Histoire des liaisons épistémologiques entre l art dentaire et la chimie
396 pages
Français

Histoire des liaisons épistémologiques entre l'art dentaire et la chimie , livre ebook

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Description

Toute la connaissance en art dentaire s'est édifiée à partir de l'exploration du monde de la matière inerte et de celui de la matière vivante. Comprendre l'originalité de la philosophie de la connaissance en art dentaire ne peut se concevoir sans prendre en considération ces deux entités et donc sans se référer à la chimie. Cette étude propose de suivre la participation de la chimie à la rationalisation de l'art dentaire.

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Date de parution 01 septembre 2013
Nombre de lectures 32
EAN13 9782336321554
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

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Extrait

Gilles Gros
Histoire des liaisons épistémologiques entre l’art dentaire  S c i e n c e s et la chimie d e s e de l’AntIquIté à la in du 20 sIècle
 P h i l o s o p h i e e t
E p i s t é m o l o g i e
Histoire des liaisons épistémologiques entre l’art dentaire et la chimie
Epistémologie et Philosophie des Sciences Collection dirigée par Angèle Kremer-Marietti La collectionÉpistémologie et Philosophie des Sciencesles réunit ouvrages se donnant pour tâche de clarifier les concepts et les théories scientifiques, et offrant le travail de préciser la signification des termes scientifiques utilisés par les chercheurs dans le cadre des connaissances qui sont les leurs, et tels que "force", "vitesse", "accélération", "particule", "onde", etc. Elle incorpore alors certains énoncés au bénéfice d'une réflexion capable de répondre, pour toutsystème scientifique, aux questions qui se posent dans leur contexte conceptuel-historique, de façon à déterminer ce qu'est théoriquement et pratiquement larecherche scientifique considérée. 1) Quelles sont lesprocédures, les conditions théoriques et pratiques des théories invoquées, débouchant sur des résultats ? 2) Quel est, pour le système considéré, lestatut cognitif des principes, lois et théories, assurant la validité des concepts ? Dernières parutions Lucien-Samir OULAHBIB,dans lacrime » Disparition du « sociologie contemporaine. Le crime comme injustice ou effet de système ?, 2012. Edmundo MORIM DE CARVALHO,Paradoxe de Dieu et de la finitude. Volumes I et II,2012. Lucien-Samir OULAHBIB,Le politiquement correct français. Epistémologie d’une crypto-religion,2012. Saïd CHEBILI,Malaise dans la psychiatrie, 2012. Joseph-François KREMER,Les grandes topiques musicales. Panorama d’un parcours anthropologique, 2012. Hiroshi MORI,Bibliographie de Claude-Henri de Saint-Simon(réunion du texte, introduction et actualisation par Juliette Grange), 2012. Edmundo MORIM DE CARVALHO,: lesParadoxe sur la recherche dessous de la recherche dans les « cahiers » de Paul Valéry,2011. Edmundo MORIM DE CARVALHO,Paradoxe sur la recherche : sérendipité, Platon, Kierkegaard, Valéry,2011. Antonella CUTRO,Technique et vie, Biopolitique et philosophie du bios dans la pensée de Michel Foucault, 2011. Edmundo MORIM DE CARVALHO,Du rationnel à l'inconscient dans les «cahier» de Paul Valéry, 2010.
Gilles Gros Histoire des liaisons épistémologiques entre l’art dentaire et la chimie
de l’Antiquité à la fin du 20sièclee
Du même auteur Le clou de girofle en médecine bucco-dentaire, Collection « Médecine à travers les siècles », L’Harmattan, Paris, 2013.
Histoire et épistémologie de l’art dentaire (pp.51-60), Gilles Freyerin : (dir.),Santé, Société, Humanité - Manuel de sciences humaines en médecine -PACES, Collection « Sciences humaines en médecine », Ellipses, e 2 édition, Paris, 2012. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-00652-9 EAN : 9782343006529
A mes parents, A tous ceux qui me sont chers.
INTRODUCTION
