RABAT, MON AMOUR ...
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RABAT, MON AMOUR ... , livre ebook

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Description

Voilà, dréssés de façon simple, quelques repères importants, pour mieux connaître et comprendr l’importance de Rabat dans la vie du Maroc, « Ribat El Fath », ce Camp de la Victoire capitale d’El Mgahrib El Aqsa, c’est-à-dire « l’extrême couchant », faisant de ce pays un monde atlantique, méditerranéen, africain, à quelques kilomètres de l’Europe et regardant les Amériques vers l’ouest ! Cette position privilégiée par la géographie et ce passé glorieux font du Maroc un pays unique dans le monde arabe et musulman, un endroit qui remplace l’Espagne andalouse et ses splendeurs par sa tolérance et son ouverture à toutes les richesses de l’humanité actuelle : le cœur du Maroc bat à Rabat,…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 mai 2021
Nombre de lectures 157
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

RITA EL KHAYAT RABAT, MON AMOUR ...
J'ai regardé les peintures de Rabat qui m'ont fascinée car elles me renvoyaient à mon enfance, tant de fraîcheur habitant les couleurs de ces aquarelles, ma passion quand j'étais fille. J͛ai loŶgueŵeŶt oďseƌvĠ les phases du jouƌ le loŶg du Bou-Regreg, maďelle ƌiviğƌe ƌespleŶdissaŶte… et puis, j͛ai ĐouĐhĠ toutes les ďeautĠs de la ville daŶs ŵoŶ Đœuƌ et daŶs ŵoŶ souveŶiƌ.‘aďat Ŷe laisse pas iŶdiffĠƌeŶt et Đ'est iŵpossiďle aussi Ƌu͛oŶ l͛ouďlie. ‘aďat, ville patƌiĐieŶŶe, Đlose suƌ ses joLJaudž, les peƌles despatios, mosaïques miroitantes quand on les lave à grande eau claire, à la fin des journées d'été. Mon éternité. L'Océan, le Fleuve, les Murailles, le Ciel. Tant et tant de barques, allant, revenant entre les deux rives du Bou-Regreg, la Rivière Scintillante, bercent ceux qui aiment la lenteur et le bruit du flot sur la coque de l'embarcation, pour, de Rabat, se rendre vers la ville jumelle, Salé la barbaresque, cité des Corsaires, port de la fière piraterie aux temps glorieux des marins invincibles retournés sagement se coucher dans l'ombre de l'Histoire. Puis d'autres barques quittent la rive salétine, chargées des vieilles femmes qui s'en reviennent du cimetière marin et du mausolée du saint patron Sidi Benacher aux coupoles rondes, blanches et vertes, les portes refermées sur les pèlerins, portes cloutées de noir sur le bleu et le brique. Elles débarquent et leurs djellabas sont une autre fête des sens, grises et brillantes ou parme aux passementeries roses et violettes. Les yeux des filles qu'elles ont promenées avec elles sont de braise sous leurs chevelures qui se relèvent aux brises du soir qui s'engouffrent de l'Atlantique à travers l'embouchure vers les premiers contreforts des collines de l'Oulja, non loin posées, au-delà des villes et du fleuve. MoŶ aŵouƌ, ‘aďat…ensevelie paresseusement dans les rouges feu des hibiscus et les dégradés de violets des bougainvilliers, se repose au couchant de la flamme du soleil qui a caressé vigoureusement sa tête étalée sur les sables de la plage, son ventre clos sur les ruelles de la médina et ses
pieds allongés dans les ruines du Chellah, langoureuse citadelle aux secrets millénaires. Enfants, nous nourrissions les anguilles du bassin au fond des jardins de cette cité romaine. Sur ses ruines le sultan Aboul Hassan érigea la forteresse mérinide. Chez nous, R'bati de souche, avoir une vie de "Nouna", c'est vivre aussi merveilleusement que les anguilles du Chellah, langoureusement nageant dans l'eau verte, nourries d'œufs duƌs Ƌue Ŷous leuƌ laŶĐioŶs, stupĠfaits daŶs Ŷotƌe ŶaïvetĠ enfantine qu'elles vivent des siècles. Peu importe si les adultes nous ƌaĐoŶtaieŶt des histoiƌes, Ŷous avioŶs eŶvie de les Đƌoiƌe… Les anguilles étaient inquiétantes et muettes. Nous nous éloignions au bout de ces instants fascinés, passés à regarder ces flammes grises dans l'onde glauque. Et puis nous courrions au milieu des ruines et de la végétation extraordinaire, ignorant les Romains, deux mille ans et les Rois Mérinides, hier à peine. Rabat, la Majesté, le Fort de la Victoire. C'est ainsi que se nomme réellement la ville : en arabe, Ribat El Fath.
