La Transparence de l’œil
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Description

« L’œil humain, par sa complexité, son agilité, sa perfection, suscite des questions passionnantes. On peut en admirer la beauté, mais aussi les faiblesses. Soigner l’œil malade, c’est ainsi chercher à vaincre les ténèbres, défi permanent qui appelle toujours plus de connaissances, de moyens techniques, de performances. Or notre époque s’est révélée plus riche pour l’ophtalmologie que toutes celles qui l’ont précédée. Un nombre étonnant de découvertes a transformé la pratique de cette discipline et le sort des mal-voyants. Jamais dans l’histoire, la technique n’est intervenue dans les actes du médecin aussi efficacement qu’aujourd’hui. » Y. P. L’un de ses grands acteurs raconte les prémices de cette révolution. Membre de l’Académie française et de l’Académie de médecine, le Pr Yves Pouliquen a dirigé le service d’ophtalmologie de l’Hôtel-Dieu de Paris. Il a notamment publié Le Geste et l’Esprit et Lunettes ou laser ? (avec Jean-Jacques Saragoussi).

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mars 2011
Nombre de lectures 3
EAN13 9782738195869
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DU MÊME AUTEUR CHEZ ODILE JACOB
Lunettes ou laser ? (avec J.-J. Saragoussi), 2011.
Félix Vicq d’Azyr, les Lumières et la Révolution , 2009.
Le Médecin et le Dictateur , 2008.
Madame de Sévigné et la médecine du Grand Siècle , 2006.
Discours de réception d’Yves Pouliquen à l’Académie française et réponse de Michel Mohrt , 2004.
Le Geste et l’Esprit , 2003.
Un oculiste au siècle des Lumières , 1999.
Les Yeux de l’autre , 1995.
© ODILE JACOB, 1992, MARS 2011
15, RUE SOUFFLOT, 75005 Paris
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9586-9
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Préface à la nouvelle édition

Il y a presque vingt années que fut publié ce premier de mes livres qui se voulait un éloge de l’œil. Le fréquentant quotidiennement dans l’exercice de ma profession d’ophtalmologiste, j’avais été frappé du fait que ce merveilleux petit organe qui nous lie au monde nous en révèle l’admirable beauté, nous lie aux autres, chante dans nos pupilles l’amour d’une mère ou d’une amante et porte, en ses éclats, ses formes, ses couleurs, tant de possible séduction n’excitait en vérité un intérêt que lorsqu’il était malade et que s’inscrivait alors la terrible menace d’une cécité. « Pour moi, docteur, s’écriait-on, voir est indispensable ! » Comme si, pour les autres, ce ne l’était pas aussi.
Ainsi me semblait-il étrange que l’on pût ignorer un serviteur si magnifiquement compétent, offrant l’alternative instantanée d’images lointaines ou frisant notre nez, capable de distinguer la subtile différence de mille couleurs, d’être en un mot le traducteur sensoriel dominant de l’homme. Et plus encore qu’on ne se demande pas comment le monde vivant primitif a acquis cette capacité de découvrir l’aspect et la dimension du monde dans lequel il vivait. Aventure extraordinaire dans laquelle la nature a hésité dans le choix des pigments photosensibles pour transformer l’énergie lumineuse en sensation, pour retrouver par tâtonnement les lois de l’optique, concevoir plusieurs formules d’yeux et capturer enfin l’image.
Dans ce que j’exprimais il y a vingt ans, bien des points restent justes. Toutefois, des mystères ont trouvé leur explication. Le moindre n’est pas celui qui concernait l’apparente division séparant le système visuel des invertébrés de celui des vertébrés que j’avais adoptée comme il était alors logique de le faire, même si certaines analogies troublantes réunissaient des yeux que distinguaient dans leur origine des millions d’années et des porteurs incroyablement différents. C’était ignorer ce que la génétique en marche allait démontrer : l’existence d’un gène architecte contrôlant dès les premiers temps l’assemblage du matériel oculaire, la nature étant riche de la découverte d’un « truc », comme le dirent en 2002 Douglas Erwin et Eric Davidson, capable de contrôler la formation de tous les yeux à venir. Ce truc, c’était le gène Eyeless de l’insecte, maître universel du développement de l’œil chez les animaux et si proche du gène Pax6 de l’homme.
C’est ainsi que l’opthalmologie s’est emparée de la génétique, restituant aux mutations identifiées des maladies qu’on confondait jusqu’alors, mais aussi de l’immunologie et sans doute davantage encore de la technologie chirurgicale qui, ces vingt dernières années, a littéralement bouleversé notre approche de l’œil. Si j’évoquais alors les avantages de la phako-émulsification dans l’opération de la cataracte, j’étais loin d’imaginer tous les perfectionnements qui entoureraient son instrumentation et son environnement. Nous aurions frôlé l’incrédulité si j’avais écrit que l’on ne resterait que quelques heures à l’hôpital ou à la clinique, que l’anesthésie de l’œil se ferait sans piqûre par le contact de simples collyres, que la qualité d’un implant placé dans l’œil tenterait de restituer la meilleure qualité de vision possible, et même la capacité de voir de loin et de près, et qu’enfin les suites en seraient telles qu’on oublierait bien vite cette opération et souvent le nom même du chirurgien qui l’a pratiquée. M’aurait-on cru si j’avais prédit que, dans la plupart des cas, le traitement du décollement de la rétine ne demanderait plus d’hospitalisation, que des atteintes de la macula alors inopérables le deviendraient avec des succès initialement imprévisibles ? Aurait-on pu imaginer que la biologie moléculaire mettrait au point des inhibiteurs vasculaires qui feraient désormais des dégénérescences humides de la macula (DMLA) liées à l’âge un mal enfin sensible à un traitement ? Aurais-je pu moi-même prévoir que les tentatives initiales de corriger chirurgicalement la vision du myope, de l’hypermétrope ou de l’astigmate deviendraient une véritable science confinant les procédures nouvelles à l’action physique combinée de deux lasers qui en ont transformé la pratique et les résultats ?
Cet éloge de l’œil que je faisais il y a vingt ans se voulait aussi un hommage à une ophtalmologie dynamique. N’est-il pas plaisant de constater vingt ans plus tard que c’est l’éloge de la science impliquée dans notre discipline qu’il nous faut écrire, sachant qu’elle recèle déjà aussi bien dans le domaine de la biologie que dans les technologies appliquées de très vastes promesses ?
En un temps où, autour de la science, naissent des doutes, n’est-il pas remarquable qu’en ce qui concerne l’œil, tout comme dans les autres disciplines médicales, elle n’a offert à l’homme malade que des avantages et qu’il n’est de jour qui ne soit dépourvu d’un avantage diagnostique et thérapeutique remarquable ? Puisse cet ouvrage entretenir encore la foi en elle que j’encourageais il y a vingt ans.
Yves Pouliquen
Avant-propos