Incontestablement, la réflexion sur la matière occupe une place cruciale et même constante en art dentaire, tout au long de son histoire. Cette réflexion a conduit l’art dentaire à se poser des questions et à solliciter souvent la chimie pour tenter d’y répondre. Pour tout ce qui a trait à la matière, qu’elle soit inerte ou vivante, l’art dentaire, tout au long de son évolution, a entretenu des liens très étroits avec la chimie. Indéniablement, la chimie a beaucoup contribué à l’édification épistémologique de l’art dentaire et pour s’en convaincre, il suffit de répertorier tous les éclairages épistémologiques que la chimie lui a fournis. Ainsi, sans les théories et les classements produits par la chimie, l’art dentaire n’aurait pas pu distinguer « […] métaux—non-métaux, corps simples—corps composés, substances minérales—substances organiques, et ainsi de 1 suite […] » . La métallurgie de l’Antiquité, l’alchimie du Moyen Age, les théories iatrochimiques de la Renaissance, la théorie phlogistique puis celle de e Lavoisier au 18 siècle et le foisonnement d’expériences, de théories, e e d’hypothèses, de vérifications et de découvertes des 19 et 20 siècles ont amené l’art dentaire, au cours de sa longue histoire, à considérer la chimie comme une source indéniable de connaissances mais aussi de recherches pour son développement épistémologique.
Afin de mieux comprendre les rapports étroits entre art dentaire et chimie, il nous a donc semblé bon de suivre l’évolution de l’art dentaire sur une période de plusieurs millénaires. Ce choix nous est apparu le plus approprié pour montrer à quel point l’art dentaire et la chimie ont de nombreux points de convergence et combien la chimie a marqué de son sceau le devenir de la pensée dentaire. Si l’art dentaire a établi des liaisons durables avec la chimie, c’est aussi parce que l’essentiel de sa philosophie de la connaissance repose sur le faire et que l’on retrouve en art dentaire, comme en chimie, cet art de l’artisan qui est capable, en plus, de révéler des vérités cachées car il s’avère être un amalgame d’art, d’artisanat, de technique et de science. Le chirurgien-dentiste, comme le chimiste, est capable à la fois d’allier esprit d’analyse et esprit de synthèse et c’est là encore un point important qui explique pourquoi les chirurgiens-dentistes ont tant adhéré à la philosophie de la connaissance des chimistes.
Bien sûr, l’épistémologie dentaire ne se limite pas à ce qui a trait à la matière mais cette notion de matière est omniprésente dans les trois activités de l’art dentaire, la chirurgie, la médecine et la « mécanique dentaire » et pour chacune 1  J. Baudet,Penser la matière, une histoire des chimistes et de la chimie, Paris, Editions Vuibert, 2004, p. 293
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d’entre elles, elle y est appréhendée de manière différente. L’activité «mécanique » implique la connaissance et le maniement des matériaux, des recherches pour les améliorer ou en découvrir de nouveaux, mais aussi la fabrication d’objets et d’artifices ; et là encore l’art dentaire sollicite beaucoup les connaissances de la chimie. Cette activité a longtemps constitué de la part des médecins mais aussi des philosophes une source de mépris à l’égard des chirurgiens-dentistes. Cette activité est celle de l’ingénieur et de ce point de vue, par certains de ses aspects, l’activité des chirurgiens-dentistes est très proche de celle des artistes de la Renaissance italienne. Au niveau épistémologique, cette activité mécanique de l’art dentaire a amené les chirurgiens-dentistes à effectuer des recherches sur tout ce qui touche aux matériaux et aux modes de fabrication des instruments et des artifices.
Durant la plus longue partie de son parcours historique, l’activité mécanique a servi principalement à l’art dentaire à réaliser ses investigations et ses découvertes dans le milieu extérieur à l’organisme, dans les mondes minéral et végétal, premières sources de ses connaissances, et secondairement, pour ses activités médicales et chirurgicales. Dans ce domaine d'activité, ce seront essentiellement la physique et la chimie qui disposeront du quasi-monopole des réponses à donner aux problèmes posés et alimenteront donc en partie l'épistémologie de l'art dentaire.
Pour ce qui est de son activité médicale, au niveau thérapeutique, l’art dentaire aura besoin de la chimie pour développer sa pharmacopée ; de même, au niveau biologique, il aura besoin d’elle pour mieux comprendre la logique du vivant.
