Qui a tué Jules Crevaux ?
324 pages
Français

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Qui a tué Jules Crevaux ? , livre ebook

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Description


On croyait l’affaire classée, pas qu’il y avait un cold case caché sur le Pilcomayo car, même si le corps n’a jamais été découvert, les coupables étaient tout trouvés : les indiens Tobas réputés « anthropophages ».


Jules Nicolas Crevaux, né le 1er avril 1847 près d’Abreschviller (Moselle) a été assassiné en 1882 sur les bords du río Pilcomayo dans le Chaco boréal, au sud de la Bolivie. Ce médecin militaire français, également explorateur des Guyanes, voulait découvrir une voie fluviale permettant l’accès de la Bolivie à l’océan atlantique via le Rio de la Plata. Son assassinat inexpliqué avait fait grand bruit en Europe dans la communauté scientifique et dans l’opinion publique.


Anthropologue, Isabelle Combès, chercheure associée à l’Institut Français d’Études Andines et membre de l'Académie bolivienne de l'Histoire reprend donc l’affaire à son point de départ depuis la Bolivie où elle réside, et nous révèle la rigoureuse enquête criminelle qu’elle vient de mener sur place où l’on croisera Jules Ferry, Peter Flemming, les argentins du colonel Fontana, les boliviens du colonel Rivas et le mystérieux Giannecchini et bien sûr les indiens.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 avril 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9791091590570
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0097€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COUVERTURE et Composition Design GRAPHIQUE
Alain Riff Strasbourg
ISBN : 9791091590570
La chose était, il faut dire, assez sombre –   et lamentable   – sans rien d’extraordinaire –   pas trop distincte, non plus. Non, pas trop distincte.
J OSEPH C ONRAD , A u cœur des ténèbres.
D’autres éléments du dossier restaient en suspens […]
Les explications étaient aussi nombreuses que contradictoires. Mais il n’y eut jamais de réponse à la question décisive.
H ENNING M ANKELL , L a M uraille invisible .
T ABLE DES MATIÈRES
Page de titre
Page de copyright
Exergue
Préface
Préambule
Chapitre I - L'affaire Crevaux
1.1. La scène du crime
La voie du Pilcomayo
Éventail de suspects : le Pilcomayo indien
Éventail de suspects : missionnaires et colons
1.2. Chronique d'une mort annoncée
L'ambassadrice toba
Mort sur le Pilcomayo
Chapitre II - À la recherche des restes de la mission Crevaux
2.1. Détectives en marche
Premiers indices
Sur les lieux du crime
Les trophées du docteur Arancibia
Cinq ans après
2.2. Fausses pistes
Témoins improbables
L'imposteur français
Chapitre III - Questions en suspens
3.1. Bruits et rumeurs
Le cinquième Français et d'autres victimes en trop
Un crime nulle part
Modus operandi
Histoires d'os
3.2. Au-delà du massacre
Les survivants
Légendes du Pilcomayo
Chapitre IV - Meurtriers sans visage
4.1. Visages indiens
L'Indien Toba, l'assassin de Crevaux
La racaille indienne
4.2. Visages pâles
Derrière les Indiens
Martyrs de la civilisation
Épilogue
Remerciements
Sources d'archives
Bibliographie
Liste des figures
Aux éditions la Valette
Remerciement
Préface.

« Qui a tué Jules Crevaux ? » interroge avec justesse Isabelle Combès dans une affaire qu’on croyait pourtant classée depuis longtemps.
« Affaire », car on parle d’un crime perpétré en avril 1882 qui a fait grand bruit à l’époque, la disparition sur les bords du rio Pilcomayo entre la Bolivie, l’Argentine et le Paraguay d’un célèbre voyageur français alors à la tête d’une importante mission scientifique d’exploration. « Un événement qui aura dans le monde entier un grand retentissement », prophétisait alors un journal de Buenos Aires 1 . Parce que Crevaux n’est pas n’importe qui : c’est l’« un des plus grands explorateurs du xixe siècle », comme l’affirmait le Congrès géographique international de Venise en septembre 1881, un voyageur chevronné et déjà célèbre à 35 ans pour ses trois voyages dans les Guyanes, l’Amazonie et le bassin de l’Orénoque, marqués par la découverte du secret de fabrication du curare.
Mais affaire « classée », car à l’époque la cause a été rapidement entendue : un tel homme n’a pu que succomber par traîtrise et sous le nombre de coupables tout trouvés, les farouches Indiens Tobas de la région du Chaco sur lesquels courent toutes sortes de récits plus terribles les uns que les autres. C’est cette évidence que questionne Isabelle Combès.
Il faut pour comprendre l’affaire Crevaux et ses mystères replacer les choses dans leur contexte et dans leur époque. Explorateur et scientifique, Crevaux n’en est pas pour autant comparable aux modernes Paul-Émile Victor ou Jacques Cousteau. Au-delà des relevés géographiques, Jules Crevaux a comme tous ses contemporains un but bien précis : ouvrir au progrès les contrées lointaines et inexplorées, tracer des chemins, favoriser le commerce et la coloni-sation, « civiliser » leurs exotiques habitant. Même s’il agit en humaniste, même s’il déplore haut et fort les ravages causés par la colonisation, les épidémies qui déciment les populations indiennes, l’esclavage, il ne questionne pas le bien-fondé de la cause de « la » civilisation – occidentale, cela va sans dire. Au moment de s’embarquer sur les eaux du Pilcomayo, quelques jours à peine avant sa mort, il écrivait dans un journal bolivien : « Merci aux Révérends Pères franciscains qui ont contribué si efficacement à la cause de la civilisation bolivienne », en christianisant et « civilisant » les ethnies du Chaco. Crevaux : un « missionnaire du progrès » 2 .
C’est cette ambigüité qui, encore aujourd’hui, fait la réputation de Crevaux. « Crevaux ? Le type même de l’explorateur que j’évite », affirme d’abord provocateur Michel Le Bris, car c’est le genre de « celui qui ne se plonge dans l’inconnu que pour le détruire » 3 , avant d’en faire l’éloge. C’est cette ambigüité aussi qui sera, finalement, la cause de sa mort et, surtout, du mystère de sa disparition.
En effet, en lisant Qui a tué Jules Crevaux ? on se rend compte qu’en dépit de centaines de pages écrites sur le sujet, on ne savait finalement à peu près rien sur l’as-sassinat de son expédition. Les quelques travaux sur le sujet ont reposé sur des sources françaises, souvent secondaires, parfois délibérément trompeuses, toujours fragmentaires. Isabelle Combès, qui est établie en Bolivie, à proximité même des lieux du massacre, a la bonne idée de mener l’enquête sur place et d’y rechercher des sources de première main, souvent inédites. Une révolution.
Le lecteur se retrouve alors plongé moins dans quelque chose comme le mystère de la disparition d’un colonel Fawcett rendu célèbre par Peter Flemming, dans Un Aventurier au Brésil ( 1933) que dans une véritable intrigue et enquête policière digne d’un Sherlock Holmes ou de l’Arsène Lupin de cambrioleur devenu enquêteur (qui habitait à Paris au… 8, rue Crevaux 4 ), ou plutôt dans celle de la veine du Qui a tué Palomino Molero ? de Mario Vargas Llosa (1986), auquel Isabelle Combès emprunte son titre, à moins que ce ne soit à Hitchcock et son « Mais qui a tué Harry ? » (1955).
Au fil des pages, on en vient à en saisir vraiment les ressorts du crime et comprendre pourquoi il est resté inexpliqué. L’assassinat a lieu dans une scène locale frontalière floue et plus que conflictuelle, disputée par trois pays sud-américains sans vraiment appar-tenir à aucun. Y vivent et s’affrontent colons boliviens, missionnaires italiens, Indiens « soumis »  et d’autres « sauvages ». On ne connaît avec exactitude ni le lieu exact du crime, ni ses circonstances, ni même le nombre des victimes et encore moins le nom des assassins. Tous les individus impliqués de près ou de loin dans cette affaire sont immédiatement contredits par d’autres. Les témoins finissent par être soupçonnés de complicité et les détectives amateurs aussi. Pour se défendre, tous finissent par s’accuser mutuellement. Au fil du temps, les incertitudes s’accroissent à mesure que les premiers témoignages directs sont oubliés. Le meurtre reste enveloppé dans un coconde mystère et un embrouillamini de données confuses, équi-voques, erronées, ambigües ou contradictoires ; les Indiens Tobas se transforment en anthropophages dans l’imagination européenne ; Crevaux lui-même s’estompe derrière son mythe.
Écrit et structuré comme un véritable polar, ce livre est cependant une histoire vraie, que l’auteure replace dans son époque et son contexte géographique et anthro-pologique. C’est aussi un texte à replacer dans une œuvre. Dans la suite de ses précédentes publications, telle la Historia del pérfido Cuñamboy (2016), Isabelle Combès s’attache en effet à r(é)écrire l’histoire dans une optique intégrant les indigènes (qui eux n’ont à l’époque de l’affaire Crevaux pas produit de défense dont on aurait gardé la trace). Et si elle parle de « meurtriers sans visage », reprenant Henning Mankell 5 , elle cherche à en donner un à ces Indiens comme pourrait le faire un avocat de la défense. Elle ne propose donc pas un simple dépaysement géographique, mais aussi un voyage dans une histoire oubliée, dans une excellente enquête aux sonorités littéraires.

Pourquoi donc rouvrir ce dossier criminel ?
Parce qu’il y a là matière à roman.
Même si tout est vrai.
Ou pourrait l’être…
Francis Grandhomme
CRULH-Nancy EA39-45 Lycée Fustel de Coulanges-Strasbourg
Notes
1 .  Le Courrier de la Plata, 16 mai 1882 .
2 . Numa Broc, « Les Explorateurs français au XIX e siècle reconsidérés » , Revue française d’Histoire d’Outre-Mer, 1982, n o 256, p. 237-273 et n o 257, p. 323-359.
3 . Michel Le Bris , Dictionnaire amoureux des explorateurs, Paris, Plon, 2010, p.278.
4 . Dans Arsène Lupin contre Herlock Sholmes (1908), adresse qui était celle un temps de Maurice Leblanc.
5 . Henning Mankell, Assassins sans visage (1994   ; édition originale : 1991), 2e volume de la série de l’inspecteur Kurt Wallender.
Préambule.

Le 27   avril 1882, le jeune explorateur français Jules Crevaux et ses compagnons sont assassinés par les Indiens sur les bords du fleuve Pilcomayo, dans le Gran Chaco bolivien. La nouvelle suscite une vive émotion en Bolivie comme en Argentine (d’où Crevaux est arrivé en Bolivie) et, bien sûr, en France. La communauté scientifique internationale est bouleversée : « L a nouvelle du massacre du docteur Crevaux a jeté le deuil bien au-delà du cercle de ses nombreux amis et de la Société de Géographie : la science avait perdu un chercheur infatigable, la France un brave soldat, et la Lorraine tout entière a pleuré cet enfant 1 .  »
 
Né en 1847 à Lorquin, en Lorraine, Jules Crevaux se distingue pendant la guerre franco-prussienne de 1870, à l ’issue de laquelle son village natal est annexé par l’Allemagne. Optant pour la France, il poursuit sa carrière dans la marine fran ç aise en tant que médecin et, à partir de 1876, entreprend une série de voyages d’exploration fluviale en Guyane, dans le bassin de l’Amazone et celui de l’Orénoque. Cette expérience fait de lui un explorateur confirmé et déjà célèbre au moment de sa mort, à l’âge de 35   ans. Les premières biographies sont publiées très tôt : celle de Santiago Vaca Guzmán deux mois à peine après son décès, celles de Frank et de Sinval en 1884, celle de Saint-Arroman en 1894-1896. Les articles abondent dans les revues géographiques, et, un an après le massacre, sortent les Voyages en Amérique du Sud , un livre posthume de l’explorateur. La biographie cède vite le pas à l’hagiographie, et commence

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