Méfiance cordiale. Les relations franco-espagnole de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale (Volume 3)
962 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Méfiance cordiale. Les relations franco-espagnole de la fin du XIXe siècle à la Première Guerre mondiale (Volume 3) , livre ebook

-

962 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Cette étude embrasse histoire comparative, diplomatique, militaire, coloniale, stratégique, économique, migratoire, culturelle, afin de montrer combien les relations entre ces deux vieilles nations européennes, assoupies après la bourrasque napoléonienne, se sont réveillées à la suite des défaites et des retraits des années 1898-1899.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2011
Nombre de lectures 206
EAN13 9782296459724
Langue Français
Poids de l'ouvrage 14 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MÉFIANCE CORDIALE

Les relations économiques franco-espagnoles
de la fin du XIX e siècle à la Première Guerre mondiale


VOLUME 3
JEAN-MARC DELAUNAY


MÉFIANCE CORDIALE

Les relations économiques franco-espagnoles
de la fin du XIX e siècle à la Première Guerre mondiale.


VOLUME 3


Ouvrage publié avec le concours
de l’École doctorale "Espace Européen Contemporain",
de l’Équipe d’accueil "Intégration et Coopération dans l’Espace Européen",
du Conseil scientifique
de l’Université Paris-3 Sorbonne Nouvelle,
et avec le soutien
du Centre national du livre


Préface de Jean-Claude ALLAIN


L’Harmattan

Paris

2010
© L’H ARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-54511-3
EAN : 9782296545113

Fabrication numérique : Socprest, 2012
DES RELATIONS ÉCONOMIQUES INTENSES
CHAPITRE 17 ÉCONOMIES NATIONALES, ÉCONOMIES COMPLÉMENTAIRES ?
Comme nous l’avions annoncé, le thème des relations économiques franco-espagnoles doit être relié à tous ceux qui ont été abordés dans le premier chapitre de cette étude. Depuis la nuit des temps, la puissance des chefs, des princes, des rois puis des États-nations n’a connu qu’un seul critère permanent : la richesse fondée sur la capacité de prélèvement. Ce phénomène est le moteur de l’histoire humaine, car si le concept même de richesse est clairement subjectif, le prélèvement, lui, est opérationnel ou il n’est pas. Du pillage au tribut – éminemment subis – ou de la taxe antique à l’impôt moderne – librement consentis contre protection ou sécurité – l’éventail des formes de prélèvement est large, aujourd’hui encore. Toutes les utopies – et elles ne sont pas mortes – se sont heurtées à cette réalité : la seule véritable force permanente d’un État réside dans ses richesses naturelles et l’intégration de ses possessions autant que dans l’homogénéité et l’activité coopérative de ses habitants. Les formes de pouvoirs et les forces militaires ne sont que des épiphénomènes totalement conditionnés par la fluctuation de la valeur économique, qui, seule, permet à une collectivité plus ou moins large de s’organiser, les plus forts et les plus habiles gérant alors les ponctions opérées sur les plus faibles ou les plus maladroits, la démocratie libérale – sans doute le moins mauvais des régimes – n’ayant que globalement rendu acceptables et diversifiées les formes de l’emprunt. Du prélèvement par la force – encore en vigueur dans le monde – on est, en principe, passé à des formes plus élaborées, dont l’histoire de la fiscalité porte la marque permanente, sinon éternelle.

