Les femmes victimes de la guerre civile ivoirienne
334 pages
Français

Les femmes victimes de la guerre civile ivoirienne , livre ebook

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334 pages
Français

Description

Ce livre observe les femmes victimes déplacées de la guerre civile ivoirienne (2002-2011) sous le prisme de l'anthropologie sociale. La perspective ethnographique est privilégiée : la biographie et le sort des victimes racontées par elles-mêmes sont le coeur de la problématique de cette recherche.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2016
Nombre de lectures 29
EAN13 9782140017698
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Etudes africaines
Série Sociologie
Titi P
Les femmes victimes de la guerre civile ivoirienne Récits d’atrocités et (auto) reconstruction
du professeur Sylvain Lazarus Préface
© L’Harmattan, 2016 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-10014-2 EAN : 9782343100142
Les femmes victimes de la guerre civile ivoirienne
Collection « Études africaines »
dirigée par Denis Pryen et son équipe
Forte de plus de mille titres publiés à ce jour, la collection « Études africaines » fait peau neuve. Elle présentera toujours les essais généraux qui ont fait son succès, mais se déclinera désormais également par séries thématiques : droit, économie, politique, sociologie, etc.
Dernières parutions
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Titi PALE
Les femmes victimes de la guerre civile ivoirienne
Récits d’atrocités et (auto)reconstruction
A toutes les victimes de la guerre civile ivoirienne. Et pour que cesse le supplice des rescapés.
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PRÉFACE
Titi Palé nous propose une remarquable enquête auprès des femmes victimes de la guerre civile ivoirienne, et déplacées en raison de ces conflits. Le livre que vous allez lire est donc consacré à nous mettre face à une terreur exercée contre les femmes et leurs familles dans la conflagration civile en Côte d’Ivoire entre 2002 et 2012. A la source de ce travail : deux années de terrain entre 2011 et 2013 et plus d’une centaine d’entretiens avec les dames déplacées dans la guerre qui délivrent les sentiments éprouvés et des analyses sur les drames et les souffrances endurées alors. Et tout autant sur leur vie aujourd’hui, sur la guerre, la politique, l’Etat. L’enquête de Titi Paléune très belle contribution à ce est que j’appelle une anthropologie de la pensée des gens, anthropologie où les personnes rencontrées ne sont pas des informateurs, mais des interlocuteurs. Ce qui signifie que l’enquête anthropologique ici vise essentiellement à disposer ce que les gens pensent. L’entreprise n’est pas simple car bien évidemment les structures et les opérations de penséedes gens, comme je les appelle, ne sont pas celles des chercheurs en anthropologie. D’où ce défi, considéré par certains comme insurmontable pour le chercheur: se mettre au service, à l’école de la pensée, et de ce que je nommel’intellectualité des personnes rencontrées, qui sont dans une altérité radicale à l’endroit de la pensée du chercheur. Le travail de Titi Palé montre brillamment combien cette démarche est à la fois praticable et productrice : elle permet de
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disposer effectivement la pensée des gens, ici des femmes victimes de la guerre civile ivoirienne. Insistons: il faut tenir la thèse qu’il y a, possible, une pensée des gens, qui leur est absolument propre, singulière. Autrement dit, estimer que ce ne sont pas des propos qui dépendent de considérationsgénérales, d’un savoir décalqué, mais d’un jugement distinct et original. Cette mise en pensée, distincte et originale, est ce que j’appelle unesingularité subjective. Il faut donc admettre qu’existe une multiplicité de pensées et que la pensée savante,universitaire, n’est pas la norme unique et contrainte, contrairement à l’arrogance de certains chercheurs en « sciences sociales» qui considèrent que c’est la science et non les propos des gens qui détient la seule pensée authentique et, pire encore, que ce qui lui estextérieur, n’étant pas à leurs yeux de la science, relève de l’idéologie, des prénotions comme disait Émile Durkheim, ou de simples opinions. Traiter la pensée des gens pour elle-même est une nouvelle anthropologie et c’est celle que Titi Pale met en œuvre. Comment Titi Palé parvient-elle à mener un tel travail d’enquête?Il ne s’agit pas alors simplement de dire ce qu’elle voit et ce qu’elle entend, même si, bien sûr, la pratique de l’observation est essentielle. Il s’agit pour elle d’arriver à identifier une pensée qui lui est inconnue. Une pensée dont au départ elle ignore les structures propres et lesmots problématiques, mots du langage courant qui sont, sous certaines conditions, une assignation pour la pensée. Somme toute il s’agit de pratiquer un renversement complet : celle qui cherche doit assumer son altérité radicale, sa propre étrangeté aux personnes rencontrées. Etrangeté ? Titi Palé contrevient sur ce point, d’abord par sa problématique, ensuite parce que cette enquête auprès des femmes est menée par une femme. Titi Pale se met à leur école, en quête de leurs mots et de ce que j’appelle leurdispositifs d’intellectualité.Les Mots et les Choses de Michel Foucault inaugure l’exercice avec sa catégorie d’épistémèqui, pour ne s’appliquer qu’au savoir dans l’histoire occidentale et en permettre une analytique, en distingue trois : pré-classique, classique et moderne. Ce qui importe ici est que l’épistémè dispose à la fois des contenus de connaissance et la
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théorisation, chaque foissingulière, de ce que c’est que connaître et de quelles en sont les opérations constitutives. Dans le livre de Titi Paléc’est une procédure analogue qui est suivie, non pas à propos d’un savoir mais à l’endroit de ce que pensent les dames déplacées. Mentionnons aussi, bien que sur un tout autre registre, l’opuscule de Clifford GeertzIci et là-bas. Lanthropologue comme auteur,salutaire quant à l’importance de l’ego, analyse l’équation personnelle, intellectuelle et subjective, de chacun des anthropologues qu’il étudie (Lévi-Strauss, Malinowski, Evans-Pritchard et Ruth Benedict.). Comment alors s’approcher de la pensée de l’autre si l’on est à ce point fixé dans la sienne propre, peut être dite la question de Geertz ? Revenons sur les mots problématiques. La méthode de l’anthropologie des singularités subjectives que pratique Titi Paléest de travailler à partir des mots des gens parce que d’une part ce sont les leurs et d’autre part que c’est à partir des mots que la pensée des gens se déploie et s’énonce. C’est un point de différence essentielle entre la pensée des gens et la pensée savante qui, elle, produit sa métalangue, -lexique et intellectualité- propre à la conception positiviste des sciences sociales. L’enjeu de ce livre est donc de soutenir qu’ilpeut y avoir de la pensée dans la langue courante, dans la langue naturelle. Et il y aura pensée lorsque la polysémie constitutive des mots est suspendue et que le mot se trouve assigné à une spécification propre. Penser, c’est suspendre la polysémie desmots, de ces mots qui comptent, appelés ici les mots problématiques. Ceux que Titi Palé investit sont :guerre, rebelle, maison, femme, fuir, famille, les enfants. Le questionnement que j’ai proposé dansl’Anthropologiedu nomsur les mots des gens portait , à l’époque:ouvrier, politique, questionnement résumé sous la formede quoi tel mot est-il le nom ?Formulation souvent reprise ensuite hors contexte et dans une démarche qui n’a plus rien à voir avec les mots des gens : Sarkozy, la psychanalyse ou autre. Si c’est le mot qui porte (parfois) la pensée, alors,quand le mot engage une pensée, on l’appellera unnom. C’est ainsi que
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