Mémoires et représentations de la déportation dans l Europe contemporaine
242 pages
Français

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Mémoires et représentations de la déportation dans l'Europe contemporaine , livre ebook

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Description

Quels sont les enjeux mémoriels et les représentations de la déportation ? Le rapport des mémoires de la déportation avec les pratiques cognitives et les revendications victimaires à travers l'Europe est ici abordé. Puis est envisagée la question des sources et des vecteurs littéraires, cinématographiques, associatifs, muséographiques et musicaux, sans oublier internet. Sont enfin analysés les moyens techniques et stylistiques, les buts des auteurs et la réception d'œuvres de domaines aussi différents que l'art du vitrail, la musique, la littérature, les sciences humaines.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2016
Nombre de lectures 10
EAN13 9782336400556
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

MichelFABRÉGUETet DanièleHENKY
MÉMOIRES ET REPRÉSENTATIONS DE LA DÉPORTATION DANS L’EUROPE CONTEMPORAINE
INTERNATIONAL
MÉMOIRES ET REPRÉSENTATIONS DE LA DÉPORTATION dans l’Europe contemporaine
Collection « Inter-National » dirigée par Denis Rolland, Joëlle Chassin et Françoise Dekowski Cette collection a pour vocation de présenter les études les plus récentes sur les institutions, les politiques publiques et les forces politiques et culturelles à l’œuvre aujourd’hui. Au croisement des disciplines juridiques, des sciences politiques, des relations internationales, de l’histoire et de l’anthropologie, elle se propose, dans une perspective pluridisciplinaire, d’éclairer les enjeux de la scène mondiale et européenne. Série générale (dernières parutions) : Salim TOBIAS PEREZ,Religion, immigration et intégration aux Etats-Unis. Une communauté hispanique à New York, 2015. Daniel GRANADA DA SILVA FERREIRA,Pratique de la capoeira en France et au Royaume-Uni, 2015. Patrick HOWLETT-MARTIN,La coopération médicale de Cuba. L’altruisme récompensé, 2015. Maria Teresa GUTTIEREZ HACES,La continentalisation du Mexique et du Canada dans l’Amérique du Nord. Les voisins du Voisin, 2015. Eric DICHARRY,Théâtre, résidence d’artiste, médiation et territoire, 2014. Catherine DURANDIN et Cécile FOLSCHWEILLER,Alerte en Europe : la guerre dans les Balkans (1942-1913), 2014. Estelle POIDEVIN,L’Europe : une affaire intérieure ? Ce qui change en Europe, 2014. Juliette MAFFRE,La légalisation du mariage homosexuel en Argentine, 2014. Pierre-Philippe BERSON,Sous le soleil de Chávez. Enquête sur le Venezuela d’Hugo Chávez, 2014. Mathieu CRETTENAND,Le rôle de la presse dans la construction de la paix, Le cas du conflit basque, 2014. Pierre JOURNOUD,La Guerre de Corée et ses enjeux stratégiques de 1950 à nos jours, 2014. Philippe SAUNIER,Politique de la comptabilité publique, 2014. Laurent BORZILLO,La Bundeswehr. De la pertinence des réformes à l’aune des opérations extérieures, 2014. Jean-Yves PARAÏSO,La perception de la théologie latino-américaine de la libération en République Fédérale d’Allemagne. L’exemple du cercle d’étude « Eglise et libération » (1973-1978), 2013. Edouard BOINET,Hydropolitique du fleuve Sénégal. Limites et perspectives d’un modèle de coopération, 2013. Eric DICHARRY,L’écologie de l’éducation. Un anthropologue à l’école du bertsularisme en Pays basque, 2013. Sébastien BARRERE,Les Etats-Unis face au franquisme. 1936-1956, la croisée des chemins, 2013. Marc PAVE,La pêche côtière en France (1715-1850). Approche sociale et environnementale, 2013. Marianne GUILLEMIN,Femmes officiers de communication dans l’armée de Terre. Le parcours des combattantes, 2013. Ariane LANDUYT & Denis ROLLAND (org.),Construire l’espace politique européen. Historiographies, politiques et territoires, 2012.
