A la rencontre de Dionysos
212 pages
Français

A la rencontre de Dionysos , livre ebook

-

212 pages
Français

Description

L'homme semble tenir à son intelligence pour combattre la mort - et comme tous les mots, l'amour est essentiellement le fruit de sa pensée. Mais au-delà du désir et de l'amour, ne peut-on pas trouver un amour qu'aucun raisonnement ne peut nous dévoiler ? Ne faut-il pas réapprendre à danser au sens symbolique du terme en écoutant Dionysos, le seul enfant de Zeus à pouvoir nous délivrer de sa tyrannie ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2014
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336338781
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

q
ES
Gilbert ANDRIEU nscontemporaines QAu-delàDdEudDésIirOetNdeYl’aSmOouSr À LA RENCONTRE
Questions contemporaines
À LA RENCONTRE DE DIONYSOS
AU-DELÀ DU DÉSIR ET DE L’AMOUR
Questions contemporaines Collection dirigée par B. Péquignot, D. Rolland et Jean-Paul Chagnollaud Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective. Dernières parutions LUONG Cân-Liêm,Le réfugié climatique. Un défi politique et sanitaire, 2014. Gilbert CLAVEL,La gouvernance de l’insécurité, 2014. Djilali BENAMRANE,L’ONU : source ou frein au droit public international ?, 2014. Mario ZUNINO,Quand le JT de TF1 fait son cinéma, 2013. Delphine DELLA GASPERA,L’économie moderne au risque de la psychanalyse, pour un développement plus sain,2013. Jean–Christophe TORRES,Quelle autonomie pour les établissements scolaires ?, Réflexions sur la liberté pédagogique dans les collèges et les lycées,2013. Frédéric JONNET,Officiers : oser la diversité. Pour une recomposition sociale des armées françaises, 2013. Stéphane CHEVRIER, Gérard DARRIS,Les résidents secondaires à l’âge de la retraite, 2013. Mohamed Amine BRAHIMI,Réflexion autour d’Alain Badiou et Toni Negri. Pour une sociologie des intellectuels révolutionnaires, 2013. Alain CHEVARIN,Former sans déformer ni conformer, 2013. Bruno COQUET,L’Assurance chômage, une politique malmenée, 2013.Nesmet LAZAR,Peut-on encore sauver la France ?, 2013.
GilbertANDRIEU
À LA RENCONTRE DE DIONYSOS
AU-DELÀ DU DÉSIR ET DE L’AMOUR
DU MÊME AUTEUR
Aux éditions ACTIO
L’homme et la force. 1988. L’éducation physique ay XXe siècle. 1990. Enjeux et débats en E.P. 1992. À propos des finalités de l’éducation physique et sportive. 1994. La gymnastique au XIXe siècle. 1997. Du sport aristocratique au sport démocratique. 2002.
Aux PRESSES UNøVERSøTAøRES DE BORDEAUX
Force et beauté. Histoire de l’esthétique en éducation physique ème ème aux 19 et 20 siècles. 1992
Aux éditions L’HARMATTAN
Les Jeux Olympiques un mythe moderne. 2004 Sport et spiritualité. 2009 Sport et conquête de soi. 2009 L’enseignement caché de la mythologie. 2012 Au-delà des mots. 2012 Les demi-dieux. 2013 Œdipe sans complexe. 2013 Le choix d’Ulysse 2013 Au-delà de la pensée. 2013
PREMIÈRE ILLUSION
 L’homme est-il autre chose qu’une illusion ?  DansAu-delà de la pensée, j’ai déjà soulevé le problème que j’avais amorcé dansAu-delà des mots. Certes, il n’est pas facile d’être aussi catégorique, mais, une fois de plus, je joue avec les mots.  Le poisson qui mène sa vie dans la mer nous apparaît comme un être précis au sein d’un environnement particulier. Nous lui avons donné un nom générique, mais aussi un nom spécifique qui permet de le distinguer de l’ensemble des poissons tout en l’isolant du reste de son milieu que nous considérons comme naturel. Il nous est alors possible d’imaginer un dedans et un dehors, autrement dit le poisson lui-même, tel que nous pouvons le décomposer, et tout ce qui se trouve autour de lui, l’eau elle-même en particulier. Nous pouvons également noter que ce dedans, et ce dehors ne sont que des images pour isoler le poisson de son milieu, cela d’autant plus que l’eau, son milieu naturel se retrouve aussi bien autour qu’à l’intérieur de lui !
 Il en est de même pour l’homme à cette seule différence près que l’élément eau est alors complété par l’air auquel il faudrait ajouter de la terre, car l’homme n’est toujours pas un oiseau. Comme nous l’avons fait avec le poisson, nous pouvons distinguer un dehors et un dedans pour l’homme tout en soulignant que l’air, qui est son environnement naturel, se retrouve aussi bien au dehors qu’au-dedans de son organisme. Il est clair que cette séparation artificielle n’est que le fruit de notre imagination, un artifice pour mieux étudier chacun des deux éléments et, plus encore, leurs interactions. Dedans et dehors ne sont que des artifices. Faut-il oublier qu’il est composé essentiellement d’eau ?
