Chroniques d un médecin généraliste
124 pages
Français

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Chroniques d'un médecin généraliste , livre ebook

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Description

J'ai mal partout, c'est bien simple, partout ! Le médecin généraliste est sans nul doute celui qui, de tous ses confrères, a la plus large vue sur notre condition humaine. De l'angine au cancer, de la déprime passagère à la toxicomanie, que ce soit à son cabinet ou au domicile des patients, il est extra-lucide parce qu'il voit jusqu'au coeur des gens. Rien ne lui échappe et il lui faut répondre aux demandes, tour à tour exigeantes, saugrenues ou trop sages, de ses patients. Côté cour, s'adapter aux avancées de la médecine, trier ses 13 kilos de courrier administratif par mois et côté jardin, soulager, apporter des soins. Enthousiaste et généreux, attentif et attentionné, le Dr Dominique Delfieu est reconnu et apprécié dans son quartier-village montmartrois, aux patients parfois hauts en couleur. Engagé auprès des malades atteints de cancers, en particulier gynécologiques, il a notamment fait avancer les choses en matière de prise en charge de la douleur.

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2012
Nombre de lectures 51
EAN13 9782257705280
Licence : Tous droits réservés
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chez le même éditeur
Chroniques d’un anesthésiste, par Sylvie Froucht-Hirsch
Chroniques de l'urgence, par Pierre Carli
Chroniques d'une psychanalyste, par Alexandra Lenormand

Collection « Chroniques » dirigée par Stéphanie Honoré
Direction éditoriale  : Emmanuel Leclerc Édition  : Mélanie Kucharczyk Couverture  : Isabelle Godenèche Composition  : Nord-Compo, Villeneuve-d’Ascq
Les situations décrites sont réelles et relèvent de l’expérience de l’auteur ; les noms des patients concernés ont été modifiés.
Médecine Sciences Publications Éditions Lavoisier 11 rue Lavoisier, 75008 Paris
Pour être informé de nos parutions, consultez le site : www.editions.lavoisier.fr
EAN : 978-2-257-70528-0
© 2012, Lavoisier SAS
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Sommaire
Couverture
Chez le même éditeur
Titre
Copyright
Moi, Arlette Brevet, secrétaire médicale
J’ai crawlé horizontalement hors de mon lit
L’angine de Karim
Bizarre cérémonie
Une consultation sans objet
Le généraliste, poil à gratter
Tout se mêle et s’enchevêtre
J’ai du bon tabac…
Le piéton et l’automobiliste
Si j’allais bien, je ne serais pas venu vous voir
L’incertitude, le désir et l’imposture
Des certificats
Treize kilos de courrier par mois
Le frottis
Les lombes
« Cherchez dans votre sac, madame »
Les codes et les signes
L’âge
Avant les visites
Dictante dolore
À domicile
De la mort
Le toxicomane
Libido et libido
La poétesse et le masochiste
Hector, le retour
Founette, la petite chienne
L’hérédité
L’ode à la vie
Nos ados sont tristes
Julie Morel, son mari, le gitan et l’infirmier
Les progrès de l’hygiène
Voyages, voyages
Madame Astruc est revenue
Tout sur rien, rien sur tout
Le médecin traitant
Servitude humaine
La sorcière de chez Van Gogh
La dernière visite
Le café
La rétrospective
Moi, Arlette Brevet, secrétaire médicale

