Les Schizophrénies

Catherine Tobin

Description

Être schizophrène, c'est être différent des autres, c'est vivre autrement sa relation au monde. Mais la souffrance qui naît de cette singularité est insupportable et s'exprime tantôt par le repli sur soi, tantôt par la violence. C'est pourquoi aux tourments du malade s'ajoute le désarroi des proches. - Quels sont les traitements les plus efficaces ? - Que peut-on attendre du médecin de famille, du psychiatre ? - Comment vivre le quotidien ?  Pour répondre à ces questions, nous aider à mieux comprendre et à mieux soigner cette maladie, Catherine Tobin a enquêté auprès des patients, des familles, des spécialistes et des institutions soignantes.« Ce livre est un guide aussi utile aux malades qu'à leur entourage, pour apprendre à vivre avec ou malgré la schizophrénie. » Avantages.« Clair, sans pédantisme, il répond aux questions que l'on se pose. » Le Figaro Magazine. Catherine Tobin est journaliste spécialiste des questions de santé.

Sujets

• Médecine
• Spécialités médicales
• Medical
• Mental Health
• Santé au quotidien

Informations

• Publié par: Odile Jacob
• Date de parution: 01 janvier 2004
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782738166661
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

© O DILE J ACOB , 1998, janvier 2004
15, rue Soufflot, 75005 Paris
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6666-1
ISSN : 1152-1171
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Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
En mémoire de mon frère, À ses deux enfants Christophe et Julie.
Toute maladie est un événement qui implique des échanges entre trois partenaires : le malade, son entourage, son médecin. La guérison et le mieux-être dépendent de la nature de ces échanges, et de leur renforcement mutuel. On peut vivre seul sa maladie. Mais pour réunir toutes les chances de guérir, mieux vaut être trois partenaires à la combattre.
Chaque titre de cette collection se propose d’informer, aussi complètement et clairement que possible, sur une affection. Comprendre pour pouvoir dialoguer : les rapports entre le médecin, le malade, sa famille ou ses proches en seront facilités ; leur alliance et donc la lutte contre la maladie, renforcées.
C’est aussi un guide pratique, qui fournit des renseignements sur les aides existantes, les aspects administratifs, les adresses à connaître, en bref tout ce qui peut être utile au malade et à ceux qui l’entourent.
É. Z.
COLLECTION « SANTÉ AU QUOTIDIEN » dirigée par Édouard Zarifian
DÉJÀ PARUS
L’Anxiété , Dr Éric Albert, Dr Laurent Chneiweiss
Bourdonnements et sifflements d’oreille , Dr Martine Ohresser
La Dépression , Dr Dominique Barbier
La Fatigue au quotidien , Pr Jean-Paul Orth
Les Hépatites, Pr Jill-Patrice Cassuto, Dr Brigitte Reboulot
Jours de femme , Dr Anne de Kervasdoué
Le Mal de dos , Dr Patrick Gepner
Le Mal de ventre , Pr Jacques Rogé
La Maladie d’Alzheimer , Hubert Aupetit
La Maladie de Parkinson , Pr Pierre Pollak
Mieux vivre avec l’asthme , Pr Pierre Duroux, Pr Michel de Boucaud, Marie-Dominique Le Borgne.
La Migraine , Pr André Pradalier
Le Petit Livre de la ménopause , Dr Caroline Chaine
La Prostate au quotidien , Dr Patrice Pfeifer
Les Schizophrénie s, Catherine Tobin
La Sclérose en plaques , Pr René Marteau
Le Sommeil de votre enfant , Pr André Kahn
Rhume des foins et allergies du nez , Dr Denis Vincent, Dr Lucile Bensignor-Clavel
Ronflement et apnées du sommeil , Dr Chantal Hausser-Hauw, Dr Bernard Fleury, Marie-Frédérique Bacqué
Avant-propos

Le titre retenu pour cette nouvelle réédition est « Les Schizophrénies » et non « la » schizophrénie, afin d’insister sur les multiples formes que revête cette pathologie.
Toutefois, vous le constaterez au fil des pages, nous avons souvent adopté le singulier, soit par commodité soit pour dégager les traits communs de la maladie.
Remerciements

Ce guide n’aurait jamais pu être réalisé sans l’aide de nombreuses personnes, qui m’ont soutenue dans mon travail depuis la première année en 1990 jusqu’à aujourd’hui pour la seconde réédition :
– parmi elles, les malades, qui, pour quelques-uns, m’ont permis de mieux comprendre leur univers,
– les familles qui m’ont livré leur souffrance et dont la plupart souhaitent garder l’anonymat,
– l’Unafam, son président Jean Canneva ainsi qu’Yvon Gasser et Henri Lachaussée, anciens présidents,
– les responsables de nombreuses sections départementales et les assistantes sociales Agnès Josquin et Marie-France Casellas pour leur gentillesse et leur efficacité,
– les personnes dont le métier est de soigner et d’aider les malades : psychiatres, chercheurs, médecins généralistes, psychanalystes, psychothérapeutes, infirmiers, assistantes sociales, animateurs, travailleurs sociaux… en particulier les professeurs Édouard Zarifian et Daniel Ginestet pour leur grande patience et leurs compétences et les docteurs Frank Baylé, François Caroli, Jean-Michel Cahn, J.-R. Courtiol, Gérard Massé, Christophe Paradas, Michel Petit, Michel Reynaud, M. Weil, les professeurs Sonia Dollfus et Marion Le Boyer, Mesdames Antoine Pitin et Leveauvalier,
– Claude Finkelstein, présidente de la FNAP-Psy,
– la journaliste Marie-Ange d’Adler pour son soutien, Marjorie Wallace et Yvonne Piersen de l’association britannique Sane, Anna Scopio de Trieste en Italie, Jean Hebb et ma sœur Elizabeth Tobin à New York.
Je remercie tout particulièrement mon époux Hubert Aupetit.
Les années perdues