5
 Il n’est pas habituel de considérer l’homme comme un objet, et pourtant !  Qu’avons-nous fait de mieux pour l’analyser, en connaître ses différentes parties, comprendre comment elles fonctionnent, que ce soit avec les sciences de la vie, que ce soit avec les sciences humaines et tant d’autres sciences qui traquent tout ce qu’il est possible de traduire sous forme de lois, ou ce qui peut leur ressembler. En ce qui concerne l’air, que nous retrouvons au-dehors et au-dedans d’une forme à laquelle nous avons donné le nom d’homme, je me souviens très bien de l’effet Bohr et Haldane qui permet de comprendre comment la respiration intervient pour maintenir la vie à l’intérieur de la 1 forme .  Comparativement à l’existence de l’homme sur terre, une telle analyse est presque une découverte récente. Il en serait de même de toutes nos explorations à l’intérieur de la forme, explorations qui n’ont pas deux siècles d’âge et ne sont qu’une 2 façon nouvelle de parler de l’homme ou de le montrer .  Nous avons tendance à oublier qu’hier nous ne savions pas ce que nous comprenons aujourd’hui. Cela devrait juste nous imposer un peu de prudence et surtout un peu plus de 3 modestie dans l’usage de certaines croyances .
 Il est probable que l’homme a utilisé des sons avant d’utiliser des signes et plus encore des mots. Il est probable aussi que l’homme a utilisé des sensations bien avant de pouvoir les exprimer, les partager, du moins avant de les
1 J’avais été impressionné, en tant qu’étudiant, de voir comment l’oxygène et le gaz carbonique interviennent pour réguler la teneur de l’air situé au niveau des alvéoles pulmonaires. J’ai déjà souligné, dansAu-delà de la pensée, combien la transformation du phénomène discontinu de la respiration en phénomène continu était importante pour l’ensemble de notre organisme. 2 Il n’est pas possible en quelques lignes de rappeler tout ce qui a pu être dit ou écrit sur l’homme en tant qu’organisme vivant, doué d’intelligence et relativement maître de son destin ! Il faudrait un livre entier pour voir comment l’image de l’homme a changé, s’est précisée, est devenue dépendante des outils d’observation et de nos idées préconçues ! 3  En réalité, toutes nos connaissances deviennent des croyances et il serait dangereux d’opposer, trop vite, les résultats « objectifs » de nos observations et les révélations mystiques ou les doctrines religieuses.
6
traduire en mots ou en phrases. Comme tout animal qui s’efforce de survivre dans un monde qui n’est pas toujours accueillant, l’homme a aussi cherché à comprendre les relations de cause à effet qui s’imposaient à lui. De la première pierre taillée aux outils qu’il utilise aujourd’hui, il n’a fait que poursuivre la même progression et notre mémoire, celle de l’espèce, n’a pas conservé de façon claire le souvenir de toutes les difficultés rencontrées, fort heureusement.  Les sciences dites positives comme les sciences expérimentales, n’ont pas toujours existé : ce que nous connaissons de la vie aujourd’hui n’était pas utilisable avant la 4 Révolution de 1789 pour se forger une façon d’être !
 J’en suis arrivé à penser que l’homme était d’abord un ensemble de mots, ceux qui le définissent bien entendu. Il se connaît à travers un vocabulaire plus ou moins savant, mais est-ce bien de lui dont il parle ? Les psychologues dissertent sur l’image de soi ! En éducation physique, j’ai constaté que très souvent cette image est très pauvre et qu’elle pouvait être précisée, non pas grâce aux mots, mais grâce aux sensations et aux mouvements qui les induisent. Qu’il s’agisse de l’image de l’individu ordinaire ou du champion sportif, elle a une importance plus ou moins grande dans le déroulement de la vie. Il suffirait de suivre l’entraînement des plongeurs ou des gymnastes pour s’apercevoir qu’il faut des années pour la construire et l’utiliser, très souvent dans un temps excessivement bref et dans un cadre très particulier.  Entre l’image fabriquée avec des mots de tous les jours, une image acquise dès l’enfance par l’intermédiaire de l’hygiène ou des normes comportementales, et l’image du champion, il y a tout un monde d’informations qui peut couper le souffle à qui voudrait les avaler d’un trait. Cela dit, ces images, plus ou moins complexes, ne sont pas encore l’homme en soi, l’homme libre et responsable, l’homme qui dialogue
