L Arbre vasculaire
190 pages
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L'Arbre vasculaire , livre ebook

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Description

Qu’ont de commun le cancer, certaines maladies de la rétine et l’obésité ? Rien, sinon que ces pathologies ont toutes la même composante vasculaire. De nouveaux médicaments agissant sur les vaisseaux donnent l’espoir de guérir ces maladies redoutables. Pour comprendre leur action, Pierre Corvol et Nicolas Postel-Vinay nous expliquent comment l’arbre vasculaire se déploie en se ramifiant. Comment les artères, veines et vaisseaux, qui irriguent tout notre corps, s’organisent, naissent, souffrent et vieillissent sous l’influence de facteurs de croissance ou de conditions délétères. Un ouvrage de science sur le fonctionnement de notre corps. Un regard innovant et un livre d’espoir en la médecine de demain. Pierre Corvol est professeur de médecine expérimentale au Collège de France. Il est membre de l’Académie des sciences. Nicolas Postel-Vinay est médecin dans un service d’hypertension artérielle et rédacteur en chef du Concours médical.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2008
Nombre de lectures 2
EAN13 9782738193612
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, NOVEMBRE 2008
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9361-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Préface

L E C OLLÈGE de France a comme singularité d’enseigner la recherche « en train de se faire ». L’enseignant partage avec son auditoire son cheminement, ses interrogations, ses idées. Entièrement libre du choix de son cours, qui doit être renouvelé chaque année, il peut s’aventurer sur des terres nouvelles, aux confins des connaissances, porté par une pensée libre, indisciplinée et féconde. Il partage son intérêt et son plaisir avec son public, qu’il soit spécialisé ou non, les cours étant ouverts à tous. C’est de l’inconnu que surgissent les vraies découvertes. L’enseignement s’ancre tout naturellement dans la recherche et réciproquement, plus qu’ailleurs, la recherche est aiguillonnée par la contrainte d’un enseignement en perpétuel devenir.
En 1787, John Hunter utilisait pour la première fois le mot angiogenesis (angiogenèse) pour décrire les vaisseaux qui croissent dans les bois des cerfs. Deux siècles après, le premier facteur de croissance des vaisseaux sanguins est identifié. Depuis, la recherche sur les vaisseaux sanguins et lymphatiques a fait un bon en avant. Ces toutes dernières années, agir sur les vaisseaux a rendu possible la correction de la perte de la vision, autrement inéluctable dans certaines formes de maladies, et la survie prolongée de patients atteints de certains cancers.
Le vaisseau sanguin dans tous ses états, depuis sa conception, sa maturité, ses déviances, sa dégénérescence et maintenant sa possible réparation a été le sujet des cours de la chaire de Médecine expérimentale du Collège de France depuis sept ans.
Ce livre est fondé sur ces cours, mais, durant ces années, jour après jour, de nouvelles découvertes ont été faites, de nouvelles théories sont apparues ; toutes ne sont pas relatées dans cet ouvrage. Un choix a dû être fait. Notre ambition est de faire partager au lecteur les bases du renouveau de nos connaissances et de nos idées sur l’arbre vasculaire afin de lui donner un éclairage actuel.
Dès la Renaissance, les grands anatomistes, des esprits savants, tels Malpighi ou Vésale, ont observé et croqué les vaisseaux à la manière d’un arbre. De leur côté, naturalistes et physiologistes, dont Stephan Hales puis Claude Bernard, ont pris le chemin de l’expérimentation : mesurer la pression sanguine chez l’animal et la montée de la sève dans la tige des plantes. Les formes arborescentes qui ont intrigué et passionné tous ces chercheurs de la première heure sont omniprésentes dans le monde animal, végétal et minéral. Et peut-être même au-delà de notre propre planète. Ne parle-t-on pas des « canaux » de Mars ? Des structures équivalentes ont été trouvées sur la planète Titan. Ces formes, ces canaux et ces vaisseaux, ces conduites de vie retrouvées à toutes les échelles de la nature servent une fonction commune que l’on peut résumer en un mot : la communication. Relier l’oxygène ambiant au plus profond de nos cellules, les éléments nutritifs du sol aux feuilles de l’arbre, l’eau des rivières et des fleuves aux territoires qu’ils traversent. Pour autant, cette fonction dicte-t-elle sa forme ? Nous en discuterons, en essayant de s’affranchir de toute tentation réductrice de finalisme.
S’intéresser aux vaisseaux de l’homme, c’est s’ouvrir aux différents organes qu’ils irriguent, c’est découvrir les mécanismes ancestraux de leur formation qui ont précédé de loin l’émergence de l’homme sur terre. C’est aussi suivre une ère thérapeutique toute nouvelle avec ses répercussions sur une société prompte à récolter les fruits médicaux et financiers de l’arbre.
C’est tout cela que cet ouvrage tente de faire, avec la complicité amicale de Nicolas Postel-Vinay. L’aspect parfois difficile du livre, qui n’est toutefois ni un livre savant ni un livre pour les savants, a été émondé par ses soins. Il lui a également donné du relief et du mouvement en contribuant à inscrire cette histoire des vaisseaux dans le contexte plus large de la médecine d’hier et d’aujourd’hui. Souhaitons que cet ouvrage puisse bénéficier au plus grand nombre et qu’il cultive les esprits, comme l’arbre vasculaire irrigue notre pensée.
Pierre Corvol Paris, le 2 septembre 2008
Avant-propos
Nous sommes des arbres

« A LORS COMME CELA , nous sommes des arbres ?
— Absolument ; notre corps héberge un arbre étonnant et méconnu qui vit en nous et aussi nous fait vivre. C’est l’arbre vasculaire qui se développe de la tête aux pieds.
— Jamais entendu parler.
— Tout cela est effectivement assez nouveau. L’arbre vasculaire c’est tout le réseau d’artères, de veines et de vaisseaux qui parcourt notre organisme. Depuis dix ou vingt ans, on comprend mieux son fonctionnement intime grâce à la biologie moderne, ce qui permet de concevoir de nouveaux médicaments pour traiter des maladies aussi diverses que le cancer, la perte de la vue, voire l’athérome ou l’obésité.
— En parlant des vaisseaux de l’homme, vous allez nous parler de maladies ?
— Oui, mais avec une approche qui jusque-là n’était décrite que dans des revues et congrès scientifiques très spécialisés.
— Cela va être dur à comprendre.
— Nous allons essayer d’être le plus clair possible.
— Ennuyeux alors ?
— Si vous êtes curieux de comprendre comment notre corps fonctionne et comment on découvre de nouveaux médicaments, vous serez étonné de suivre les ramifications de l’arbre vasculaire. Elles sont étonnantes. En découvrant cette recherche, on croise des souris monstrueuses qui donneront peut-être la clé d’un nouveau traitement de l’obésité, le poisson zèbre, ou bien l’œil du lamantin – un cousin du dauphin – qui aide à comprendre la cécité dont souffrent les personnes âgées ou des sujets frappés de maladies génétiques rares. Bien sûr nous donnons aussi beaucoup d’explications biologiques. Nous expliquons aussi le nouveau vocabulaire décrivant la vie des vaisseaux, telle l’angiogenèse. Tout dernièrement, ce terme technique sort de sa confidentialité à l’occasion des premières commercialisations des médicaments dits « antiangiogéniques ». Toutes ces notions n’ont pas encore été vulgarisées, c’est-à-dire formulées pour un public large, et ce livre se propose de le faire.
— C’est donc un livre pour les curieux ?
— Vous ne croyez pas si bien dire. À compter des XVI e et XVII e  siècles, des princes et des savants ont tenté de s’approprier le monde en le mettant à leur portée. Ils ont créé des cabinets dits « de curiosité ». Dans une pièce, un recoin, un meuble, ils ont soigneusement disposé et rangé côte à côte une multitude d’objets : coquillages, ivoires, animaux empaillés, coraux, plantes, métaux et pierres précieuses, os, cornes, bois de cervidés, peaux, morceaux d’organes – y compris humains – conservés dans des bocaux remplis de formol. Tous ces objets étaient choisis pour leur rareté, leur caractère insolite et, bien sûr, pour leur beauté. Un grand nombre épousaient la forme d’un arbre, qu’ils soient végétaux, animaux ou humains. Nous allons les retrouver et vous les montrer. Au fond, nous allons recréer un cabinet et vous le faire visiter. Mais, contrairement à la démarche initiale des siècles précédents, ce n’est pas la rareté qui focalise notre intérêt et notre choix ; c’est celui de la similitude des arborescences.
— Vous nous proposez donc un livre de curiosité ou de médecine ?
— Les étonnantes formes arborescentes suscitent l’admiration, elles occupent les deux premiers chapitres. Mais passé ce premier regard, en décrivant les vaisseaux de l’homme, leur naissance, leur développement normal et pathologique, leur vieillissement puis leur mort, nous allons parler de médecine. Nous allons suivre la recherche médicale et voir comment elle permet d’inventer de nouveaux médicaments. Nous avons souhaité réunir, dans un même propos, une vision sur la recherche, sur la médecine et quelques aspects socio-économiques. Ces aspects sont habituellement traités dans des ouvrages différents, nous choisissons au contraire de ne pas perdre leur continuité.
— Si je vais à la pharmacie, ou à l’hôpital, puis-je trouver ces nouveaux médicaments ?
— Oui, et cela depuis très peu de temps. Et pour certaines maladies graves seulement. Aujourd’hui, nous ne sommes qu’au tout début des retombées pratiques des traitements agissant sur la formation des vaisseaux. Nos explications suivent l’actualité médicale et scientifique de très près, envisagent le futur proche mais ne doivent pas faire croire que tout est résolu : ainsi le traitement de l’obésité et la réparation des artères usées par l’âge par les médicaments antiangiogéniques ne sont pas d’actualité ; ce ne sont que des perspectives d’avenir.
— Et c’est pour bientôt ?
— Patience… Commençons par le début. »

F IGURE  0-1 – Les artères. Planche de l’ Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (1751-1772).

Les formes de l’arbre vasculaire, ou plutôt de l’homme vasculaire, ne manquent pas d’étonner. Il est d’une étrange beauté. Roland Barthes a lui aussi succombé à sa fascination. Dans un inclassable essai illustré*, il a choisi de publier une telle planche avec cette légende : « Écrire le corps : ni la peau, ni les muscles, ni les os, ni les nerfs, mais le reste : un ça balourd, fibreux, pelucheux, effiloché, la houppelande

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