La schizophrénie n’aspire pas seulement une personne dans sa spirale de détresse. C’est la famille entière qui en est prisonnière et cela pendant de longues années.
Les premiers symptômes se manifestent généralement chez l’adolescent par des attitudes bizarres et imprévisibles qui déconcertent, inquiètent puis effraient les proches si la violence apparaît.
Les années s’écoulent dans l’incompréhension totale. Les blessures s’accumulent, les résistances s’usent. L’envie de lutter de la famille s’étiole dans l’isolement et le chagrin, parfois même dans la peur et la rancune. Il n’y a plus de communication possible entre le « fou » et les siens. Seule règne la tristesse.
Ce tableau n’illustre pas seulement l’histoire de ma famille, c’est aussi celui de milliers de foyers français. La tristesse que je croyais particulière à mes proches, je l’ai retrouvée dans les yeux de la centaine de personnes rencontrées en deux ans d’enquête.
Rien ne prépare une famille à la maladie mentale. Ni les journaux, ni la télévision, ni les prospectus dans les salles d’attente des médecins. À notre époque où l’on se pique de savoir informer, il est très difficile d’obtenir des explications ou des conseils pour vivre avec la schizophrénie. Bien souvent, on ne trouve que culpabilité et silences. Quand ce ne sont pas des idées fausses.
J’ai cessé de détester mon frère lorsque j’ai compris qu’il souffrait, que sa violence et ses propos incohérents relevaient davantage d’une maladie que de comédie ou de méchanceté.
Le livre est né de cette prise de conscience. Son objectif est d’aider à comprendre celui ou celle qui souffre de schizophrénie et d’offrir aux familles des réponses aux multiples questions qui les assaillent. Puisse-t-il contribuer à limiter le nombre d’années perdues dans l’incompréhension et la solitude.
Depuis 1990, date de la première publication de ce livre, des avancées certaines ont été accomplies dont je suis heureuse de pouvoir rendre compte dans cette version réactualisée.
Catherine Tobin juin 2003.
Préambule

Histoires

Martine

« Maman, j’ai fait une bêtise », dit Martine. Elle a 16 ans. Elle raconte en pleurant qu’elle a fait l’amour avec un garçon pour la première fois. Suzanne, la mère, tente de rassurer sa fille, mais Martine craint de ne plus jamais être comme avant.
Le lendemain après-midi, toutes deux se rendent chez des amis pour cueillir des cerises. Martine grimpe à l’arbre et se met soudain, du haut d’une solide branche, à déclamer un discours invraisemblable. Elle est une jeune femme juive en danger. Tout autour, les gens sont des officiers nazis à sa recherche.
Martine est-elle droguée ? Les amis s’interrogent. La mère sait qu’il n’en est rien. Sur la route du retour, Martine tente de descendre en marche. En pleine nuit, Suzanne entend le chien aboyer. Elle trouve sa fille debout dans le salon, échevelée, des tas d’habits et d’objets disséminés autour d’elle.
« J’ai fait un rangement, dit-elle, il faut que je m’en aille. Ils m’ordonnent d’y aller… »
La mère tente de raisonner sa fille qui explique que des nazis vont l’embarquer pour un camp de concentration. Elle lui rappelle calmement qu’elles sont en 1980, que le régime nazi n’existe plus et parvient peu à peu à tranquilliser Martine.
Le lendemain, Suzanne conduit sa fille aux urgences psychiatriques de la ville la plus proche. On évoquera la crise de « démence précoce ». Plus tard on parlera de schizophrénie. Pourtant, jusque-là, Martine avait toujours eu un comportement normal.
On lui prescrit un traitement « de cheval », qui semble l’apaiser. On conseille de la remettre au lycée. La mère accepte et lutte chaque jour, en la voyant partir sur son vélo, contre l’envie de la garder à la maison au cas où de nouvelles hallucinations s’empareraient d’elle. Trois années s’écoulent ainsi. Martine prend régulièrement ses médicaments, connaît des moments d’angoisse intense, mais aucune rechute ne se produit.
Jusqu’à ce jour d’été où elle part avec des copains pour un week-end en forêt et disparaît. On la retrouve dans un trou, de l’eau jusqu’à la poitrine, en plein délire. Le psychiatre que Suzanne rencontre est très compréhensif et lui parle longuement. Il lui suggère de mettre une distance entre elle et sa fille. Martine accepte de partir dans un centre pour adolescents. Elle y restera cinq ans. À 22 ans, elle fait sa troisième rechute. On change le traitement, Martine continue de coopérer, mais avoue qu’elle ne supporte plus d’être ainsi. Quel avenir l’attend ? Décidée à soutenir sa fille coûte que coûte, à l’aider à trouver son autonomie, Suzanne part en quête d’un atelier spécialisé pour malades mentaux. Elle en visite une dizaine avant de choisir, avec sa fille, un centre dirigé par un homme d’un charisme étonnant. La confiance et l’attention qu’il porte à ses protégés sont sans limites. Il prend des risques, même par rapport aux règlements, pour offrir un lieu où il fait bon vivre. Martine y passe deux ans et y rencontre un jeune homme qu’elle épouse.
Désormais, Martine gère sa maladie. Elle contrôle l’équilibre fragile qu’elle a obtenu grâce aux médicaments, à son psychiatre, à la co