La combinaison de la qualité et de la quantité – fondement de la prospérité – nous livre une autre clé de l’évaluation de la puissance économique et sociale d’une nation ou d’un empire. Aucune statistique globale ne devrait exister sans son rapport au plus petit commun dénominateur : l’être humain, dans son unicité irréductible. Enfin, la capacité d’ajouter une valeur maximale aux produits bruts que le globe fournit aux hommes apparaît – à travers des techniques, qui ne peuvent être que des instruments – comme une troisième voie vers la compréhension des mécanismes d’enrichissement et de domination par accumulation, le commerce international venant corriger les lacunes des productions devenues nationales, contournées aussi par les investissements extérieurs, au XIX e siècle, faisant de certaines entreprises des forces multinationales.
LE POTENTIEL ÉCONOMIQUE, BASE DÉCISIVE DE LA PUISSANCE ?
La puissance économique comparée de la France et de l’Espagne, au début du XX e siècle, doit être appréhendée à divers niveaux. La comparaison bilatérale ne peut nous donner qu’une vision contestable de la puissance économique de chacun des deux pays, surtout si l’on s’en tient aux seules métropoles. Ainsi, avant 1914, la France apparaissait comme une puissance minière très limitée, alors que l’Espagne était un eldorado… À l’inverse, la France serait une grande puissance agricole face à une Espagne, où le tiers du produit intérieur brut était pourtant d’origine agricole entre 1900 et 1914 (35 % environ) {1} .
La comparaison internationale pourrait paraître beaucoup plus pertinente, mais il s’agirait là d’utiliser, voire de mettre au point un gigantesque corpus statistique, dont les éléments exposés – avant analyse – rempliraient bien des pages qui nous éloigneraient immanquablement de notre sujet.

Tableau n°1 – Rentes nationales / produits nationaux bruts par habitant,
en % de la rente combinée anglo-française (en $ EU, 1970)

[Source : Gabriel Tortella, El desarrollo de la España contempóranea. Historia económica de los siglos XIX y XX, Madrid, 1994, p. 2]

Certes, cette comparaison internationale pourrait être favorisée par les jugements de l’historiographie – un miroir exact de l’Histoire ? – à propos des perceptions et des réalités de la puissance économique des principaux pays du monde, bien au-delà du seul facteur géographique que nous avons étudié.
Ainsi, malgré ses faiblesses – criantes – et sa décadence relative, la France au début du XX e siècle – est encore considérée par l’immense majorité des spécialistes comme une grande puissance économique à la monnaie stable et attractive. Par contre, il est difficile de voir figurer le royaume d’Alphonse XIII dans la liste des "puissances économiques dominantes", selon l’un des plus éminents spécialistes de l’histoire économique espagnole {2} . Pourtant, les atouts ne manquaient pas, qui rendaient le pays intéressant dans des secteurs très variés.




Des richesses naturelles


De natures très diversifiées, elles expriment, plus que les simples données géographiques "brutes" – la taille, le climat ou la dispersion – la capacité de mise en valeur des espaces par des populations locales ou par des intervenants extérieurs. Elles apparaissaient déjà – hier ou aujourd’hui – comme des enjeux de puissance ou d’attrait.

Fondements historiques de la richesse des populations, les productions agricoles de ces deux pays, où les traditions étaient fortes et anciennes, nous amènent à esquisser une géographie de la puissance agraire, mais aussi internationale, à un moment où les concurrences extra-européennes se faisaient sentir sur les marchés. La place de Chicago s’affirmait de plus en plus dans le domaine céréalier, deux "super-grands" se dévoilant alors aux yeux des observateurs. Dans ce contexte, la France apparaissait – malgré sa troisième position régulière – comme une nation importatrice, parfois menacée – comme en 1910, à la suite d’excès pluviométriques – par certains autres producteurs. Le plus fâcheux était la stagnation des résultats, en contraste avec la plupart des autres fournisseurs de blé, notamment nord-américains – lato sensu – et russe {3} .

Tableau n°2 – Les grands producteurs de blé (Mqx)

[Sources : B. R. Mitchell, International Historical Statistics, Europe 1750-1988, p. 214, et du même auteur, International Historical Statistics, The Americas 1750-1988, p. 308]

La France – troisième productrice derrière les deux plus grands espaces céréaliers mondiaux – et l’Espagne – entre la septième et la neuvième place – étaient clairement des puissances agricoles, même si les nouveaux mondes mettaient désormais leurs espaces en valeur à marche forcée. Par habitant, cependant – une mesure qu’il faudrait manier avec prudence – l’équilibre franco-espagnol reprenait sens.

Tableau n°3 – Production de blé par habitant (qx / h)

[Source : calculs de l’auteur, selon les recensements des années 1900-1911, et tableau précédent]

L’Espagne paraissait ainsi à une place somme toute honorable, première surprise pour ceux qui ne voyaient e

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents