Embolie pulmonaire

Guy Meyer, Jean Pastré, Benjamin Planquette, Sébastien Clerc, Olivier Sanchez

Description

En France, l’incidence de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) est de l’ordre de 160 cas pour 100 000 habitants répartis entre un tiers d’embolie pulmonaire (EP) et deux tiers de thrombose veineuse profonde (TVP) [1]. L’incidence de l’EP avec ou sans TVP demeure stable ou augmente sensiblement ces vingt dernières années alors que celle de la TVP isolée a significativement baissé [1]. L’incidence augmente très sensiblement avec l’âge : de l’ordre de 40 pour 100 000 entre 20 et 40 ans elle atteint près de 800 pour 100 000 après 75 ans. L’âge moyen au diagnostic était de 68 ± 17 ans dans un étude épidémiologique française [1]. L’incidence est à peu près identique chez l’homme et chez la femme [1].

Sujets

• Pneumologie

Informations

• Publié par: Editions du Traité de Médecine
• Date de parution: 01 janvier 2020
• Nombre de lectures: 2
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

1

PARTIE S22P07

Chapitre S22P07C01

1 Maladies vasculaires pulmonaires

Embolie pulmonaire

O S , S C , B P , LIVIER ANCHEZ ÉBASTIEN LERC ENJAMIN LANQUETTE J P G M EAN ASTRÉ ET UY EYER

Épidémiologie

0 01 0

1 C0 7 P0 2 S2

Incidence En France, l’incidence de la maladie thromboembolique veineuse (MTEV) est de l’ordre de 160 cas pour 100 000 habitants répartis entre un tiers d’embolie pulmonaire (EP) et deux tiers de thrombose veineuse profonde (TVP) [1]. L’incidence de l’EP avec ou sans TVP demeure stable ou augmente sensiblement ces vingt dernières années alors que celle de la TVP isolée a significativement baissé [1]. L’inci- dence augmente très sensiblement avec l’âge : de l’ordre de 40 pour 100 000 entre 20 et 40 ans elle atteint près de 800 pour 100 000 après 75 ans. L’âge moyen au diagnostic était de 6817 ans dans un étude épidémiologique française [1]. L’incidence est à peu près identique chez l’homme et chez la femme [1].

Mortalité Dans une étude regroupant 6 pays européens et 454,4 millions d’habitants, plus de 370 000 décès étaient attribués à la MTEV en 2004 sur la base d’un modèle épidémiologique. Parmi ces décès, 34 % survenaient subitement ou dans les premières heures suivant le diagnostic, 59 % des malades décédaient d’une EP confirmée post- mortem et seuls 7 % des malades décédés précocement avaient un diagnostic d’EP établi du vivant du malade. Dans divers registres ayant inclus des malades non sélectionnés, la mortalité hospitalière varie de 6 à 11 % et la mortalité à 3 mois varie de 15 à 19 %. Des études longitudinales récentes suggèrent que le taux de létalité de l’EP baisse ces dernières années.

Facteurs de risque

Facteurs de risque clinique Près de 50 % des cas de MTEV surviennent de façon spontanée, sans facteur de risque identifié (MTEV non-provoquée). Les autres sont provoqués potentiellement par un ou plusieurs principaux facteurs de risque. La chirurgie multiplie le risque par 20 ; les interventions qui

S22P07C01

comportent le risque le plus élevé sont la chirurgie orthopédique de la hanche et du genou et la chirurgie du petit bassin, notamment carcino- logique. La présence d’un cancer multiplie le risque de MTEV par 6. Les cancers du pancréas, de l’estomac, du système nerveux central et du poumon comportent les risques les plus élevés. Le risque est également plus élevé dans les formes métastatiques et pendant les premiers mois après la découverte du cancer. Une thrombose peut même constituer la première manifestation d’un cancer jusque-là méconnu. La chirurgie, les chimiothérapies et la radiothérapie (ainsi que les cathéters veineux centraux) favorisent également les thromboses. Toute source d’immo- bilisation (alitement72 heures, paralysie ou immobilisation plâtrée d’un membre inférieur...) favorise la MTEV. Pendant la grossesse, le risque de MTEV est multiplié par 3 ; la moitié des épisodes survient pendant la grossesse elle-même, l’autre moitié pendant le post-partum. e La contraception œstroprogestative (pilules de 3 génération surtout) multiplie le risque par 3. Les évènements de MTEV sont beaucoup plus rares avec les contraceptifs purement progestatifs et sont également favorisés par le traitement hormonal substitutif de la ménopause quand il est administré par voie orale. D’autres facteurs de risque chroniques ont été identifiés : l’insuffi- sance cardiaque, l’obésité, les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI), le syndrome néphrotique, la maladie de Behçet et de certains médicaments (thalidomide, lenalidomide, L-asparaginase, certains psychotropes). Les voyages aériens de plus de six heures aug- mentent également le risque de MTEV, mais le risque absolu est faible (moins de 1 cas par million de passagers).

Facteurs de risque biologiques Ces facteurs de risque, souvent rassemblés sous le vocable de throm- bophilie, comportent des particularités constitutionnelles et des ano- malies acquises (Tableau S22-P07-C01-I). Le syndrome des antiphospholipides (SAPL) est une thrombophilie acquise caractérisée par l’association d’au moins une manifestation cli- nique thrombotique (artérielle, veineuse) ou obstétricale et la présence persistante à au moins douze semaines d’intervalle, d’un anticoagulant circulant de type lupique ou lupus anticoagulant (LA), d’un anticorps anticardiolipine (ACL de type IgG ou IgM) ou d’anticorps anti-beta2 glycoprotéine (anti-2GPI de type IgG ou IgM). Ces facteurs de risque biologiques peuvent constituer le seul fac- teur de risque, ils peuvent également se combiner à un facteur de risque clinique dont ils augmentent le risque. Finalement, environ 30 % des épisodes de MTEV surviennent sans aucun facteur favori- sant ni clinique ni biologique (MTEV idiopathique sans thrombo- philie associée).