Repenser l Algérie dans l histoire
120 pages
Français

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Repenser l'Algérie dans l'histoire , livre ebook

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Description

Ce livre est composé d'une étude qui inclut l'histoire de l'Algérie dans le temps long via notamment sa phase coloniale, d'un bilan de l'Algérie indépendante, et de documents officiels indiquant que l'histoire commune franco-algérienne reste un enjeu politique majeur et que les deux Etats tentent de contrôler la recherche et l'écriture de l'histoire et de les instrumentaliser à des fins politiques.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2013
Nombre de lectures 70
EAN13 9782336287386
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
La bibliothèque de l’Iremmo
Collection dirigée par Pierre Blanc et Bruno Péquignot
Cette collection se propose de publier des textes sur tous les aspects de la vie sociale de la Méditerranée et du Moyen-Orient. Tous les domaines sont concernés, de la politique à la culture et aux arts, de l’analyse des mœurs et des comportements quotidiens à l’économie, de la vie intellectuelle à l’étude des institutions et organisations sociales, sans oublier la dimension historique ou géographique de ces phénomènes.
L’objectif est de créer une sorte d’encyclopédie, au sens historique de ce terme, présentant, de façon claire et rigoureuse, toutes les connaissances produites par la recherche scientifique, mais aussi par les réflexions des acteurs impliqués à tous les niveaux de la société. Chaque ouvrage vise à faire le point sur un sujet traité dans un souci de le rendre accessible au-delà des cercles des spécialistes.
Dans la même collection
1 – Mounir Corm, Pour une Troisième République libanaise , 2012.
2 – Marc Lavergne, L’émergence d’une nouvelle scène politique , 2012.
3 – Marc Lavergne, Une société en quête d’avenir , 2012.
4 – Sébastien Abis, Pour le futur de la Méditerranée : l’agriculture , 2012.
5 – Sylvia Chiffoleau, Sociétés arabes en mouvement , 2012.
6 – Fawzia Zouari, Pour un féminisme méditerranéen , 2012.
7 – Abdellatif Idrissi, Pour une autre lecture du Coran , 2012.
Titre
Tahar Khalfoune et Gilbert Meynier