Médina de Rabat, photographie ancienne
Rabat berçant dans le sommeil le plus serein ses habitants dans les petits matins d'hiver quand l'estuaire du Bou-Regreg est déjà une marche gravie vers le Paradis de Dieu qui a fait de la Ville un coin de verdure, d'eau et de murailles blanches. Pour y vivre en paix dans la majesté des heures qui passent. Les murailles roses au coucher du soleil enserrent tendrement les maisons de la médina tapies autour de leurs secrets, fières d'être les voisines des palais et des mosquées altières. Pour la petite fille que j'étais, sortie enfant de la médina où habitaient mes deux familles, paternelle et maternelle, les demeures de mes ancêtres sont à jamais derrière les murs blancs percés de meurtrières et je saurai, à travers les ruelles magiques, des venelles de décor de théâtre, retrouver les portes massives des maisons, frapper les heurtoirs et pénétrer, fantôme de mon passé, dans les couloirs et les patios aux mosaïques bleues et vertes rutilantes, noyées de plantes en pots selon la coutume de mes ancêtres andalous. Et puis je revivrai les jours de l'intense bonheur de l'enfance enfuie à tire d'aile comme un merle chanteur quand, pendue aux mains de ma mère et de ma grand-mère, nous allions à la Casbah des Oudaya, rejoindre leurs amies pour des après-midi fabuleux d'un temps campé dans la magie des évènements définitivement rentrés dans les épaisseurs des parfums, des bruits et des pulsations du temps Je voudrais ajouter à la somptuosité des aquarelles et des photographies, immortalisant la ville, le capiteux des souvenirs que la vue seule ne peut suggérer : le frémissement des feuilles des jardins des Oudaya après en avoir traversé les allées, où, furieusement, les couleurs des fleurs rivalisent tandis que les oiseaux racontent ce que les murailles ont caché au gré des siècles, les amours, les filles enveloppées de caftans de draps fins et ceintes de soies multicolores qu'un jeune marié desserrera au soir des noces sur la Reine ainsi devenue, peinte, coiffée, vêtue de vêtements de légende. Le Musée des Oudaya contenait des objets encore plus précieux que les poupées et les visiteurs se taisaient fascinés, impressionnés par la hauteur des plafonds, le monde calme et dehors, ce ciel d'un bleu incomparable qui éblouissaient les sens tandis que craquetaient les cigognes. Mes tantes et grand-mère me racontaient les histoires des «CigogŶes daŶs l͛aƌďƌe» et elles chantaient des chansons sur cet
oiseau tellement familier, perché sur les minarets, les murs hauts et dans des coins les plus inattendus, toujours en hauteur. Elles avaient un expression qui me mettait en joie, parlant du « nid de la cigogne » comme du lieu du désordre le plus invraisemblable quand elles voulaieŶt diƌe Ƌu͛il fallait ƌaŶgeƌ… la ŵaisoŶ! Ce sont les animaux symboles de Rabat ainsi que les paons, fastueux oiseaux. On pense qu'en déroulant leurs queues, ils donnent à voir les richesses de Rabat sur leur roue déployées... Rabat possède une ville à l'intérieur des murs, une forteresse contiguë, la Casbah des