Profession éthicien
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Description

La société a engendré ces dernières années une demande très importante pour la gouvernance éthique de plusieurs domaines, de la médecine au politique, des affaires à l’éducation. L’objet de ce livre est d’exposer les principaux obstacles qui se présentent à l’éthicien et de proposer des pistes qui permettraient de les éviter. Parmi ces pièges, les plus importants sont les suivants. 1. Le piège de l’« application »: l’éthicien dispose de théories et de principes qu’il est tentant de vouloir tout simplement « appliquer » aux situations concrètes. Mais la relation entre théorie et pratique doit être pensée de manière plus nuancée. 2. Le piège de la partisanerie : la crédibilité de l’éthicien dépend de ce qu’il ne soit pas perçu comme un simple partisan. Mais le désengagement n’est pas non plus une option pour lui. Comment trouver le juste milieu entre ces positions ? 3. Le piège des médias: l’éthicien cherchant à informer les débats publics entrera forcément dans une relation avec les médias. Mais les médias dans une société commerciale ne sont pas motivés uniquement par le souci de la vérité et du bien public.
Daniel M. Weinstock est professeur titulaire au Département de philosophie de l’Université de Montréal et directeur du Centre de recherche en éthique de cette université.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 mai 2011
Nombre de lectures 1
EAN13 9782760625709
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0200€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DANIEL M. WEINSTOCK


Professionéthicien




Les Presses de l’Université de Montréal
La collection


Quel est le rôle, dans la Cité, des chercheurs, des intellectuels,des professeurs, des universitaires en général ? Qui sont-ils etque font-ils exactement ? Quel a été leur parcours intellectuel ?La Collection « Profession » répond à ces questions.

Directeur de collection : Benoît Melançon

Autres titres disponibles au 1 er novembre 2010 :


www.pum.umontreal.ca
Copyright

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archivesnationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Weinstock, Daniel, 1963-
Profession, éthicien
(Profession)
Comprend des réf. bibliogr.

ISBN  2-7606-2026-3
ISBN  978-2-7606-2570-9 (ePub)

1. Moralistes. 2. Morale - Aspect social.
I. Titre. II. Collection : Profession (Montréal, Québec).

BJ1087. W442006 170.23 C2006-941513-7

Dépôt légal : 3 e trimestre 2006
Bibliothèque nationale du Québec
© Les Presses de l’Université de Montréal, 2006 ; 2010 pourla version ePub.

Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutienfinancier le ministère du Patrimoine canadien, le Conseil des Artsdu Canada et la Société de développement des entreprises culturellesdu Québec (SODEC).
En guise d’introduction





J’ ai dû surmonter une importante résistanceintérieure en acceptant de rédiger cette brèveintroduction à la profession d’éthicien. C’est que,pour tout avouer, je ne n’aime pas du tout le mot« éthicien ». Pour une raison esthétique, d’abord, maiségalement pour une raison plus substantielle. Pourcommencer, le mot « éthicien » a des connotations quime dérangent. Un « éthicien », ce serait quelqu’un desentencieux, toujours prêt à porter un jugement surle comportement des autres. Les gens se raidissentlorsqu’ils apprennent qu’on « fait de l’éthique », un peucomme ils le faisaient sans doute à l’époque (et peut-être encore aujourd’hui) à l’approche du prêtre, durabbin ou de l’imam, et plus récemment du psy. Sur leplan personnel, je n’ai pas l’impression d’être le genrede personne dont la manière d’être devrait inspirer untel inconfort, n’eût été du fait que je porte, un peu àmon corps défendant, le titre d’éthicien. Mais, en plus,comme je le montrerai dans un instant, ce qui se faitdans le domaine de l’éthique universitaire aujourd’huine porte pas avant tout sur le comportement individuel. L’éthique telle que je la pratique prend les genscomme ils sont, avec leur motivations diverses et parfois contradictoires, et elle vise à mettre en placedes institutions et des ensembles de règles favorisantles motivations moralement avouables et tendant àneutraliser les autres.
Mais le mot « éthicien » me fait également frémirparce qu’il n’existe aucune discipline bien établieportant le nom d’« éthique ». Je n’ai jamais pour mapart fait des études d’éthique. J’ai fait des études dephilosophie. Je suis philosophe avant d’être quoi quece soit d’autre et je tends à penser que la philosophie est la cheville ouvrière de cette quasi-disciplinebâtarde qu’est l’éthique. Elle est la science qui entendrégir l’emploi que nous faisons de nos facultésrationnelles. De la même manière que, par exemple,le philosophe des sciences entend mettre de l’ordrerationnel dans ce que disent et font les scientifiques(et dans ce qui est dit à propos des scientifiques),l’éthicien a pour rôle d’illuminer ce domaine souvent confondant de considérations rivales et parfoisapparemment contradictoires qui constituent la viemorale des humains.
(Ayant introduit le mot « morale » dans le débat, jesouhaite répondre à la sempiternelle question de la différence, si différence il y a, entre « éthique » et « morale ».Étymologiquement, il n’y en a pas ! Les deux désignentle domaine des « mœurs », mais le mot « éthique »provient du grec, alors que « morale » vient du latin.)
Le problème de quasi-disciplines comme l’éthique, c’est que n’importe qui peut se déclarer éthicien. Il ne viendrait à l’esprit de personne de se direpolitologue ou physicien sans avoir reçu une accréditation appropriée, idéalement d’un département universitaire de science politique ou de physique. Maisn’importe qui peut s’improviser éthicien. Il suffit demettre le terme en dessous de votre nom sur votre carte de visite et vous aussi pouvez vous déclarermembre de cette profession !
On me répondra que la solution est de « disciplinariser » l’éthique, d’en définir les pourtours, la doctrineet les méthodes, comme cela a été fait, dans certainscas tout récemment, pour d’autres disciplines tellesque la sociologie ou l’urbanisme.
Mais ce serait (et c’est) une erreur dangereuse.Car on aurait tendance à voir celui qui se serait dotéd’une accréditation dans un département ou dans unprogramme d’éthique comme un expert en éthique.On s’en remettrait alors à nos éthiciens pour réglernos problèmes éthiques, comme l’on s’en remet aumédecin pour répondre à nos problèmes de santé (ouau plombier pour nos problèmes de tuyauterie). Maisl’idée d’un expert en éthique en ce sens est une aberration. Le rôle de l’éthicien dans une démocratie n’estpas de régler nos plus graves problèmes d’éthique,mais de les éclairer, pour que le débat démocratiquepuisse se faire dans des termes adéquats qui cernentvéritablement le (ou les) nœud(s) du problème. Il fautlutter contre les tendances qui feraient que l’éthicienpuisse usurper l’autorité de la démocratie et empêcher les innovations institutionnelles qui favoriseraient cette tendance. La transformation de l’éthiqueen discipline me semble être de cet ordre.


Un parcours

Comment alors suis-je venu à l’éthique ? Mon parcourspersonnel est sans doute atypique, car je n’ai jamais vraiment cherché à devenir éthicien. Et, en grande mesure,je ne me considère toujours pas comme un éthicien,du moins pas au sens où ce terme est communémententendu.


Ma première passion a été pour la philosophiepolitique, et je suis avant tout un penseur du politique. J’ai fait mes études de premier et de deuxièmecycle à l’Université McGill au début des années 1980.J’ai eu la chance d’avoir pu y fréquenter les cours etles séminaires de deux des plus grands philosophespolitiques du Canada, Charles Taylor et James Tully.Ils m’ont convaincu de l’importance, de l’urgencemême, de réfléchir aux questions d’actualité politique en ne négligeant jamais les questions philosophiques profondes dans lesquelles ces questionss’inscrivent.
Atteint de manière incurable par la fièvre philosophique, je suis parti en 1986 faire des études dedoctorat en Angleterre, à l’Université Oxford. Oxfordétait alors le haut lieu de la philosophie morale etpolitique anglo-saxonne. Un séminaire en particulier, surnommé Star Wars par les étudiants, réunissait quatre des philosophes les plus importants deleur génération, G.A. Cohen, Derek Parfit, RonaldDworkin et Amartya Sen (lauréat il y a quelquesannées du prix Nobel en science économique). Letype de philosophie qui se pratique à Oxford et dansde nombreuses universités autour du monde dont lesphilosophes ont été marqués par l’influence de cetteuniversité est dit « analytique ». Pour dire les choses demanière outrancièrement simplifiée, la philosophieanalytique a longtemps été caractérisée par l’idéeque les grands problèmes philosophiques sont avanttout des problèmes de langage et de logique, et qu’ilssont donc susceptibles de résolution par la méthodede l’analyse logique et linguistique. Vous voulez comprendre ce qu’est une obligation morale ? Il vous faut,selon cette manière de voir les choses, comprendrela logique de l’emploi du terme « obligation » et determes associés comme « devoir » dans le langage.
Cette manière de comprendre la mission de laphilosophie n’a pas survécu longtemps, du moins pasdans des domaines philosophiques comme l’éthiqueet la philosophie politique. Car, derrière le langageet la logique, il y a l’humain, dont le comportementne se plie pas toujours aux règles du langage et de lalogique. S’il existe toujours un trait distinctif de laphilosophie analytique, il est davantage méthodologique. Le philosophe analyste s’impose une exigencede clarté et de précision qui fait, pour reprendre lestermes de l’un des grands philosophes britanniquesdu XX e siècle, Bernard Williams, que les conditionsde la réfutation de ses arguments sont toujoursclairs. La philosophie est une science dialogique,mais également une science qui recherche le progrès,et le philosophe de la tradition analytique chercheà s’inscrire avec ses interlocuteurs philosophiquesdans un dialogue fécond, favorisant le progrès, enexposant ses arguments avec suffisamment de clartépour que ses failles, si failles il y a, puissent être révélées au grand jour, puis corrigées.
J’ai rédigé à Oxford une thèse sur un sujet on nepeut plus philosophique. Elle portait sur le conceptd’autonomie individuelle et sur le traitement quece concept reçoit dans l’œuvre de trois des grandspenseurs de la tradition démocratique et libérale,Emmanuel Kant, Jürgen Habermas et John Rawls.
Le hasard a fait que vers la fin de mes études doctorales un poste en éthique s’est ouvert au Départementde philosophie de l’Université de Montréal. Et alors,après six ans passés à l’étranger (j’ai également effectué deux années de stage aux États-Unis, à Harvard età Columbia), je revins au bercail en 1992, pour entreprendre ma carrière de philosophe professionnel.
Mon virage vers l’éthique se fit presque immédiatement après mon entrée en fonction. La Faculté de médecine de l’Université de Montréal était entrain d’entreprendre une grande réforme de sesprogrammes de premier cycle et elle décida d’exigerde ses étudiants débutants un cours d’éthique. Cecours fut commandé au Département de philosophieet, en tant que « petit dernier » sans permanence etne pouvant par conséquent dire non à aucune commande, c’est à moi que revint la tâche de le mettresur pied.
L’éthique médicale, comme toutes les « éthiquesappliquées », avait plutôt mauvaise presse dans lesmilieux dans lesquels

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