En ce qui concerne son activité chirurgicale, la chimie aidera l’art dentaire à mettre sur pied un vaste programme d’asepsie et d’antisepsie en lui fournissant des produits chimiques bactéricides de plus en plus efficaces et en l’incitant à faire des recherches de plus en plus approfondies en microbiologie.
Le questionnement qui gravite autour de la matière alimente donc pour une bonne part la réflexion épistémologique des trois domaines d’activité de l’art dentaire. L’épistémologie dentaire qui résulte de cette réflexion est donc originale et complexe et prend l’allure d’une véritable chimère. L’aspect chimérique de cette épistémologie tient aussi à l’impressionnante évolution de l’art dentaire tout au long de son histoire, l’art dentaire étant passé successivement par les stades magique, empirique, expérimental, et enfin moléculaire. De plus en plus, l’art dentaire est un art au carrefour de plusieurs sciences, ce qui accentue encore toute la complexité et la densité des liens épistémologiques qui unissent l’art dentaire à la chimie. Enfin, puisque toute l’activité de l’art dentaire s’articule autour du vivant, quand l’art dentaire fait
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appel à la chimie, il doit tenir compte de ce rapport au vivant en veillant à ce que la chimie soit compatible avec les normes de la vie.
Pour être complet, l’examen des liaisons épistémologiques entre l’art dentaire et la chimie devra donc tenir compte du subtil concours de chacune des trois activités, chirurgicale, médicale et mécanique. En outre, chacune de ces trois activités, mécanique, chirurgicale et médicale, a dû tenir compte en plus, pour son développement épistémologique, de cette situation particulière de la bouche puisque l'air, la salive et les microbes y imposent des conditions spéciales aux matériaux, aux instruments et au monde vivant de la bouche. Nous examinerons donc l'épistémologie dentaire, non seulement en fonction des activités de l'art dentaire qui l'engendrent, mais aussi en tenant compte du milieu interne ou du milieu externe dans lesquels elles se déploient. Il est alors facile d’en déduire combien l’art dentaire, comme la chimie d’ailleurs, et c’est un de leurs principaux traits communs, « n’a pas de territoire assignable et transgresse les 2 frontières du naturel et de l’artificiel, du vivant et de l’inerte [...] . » D’une certaine façon, à l’instar de la chimie, par la manière dont il s’invente, l’art dentaire « défie les grands partages qui fonctionnent comme repères dans notre culture : entre le naturel et l’artificiel, entre science et technique, entre nature et 3 société… »
La matière, qu'elle soit de nature organique ou inorganique, ramène toujours le chirurgien-dentiste à une logique de l'élémentaire. De plus, puisque « […] la 4 pierre, la terre et les os sont fondamentalement de même nature » et que les chirurgiens-dentistes sont bien placés pour s'en rendre compte, ils seront conduits progressivement à développer une vision unitaire de la matière. Enfin, la matière les renvoie aux instruments en leur faisant prendre conscience de la confrontation réciproque de la matière de l'instrument avec celle du vivant étudié. L'étude de la matière occupera donc de part en part tout le registre épistémologique de l'art dentaire. A l’évidence, s’il est un concept qui a marqué l'art dentaire et toute son épistémologie, c'est bien celui de matière. Leschirurgiens-dentistes ont réservé à ce concept une place centrale dans leur réflexion épistémologique et ce, dès la naissance de l'art dentaire. Les chirurgiens-dentistes ont pensé la matière depuis les premières réflexions frustes des premiers dentistes jusqu’aux dernières recherches effectuées en binôme avec les chimistes pour créer de nouveaux matériaux. Nous verrons comment, à l’instar des chimistes, les chirurgiens-dentistes afficheront leurs propres exigences quant à la philosophie de la matière. Nous découvrirons leur volonté 2  B. Bensaude-Vincent,Faut-il avoir peur de la chimie ?,Paris, Editions Les empêcheurs de penser en rond/Le Seuil, 2005, p. 133 3  Ibid, postface. 4  J.-C. Beaune,Philosophie des milieux techniques.La matière, l’instrument, l’automate, Seyssel, Editions Champ Vallon, 1998, p. 14
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