Devenir médecin
161 pages
Français

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Devenir médecin , livre ebook

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Description

Que se passe-t-il lorsque le médecin reçoit une personne qui souffre ou qui vient demander un conseil ou un certificat médical ? Sur quoi fait-il reposer sa réflexion et son acte ? Quelles sont ses pensées ? Comment voit-il le malade ? Comment se confronte-t-il, avec lui, à un avenir parfois menaçant ? Comment trouve-t-il la force d'accomplir son geste médical ? Comment un homme ordinaire devient-il médecin, qu'apprend-il qui le légitime dans ce monde particulier de la consultation médicale ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 167
EAN13 9782296711839
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DEVENIR MÉDECIN
HIPPOCRATE ET PLATON
Études de philosophie de la médecine
Collection dirigée par Jean Lombard
L’unité originelle de la médecine et de la philosophie, qui a marqué l’aventure intellectuelle de la Grèce, a aussi donné naissance au discours médical de l’Occident. Cette collection accueille des études consacrées à la relation fondatrice entre les deux disciplines dans la pensée antique ainsi qu’à la philosophie de la médecine, de l’âge classique aux Lumières et à l’avènement de la modernité. Elle se consacre au retour insistant de la pensée contemporaine vers les interrogations initiales sur le bon usage du savoir et du savoir-faire médical et sur son entrecroisement avec la quête d’une sagesse. Elle vise enfin à donner un cadre au dialogue sur l’éthique et sur l’épistémologie dans lequel pourraient se retrouver, comme aux premiers temps de la rationalité, médecins et philosophes.
Déjà parus
Victor Larger, Devenir médecin, Phénoménologie de la consultation médicale , 2010.
Jean Lombard, Éthique médicale et philosophie, l’apport de l’Antiquité , 2009.
Gilles Barroux, Philosophie de la régénération, médecine, biologie , mythologies , 2009.
Simone Gougeaud-Arnaudeau, La Mettrie (1709-1751), le matérialisme clinique , 2008.
Jean Lombard et Bernard Vandewalle, Philosophie de l’hôpital, 2007.
Jean Lombard, L’épidémie moderne et la culture du malheur, petit traité du chikungunya, 2006.
Bernard Vandewalle, Michel Foucault, savoir et pouvoir de la médecine , 2006.
Victor LARGER
DEVENIR MÉDECIN
Phénoménologie de la consultation médicale
L’Harmattan
Nous sommes conscients que quelques scories peuvent subsisterdans cet ouvrage. Étant donnée l’utilité du contenu, nous prenons le risque de l’éditer ainsi et comptons sur votre compréhension.
© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’Ecole polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-13363-1
EAN : 9782296133631
INTRODUCTION
La profession médicale ou tout au moins l’art et les hommes de l’art sont probablement aussi anciens que l’homme. De tout temps, certains hommes, au milieu des autres, ont eu cette fonction sociale de prendre en compte la souffrance, de lutter contre elle et de lui donner une signification, qu’elle soit individuelle ou communautaire, en société. Bien avant Hippocrate, les archéologues trouvent les traces d’une médecine « dans les sables d’Égypte, de Syrie ou de Mésopotamie » 1 . Ce sont des textes, des objets, les dieux d’un panthéon qui le certifient. Dans l’histoire, la fonction médicale s’est fréquemment confondue avec celle de la religion et du pouvoir, voire du pouvoir religieux. Peut-être même pourrait-t-on dire que les traces d’une médecine sont probables dès qu’apparaissent les vestiges archéologiques d’un culte. L’exercice médical a beaucoup progressé depuis le XIXème siècle sous l’influence du développement des sciences biomédicales. Les règles de l’art post-hippocratique ne reposent plus, de nos jours – c’est du moins « le credo » des médecins modernes – sur des superstitions ou des conceptions philosophico-mystiques comme autrefois. La science médicale s’inscrit dans la lignée de la pensée positiviste.
Malgré tout, il faut bien reconnaître que la pensée magique, tout autant que les questions de pouvoir restent intriqués, aujourd’hui, dans l’idée et la pratique de la médecine. Magique, ou tout au moins d’un religieux archaïque, par exemple, est l’idée que la science médicale pourrait prétendre guérir toute maladie ou même construire l’homme de demain. Magique est la pensée d’un avenir où l’homme ne serait plus malade et où il vivrait, sinon éternellement, jusqu’à un âge pour le moins biblique. Magicien ou prêtre, à moins qu’il soit un dieu, apparaît cet homme auquel on a recours dans toute situation existentielle comme s’il avait réponse à tout, que sa science soit ou non le fondement de son action. De la même manière, la relation de la médecine au politique est presque toujours aussi évidente qu’autrefois : politiques de santé, médecine soumise à des règles sociales, disparition de l’exercice libéral qui avait fait lui-même suite à des pratiques de dispensaire, organisation étatisée de la lutte contre les épidémies 2 . On peut même rencontrer une véritable collusion du pouvoir et de la médecine : récemment encore, dans les pays communistes de l’Europe de l’Est, les dermatologues – dont la spécialité déborde sur la connaissance et le traitement des maladies vénériennes, la vénérologie – étaient un instrument du pouvoir et ils en détenaient eux-mêmes une part importante et inquiétante pour leurs contemporains. Ils avaient notamment le pouvoir d’enquêter, avec éventuellement les moyens de la police, pour connaître les partenaires sexuels d’un individu atteint de maladie sexuellement transmissible…
Si, autrefois, la médecine, savoir de transmission quasi initiatique, était aux mains de lignées familiales ou d’hommes choisis (véritables élus) par leurs futurs pairs, comme il en est encore ainsi dans certaines médecines traditionnelles, on peut se demander ce qui détermine un jeune de notre époque à se lancer dans l’étude de la médecine. Être médecin dans les sociétés anciennes n’était pas le fait d’un vouloir personnel, mais on recevait, en entrant dans la confrérie médicale, un réel pouvoir issu du monde divin. De leur côté, plus tardivement, les sociétés chrétiennes encourageaient des hommes et des femmes, forts de leur foi, à se dévouer librement pour les autres. C’est essentiellement depuis le XIXème siècle que les choses se sont progressivement modifiées dans le sens d’une personnalisation du choix de la profession médicale. Si bien que, de nos jours, c’est librement et volontairement qu’on embrasse la vocation médicale (qui pour le coup est donc devenue pendant une période une vocation, du même nom que la vocation religieuse). On s’y engage, au début, courant XIXème, pour peu qu’on ait la fortune suffisante, d’une part pour faire les études et d’autre part pour exercer cet art sans souffrir du peu de revenus qu’on en tire. La sécurité sociale confère cette assise financière sûre par la convention signée avec les professionnels des soins, solvabilisant progressivement, au fur et à mesure des années, tous les malades, et l’état fait de même par la gratuité des études. Mais ce qui marque l’évolution de ces quarante dernières années, c’est, plus qu’une certaine tendance à la baisse des revenus des médecins, la perte du prestige et de quasiment tout pouvoir, notamment lorsqu’on est libéral, c’est-à-dire lorsqu’on ne dispose pas de tous les leviers qu’offre le public. Malgré tout, les jeunes s’engagent encore en masse dans la profession médicale, les chiffres des entrées en première année en attestent, bien que la proportion de trois jeunes filles sur quatre étudiants annonce un changement important. C’est qu’il s’agit d’un intérêt personnel, puisque l’élection par les anciens n’existe plus. Quelle sorte d’attrait la médecine exerce-t-elle sur les jeunes ?
On peut, par ailleurs, noter que le style, le positionnement éthique et social du médecin d’aujourd’hui contraste fortement avec ce qu’était celui de son ainé. De fréquemment pontifiant, énigmatique, lointain parfois, fier de son savoir et docte dans son attitude, le « docteur » a adopté un port nettement plus « démocratique », simple dans son vêtement – qu’on se souvienne du nœud papillon qui couronnait la blouse des anciens, troqué aujourd’hui pour un blouson actuellement plus en toile que même en cuir – presque trivial dans son langage, brutal parfois à force de transparence dans sa relation, volontiers hésitant, s’en remettant facilement à un spécialiste pour ses décisions. Cette attitude découle certainement d’une évolution sociale, tant dans la composition des promotions d’étudiants que dans le jeu des relations entre la société et un corps professionnel. La façon dont on considère la maladie a également à y voir : c’est le progrès de la science biomédicale. La pensée politique évoluant imprime profondément sa marque dans la façon dont le médecin se considère lui-même et dans la manière dont il est regardé par ses contemporains. Le mécanisme par lequel cela influe sur l’ habitus du médecin fraichement émoulu de la faculté découle de toutes ces influences : mécanisme social, législatif et réglementaire, pétri des choix politiques de certains et de tous, mécanisme psychologique et aussi finalement pédagogique et éducatif. Voilà où l’on do

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