LE Retour du risque nucleaire
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Description

Depuis quelque temps, les nuages en forme de champignon s'accumulent sur la scène internationale. Les essais de missiles balistiques, les tests nucléaires répétés de la Corée du Nord et le programme nucléaire iranien suscitent beaucoup d'inquiétude. Le retour des tensions militaires entre la Russie, l'OTAN et les États-Unis est également préoccupant. Le président Trump se vantait, à l'été 2017, de faire pleuvoir «feu et furie» sur la Corée du Nord. De leur côté, l'Inde et le Pakistan ont vécu depuis la fin des années 1990 plusieurs crises graves durant lesquelles ils ont brandi la menace nucléaire. Les armes nucléaires sont donc de retour dans l'actualité et, avec elles, la peur d'une confrontation entre grandes puissances.

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Informations

Publié par
Date de parution 16 septembre 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9782760640634
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Michel Fortmann
Le retour du risque nucléaire
Les Presses de l’Université de Montréal





Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Le retour du risque nucléaire / Michel Fortmann. Noms: Fortmann, Michel, auteur. Description: Mention de collection: Le monde en poche Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20190018690 Canadiana (livre numérique) 20190018704 ISBN 9782760640610 ISBN 9782760640627 (PDF) ISBN 9782760640634 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Guerre nucléaire. RVM: Armes nucléaires. RVM: Politique mondiale—21 e siècle. Classification: LCC U263 F67 2019 CDD 355 .02/17—dc23 Mise en pages: Chantal Poisson Dépôt légal: 3 e trimestre 2019 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2019. www.pum.umontreal.ca Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).





Introduction
Il semblait bien pourtant que les armes nucléaires avaient été mises au rancart comme des reliques d’un autre âge, ainsi que les menaces, les gesticulations stratégiques et les crises qui les avaient accompagnées durant la guerre froide. Depuis quelque temps, cependant, les nuages en forme de champignon s’accumulent sur la scène internationale. Les essais de missiles balistiques et les tests nucléaires répétés de la Corée du Nord viennent tout de suite à l’esprit, ainsi que les inquiétudes au sujet du programme nucléaire iranien. Le retour des tensions militaires entre la Russie, l’OTAN et les États-Unis est également préoccupant. Le président Trump se vantait, à l’été 2017, de faire pleuvoir «feu et furie» sur la Corée du Nord. De leur côté, l’Inde et le Pakistan ont vécu depuis la fin des années 1990 plusieurs crises graves durant lesquelles ils ont brandi la menace du nucléaire.
Les armes nucléaires sont donc de retour dans l’actualité et, avec elles, l’inquiétude d’une confrontation entre grandes puissances. La revue Bulletin of the Atomic Scientists a fait avancer, en janvier 2018, les aiguilles de la fameuse «horloge de l’apocalypse», qui symbolise l’imminence d’un cataclysme planétaire, à deux minutes avant minuit, en raison surtout d’un risque accru de conflit nucléaire. L’aiguille n’avait pas été aussi proche de minuit depuis 1953, au plus fort de la guerre froide.
Certains exprimeront leur scepticisme face à ces développements. Après tout, ce qu’on a appelé «l’équilibre de la terreur» ne s’est-il pas avéré stable pendant plus de soixante-dix ans?
Mais avons-nous vraiment encore conscience de la nature du risque nucléaire aujourd’hui? Et ce fameux équilibre est-il vraiment stable? En fait, l’a-t-il jamais été? Par ailleurs, n’existe-t-il pas, aujourd’hui, une solution de remplacement aux relations stratégiques fondées sur la promesse d’une annihilation totale? Finalement, le paysage nucléaire a changé considérablement depuis vingt ans. En quoi ces changements ébranlent-ils les principes qui sous-tendent la dissuasion nucléaire définie durant la guerre froide?
Telles sont les questions que nous aimerions soulever dans cet essai. Dans un premier temps, nous verrons les leçons à tirer du premier âge nucléaire. Qu’avons-nous appris durant cette période, et peut-être oublié depuis, de l’arme elle-même et de son potentiel destructeur, des stratégies qui ont présidé à son emploi – ou plutôt à son non-emploi –, ainsi que de la maîtrise des armements nucléaires? Il s’agit, en quelque sorte, de réviser notre grammaire nucléaire pour l’adapter aux défis de notre temps. Nous nous interrogerons ensuite sur les nouveaux défis du second âge nucléaire, sur le plan de la technologie mais aussi de la stratégie, dans un contexte différent et plus complexe que celui de la guerre froide.
Même si l’arme nucléaire n’a pas été utilisée depuis 1945, il n’y a aucune raison de penser que cette tradition d’abstention, ce tabou diront certains, sera respectée au XXI e siècle. Le non-emploi de l’arme nucléaire est un impératif crucial des relations internationales. Il nous incombe à tous, dans ce sens, de demeurer informés et d’intervenir dans un débat dont dépend peut-être notre survie.