Oudaya, les ruines Mérinides de Chellah, rejointes par les quartiers nouveaux, séries de cubes blancs, monde angulaire qui fascina Klee et les cubistes, justement. Regarder les cités, Perles de l'Atlantique, blanches et bleues, égrenées le long du rivage, c'est se rendre à la fascination de ce qui est clos, médinas et maisons, villas et édifices, pour y rencontrer surprises et émerveillements. Les lieux sont multiples, ce sont les saints et les santons dont les coupoles recouvrent la "Baraka" du vénérable à jamais couché dans la sérénité de la mort, qui devient un lieu de méditation sur les sentes du Điŵetiğƌe ŵaƌiŶ d͛El Alou, la Hauteuƌ.Il reste à se rendre à l'Agdal et surtout à se perdre dans les Jardins d'Essai que plus personne ne connaît sous ce nom, en regardant la majestueuse Avenue de la Victoire Charii En-Nasr, qui mène vers l'imposante porte Bab Er-Rouah, la Porte des Vents si l'on veut, abritant la Galerie Nationale. On longera plus tard les murailles vers l'intérieur et, en descendant toujours, on se retrouvera face à la mer, toujours plus bas, sur les rives, les yeux levés vers une harmonie parfaite, le Rocher des Oudaïa vu de plusieurs angles, splendide composition peinte par les grands et par les petits. Passionnante, jamais la même, habits verts de printemps, bleus de l'été, brillants de l'automne, sombres de l'hiver : l'estuaire, le fleuve, le Rocher, Rabat abrupte et calme, sont trempés dans les gris de l'Atlantique. Gris charbon des nuages menaçants, gris perle du matin qui hésite à se lever, gris vaporeux des brumes des mers du Nord. L'après-midi, il fallait grimper encore aux Oudaya et entrer dans le Café Bleu où l'on servait le meilleur thé à la menthe et les meilleurs
gâteaux au monde. Préciosité de l'ambre foncé dans le verre, miel et amandes flattant le palais. Les deux personnages qui apportaient thé, café et pâtisseries, étaient vêtus de beaux vêtements anciens et leur souƌiƌe Ġtait uŶe offƌaŶde… Ils soŶt aujouƌd͛hui ƌeŶtƌĠs daŶs les tissus du temps qui a raison de toute chose tandis que leurs visages sont partis avec les photographies de ceux qui venaient du monde entier vers eux ! Mais ‘aďat est ĠteƌŶelle…Un chat dégringole. Un enfant piaille. Le bruit des flots en contrebas. Une barque. L'eau. Rabat, mon amour, allongée comme le joyau le plus précieux dans l'ĠĐƌiŶ de ŵa ŵĠŵoiƌe…** Et puis, poussĠe à le faiƌe paƌ uŶ ‘͛ďati Ƌui eut la ďoŶtĠ de liƌe les ligŶes pƌĠĐĠdeŶtes…, j͛ai ƌouveƌt l͛ĠĐƌiŶ de ŵa ŵĠŵoiƌe… pouƌ, eŶĐoƌe, edžpƌimer de Rabat ces choses qui sont si particulières à elle, qui font sa singularité et sa ďeautĠ…*** Et daŶs le Đoffƌet pƌĠĐieudž des souveŶiƌs, j͛ai tƌouvĠ des ŵeƌveilles et des ressouvenances multiples, des moments nostalgiques et des heures de gloiƌe… Jevais les égrener pour vous, ô lecteur passionné de Rabat. Elles soŶt iŶŶoŵďƌaďles. Les ĠĐƌivaŶt, j͛eŶ Ŷouƌƌis ŵa ŵĠŵoiƌe, aveĐ ďoŶheuƌ et effusioŶ, et, j͛aiŵeƌais, telleŵeŶt, et fidžeƌ les ĠlĠŵeŶts de Đette paƌtie de ŵa vie Ƌui s͛appelle le passĠ et les offƌiƌ à tous Đelles et Đeudž Ƌui voŶt paƌĐouƌiƌ Đes