Michel FABREGUETet Danièle HENKYMÉMOIRES ET REPRÉSENTATIONS DE LA DÉPORTATION dans l’Europe contemporaine
Les textes publiés dans cet ouvrage ont été rassemblés et relus par un comité scientifique composé de Danièle Henky (directrice de la publication), Michel Fabréguet (directeur de la publication), Régine Atzenhofer et Nadine Willmann. Ouvrage publié avec le concours de l’université de Strasbourg.© L’HARMATTAN, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-08022-2 EAN : 9782343080222
Introduction Michel Fabréguet - Danièle Henky Université de Strasbourg En conclusion de l’ouvrage collectifQu’est-ce qu’un déporté, An-nette Wieviorka écrit : Nous sommes en train de passer de la mémoire à l’histoire. La source princi-pale des études sur les déportations, l’univers concentrationnaire, le génocide des juifs n’est plus le témoignage écrit ou oral de ceux qui en furent les vic-times et qui y survécurent. Les archives sont désormais largement ouvertes… Le conflit histoire-mémoire est désormais derrière nous, même si, par inertie, 1 nous opposons toujours la « mémoire » à l’histoire . Mais il convient cependant de relever, à la lecture de publications encore récentes, combien le conflit entre la mémoire et l’histoire de la déportation continue de peser sur l’historiographie française. Dans 2 l’épilogue de son ouvrageNuit et Brouillard. Un film dans l’histoire, Sylvie Lindeperg revient avec une évidente empathie sur les mésaven-tures de l’historienne Olga Wormser-Migot, qui avait contesté, à tort, 3 dans sa thèse pionnière sur le système concentrationnaire nazi , l’existence des chambres à gaz dans les camps de concentration de Mauthausen et de Ravensbrück. Les conclusions erronées d’Olga Wormser-Migot suscitèrent à la fin des années 1960 et au début des années 1970 une vive polémique avec certains déportés résistants, qui condamnèrent injustement en bloc la totalité des travaux pourtant im-portants et novateurs de la première grande historienne française de la déportation. Mais l’échec final de l’historienne, qui ne parvint pas à obtenir un poste dans l’Université après une soutenance pourtant réus-sie en Sorbonne, tint aussi, comme le souligne Sylvie Lindeperg, à la rigidité d’une institution peu encline à s’ouvrir à une femme déjà âgée
1 Tal Bruttmann, Laurent Joly et Annette Wieviorka (dir.)Qu’est-ce qu’un déporté ? Histoire et mémoire des déportations de la Seconde Guerre mondiale, Paris, CNRS Éditions, 2009, p. 408 et 410. 2  Sylvie Lindeperg « Le tombeau d’Olga »in». Un film dans« Nuit et Brouillard l’histoire, Paris, Odile Jacob, 2007, p. 245-262. 3 Le Système concentrationnaire nazi (1933-1945), thèse de doctorat de l'université de Paris (1968), Paris, PUF, 1968
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1 et non agrégée . Sensibles, par féminisme, à l’échec d’une consœur appartenant à une autre génération, à une époque où le pouvoir dans les institutions universitaires restait concentré aux mains des hommes, Sylvie Lindeperg et Annette Wieviorka entendent également relativi-ser l’importance de l’erreur d’Olga Wormser-Migot, en affirmant que celle-ci permettait paradoxalement de prendre conscience de la diffé-rence de nature entre le processus génocidaire, qui se développa en particulier dans les centres de mise à mort de l’Est, et le système concentrationnaire sur le territoire de l’Altreich et de l’Autriche an-nexée, où la pratique des assassinats par gaz demeura beaucoup plus limitée : ce constat qui relève aujourd’hui de l’évidence pour les membres de la communauté scientifique était encore bien mal perçu et compris dans les années 1960 et 1970 : l’apport des travaux d’Olga Wormser-Migot aurait été de ce point de vue décisif.
Une réhabilitation bienveillante d’une historienne injustement mé-sestimée et mal récompensée, à laquelle deux jeunes chercheurs, Ber-trand Hamelin et Thomas Fontaine, ne souscrivent manifestement 2 pas . Sensibles au fait que l’Université française demeura sourde, au début des années 1970, aux tentatives de réfutation, par des déportés résistants, de l’erreur commise par Olga Wormser-Migot, ils entendent pour leur part dénoncer l’étanchéité du milieu universitaire à la controverse scientifique, le « problème des chambres à gaz » n’ayant eu qu’un caractère secondaire dans les années 1960-1970, et même l’instinct de protection d’une institution incapable de déceler puis de réfuter une erreur, dont la portée n’était pourtant nullement négligea-ble. L’Université aurait alors pâti de l’insuffisance de sa réflexion méthodologique sur le traitement des témoignages, qui l’aurait ainsi conduit à écarter beaucoup trop rapidement et injustement la parole des témoins déportés-résistants, pourtant porteuse de la vérité.
La polémique, on le voit, n’est pas encore tarie et jusqu’à au-jourd’hui, en France, des experts peuvent donc continuer à s’affronter pour savoir qui des témoins ou des historiens, de la mémoire et de
1 Sylvie Lindeperg,op. cit.,p. 251. 2  Bertrand Hamelin, Thomas Fontaine « L’erreur d’Olga Wormser-Migot sur les chambres à gaz de Ravensbrück et de Mauthausen »inEn Jeu. Histoire et Mémoires Vivantesn° 2, décembre 2013, p. 44-49. L’ensemble de ce numéro de laRevue de la Fondation de la Mémoire de la Déportationest consacré aux erreurs historiographi-ques.
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l’histoire, sont les mieux placés pour dire le vrai sur la déportation, même si Hamelin et Fontaine peinent tout de même quelque peu à réfuter les arguments plus convaincants et mieux étayés de Sylvie Lindeperg et d’Annette Wieviorka. Mais pour en finir avec le ressas-sement pénible de ces controverses, il faut tout de même rappeler que celles-ci présentèrent l’inconvénient de pouvoir laisser croire, à la fin des années 1970, au moment où l’Affaire Faurisson allait donner à la « thèse » de la négation de l’existence des chambres à gaz une vérita-ble audience médiatique, que telle était effectivement la controverse scientifique majeure concernant l’histoire des camps nazis. Et l’on sait l’exploitation politique qui devait en être faite quelques années plus tard, à propos du point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale… Or pratiquement au moment même où le journalLe Mon-deau mois de février 1979 une prise de position publia d’universitaires français s’attachant à réfuter les « thèses » négation-nistes de Faurisson, la conférence de Cumberland Lodge au Royaume-Uni devait sensibiliser les chercheurs britanniques aux avancées des débats interprétatifs de pointe de l’historiographie ouest-allemande et à l’émergence de la controverse entre les « intentionnalistes » et les « fonctionnalistes/ structuralistes » qui devait dominer les débats 1 scientifiques les plus fructueux des deux décennies suivantes . Débats qui devaient demeurer longtemps assez méconnus de l’historiographie française. On mesure ainsi combien la controverse franco-française, souvent bien vaine et stérile entre histoire et mémoire, a pu résulter et refléter les retards et les ignorances accumulés par l’historiographie française du nazisme, au regard des avancées de la recherche interna-tionale. Le conflit de légitimité entre témoins et historiens sur le ter-rain de l’histoire concentrationnaire, dont les enjeux excèdent en fait très largement le seul cadre historique, a masqué et continue de mas-quer le très faible niveau scientifique de ces controverses et le retard accumulé par l’historiographie française du nazisme – en relation avec la méconnaissance des langues vivantes étrangères qui demeura long-temps aussi une des caractéristiques des historiens universitaires fran-çais.
1  Michel Fabréguet « L’historiographie britannique et l’Allemagne nationale-socialiste »,inRevue d’Allemagne et des pays de langue allemande, L’historiographie et l’Allemagne nazie, tome 32, n° 3, juillet-septembre 2000, p. 491-492.
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