T out d’abord, merci au Dr D., qui par son respect de l’être humain et son entière confiance dans mon travail m’a permis de traverser ces seize années de collaboration dans la bonne humeur avec un bien-être quotidien jamais égalé à ce jour.
Non, ce n’est pas un long fleuve tranquille que d’être la secrétaire d’un médecin atypique de la butte Montmartre ayant une clientèle hétéroclite. Dans ce défilé incessant de souffreteux où se côtoient les anciens du vieux Montmartre, les bobos nouvellement installés dans ce quartier en vogue, les artistes de toutes les disciplines culturelles, les connus, ceux en devenir, le gai Paris et le Paris marginal, on perçoit toutes les palettes de l’humanité et parmi cette cohorte se distinguent deux catégories.
Voyons le côté plaisant de ce travail. Celui où la secrétaire est considérée comme la première interlocutrice, le lien entre le patient et le médecin à qui on confie ses petits bobos insignifiants. Elle devient la confidente de ces patients en mal d’écoute attentive mais qui n’osent pas déranger « le docteur pour d’aussi petits maux ». Elle réconforte les personnes sensibles, angoissées par des examens demandés par le médecin.
Il y a aussi le côté « bon enfant », où la mère lui confie la garde du bébé le temps de sa consultation, où elle surveille le chien resté dans la salle d’attente.
Le secrétariat est aussi le lieu de rencontre où viennent discuter les habitués du cabinet. Je me souviens avec nostalgie de cette gentille madame R. à la gouaille digne d’un poulbot qui venait systématiquement me raconter une anecdote survenue sur sa chère colline. Comment oublier celles qui m’apportaient soit une boîte de chocolat, soit de délicieuses spécialités de leur pays d’origine ?
Tous ces échanges confèrent au cabinet médical une atmosphère conviviale, chaleureuse, qui est parfois perturbée par l’incivilité, le manque de savoir-vivre de certains patients. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai entendu cette sentence : « Vous n’êtes guère aimable ». Il est reconnu que la secrétaire, cette empêcheuse de tourner en rond, cette femme acariâtre au visage fermé, exempte de toute empreinte d’humanité, voire agressive, prend un malin plaisir à contrarier le gentil, l’aimable patient qui vient demander intempestivement une ordonnance sans consultation pour un traitement dont il sait pertinemment avoir besoin (merci Internet !), ou bien celui qui, débordé par sa trépidante vie sociale, demande un arrêt de travail pour souffler un peu.
Ces patients ne doutent jamais de leur bon droit et devant, bien sûr, mon refus d’obtempérer, déversent leur diatribe à mon égard, sans se rendre compte un seul instant que ce refus n’est pas de mon propre chef, mais les consignes du médecin qui se doit de donner des limites afin de conserver une éthique professionnelle, afin de prodiguer les meilleurs soins possibles et ne pas se contenter d’être un épicier.
Que dire de ces patients qui exigent, pour leur confort personnel, un rendez-vous à telle heure, tel jour et qui ne comprennent pas que la secrétaire ne puisse pas les satisfaire illico presto ? Ils sont persuadés d’être les malheureuses victimes de cette employée perverse et sadique qui s’ingénie à les contrarier.
Je suis aussi le cerbère du cabinet, vous savez ce chien de garde intransigeant qui, malgré toutes les suppliques possibles, oblige à revenir le lendemain, le patient arrivant au cabinet bien après la fermeture de la consultation. Mais qu’on se rassure, les urgences ont toujours été assurées ; intraitable peut-être mais avec une conscience professionnelle quand même.
L’exceptionnelle particularité que possède la secrétaire médicale est l’invisibilité. Comme elle est installée à son bureau qui est très proche de la salle d’attente, il n’est pas rare que la secrétaire entende les patients agacés par l’attente et qui prennent à partie les autres malades ; une parole en amenant une autre, commence la longue litanie des griefs à l’encontre de ce médecin qui est mercantile puisque s’il prend trop de patients, c’est uniquement pour le profit. Il est d’une lenteur dans ses consultations, vous vous rendez compte, ça fait une demi-heure que le patient précédent est dans le cabinet, mais ils se gardent bien de dire qu’ils espèrent que celui-ci les écoutera plus longtemps, ils ont tellement de problèmes à lui soumettre. Les critiques fusent de toutes parts, chacun a une doléance à exprimer, tel un essaim la salle d’attente bourdonne sans se soucier de la secrétaire. Mais ô miracle ! Dès que le docteur apparaît, le silence revient, les sourires accueillent le médecin, ses défauts sont oubliés et j’entends leurs propos mielleux tels que : « C’était long, Docteur, mais pour vous j’attendrai le temps qu’il faudra », ou : « Pauvre Docteur, vous n’arrêtez pas une seconde », en oubliant toujours ma présence et que j’avais tout entendu.
Il y a aussi ceux qui dénigrent systématiquement la secrétaire, ils le font généralement sournoisement, ils sont tout sourire devant elle mais s’empressent de raconter à ce brave Docteur comment la Secrétaire leur a parlé, les a refoulés.
Ces vingt années à être secrétaire médicale restent avant tout une très belle aventure, riche de contacts humains, tantôt gais, parfois tristes, de temps en temps conflictuels mais jamais lassants et l’aventure continue pour quelques années encore…
Arlette Brevet
J’ai crawlé horizontalement hors de mon lit

À sept heures et demie, comme chaque jour et comme pour la plupart de mes contemporains, le réveille-matin a sonné le glas de la quiétude de mon sommeil et dans l’hiver et la nuit j’ai crawlé horizontalement hors de mon lit, avant de faire l’effort de me lever. J’ai péniblement atteint la douche dont la chaleur du jet m’a ragaillardi et revigoré. J’ai pris l’habitude de terminer celle-ci par une aspersion d’eau froide que je redoute mais qui a le mérite d’achever de me réveiller. Ensuite, ça a été la litanie des ablutions : se sécher, se frictionner le dos, se raser, s’enduire d’ after-shave , se brosser les dents, se curer les ongles, arroser la plante de la salle de bains. Comme Bob Fosse, je me suis dit alors «  ok, folks, show time  ! ». Une fois habillé, j’ai dégusté mon petit-déjeuner, que je prends habituellement copieux. J’ai toujours apprécié le petit intervalle de tranquillité qui lui succède. En savourant une tasse de thé, j’allume ma première cigarette et, l’esprit dans le vague, en souffle avec délice la fumée par les narines. Avant de sortir, j’ai consulté mes e-mails personnels de la nuit, ce matin encore, ce n’étaient que des âneries. J’ai un peu traîné, hésitant à me décider à partir au travail, mais finalement il a bien fallu m’y résoudre et descendre les trois étages au bas desquels le froid m’a saisi. Je ne m’étais pas assez couvert et il faisait, dans l’obscurité, un brouillard à couper au couteau qui atténuait les lumières des réverbères. On est en milieu de semaine, une ordinaire journée de décembre, un rituel peu excitant.
Je commence mes consultations à huit heures trente. Malgré mon air affable, je suis très ponctuel, j’exagère sans doute, c’est obsessionnel de ma part, mais j’ai horreur d’arriver en retard au cabinet. Ça ne m’est arrivé qu’une seule fois en vingt-cinq ans, le deuxième jour de mon installation. En effet, avec quelques amis, j’avais dignement fêté mes premières consultations. Je me souviens, la fête se tenait dans un restaurant russe, la vodka avait coulé à flots, et le retour tardif avait dû ressembler au franchissement de la Bérézina, lors de la retraite de Russie. J’étais seul cette nuit-là, personne pour me réveiller, je ne sais si le réveil a sonné, mais ce n’est que vers dix heures le lendemain matin que j’ai tranquillement regardé l’horloge. J’ai immédiatement émergé en prenant conscience de l’ampleur des dégâts et une terrible culpabilité s’est abattue sur moi. Je me sentais incapable, j’allais droit à la faillite avec une telle attitude, je me maudissais ! Je ne sais si c’est le souvenir rémanent de ce petit drame mai

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