ligŶes…Ces fragments du passé sont tellement nombreux ; ils se déclinent sur tellement de registres, celui du goût, des senteurs, des vêtures, des habitudes quotidiennes, des manières de vivre, de vieillir, de lier connaissance et même de se marier, et, enfin, deĐoŶĐevoiƌ le seŶs des Đhoses de la vie…EŶ effet, uŶe Ŷostalgie ĐeƌtaiŶe s͛eŵpaƌe de l͛âŵe ƋuaŶd oŶ peŶse à tout Đe Ƌui a dispaƌu du ‘aďat d͛il LJ a à peiŶe viŶgt aŶs, de Đelui des aŶŶĠes 50 du siècle passé et de celui qui nous fut raconté par nos parents et grands-parents C͛Ġtait uŶ ‘aďat tƌaŶƋuille, lovĠ daŶs uŶe ŵĠdiŶa paisiďle; les familles se connaissaient toutes. Se bien comporter, être urbain, respectueux, veiller à
Ŷe pas ďlesseƌ voisiŶs, aŵis et paƌeŶts, tels ĠtaieŶt Đes ‘͛ďati, hoŵŵes et feŵŵes, tous iŵďus d͛uŶe disĐƌĠtioŶ et d͛uŶe ĐoŶteŶaŶĐe de ďoŶ aloi.Le teŵps passait leŶteŵeŶt…Les ŵoŵeŶts ĠtaieŶt sĐaŶdĠs paƌ uŶ ƋuotidieŶ seƌeiŶ, ĠŵaillĠ d͛autƌes instants si agréables, avec ces plateaux rutilants répandant une forte odeur de bon café, ces tajines onctueux, les longues salutations, les conversations edžtƌġŵeŵeŶt ĐodifiĠes et ƌeŵplies de seŶs paƌfois laissĠs à l͛eŶteŶdeŵeŶt de Đelui Ƌui ĠĐoutait et deviŶait Đe Ƌui Ŷ͛Ġtait pas dit…Je me souviens, alors enfant, comment les dames se saluaient en arrivant dans un salon déjà rempli de femmes; Đ͛Ġtait uŶe ƌĠelle ĐĠƌĠŵoŶie. Apƌğs uŶ ďƌef salut gĠŶĠƌal, l͛aƌƌivaŶte s͛asseLJait, disposait ses vġteŵeŶts autouƌ d͛elle, pƌeŶait uŶ teŵps et puis, faisait le touƌ du saloŶ eŶ paƌlaŶt à chacune des invitées présentes, prenant des nouvelles de tous les parents et aŵis de l͛iŶteƌloĐutƌiĐe, saŶs eŶ ouďlieƌ uŶ seul et saŶs oŵettƌe tous les évènements récents de sa vie. Ainsi, les conversations étaient croisées entre plusieurs femmes et ces salutations remplissaient déjà un long moment de la ƌĠĐeptioŶ… et puis, il LJ a taŶt à ƌaĐoŶteƌ de Đe ŵoŶde fĠŵiŶiŶ de ‘aďat Ƌue j͛LJ ƌevieŶdƌai eŶĐoƌe foƌĐĠŵeŶt et ďieŶ sûƌ.*** Cette ville est une vieille dame qui va bientôt avoir mille ans en 2150, Đ͛est diƌe ĐoŵďieŶ elle a aďƌitĠ de gĠŶĠƌatioŶs,de moments historiques, de fġtes et de ŵoŵeŶts gƌaves, d͛hiveƌs et d͛ĠtĠs tƌioŵphaŶts ƌĠgŶaŶt eŶ ŵaîtƌes suƌ les ƌuelles et les dĠdales de sa ŵĠdiŶa… et puisƋue l͛histoiƌe s͛iŵpose Đoŵŵe iŵpĠƌieuse pouƌ ƌaĐoŶteƌ le passĠ et ses ĐiƌĐoŶvolutioŶs, rappelons-nous ces faits ; ils sont très instructifs et ils parlent de la ville Đoŵŵe peƌsoŶŶe Ŷe s͛eŶ souvieŶt plus.La ville, donc, a été fondée en 1150 par les Almohades qui y édifièrent une citadelle, (devenue plus tard la Kasbah des Oudaya), une mosquée et une résidence. De cette Kasbah, il y a, déjà décrite, au début de mon propos dans Đes ligŶes, la ŵagie du lieu…La ville était alors ce qu'on appelle unribat, originellement une petiteforteresse, Đ͛est-à-dire unefortification désignant un ouvrage de défense. Le nom actuel vient deRibat Al Fath oule Camp de la Victoire. Bien après sa fondation, le petit-fils du premier des Almohades, Yacoub El Mansour, agrandit et compléta la ville, l'entourant de murailles. Par la suite, elle servit de base aux expéditions almohades en Andalousie. On peut toujours contempler ces murailles, au soir couchant, magnifiquement
illuminées et longées par des bigaradiers qui embaument au début du pƌiŶteŵps, leuƌs fleuƌs ďlaŶĐhes asseŵďlĠes eŶ gƌappes odoƌaŶtes…Après 1269, quand les Mérinides choisirent Fès comme capitale, Rabat eŶtƌa daŶs uŶe pĠƌiode de soŵŵeil et Đ͛est aiŶsi Ƌu͛il l͛a tƌouvĠe, l'explorateur morisque Hassan El Ouazzane ; il a rapporté qu'il n'y subsistait que cent maisons habitées en 1515. Après laprise de Grenadeen1492, la faŵille d͛HassaŶOuazzane El s͛Ġtait ƌĠfugiĠe auMarocdans la ville deFès. Hassan y suivit des études de théologie dans plusieursmadrasasde Fès et, en particulier, à laQuaraouiyine. Hassan devait devenir, après sa capture en mer, le faŵeudž LĠoŶ l͛AfƌiĐaiŶ…Enϭ6Ϭϵ, à la suite d͛uŶ dĠĐƌet d͛edžpulsioŶ paƌ le souveƌaiŶ espagŶol, tƌeize ŵille MoƌisƋues fuLJaŶt l͛EspagŶe aŶdalouse tƌouvğƌeŶt ƌefuge à ‘aďat, ème redonnant vie à la ville. Jusqu'au 19 siècle, Rabat fut connue sous le nom ème de Salé-le-Neuf… Đe soŶt, ĐoŶfoŶdues, les faŵilles pƌiŵoet-arrivées aux 15 ème 16 siècles, celles qui se réduisirent à cent familles quand Fès devint ème capitale du pays, puis les dernières-arrivées, au début du 17 siècle, qui forment la population historiƋue de ‘aďat, Đeudž Ƌue l͛oŶ appelle historiquement les Morisques. Mais, soyons curieux, puisque nos origines sont une fascination pour nous tous humains, et allons à la rencontre de ceux Ƌui fuƌeŶt Ŷos aŶĐġtƌes, Ŷous ‘͛ďati de souĐhe…Le terme « morisque » vient de l'espagnol «ŵoƌisĐo”et désigne les musulmans d'Espagne et leurs descendants. Ils ne forment pas à proprement parler une minorité religieuse ou ethnique dont les contours seraient clairement définis. Les expulsions se firent en plus sieurs périodes. Entre la période de 1499 à 1502, sous la couronne de Castille, 1521 à 1526 sous la couronne d'Aragon et enfin lors de l'expulsion générale des Morisques entre 1609 et 1614, plusieurs générations se sont succédées. Les différences régionales étaient, elles aussi, importantes, comportant des degrés d'assimilation variables. Les autorités -et notamment religieuses-avaient tendance à présenter une image uniforme des Morisques, celle d'un groupe resté fortement attaché à l'islam. Les travaux des historiens, depuis une trentaine d'années, montrent que la situation des Morisques était en réalité très diversifiée selon les générations et les régions, qu'il s'agisse, par exemple, des pratiques ƌeligieuses et des usages liŶguistiƋues, pƌiŶĐipaleŵeŶt l͛arabe andalou, le castillan, le valencien, etc. ***
De ces ancêtres andalous, il reste traces et palimpsestes très ĠŵouvaŶts. Qui, eŶ tous Đas, ŵe ploŶgeŶt daŶs uŶe soƌte d͛edžĐitatioŶ joyeuse, qui, parfois me bouleversent et souvent me laissent songeuse, ŶostalgiƋue et ƌeŵplie de ƋuestioŶs Ƌui Ŷ͛oŶt pas de ƌĠpoŶses Đaƌ tƌop de temps à passé ! CeƌtaiŶs diseŶt Ƌue l͛oŶ paƌlait eŶĐoƌe espagŶol à ‘aďat jusƋu͛à la fiŶ ème du 19 siècle ; en tous cas, je retrouve avec émoi et ravissement des mots espagnols dans la