Les leçons du premier âge nucléaire
C’est peut-être un lieu commun, mais il mérite d’être répété et compris. L’arme atomique demeure l’arme absolue pour deux raisons: sa puissance destructrice unique et la quasi-impossibilité de se défendre contre elle. C’est ce qu’on appelle la «révolution nucléaire». Il a beaucoup été question de révolutions en matière de technologie militaire et de stratégie depuis des décennies, mais le fait nucléaire domine le paysage stratégique depuis 1945, et n’est pas près d’être détrôné.
Armageddon 101: la nature du risque nucléaire
Un mot, d’abord, à propos de la puissance destructrice de la bombe. Celle-ci tire sa source de deux phénomènes physiques: la fission et la fusion des atomes. Dans les deux cas, si l’on brise un atome (la fission) ou si on le force à fusionner avec un autre nucléon (fusion), l’énergie dégagée, par nucléon, est un million de fois plus grande qu’une réaction chimique, telle l’explosion de la poudre ou de la dynamite. Le fonctionnement des bombes nucléaires est fondé sur ces deux principes, et leur puissance se calcule en poids équivalent d’explosif conventionnel, soit en milliers ou en millions de tonnes de trinitrotoluène ou TNT. La bombe employée à Hiroshima, le 6 août 1945, par exemple, avait une puissance de 15 kt, soit 15 000 tonnes de TNT. Les bombes que l’on trouve dans les arsenaux contemporains sont généralement beaucoup plus puissantes (150-400 kt). Certaines atteignent plusieurs mégatonnes (millions de tonnes de TNT). À titre de comparaison, la bombe conventionnelle la plus puissante de l’arsenal américain, la bombe à effet de souffle massif, contient 8 tonnes d’explosifs conventionnels. Elle est donc 1800 fois moins puissante que la bombe d’Hiroshima. Théoriquement, d’ailleurs, il n’existe pas de limite à la puissance des bombes à fusion ou bombes H. La Tsar Bombatestée par l’URSS avait une puissance de 57 mégatonnes. C’est l’arme de destruction massive la plus énergétique jamais utilisée.
Mais pour mieux comprendre ces chiffres, il faut aussi saisir avec plus de précision les effets de ces armes sur le terrain. Ceux-ci se décomposent en quatre éléments. Comme tous les explosifs, la bombe nucléaire a des effets de choc et de feu (85% de l’énergie dégagée). À ceux-ci s’ajoutent les radiations immédiates et les retombées radioactives (15%). Ces derniers effets, cependant, sont plus insidieux, car leur impact sur la santé et l’environnement se fait sentir à long terme. Ils sont aussi plus imprévisibles. Les radiations sont, en effet, des particules subatomiques (neutrons, protons) expulsées au cours d’une explosion nucléaire. En passant à travers les cellules des organismes vivants, elles peuvent avoir des effets importants sur leurs fonctionnalités. De fortes doses de radiation (500-600 rems) sont fatales, mais des expositions plus faibles (100 rems) peuvent également avoir des effets importants sur la santé. Les retombées radioactives, quant à elles, sont proportionnelles à la poussière soulevée et à la fumée générée par l’explosion. Plus l’explosion a lieu près du sol, plus le nuage l’entourant est grand. Ces débris vont retomber sous forme de poussières portées par les vents, quelquefois sur de grandes distances. Ces retombées vont donc créer des zones radioactives plus ou moins étendues et plus ou moins dangereuses. Les espaces concernés pourraient rester radioactifs pendant de nombreuses années, selon la quantité de produits de fission qui composent ces retombées.
Sans entrer dans les détails, l’explosion d’une bombe nucléaire moderne sur une concentration urbaine, qu’il s’agisse de Washington ou de New Delhi, serait dévastatrice au-delà de ce que l’on peut imaginer. En prenant l’exemple de Washington, une bombe de 140 kt, semblable à celle que la Corée du Nord a testée en 2017, explosant en altitude, tuerait immédiatement 250 000 personnes et en blesserait environ 430 000. Une bombe de même puissance, lancée sur New Delhi, provoquerait la mort de 760 000 personnes et en blesserait 2,6 millions 1 . Précisons que ces chiffres horrifiants ne tiennent pas compte des séquelles à plus long terme et surtout des effets des radiations. Il faut savoir, à ce sujet, qu’entre 90 000 et 166 000 personnes sont décédées à Hiroshima dans les six mois qui ont suivi le bombardement d’août 1945, s’ajoutant aux victimes initiales (70 000 personnes). On ne peut que spéculer à propos du nombre total de victimes qui résulterait de bombardements comme ceux que nous venons d’évoquer.
Examinons, à présent, le second aspect de ce que nous avons appelé la «révolution nucléaire», à savoir la vulnérabilité de nos sociétés face à la menace des armes atomiques. Il est en effet, pour l’instant, très difficile, sinon impossible, de se défendre contre les différents vecteurs porteurs d’armes nucléaires, principalement les missiles balistiques et les missiles de croisière. Si plusieurs États s’efforcent, depuis les années 1960, de mettre au point une défense antimissile qui puisse protéger leurs villes et leurs populations, cet objectif reste encore hors de leur portée. Nous reviendrons sur ce point dans la dernière partie de notre texte, mais il est important d’exposer immédiatement les raisons qui sous-tendent cette affirmation. La principale réside dans la difficulté technique de l’interception d’un missile, compte tenu de son temps de vol réduit (de quelques minutes à une demi-heure au maximum). Pour l’instant, un pays techniquement avancé comme les États-Unis, malgré les sommes considérables qu’il a investies dans cette entr

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