Cet essai dont l’œil est l’unique objet serait mal compris si l’on en attendait davantage que ce qu’il prétend être : le résumé du savoir d’un homme qui est avant tout ophtalmologiste et dont le métier consiste à observer et à tenter de guérir l’œil. Ce savoir-là, professionnel, est le seul qui lui appartienne vraiment. Il n’exclut pas les connaissances glanées hors des chemins les plus fréquentés de son travail. Mais elles relèvent plus d’une sédimentation d’idées accumulées par le temps que d’une vraie culture. L’auteur ne prétend pas les présenter comme son acquis, mais comme le savoir des autres, biologistes surtout. Et si leurs ouvrages sont restés constamment ouverts sur sa table, ce fut pour en rapporter les idées le plus exactement possible 1 .
Beaucoup d’essais, que ce soit de physiologie, de psychologie ou d’esthétique, ont tenté et tentent encore de rendre compte du regard à partir de la vision en général. Ce n’est pas là notre propos. L’aventure de l’œil dans le monde vivant, seule, nous intéresse. Elle pose tant de questions passionnantes qu’elle se suffit à elle-même. Elle renferme en elle le destin du regard qui, dès sa naissance, a eu sa part dans l’évolution biologique. L’œil humain, par sa complexité, son agilité, sa perfection, toutes qualités acquises à l’usure du temps, suscite insidieusement l’étonnement. Le monde biologique a façonné des yeux multiples, infinis dans leur variété et leurs aptitudes, dont les animaux vivants et les fossiles nous permettent de retracer l’histoire. Il y a de l’émotion à se laisser porter par elle, car il lui est attaché la genèse de la connaissance, fille de la perception du monde. Saisie un jour par une simple cellule, celle-ci, depuis, ne fut plus jamais abandonnée par les êtres vivants complexes, mais toujours conservée comme un trésor grâce auquel ils purent orienter des images fragmentaires, les fondre, les accoupler en une véritable perception de l’espace, assurée de toutes ses dimensions. C’est à partir de là qu’on peut traiter du regard.
Pour notre part, le destin nous a chargé d’étudier l’œil humain. Ce fut l’occasion d’en admirer la beauté, offerte à chaque instant dans un mystère dont tant d’artistes se sont saisis. Mais aussi les faiblesses. Leur histoire n’en est pas moins édifiante. Car elles plongent l’homme dans la terreur inavouée, enfouie au fond de lui, de la cécité, du retour aux enfers d’un monde décomposé, d’un univers à refaire, qu’il faut habiter autrement. Soigner l’œil malade, c’est ainsi chercher à vaincre les ténèbres, défi permanent qui appelle toujours plus de connaissances, de moyens techniques, d’agiles performances.
Il est heureux que notre époque se soit révélée, au cours des vingt dernières années, plus riche pour l’ophtalmologie que toutes celles qui l’ont précédée. Un nombre étonnant de découvertes fondamentales ou techniques ont transformé radicalement la pratique de l’ophtalmologie et, avec elle, le sort des mal-voyants. Beaucoup, avec la vision, retrouvent ainsi les conditions de leur vie précédente. Ces avancées rendent d’autant plus cruelle la cécité, échec de l’ophtalmologiste. Echec absolu si elle est née avec l’enfant, à la suite d’une malformation ou d’une maladie qui ont détruit les structures sensibles de l’œil, échec irréversible que nul, jusqu’ici, n’a pu surmonter. Echec progressif, si elle résulte d’une succession d’épreuves insensibles aux actions médicales ou chirurgicales. Echec brutal enfin, après un accident de travail ou de circulation, une blessure de guerre, qui plonge l’homme dans la nuit définitive.
Nous dirons la difficulté du combat qui unit l’ophtalmologiste à l’aveugle, dans ces jours où l’on d

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