À Coeur Ouvert : Recueil de pensées
109 pages
Français

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Description

Petit garçon, j’aimais lancer des galets sur les vagues du majestueux Saint-Laurent, rêvant de partir à l’aventure. À la hauteur de Rimouski, l’eau douce devient saumâtre et les navigateurs sentent déjà la force des marées.
Je suis parti à la conquête de cet ailleurs durant mon entrainement à Toronto et La Nouvelle-Orléans, USA. Par la suite, c’est à Vancouver que j’ai, pendant trois décennies, soigné des enfants souffrants de troubles cardiaques. Leur famille nourrissait l’espoir que j’allais leur redonner la chance de vivre. Mon travail fut un défi incroyable tout au long de ces années, mais en retour, il m’a offert une récompense inestimable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 juin 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782898312793
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le cœur est l’étoffe qui se déchire le plus facilement.
Alexandre Dumas, fils




Préface
Petit garçon, je m’amusais avec les cailloux de la grève bordant ma ville natale, à 300 kilomètres en aval de Québec, dans la péninsule gaspésienne. Sur la plage, je m’adonnais aux joies de lancer des galets sur la surface de l’eau, me croyant le champion des ricochets du golfe du Saint-Laurent. Contemplant cette grande étendue d’eau, je rêvais de devenir le capitaine d’un grand navire. Cette idée, dans ma tête d’enfant, avait sans doute germé à la vue de goélettes, de grands voiliers et de cargos chargés de tonnes de fret sillonnant l’estuaire à destination ou en provenance de Québec, de Trois-Rivières et de Montréal. C’étaient les seules villes que je connaissais à l’époque. Une fois leurs cales vidées ou bondées de nouveaux trésors, ils se laissaient emporter par le courant pour reprendre la mer. J’aurais voulu partir avec eux. Plus tard, les paroles de la chanson de Charles Aznavour ont alimenté ce désir de partir à l’aventure sans amarres. J’étais habité par cette envie de me sauver pour aller à la conquête d’un ailleurs.
Vers les docks où le poids et l’ennui Me courbent le dos Ils arrivent le ventre alourdi de fruits Les bateaux
Ils viennent du bout du monde Apportant avec eux des idées vagabondes aux reflets de ciels bleus De mirages Traînant un parfum poivré de pays inconnus Et d’éternels étés où l’on vit presque nus Sur les plages
Moi qui n’ai connu toute ma vie Que le ciel du nord J’aimerais débarbouiller ce gris En virant de bord
Emmenez-moi au bout de la terre Emmenez-moi au pays des merveilles Il me semble que la misère Serait moins pénible au soleil
À la hauteur de Rimouski, l’effet de l’océan dans l’estuaire est déjà perceptible. L’eau douce devient saumâtre et les navigateurs savent déjà qu’ils sont en présence de la force dynamique des marées, selon leur amplitude faible, moyenne ou forte sur les eaux fluviales. Ainsi, ce rythme des marées allait ressembler à celui de ma vie, tout comme ceux de cet estuaire au système physique et écologique dynamique et unique. J’allais, tout comme ces méandres, être sans cesse remodelé par les vents et les courants de la vie.
Ces premiers méandres furent d’abord ceux de mes parents. Ma mère Fernande qui voulait garder ses enfants bien ancrés aux cordons de son tablier, le plus longtemps possible, tandis que mon père, Jean-Marie, un homme au caractère plus vrai que nature, voulait nous pousser hors du nid.
« Il faut apprendre l’anglais et faire des études universitaires si vous voulez réussir dans la vie », nous rappelait-il souvent. « D’une façon ou d’une autre, vous allez devoir apprendre à voler de vos propres ailes. »
Et au gré de leur influence tantôt faible, moyenne ou forte et selon la marée des émotions au cœur de ma famille, je suis devenu chirurgien cardiaque pédiatrique. Une profession qui m’a permis d’aller à la conquête de cet ailleurs que je voulais tant découvrir.
Ces cités lointaines furent Toronto, La Nouvelle-Orléans et Vancouver. Dans cette dernière ville, j’ai enfin établi ma clinique de chirurgie cardiaque pédiatrique. Au cours des trois décennies qui ont suivi, j’ai prodigué des soins à des nouveau-nés, des nourrissons, des enfants et des adolescents qui souffraient de troubles cardiaques. Plusieurs de mes patients et leurs parents venaient de tous les coins de la Colombie-Britannique, animés de l’espoir que je puisse donner à leur enfant la chance de vivre. La confiance qu’ils me portaient m’a d’abord appris l’humilité et à mesure que ma carrière s’épanouissait, ma vraie nature compatissante s’est éveillée aux souffrances des autres, faisant naître le désir de travailler au salut de tous.
Pendant toutes ces années, j’ai porté un secret au fond de mon cœur. Tout au long de ma carrière, je n’ai jamais travaillé seul. Il y avait bien sûr des équipes formidables qui m’ont épaulé dans le bloc opératoire. Mais cette présence, invisible aux yeux des autres, était celle de mon père décédé subitement, avant qu’il puisse constater que ses conseils avaient porté ses fruits. Son esprit m’a accompagné tout au long de ma vie personnelle et professionnelle.
Quand l’heure de la retraite a sonné, mon père me chuchotait toujours à l’oreille. J’entendais sa voix aussi clairement qu’à l’époque où, petit garçon, j’habitais le comté de Rimouski-Neigette, dans le Bas-Saint-Laurent et que je lançais des galets à la mer, rêvant d’avoir assez de vent dans les voiles pour prendre le large.
Après une pluie de confettis et autant de discours d’adieux, de mercis et de promesses de rester en contact, j’ai fermé la porte de mon cabinet médical pour la dernière fois. Je n’avais plus à noircir de rendez-vous les pages de mon semainier. Je n’avais plus à me lever le matin dès les premières lueurs et plus de téléavertisseurs me rendant disponible 24 h/24 en cas d’urgence.
Libéré du surplus d’activités et des responsabilités quotidiennes engendrées par ma profession à haute performance, je me trouvais maintenant sur la rive de la grande liberté, où je venais de retrouver un rythme de vie plus lent et plus calme. L’idée de ce livre m’est venue pendant un moment de paix et de réflexion. Sans aucune distraction, j’ai clairement entendu la voix de mon père me dire que le moment était venu de faire le point et d’examiner le pouvoir de toutes les émotions que j’avais refoulées pendant tant d’années. Enfin, je pouvais en parler ouvertement. Comme Socrate l’a affirmé, « une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue. »
Mais, trouver les outils, la bonne démarche à suivre pour le faire à cœur ouvert pouvait sembler une tâche redoutable. Au fil de la première ébauche d’un manuscrit, suivi de nombreuses révisions et de longues conversations avec des amis, j’ai pu mettre en lumière une vie riche et bien remplie dont je n’étais pas conscient.
Cette réflexion m’a permis de mieux me connaître, puisque c’est grâce à ce moyen que j’ai découvert mes limites. J’ai enfin compris que je ne connaissais qu’une chose : le travail. Et, comme le prétendait Socrate : « Ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » Pour en arriver à mieux comprendre le but de mon existence et de mes choix, j’ai dû pousser les limites de mes souvenirs et mettre à nu tous mes sentiments cachés. Il fallait donc que je me défasse de ma carapace, construite au fil des années comme un bouclier servant à me protéger de mes émotions.
Jadis, quand on me demandait : « Que veux-tu faire quand tu seras grand ? », je n’avais pas de réponse. Aujourd’hui, quand je réfléchis à cette question, elle est par sa nature même, la plus sotte que l’on puisse poser à un enfant. Comme si, une fois qu’on a fini de grandir physiquement, le tour est joué et les jeux sont faits. Comme si on choisissait d’être un aviateur ou un clochard et qu’il n’y avait plus rien de possible après. Alors qu’en fait, on continue de grandir, de devenir et de se réinventer jusqu’à notre dernier souffle, mais seulement si on choisit consciemment de le faire.
Voici le bilan de ma vie. Je suis devenu chirurgien cardiaque pédiatrique. Je suis un mari fidèle, un fils attristé par la mort de ses parents, un frère, un bon tonton-gâteau pour mes neveux et nièces et un ami loyal.
Maintenant, je suis à la retraite. Mon épouse, Susan, m’a beaucoup aidé à assumer ce nouveau rôle et à m’adapter à cette nouvelle phase de vie, après une longue carrière en médecine. Voici que je me retrouve, face à de nouvelles expériences et j’ai plein de choses à vous raconter.


Prologue
Le soleil à son zénith tardait à s’estomper. Rien ne laissait présager qu’un seul nuage viendrait, du Pacifique, assombrir le souper prévu ce vendredi-là. Une table champêtre avait été installée pour célébrer le solstice d’été, en famille. On avait pris soin de fixer les nappes avec des pinces, de peur qu’elles soient emportées par la brise du crépuscule. Sur la table improvisée, un verre sur pied trônait à chaque couvert. Au centre, un vase de fleurs sauvages servait, sans vanité, de décoration. A la bonne franquette, des salades et des desserts de toutes sortes couvraient une deuxième table habillée de sa nappe immaculée. Le mercure était au beau fixe et déjà une odeur du barbecue embaumait discrètement l’air. Des bouteilles de vins et de bières de choix baignaient dans de grands bacs en étain remplis de glace pilée. Dans l’arrière-cour de mon beau-frère David, son épouse Sue et leurs trois enfants recevaient chaleureusement la famille. Bientôt, l’atmosphère serait à la fête. Le bruit des conversations montait et tout le monde était décontracté. Les convives dégustaient un premier verre, tandis que je buvais un coca comme les adolescents, parce que j’étais le médecin de garde, en cas d’urgence.
Au moment où David allait nous convier à table, pour déguster le festin des viandes qu’il avait cuites à la perfection et agréablement caramélisées, mon téléavertisseur a retenti. Je me suis retiré pour communiquer avec l’hôpital. La standardiste a dirigé mon appel à l’unité des soins intensifs. À l’autre bout du fil, Georges Sandor, le cardiologue pédiatrique de cette unité, m’a expliqué qu’il était au chevet d’un bébé né huit heures plus tôt. Vers 14h, le nouveau-né, transféré des services de soins néonataux, présentait des signes d’une détresse respiratoire importante. Dans un tel cas, les premiers signes, que je reconnaissais bien et que le Dr Sandor me décrivait, étaient : un creux se formant à la base du cou et à chaque inspiration, des narines légèrement dilatées, une respiration rapide par l’abdomen, des lèvres et un visage devenant de plus en plus bleus.
Le bébé, selon le Dr Sandor, s’était mis à somnoler, donnant la fausse impression qu’il allait mieux, alors que son état était, en fait, de plus en plus inquiétant. Le Dr Sandor avait fait mettre l’enfant sous respirateur et avait demandé qu’un e

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