Repenser l’Algérie dans l’histoire

Essai de réflexion








L’HARMATTAN
Copyright

© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-28738-6
• • • A VANT- P ROPOS
Cet essai est le produit d’une réflexion partagée par les deux auteurs, nourrie par des années de recherche et d’échanges entre un historien spécialiste de l’Algérie et un juriste dont les grilles d’analyse reposent aussi sur une expérience de terrain.
Cet ouvrage est composé :
• D’une étude qui se propose d’inclure synthétiquement l’histoire de l’Algérie dans le temps long via notamment sa phase coloniale. Si celle-ci est encore présente dans la mémoire collective des Algériens, celui-là les structure dans leur inconscient.
• D’un bilan de l’Algérie indépendante qui reste fortement marqué par son passé colonial, mais qui renvoie aussi à toute une structuration de la société et des pouvoirs – formes et pratiques – héritée de l’histoire antérieure et forgée également par la nouveauté des dernières décennies où s’enchevêtrent violence et désir d’ouverture. Reste à savoir si les réponses apportées aux problèmes de l’heure sont à la hauteur des enjeux…
• Des documents officiels indiquant que l’histoire commune franco-algérienne reste un enjeu politique majeur où la volonté des deux États est d’exercer un contrôle sur la recherche et l’écriture de l’histoire et de les instrumentaliser à des fins politiques.
• • • T RACES DE TEMPS LONG ET ÉPILOGUE COLONIAL
Gilbert Meynier
Revu par Tahar Khalfoune
Rappel/introduction
Sans méconnaître un passé plus ancien, remontons d’abord à 1830 et aux quatre décennies qui suivirent. Les morts algériens de l’implacable conquête de l’Algérie ont été évalués par les historiens entre 250 000 et 400 000, voire plus. Les victimes de la destructuration du vieux mode de production communautaire, en particulier lors de la grande famine de 1867-68 suite à une récolte désastreuse, furent bien aussi nombreuses, et peut-être plus : au total il y eut disparition peut-être bien d’un quart à un tiers de la population algérienne de 1830 à 1870. La population se mit à remonter à partir de la fin du XIX e siècle, plus du fait de ce que les Québécois appellent la « revanche des berceaux » que de la médecine : en 1914, l’Algérie, colonisée depuis 84 ans, compte 77 médecins de colonisation, moins qu’au Maroc, dont l’occupation a commencé sept ans plus tôt.
Il y eut en Algérie aussi dépossession de 2,9 millions d’ha sur 9 millions cultivables : le tiers en quantité, mais plus en qualité car ce furent les meilleures terres qui furent prises – du fait des confiscations, des expropriations pour cause d’utilité publique, de saisies pour dettes de paysans insérés de gré ou de force dans le système monétaire et ayant dû mettre leurs terres en gage. Quant à l’œuvre d’éducation tant vantée, d’après les chiffres officiels, 5 % de la population était scolarisée dans les écoles françaises en 1914, moins de 15 % en 1954 ; et elle n’augmenta qu’ in fine durant la guerre de libération et du fait du plan de Constantine. La langue arabe, reléguée au second plan, n’était enseignée dans le système français que dans les trois « médersas » officielles, puis les « lycées franco-musulmans » après la 2 e guerre mondiale. Le congrès des maires d’Algérie de 1909 avait voté une motion demandant « la disparition de l’enseignement indigène », au désespoir du recteur Jeanmaire, apôtre de l’école républicaine française.
La discrimination fut aussi fiscale : les « impôts arabes » spécifiques (« achour », « hokor », « lezma », « zakât ») sont payés par les Algériens jusqu’en 1918, dans la continuité du beylik de l’époque ottomane, et avec sensiblement les mêmes taux. S’y ajoutent les « centimes additionnels » et la corvée – formellement, l’assimilation fiscale fut édictée en 1918. Ce furent ainsi largement les paysans algériens, dont entre le 1/3 et le 1/5 de leurs revenus s’envolait en impôts, qui financèrent la colonisation française, c’est à dire leur propre dépossession. Au politique, l’égalité dans une citoyenneté commune fut refusée pendant longtemps ; et elle ne fut qu’esquissée avec le statut de 1947.
Comment l’historiographique coloniale a-t-elle traduit ces données historiques indubitables ?
La tradition historiographique française coloniale
Invention/création coloniale de l’Algérie par la France
A la différence du beylik de l’Algérie ottomane, des Français et des Européens s’enracinent en Algérie : c’est une colonisation de peuplement dont la population atteint fin XIX è siècle presque le quart de la population algérienne. Il y a dans l’Algérie coloniale trois départements dits « français », des arrondissements, des communes : dans la logique jacobine française, il y a quadrillage du pays par une véritable administration, mais conçue pour la domination et la discrimination d’un peuple par un autre, d’une culture par une autre : le code de l’indigénat, qui synthétise dans une loi de 1881 des dispositions discriminatoires antérieures, voit bien son champ d’application réduit en 1927 ; puis, si, de l’ordonnance gaullienne du 7 mars 1944 au statut instauré par la loi du 20 septembre 1947 via la loi du 7 avril 1946 abrogeant les codes de l’indigénat dans les colonies françaises, il est aboli de jure , la discrimination persiste de facto par la suite. Existent de droit jusqu’au statut de 1947 deux sortes de communes, les communes de « plein exercice » à la française, et les « communes mixtes » régentées par l’administration coloniale, par l’administrateur de commune mixte. Et, depuis le Sénatusconsulte de 1865, si les Algériens sont considérés comme français, ils n’ont pas pour l’immense majorité les mêmes droits que les Français : ils sont sujets et non citoyens. Le statut de 1947 remplace la vieille assemblée coloniale des Délégations financières par l’Assemblée algérienne, où la représentation « indigène » est un peu plus étoffée. Existèrent deux collèges électoraux – l’un français l’autre « indigène » – qui élisaient chacun le même nombre de députés. Celui-ci représentant une population environ neuf

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