Maladies d’inoculation d’origine animale

Florence Ribadeau-Dumas

Description

Le terme inoculation est apparu pour la première fois dans le monde médical au XVIIIe siècle, lors de l’importation en Occident de la variolisation par Lady Mary Wortley Montagu, épouse de l’ambassadeur d’Angleterre en Turquie. Cette technique ottomane remontant probablement à la Chine ancienne consistait à inoculer la variole (injecter du pus provenant des pustules d’un malade) afin de provoquer une forme modérée de la maladie. Elle constitue l’ancêtre de la vaccination contre la variole mise au point des années plus tard par Edward Jenner. Par extension, les maladies d’inoculation d’origine animale sont les maladies transmises par un animal à l’occasion d’une morsure, d’une griffure, ou d’un contact entre la salive et une plaie préexistante ou une muqueuse. Les limites de ce cadre nosologique restent néanmoins assez floues.

Sujets

• Maladie infectieuse

Informations

• Publié par: Editions du Traité de Médecine
• Date de parution: 01 janvier 2020
• Nombre de lectures: 0
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Chapitre S32-P01-C07 Maladies d’inoculation d’origine animale

F R -D LORENCE IBADEAU UMAS

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7 C0 1- P0 - 2 S3

Le terme inoculation est apparu pour la première fois dans le monde e médical au XVIII siècle, lors de l’importation en Occident de la vario- lisation par Lady Mary Wortley Montagu, épouse de l’ambassadeur d’Angleterre en Turquie. Cette technique ottomane remontant proba- blement à la Chine ancienne consistait à inoculer la variole (injecter du pus provenant des pustules d’un malade) afin de provoquer une forme modérée de la maladie. Elle constitue l’ancêtre de la vaccination contre la variole mise au point des années plus tard par Edward Jenner. Par extension, les maladies d’inoculation d’origine animale sont les maladies transmises par un animal à l’occasion d’une morsure, d’une griffure, ou d’un contact entre la salive et une plaie préexistante ou une muqueuse. Les limites de ce cadre nosologique restent néanmoins assez floues. Parmi ces maladies, certaines sont classiques, comme les infections après morsure ou griffure de chien ou de chat (infections à pyogènes banals, pasteurellose, maladie des griffes du chat). D’autres sont beau- coup plus rares, mais leur gravité et/ou l’existence de moyens de pré- vention simples et efficaces (comme pour la rage et le tétanos), doivent les faire évoquer systématiquement. Enfin, les arthropodes peuvent être vecteurs de nombreuses maladies infectieuses. Seront traités dans ce chapitre les infections après morsure de chien, chat et rongeurs (dont la pasteurellose et les «rat bite fever» comme l’haverhilliose et le sodoku), le charbon, la tularémie, le rouget du porc et la peste. La rage, le tétanos, la maladie des griffes du chat et la plupart des maladies à transmission vectorielle font l’objet de chapitres à part et ne seront donc pas abordés ici. Les pathologies pouvant être plus spéci- fiquement transmises par morsure de primate et rapportées de façon anecdotique dans ce cadre (Herpès B,simian immunodeficiency virus [SIV],human T lymphotropic virus[HTLV], hépatites …) ne seront pas non plus traitées ici.

Infections provoquées par morsure ou griffure animale [1, 2, 3, 6]

On estime que plusieurs dizaines de millions de personnes sont mordues par des animaux chaque année dans le monde, et plusieurs centaines de milliers en France, où les chiens et les chats, respon- sables respectivement d’environ 70 et 20 % des morsures, repré- sentent la grande majorité des situations rencontrées en pratique clinique. Les quelque 10 % restants correspondent à des morsures de rats et autres rongeurs (2 à 3 %), de chauve-souris (3 %), de renards, singes ou autres (Figure S32-P01-C07-1). Le risque d’infection est variable et plus ou moins bien documenté selon l’animal en cause. Environ 20 % des morsures semblent se com- pliquer d’infection, probablement plus souvent en cas de morsure de chat.

S32P01C07  Maladies d’inoculation d’origine animale

Chauvesouris 3 % Rongeurs 3 %

Chat 22 %

Renard 1 % Singe 1 %

Mustélidés 1 %

Autres 1 %

Chien 67 %

Figure S32-P01-C07-1Répartition des espèces sources de l’exposition parmi les 22 000 consultants des CAR français entre 2009 et 2011. (seules les expositions avec espèce précisée ont été prises en compte ; d’après [1]).

Infections provoquées par morsure ou griffure de chien ou de chat

La majorité de ces infections sont polymicrobiennes. Les germes res- ponsables sont les commensaux de l’oropharynx de l’animal (Pasteu- rella, Capnocytophaga canimorsus, anaérobies dontClostridium tetaniet Bartonella henselæchez le chat) et de la flore cutanée humaine (staphy- locoques et streptocoques).Pasteurellaretrouvée dans 50  est % des morsures de chien et 75 % des morsures de chat infectées. Les griffures sont à même d’inoculer les mêmes germes puisque les animaux lèchent leurs pattes.

Diagnostic Les manifestations cliniques d’une infection de morsure ou griffure sont classiques et comportent des signes locaux (douleur, érythème, œdème, écoulement purulent, abcès), régionaux (lymphangite, adéno- pathie satellite) et/ou généraux (fièvre, frissons). Lorsque les plaies sont à proximité de structures ostéo-articu- laires, notamment dans les plaies de la main, il est indispensable de rechercher une complication (ténosynovite, voire phlegmon, arthrite, ostéite) si nécessaire en s’aidant de l’imagerie (radiogra- phie standard et surtout tomodensitométrie (TDM) et/ou imagerie par résonance magnétique [IRM]). Des examens biologiques peuvent être indiqués, notamment en cas de signes généraux (hémogramme, protéine C réactive [CRP], hémoculture) tout

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