langue de Rabat, qui, hélas, fond comme la neige au soleil. C͛est aiŶsi Ƌue l͛ďizagƌa est uŶe seƌƌuƌe, l͛ŵouistƌa est uŶ ĠĐhaŶtilloŶ ;de tissu le plus souvent, pour les femmes, toutes ayant été de merveilleuses Đoutuƌiğƌes et ďƌodeuses, il Ŷ͛LJ a pas si loŶgteŵps de ĐelaͿ. Du ƌeste, la ďƌodeƌie de ‘aďat est ĐĠlğďƌe daŶs le ŵoŶde eŶtieƌ…J͛ai souveŶiƌ des sept ƌideaudž Ƌue la ŵaƌiĠe se devait d͛avoiƌ devaŶt la porte majestueuse de sa chambre ; on les appelait « jarda», Đ͛est-à-dire le jaƌdiŶ, … tƌois ƌideaudž Ġtait ĐƌoisĠs veƌs la dƌoite et tƌois veƌs la gauĐhe aveĐ celui du milieu, fixe, celui-là, séparé par une ruban de soie rouge vif en son ĐeŶtƌe…
Broderie de Rabat
adorais également les coussins ronds brodés de motifs de fleurs et entourés de dentelles faites à la main : on les appelait strombia, un mot on ne peut plus andalou. Il est de tradition dans ma famille de confectionner un plat de poisson en janvier comme on le préparait « là-bas», Đ͛est-à-dire chez nous, en Andalousie. Je sais comment faire ce plat, mais, hélas, je ne me souviens pas de Ƌuel tLJpe de poissoŶ il s͛agissait… et Đ͛est aiŶsi Ƌue les Đoutuŵes disparaissent ou se transforment le long du temps qui passe, et d͛uŶe gĠŶĠƌatioŶ à l͛autƌe. D͛ailleuƌs Ŷ͛est-il pas vain de vouloir tout conserver du passé et de ses sortilèges ? BeauĐoup de ‘͛ďati oŶt ĐoŶseƌvĠ les Đlefs de leuƌ ŵaisoŶ aďaŶdoŶŶĠe en Andalousie ; ces clefs se transmettent des uns aux autres, ils sont les tĠŵoiŶs ƌelaLJĠs à tƌaveƌs les siğĐles pouƌ diƌe Ƌu͛il LJ avait ďieŶ uŶe vie Ƌui avait existé là-ďas, daŶs le paƌadis peƌdu des jaƌdiŶs aŶdalous. J͛ai ƌetƌouvĠ ces phrases témoignages de ceux que Rabat a enchantés en leur temps ; ce sont les frères Jérôme et Jean Tharaud qui écrivirent dans leur livre « Rabat ou les heures marocaines » : «… et paƌ eŶĐhaŶteŵeŶt, dğs Ƌue j’eus la vieille Đlef ƌouillĠe veŶue du si lointain passé, surgirent devant mes yeux de pistes poussiéreuses, des jardins dans les sables, de formidables armées noires, des murailles rougeâtres, des cours de marbre éclaboussĠes de saŶg, des palais Ƌui s’ĠĐƌouleŶt pouƌ renaître sans cesse, des chambres parfumées remplies de voix de femmes, de jets d’eau et de ŵusiƋues. Je ƌevis Tolğde, Coƌdoue, GƌeŶade, toute la gloiƌe Ƌue j’avais tƌaveƌsĠe ƋuelƋues jouƌs aupaƌavaŶt pouƌ veŶiƌ daŶs Đe pays…. […] … et j’eŶteŶdais à ŵoŶ oƌeille l’aŶtiƋue ĐhaŶsoŶ du Regƌet Ƌu’oŶ ĐhaŶte de Tunis à Fès sur les violons et les guitares : Nous avons passé les beaux jours A Grenade, ville des plaisirs, Entre les roses et les bourgeons, Nous avons passé la soirée, O ƌegƌets d’avoiƌ ƋuittéLes deŵeuƌes de l’AŶdalousieArrêtez de me faire souffrir ! » C͛est aiŶsi, ƌesseŶtaŶt ĐuƌieuseŵeŶt le dĠsespoiƌ d͛avoiƌ ƋuittĠ l͛AŶdalousie, Đ͛est aiŶsi Ƌue daŶs uŶ ŵoŵeŶt de spleeŶ et de pƌofoŶde Ŷostalgie, Ƌui ŵ͛eŶvahit, moi aussi du plus profond de moi-ŵġŵe, j͛ai ĠĐƌit « Les poètes andalous » pour exprimer ce ressentiment contre eux qui Ŷ͛avaieŶt pas su Ŷous gaƌdeƌ Đette teƌƌe et ses spleŶdeuƌs: « Voyez !
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