4  Je reviens souvent sur la façon de concevoir un homme immergé dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Il semble bien que la poussée d’Archimède n’avait alors aucune influence sur le corps humain plongé dans l’eau ! J’en ai traité plus longuement dansL’homme et la force.
7
avec sa conscience, l’homme qui utilise deux plans de conscience et peut connaître l’extase en se laissant captiver par une œuvre d’art.  La différence est grande, aussi bien dans sa représentation verbale que dans son expérimentation.
 En disant que l’homme est une illusion, je veux souligner que ce que nous sommes dépend très étroitement de tout ce que nous avons vécu, essentiellement ce que nous avons expérimenté avec notre corps, ce que nous avons ressenti, tandis que ce que nous croyons être dépend de ce que nous avons appris intellectuellement, souvent sans dépasser le sens vulgaire 5 des mots .
 Depuis des siècles, disons des millénaires, l’homme s’est enfermé dans une certitude : il est un être pensant ! Il semblerait qu’il existe parce qu’il pense ! J’oserai ajouter qu’il existe essentiellement, parfois exclusivement, à travers ce qu’il pense, ce qui n’est pas tout à fait la même chose ! S’il est certain que l’homme pense, est-il permis d’ajouter qu’il est seul à pouvoir le faire, que la pensée est sa particularité, ce qui signifierait qu’avant d’utiliser des mots, ou des signes, l’homme n’était pas encore un homme ? Si la pensée n’est rien d’autre qu’une articulation entre des mots, les Égyptiens ne pourraient pas être des hommes puisqu’ils ne communiquaient qu’à l’aide de signes ou d’images ! Quand donc les Africains seraient-ils devenus des hommes ? Une telle observation peut donner le vertige. Le mythe de la caverne de Platon ne nous aide pas à 6 franchir l’obstacle en nous entraînant vers l’intelligible .  Il est certain que l’homme a utilisé son cerveau pour penser bien avant qu’il le gave de mots, et les peintures rupestres montrent qu’il était bien plus qu’un être poursuivi, un animal cherchant à survivre. 5  Vous comprendrez aisément que notre système d’éducation est faussé dès l’origine. En développant l’esprit plus que le corps, en étudiant les matières intellectuelles plus que l’éducation physique, en mémorisant des mots plus que des sensations, nous forgeons une illusion. 6  Comment ne pas réfléchir à certaines parodies comme l’image des Pygmés illustrés par le filmLes dieux sont tombés sur la tête?
8
 En étudiant la pensée, j’ai dépassé le stade de l’écriture. L’homme n’est pas seulement un ensemble de mots et nous nous en apercevons tous les jours, non pas dans des comportements dignes des moutons de Panurge, mais dans ceux isolés de quelques individus éveillés. Je crois même qu’un grand nombre d’individus pourraient avoir des comportements éveillés, propres à leur personne, mais ils doutent d’eux-mêmes en se comparant aux autres, en ayant peur de sortir du rang, comme s’ils avaient d’abord appris à marcher avec des militaires !
 Probablement parce qu’il avait peur, probablement parce qu’il sentait le besoin d’imposer des normes à des ensembles d’individus toujours plus grands, l’homme a inventé les dieux. Il a inventé une autorité invisible et inatteignable pour dominer les masses, le nombre, pour guider les autres vers un mode de vie qui semblait meilleur à l’élite pensante. Ces dieux ont acquis leur importance bien avant l’invention de l’écriture ce qui laisse supposer qu’ils étaient en rapport étroit avec la nature. De nombreux chercheurs spécialisés l’ont revendiqué et nous aurions envie de les suivre. Le Soleil n’est-il pas encore une divinité qui permet de connaître la vérité chez Platon ? L’étude des mythes nous aide à mieux comprendre cette relation, surtout si nous abandonnons leur dimension extraordinaire pour découvrir un enseignement caché dans le langage symbolique.
 Depuis longtemps, je me suis aperçu que le langage symbolique des mythes correspondait à de nombreuses expériences vécues personnellement et qu’il m’était possible de comprendre ce que je vivais en croisant les symboles et mes sensations, qu’elles soient soudaines ou qu’elles soient le fruit de la méditation. J’ai toujours privilégié l’approche sensitive de la vie et c’est peut-être pourquoi je me méfie des mots, comme des discours, qui perdent leur valeur lorsqu’ils ne trouvent pas un écho dans la matière que je suis avant tout.  Une fois encore je vais associer étroitement la réflexion et le symbolisme des mythes pour aller toujours plus loin dans ma quête de vérité.
9
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents