Cancer, cultures et soins
199 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Cancer, cultures et soins , livre ebook

-

199 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Soignants et patients se trouvent aujourd'hui face à un paradoxe : alors que diagnostics et moyens techniques sont plus performants, les thérapeutiques demeurent parfois impuissantes pour certaines maladies comme le cancer pulmonaire. Comment se positionner en tant que soignant ? S'ouvrir à l'Autre souffrant, lui offrir un supplément d'humanité, au-delà du rôle d'expert et des différences culturelles, face à la maladie et à la mort ? Avec simplicité et finesse, l'auteur nous aide à comprendre la complexité de cette maladie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 211
EAN13 9782296715967
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cancer, cultures et soins
Tiédaba Koné Cancer, cultures et soins Une approche humaniste de la prise en charge des patients
© L’HARMATTAN, 2010 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-13840-7 EAN : 9782296138407
Remerciements
Cet ouvrage fait suite à mon travail de recherches en 2006-2007 dans le cadre du Diplôme de psychiatrie transculturelle à Paris XIII.
Je remercie de tout cœur, le Professeur Marie Rose Moro de m’avoir initié à cette démarche transculturelle, fondamentale dans ma pratique professionnelle et bien au-delà.
Que le Dr Issam Idris, le Dr G Sturm et Mme Barbara Ben Assine soient chaleureusement remerciés pour leurs précieux conseils et leur disponibilité.
. Pour la relecture de ce travail, je voudrais remercier : Mlle. V. Peyron, S. Boursier et tout particulièrement, J.Cassière, pour ses précieux conseils. Un grand merci à P. Delacroix pour la mise en page et la partie technique du texte.
Je remercie également J. Summerton, M. Hansen, A. Luquet pour la traduction de mon Préambule en Anglais, Allemand et en Espagnol. Que toutes les personnes qui se sont rendues disponibles pour répondre à mes questions trouvent ici l’expression de ma reconnaissance.
A mes chefs de service, mes différents cadres de santé, à tous mes collègues, j’adresse mes sincères remerciements.
Merci à Simone et Michel Pastor pour leurs témoignages pertinents.
Enfin, à mes enfants Matys et William ; à ma compagne Marie-Pierre.
Je n’oublie pas ma famille restée là-bas, mais toujours présente chaque instant à mes côtés.
5
Tiédaba Koné est né à Dagaba, petit village de forgerons, au nord de la Côte d’Ivoire. Il appartient à la caste des forgerons.
Initié très tôt par son père aux techniques de la forge, il est ensuite confié à son grand père maternel comme le veut la coutume. Celui-ci se chargera de son éducation à la médecine traditionnelle et au monde sacré des masques. Il reviendra quelque temps plus tard à l’enseignement de son père, très grand chasseur et haut dignitaire des forgerons qui affine sa formation traditionnelle au langage des plantes.
Tiédaba Koné vit en France avec sa petite famille, il a longtemps travaillé au CHU de Grenoble ; il n’a rien oublié des nombreux enseignements reçus dès son jeune âge. Chacun de ses retours dans son pays d’origine lui offre l’occasion de compléter ses initiations et ses diverses formations.
ème Après sa Thèse de 3 cycle en Psycho-gérontologie à l’U.F.R de Psychologie clinique (Grenoble II), il a obtenu le D.E.S.S des Politiques Sociales à l’U.F.R. des Sciences Economiques à la Faculté des Sciences Economiques de Grenoble. Travaillant dans un service de cancérologie, il prépare et obtient le Diplôme Interuniversitaire de Soins palliatifs et d’Accompagnement à Grenoble I et le Diplôme Universitaire de Psychiatrie Transculturelle à Paris 13.
1 Président de l’Association Amitiés Isère-Dagaba ; membre de l’Association Internationale d’Ethnopsychanalyse (Paris), il est également membre de la Société des Africanistes (Paris).
Actuellement, il travaille dans une maison de retraite de la banlieue grenobloise comme infirmier diplômé d’Etat.
1 Site Internet de l’Association :http://www.dagaba.org. 6
1 Préambule 2 Une journée dans ma case
Arrivé en Europe il y a quelques années, j’ai observé la manière de vivre des Européens en Europe, leur façon de créer et d’entretenir des liens familiaux et amicaux ; leur façon de rire, leur rapport à la nature, leur façon de vivre leur sexualité, les rapports entre les femmes et les hommes, le sens qu’ils donnent à la vie et les grandes valeurs qui colorent cette vie. Ensuite, je me suis intéressé aux rapports entre les générations : jeunes / vieux…sans oublier les valeurs comme le travail, le « non travail » … J’ai également observé les « non Européens » vivant en Europe : leurs relations intracommunautaires et extracommunautaires, (c’est-à-dire avec d’autres non européens, ou avec des non français). Tout ceci pour me situer par rapport à ce phénomène complexe de transculturalité, d’inter-culturalité, de méta-culturalité, de multi-culturalité, de pluri-culturalité... ; je voulais avoir une idée exacte sur la façon dont ces hommes et ces femmes partagent cet espace de rencontre et de vie ; comment cet espace peut devenir un espace de non rencontre, de vie et de non vie à la fois ... Grâce à toutes ces observations, j’ai appris beaucoup de choses, j’ai beaucoup désappris aussi. Enrichi et appauvri à la fois, je suis reparti dans mon village natal en Côte d’Ivoire. Ce retour a été une révélation pour moi. Ensemble avec les miens, nous avons
1 Voir en fin d’ouvrage les traductions du préambule en anglais, allemand et espagnol. 2 Voir Annexe 1, la Symbolique de la case ronde. 7
fait le bilan ; le bilan de plusieurs années d’absence, de plusieurs années hors de cette « terre-mère » qui a inauguré mes premiers pas. Des années vécues physiquement absent tout en partageant les mœurs, les coutumes, les moments forts des rites de passage par la pensée. De ma case ronde, j’ai beaucoup réfléchi à ce que je pouvais faire et à tout ce que je n’aurais pas pu faire si j’étais resté au village. Un bilan rapide m’a fait prendre conscience que l’on n’est vraiment heureux que chez soi, au milieu des siens.
Je me suis également rendu compte que ce temps d’absence a forgé en moi une autre force, comme s’il 1 m’avait transformé, remodelé , comme si ce temps avait fait de moi un autre, un autre homme différent de celui que j’étais, alors qu’en apparence, je suis toujours celui que je suis, celui que je fus, celui que j’ai toujours été. L’homme part en voyage avec toute son histoire et, comme son ombre, l’histoire de ses origines le suit partout. Loin des miens tout en étant encore plus près d’eux par cette pensée magique, j’ai appris à parler à « l’Autre », à cet autre comme moi, mais différent, parce qu’il est « loin » de ma culture et en même temps il est proche de moi, parce qu’il est et que je suis, « frère d’humanité ». Hors de chez moi, j’ai également appris à regarder l’Autre ; en même temps, je me suis mis à son école pour mieux le comprendre, connaître un peu plus que ce que je crois savoir de lui ; mais, que sais-je de lui au juste ? Que sais-je de celui qui est différent de moi par la « culture », mais qui est mon semblable le plus proche, parce que c’est lui et parce que c’est moi ? J’ai appris à désapprendre, à ne
1 Vance PACKARD : « L’HOMME Remodelé », Ed. Calmann-Lévy. 1978. 8
pas savoir pour mieux comprendre, mais à comprendre pour mieux savoir. J’ai appris à écouter l’Autre grâce à la force du « tour 1 de parole »; ainsi, j’ai appris à le sentir pour mieux le comprendre, à être touché par lui et à le toucher, sans vraiment le toucher avec ma main sensible, mais avec cette main amie qui n’est que le prolongement de mon cœur. J’ai en plus appris à sentir le parfum universel, le parfum de l’Autre, étranger hors de chez lui…et à me demander : mais où est donc chez moi au juste ? Un homme en exil, un immigré, vit toujours ailleurs. L’Homme d’entre-deux, comme je le suis aujourd’hui, est de nulle part puisqu’il devient un étranger dans son propre pays, dans son propre village tout en n’étant jamais totalement de son pays d’accueil, aussi intégré soit-il. Mais quelque part, cet homme est devenu par la force des évènements, un Homme sans frontière, du moins devrait-il l’être. Ainsi, dans cette aventure, j’ai appris que tout compte fait, c’est par la pensée que se vit le véritable amour, la pensée rapproche.
1 Le tour de parole en Afrique permet à chacun au cours d’une réunion, de s’exprimer. La parole est donnée à chacun, ce qui permet à tous, d’entendre ce que dit l’autre. Jamais, deux personnes ne doivent parler en même temps, et il est interdit de couper la parole à celui qui parle. 9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents