLEAU, À Damas sous les bombes, Journal d’une Française pendant la révolte syrienne (1924-1926), 2012.
Malkom KASP, La République islamique et les heures sombres de l’Iran , 2012.
Simon VALADOU, La Jordanie et la paix avec Israël , 2012. Dominique LE NEN, De Gaza à Jénine, Au cœur de la Palestine , 2012.
Estelle BRACK, Systèmes bancaires et financiers des pays arabes. Vers un modèle commun ? , 2012.
Philippe CONTE, Afghanistan, guerre lointaine ? , 2011.
Samson N’Tadadjèl KAGMATCHE, Etudes comparatives entre les lamassu et les chérubins bibliques , 2011.
Ali AOUATTAH, Pensée et idéologie arabes. Figures, courants et thèmes au XX e siècle , 2011.
Vivi KEFALA, L’évolution du Liban, les facteurs déterminants , 2011.
R. PORTEILLA, J. FONTAINE, P. ICARD, A. LARCENEUX (dir.), Quel État pour quelle Palestine ?, 2011.
Guillaume VAREILLES, Les frontières de la Palestine. 1914-1947 , 2010.
Aline BALDINGER, Israéliens – Palestiniens. Libres paroles au-dessus du mur , 2010.
Mohamed EL BATTIUI, La Gestion de l’eau au Moyen-Orient , 2010.
François SARINDAR, Lawrence d’Arabie. Thomas Edward, cet inconnu , 2010.
Marie-Thérèse OLIVER-SAIDI, Le Liban et la Syrie au miroir français (1946-1991) , 2010.
André POUPART, Adaptation et immutabilité en droit musulman , 2010.
Titre
Pierre GUILLOSSOU





LA PALESTINE CONTEMPORAINE


des Ottomans aux Israéliens
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
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ISBN : 978-2-336-28844-4
EAN : 9782336288444
Dédicace

A Danièle
dont l’aide éclairée et attentive a fait que cet ouvrage voit le jour.
PRESENTATION
Le sommeil de la Raison engendre des monstres
Goya, Les Caprices
1. Avant propos
Traiter du problème palestinien, c’est aborder une situation historique qui nous a toujours semblé familière bien que lointaine. Pourtant, nous n’avons pas toujours bénéficié, il s’en faut de beaucoup, d’une présentation éclairée de la question : pour certains, l’histoire de la Palestine se résume ainsi à l’« Histoire Sainte » ; pour d’autres, c’est en revanche l’aventure glorieuse d’une poignée de pionniers héroïques faisant fleurir le désert.

Bien peu de choses, finalement, dans les programmes d’histoire de l’enseignement du second degré ; nombreux sont ceux, même professeurs, qui avouent leur incapacité à comprendre les ébranlements majeurs du Proche-Orient : par exemple, au moment de la ruée israélienne sur le Liban en 1982 ou lors de l’épouvantable attentat de l’immeuble « le Drakkar » en 1983. Choc des photos, certes. Mais qu’en est-il du poids des mots, c’est-à-dire des explications nécessaires ?

Lorsque j’ai proposé à l’Université Tous Ages de Lyon-II un cycle de conférences sur la Palestine contemporaine, je n’imaginais pourtant pas à quel point l’intérêt que je portais depuis longtemps au Proche-Orient allait à la rencontre de tant d’interrogations de tant de citoyens. J’ai pu mesurer ainsi l’ancienneté des questions qu’ils se posent souvent, non leur archaïsme ; la complexité de la situation qui leur semble impénétrable, et non son absurdité ; les souffrances des peuples auxquelles ils sont sensibles, ce qui ne veut pas dire l’absence de remèdes.

En définitive, j’ai voulu apporter, autant que faire se peut, une contribution documentée à la compréhension d’un drame qui paraît ne pas devoir prendre fin, en ayant particulièrement soin de le replacer dans son contexte régional et international, seul moyen de restituer sa dimension universelle.

Cet ouvrage se présente donc comme une sorte de manuel ou de précis d’histoire de la Palestine à l’usage de tous ceux, historiens ou non, qui recherchent une information fondée sur les acquis les plus récents de la recherche et d’un accès relativement commode.
2. Introduction
« Une histoire politique d’une complexité inhabituelle et même sans précédent »
E. W. Said, La question palestinienne
Le problème palestinien est, de nos jours et depuis des décennies, d’une actualité tragique : la suite des morts semble infinie, les affrontements ont duré aussi longtemps qu’une vie humaine, pour des raisons qui paraissent à beaucoup obscures et dépassées.

Il existe toutefois en France une familiarité avec le Proche-Orient. Familiarité religieuse bien sûr : les trois religions monothéistes et certaines de leurs variantes, nées là-bas, sont présentes chez nous. Proximité de même au regard des affaires : au XIX e s., les entreprises françaises, entre autres lyonnaises (*M. Seurat) sont actives au Levant, et aux XX e et XXI e s. aussi, même dans le cadre élargi de l’Union européenne. Des interventions politiques variées, enfin, qui, de la Renaissance à aujourd’hui, n’ont cessé de souligner l’importance stratégique de la région pour notre pays.

Puissance coloniale d’importance, la France disposa un temps d’un mandat sur la Syrie. La décolonisation l’a frappée de plein fouet et, bon gré, mal gré, il lui a fallu consentir aux indépendances, parfois en les préparant à son profit. Une telle expérience lui permet d’apprécier ce qu’est une décolonisation ratée , comme celle de la Palestine.

Mais la complexité de l’objet d’étude n’en reste pas moins grande. Elle nous obligera à plonger dans la civilisation ottomane – un monde qui à bien des égards nous est étranger – et dans la modernité inachevée du Proche-Orient, au XIX e s., celui des révolutions. Situation historique d’autant plus importante à saisir et d’autant plus complexe que l’impérialisme européen, longtemps à l’affût, en profitera, quand se posera ce qu’on a appelé la « Question d’Orient », pour faire sur place une percée définitive. La conséquence locale sera le bouleversement d’une Palestine qui commence à peine à dire son nom et de Palestiniens qui s’éveillent au reste du monde. Le choc des nationalismes, le joug de la colonisation, les errements de la décolonisation ont contribué à faire de cette région à peine moins grande que la Bretagne, en plus du condensé de toutes les mémoires religieuses et historiques d’Occident et d’Orient, le lieu de tous les dangers.

Or les acteurs ou les spectateurs, passionnés ou passifs, n’ont pas toujours le souci de la réflexion au-delà de la simple information, le sens de la perspective historique au-delà de l’actualité, le besoin d’une appréciation critique au-delà du parti pris. Au rebours de cette indifférence, dans la recherche des origines de la crise présente au Proche-Orient palestinien, nous essaierons de proposer un exposé historique critique, qui mettra surtout en valeur les rapports de forces politiques. La connaissance de l’histoire du Proche-Orient fait parfois défaut au simple citoyen, en particulier l’imbrication entre le déroulement de l’histoire locale et les événements (régionaux ou internationaux) les plus connus chez nous comme, par exemple, la campagne d’Egypte de Bonaparte. Nous n’éviterons donc pas ce qui pourrait apparaître comme des digressions afin de placer le mieux possible dans leur contexte propre les affres de l’histoire palestinienne.

On comprendra ainsi que l’irruption de Bonaparte et de l’armée française en 1799 dans ce qu’on appelait la Syrie, préfigure assez bien l’histoire sanglante de la région. On verra ensuite, tout au long du XIX e s. comment une entité qu’on appelle Palestine se dégage peu à peu de la matrice ottomane. On observera qu’à la faveur du premier conflit mondial et de son règlement la Palestine et les Palestiniens seront projetés dans un nouveau monde : celui de la colonisation. Que la fin du second conflit mondial n’apportera pas d’apaisement, puisque parallèlement au surgissement de l’Etat d’Israël, c’est à l’occultation ou à l’éclipse de la Palestine arabe qu’on assiste. La guerre de 1967, nous insisterons là-dessus, est presque une divine surprise pour le mouvement national palestinien, puisque la défaite des « pays frères » rend enfin l’autonomie à sa lutte pour la libération et l’indépendance. Et, par la suite, c’est « en un combat douteux » que les Palestiniens, sous la direction de l’OLP, réussissent enfin à être reconnus internationalem