La toilette : voyage au coeur du soin
102 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La toilette : voyage au coeur du soin , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
102 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Enrichie de l'expérience et du vécu de l'auteur, cet ouvrage apporte une réflexion sur un acte en apparence banal, dépouillé de toute technicité instrumentale : la toilette. Acte d'importance relevant du « rôle propre » infirmier et propice à la communication entre patient et soignant, la toilette est toutefois à considérer comme un soin à part entière. Elle requiert une grande compétence relationnelle et trouve particulièrement son indication en psychiatrie, en cas d'impasse thérapeutique. Elle peut en effet devenir une médiation lorsque la relation verbale n'est plus possible : grâce à la toilette et à ses rites, le soignant peut entrer en relation avec le patient et faire de ce soin un moment d'échange privilégié. Ce « toucher thérapeutique » peut permettre à des patients peu autonomes de développer leur perception, leurs possibilités d'expression, de reconstruire une image améliorée d'eux-mêmes…. À l'inverse, elle confronte les soignants aux odeurs intimes, à la vision d'un corps, à la rencontre avec leurs propres réactions. C'est par conséquent à un véritable « voyage au cœur du soin » que l'auteur convie le lecteur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2011
Nombre de lectures 8
EAN13 9782294101984
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1662€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Table of Contents

Cover image
Front matter
Copyright
Avant-propos
Au fil de l'eau…
Introduction
Chapitre 1. Cadre de référence du soin
Chapitre 2. L'enquête
Chapitre 1. Préambule
Chapitre 2. Soins infirmiers
Soins infirmiers
Conclusion
Bibliographie
Front matter
Collection Souffrance psychique et Soins
sous la direction de E. DIGONNET et A.-M. LEYRELOUP

LA TOILETTE : VOYAGE AU CŒUR DU SOIN
M arie RAJABLAT
2 e édition
Copyright
Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de l'écrit, tout particulièrement dans le domaine universitaire, le développement massif du « photocopillage ».
Cette pratique qui s'est généralisée, notamment dans les établissements d'enseignement, provoque une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd'hui menacée.
Nous rappelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation, ainsi que le recel, sont passibles de poursuites.
Les demandes d'autorisation de photocopier doivent être adressées à l'éditeur ou au Centre français d'exploitation du droit de copie :
20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris Tél. : 01 44 07 47 70.
D ans la même collection

• L' isolement en psychiatrie . S équestration ou soin ?, par D. F riard , 2 e édition, 2002, 232 pages.

• P ratique de l'entretien infirmier , par A.-M. L eyreloup , E. D igonnet , 2000, 168 pages.

• É lectroconvulsivothérapie et accompagnement infirmier , par D. F riard , 1999, 160 pages.

• D élinquance sexuelle et crimes sexuels , par F. H amon , 1999, 160 pages.
Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage, faite sans l'autorisation de l'éditeur est illicite et constitue une contrefaçon. Seules sont autorisées, d'une part, les reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d'autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d'information de l'œuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
Le premier tirage de cet ouvrage a paru sous la marque
Éditions hospitalières , en 1997.
© Masson, Paris, 1999, 2003
ISBN: 2-294-01453-7
M asson S.A.S. - 21, rue Camille-Desmoulins, 92789 Issy-les-Moulineaux Cedex 09
Avant-propos
« Quand je serai grande, je serai accoucheuse ou bonne d'enfants! ». Balancée dans la vie, sans aucun sein auquel me vouer, j'aime à penser que ce sont ces deux types de femmes qui m'ont insufflé la force de vivre. Sans elles, peut-être ne serais-je pas là aujourd'hui, et c'est autant grâce à leurs compétences techniques qu'à leurs qualités humaines que je dois la vie. Je ne suis pas devenue accoucheuse et encore moins bonne d'enfants. Je suis devenue infirmière et pas n'importe laquelle, une de celles qui pansent les maux du dedans 1 , une de celles qui « veillent sur les nœuds par quoi passent les destins » 2 .
1. Infirmière de secteur psychiatrique.
2. Définition d'Yvonne Verdier du rôle de certaines femmes.
Notre métier à nous, voyez-vous, c'est l'art d'être là, tout à côté ou juste assez loin, pour accompagner, soutenir, contenir. Un art qui repose sur des savoir-faire tout à fait discrets, tellement discrets qu'ils sont invisibles pour les yeux inexpérimentés. Tenez, prenez le «papotage». Ça, c'est une des techniques les plus complexes de notre métier. Oh, ça vous fait rire, et pourtant, n'est pas «papoteur» qui veut! Pour essayer de vous en convaincre, je vous propose de faire un «arrêt sur image» autour d'Alice.

L'histoire d'Alice

Alice et moi, nous nous voyions toutes les semaines. Parfois elle venait au centre médico-psychologique, parfois j'allais à son domicile. Chez elle, c'était un bazar indescriptible, parfois même un dépotoir d'ordures et d'immondices, un de ces intérieurs où celui qui n'est pas habitué a le cœur au bord des lèvres. Elle en souffrait beaucoup mais ne pouvait rien y changer, aussi une aide ménagère l'aidait-elle à éviter le pire. Quoi qu'il en soit, j'aimais ces visites car, lorsqu'elle me recevait, c'était toujours une fête. Il faut d'abord que je vous précise qu'Alice nous avait assignés une place à chacun. Elle avait baptisé mon collègue son « infirmier chiffonnier », car c'était lui qui «grondait» et vidait régulièrement l'appartement, avec son accord, bien entendu. Moi, j'étais son « infirmière psychanalytique » parce qu'à moi, « elle racontait ses souvenirs d'enfance et (me) parlait de temps en temps de sa mère ». Elle nous aimait beaucoup, décrétait-elle souvent, « chacun pour des raisons différentes et tous les deux pour la même raison ». Mon collègue parce que c'était « un homme bougon mais courageux », moi parce que j'étais « toujours propre, bien habillée, une dame comme il faut », tous les deux car nous étions « militants et respectueux des droits de l'Homme »…
Pour s'asseoir chez Alice, il fallait donc d'abord faire «un peu» de ménage – nous balayions ensemble la pièce, nettoyions les chaises et débarrassions la table – puis, enfin installées de part et d'autre de la table, les choses sérieuses commençaient. C'était rituel. Dans un premier temps, nous bavardions entre femmes. J'aimais cette scène où l'une et l'autre faisaient semblant de faire «comme il faut». Nous nous tenions bien droites sur nos chaises, jambes croisées ou serrées, les mains sur les genoux et devisions sur la vie, le mariage, l'amour, le bonheur, etc. Nous faisions les dames, nous faisions salon. Alors, elle me racontait ses souvenirs, ses joies et ses soucis, son passé glorieux de maîtresse d'école, etc.
Mais toutes les visites n'étaient pas aussi drôles. Elle était parfois tellement souffrante que son visage grimaçait, elle tordait ses mains et se recroquevillait même en marchant. La douleur la happait très loin et je ne pouvais rien faire, tout juste rester là, servir de garde-fou pour éviter le pire jusqu'à ce que l'étau se desserre. Sa douleur me laissait parfois pantelante. Ces jours-là, nous ne papotions pas. Je la laissais dérouler ses peurs, ses chagrins et sa honte, scander son infortune et sa décadence. J'écoutais sans bouger. Parfois, je la serrais contre moi. Alice s'autorisait souvent à pleurer dans mes bras. Je reste persuadée qu'elle se laissait aller à ces moments graves car nous avions en commun d'autres moments légers, comme ceux que je vous ai racontés. De semaines en semaines, d'années en années, nous avons tissé, son « chiffonnier », moi-même et tous nos collègues autour, une jolie trame pour broder la suite des soins. D'entretiens (infirmiers) en entretien (de la maison), Alice a eu envie d'être belle à regarder et c'est tout tranquillement qu'elle est arrivée un beau matin au CATTP 3 pour nous demander de l'aider à se pomponner.
3. Centre d'accueil thérapeutique à temps partiel.
Vous voyez, c'est par ces petits papotages de rien, ces petits coups de balai et d'éponge, que nous nous sommes apprivoisés. Rien de très professionnel, pensez-vous. Détrompez-vous. Ce qui fait, en l'occurrence, que papotage et balayage sont des actes hautement techniques, c'est que, précisément, nous savons qu'ils ne sont que prétextes à échanger et qu'ils nous renseignent, si nous savons bien regarder, sur une multitude de toutes petites choses. Ainsi, un après-midi comme tant d'autres, alors qu'il me semblait passer un coup d'éponge sur la table comme toutes les autres fois, pendant qu'Alice balayait, elle se fâcha très fort, balança son balai et me cria que j'étais complètement folle. Éberluée, j'essayais de comprendre, reprenant mentalement chacun de mes gestes et de nos échanges. J'interrogeais Alice qui ne pouvait rien me dire si ce n'est que j'étais folle et que l'aide ménagère qui avait acheté cette « fichue éponge » était « très méchante ». Je regardais bouche bée l'éponge, une de ces éponges banales avec un «côté qui gratte». La visite a été plus longue ce jour-là car je ne voulais pas laisser Alice dans cet état d'agitation juste avant le week-end. Il a fallu que nous allions jeter ensemble la « vilaine éponge » au dos qui gratte à la poubelle, que nous buvions un petit café sur le zinc de Chez Dédé et que nous fumions quelques cigarettes pour qu'Alice me raconte que, lorsqu'elle était enfant, sa mère allait parfois très mal. Ces jours-là, la petite fille faisait tout pour se faire oublier, mais en vain. Persuadée que son enfant risquait d'être contaminée, sa mère l'aspergeait d'eau de Javel 4 et la récurait à l'éponge à gratter pour la désinfecter… Alice ne voulait surtout pas que je pense que sa mère la maltraitait. C'est à partir de ce jour qu'elle m'a baptisée: son « infirmière psychanalytique ». Nous avons régulièrement commencé à papoter autour de cette maman et Alice a ainsi pu s'en construire une jolie image. Si ensemble nous n'avions pas «passé l'éponge», si ensemble nous ne l'avions pas jetée, peut-être que rien de tout cela ne serait arrivé…
4. Il y avait déjà eu une algarade avec l'aide-ménagère qui ne concevait pas de ne pas utiliser ce produit dans un appartement aussi insalubre, sans que nous comprenions de quoi il était question.
Beaucoup d'infirmiers ont délégué à d'autres cette part ingrate, insignifiante et répétitive, pour se centrer sur des tâches plus «nobles», visibles et reconnues. Et c'est ainsi qu'imperceptiblement, un glissement s'est opéré, réduisant notre pauvre métier à une liste d'actes techniques dénués du sens et de la relation qui les entourent.
De même qu'il est impossible de ne pas communiquer, il n'existe pas de soin qui ne soit pas relationnel. René A ngelergues écrit que « notre métier est aussi un art, qui doit conjuguer la référence à une connaissance scientifique à un art de la relation » 5 . J'ajouterais à cela l'indispensable prise en compte de ce que les patient

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents