Apologie de la métaphysique
234 pages
Français

Apologie de la métaphysique , livre ebook

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234 pages
Français

Description

La métaphysique oscille entre une sacralisation érudite ou religieuse et un rejet pour cause d'inutilité ou de difficulté. Pourtant, à travers sa dimension de gratuité et de distance, elle nous permet de penser le monde et nous-mêmes, de penser notre pensée, d'en envisager les limites, les structures, les articulations. Sans dogme ni crainte, d'aborder le pensable et l'impensable. Il s'agit non pas de défendre une thèse, mais de jouir de l'exercice même de la pensée : l'art de la conversion.

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Publié par
Date de parution 01 juin 2015
Nombre de lectures 24
EAN13 9782336382821
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

Oscar BRENIFIER
APOLOGIE DE LA MÉTAPHYSIQUE ou l’art de la conversion
OUVERTUREPHILOSOPHIQUE
Apologie de la métaphysique
ou l’art de la conversion
Ouverture philosophique Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques. Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions, qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Reza ROKOEE,L’attitude phénoménologique comparée, de Husserl à Avicenne, 2015 François BESSET,L’âme de la guerre. Petite métaphysique de la Nation, 2015 Philippe FLEURY,Hegel et l’école de Francfort, 2015. Pierre ZIADE,Généalogie de la mondialisation, analyse de la crise identitaire actuelle, 2015. Hamdi NABLI,Foucault et Baudrillard : la fin du pouvoir, 2015 Richard GROULX, Michel Foucault, la politique comme guerre continuée. De la guerre des races au racisme d’État, 2015.Miklos VETÖ,De Whitehead à Marion. Éclats de philosophie contemporaine,2015.Auguste NSONSSISSA,Recherches philosophiques sur les théories des formes complexes, 2015. Nikos KAZANTZAKIS,Friedrich Nietzsche et la philosophie du droit et de l’État, 2015. Thierry HOULLE,Eau et reflets dans la philosophie de Platon, 2015. Paul DUBOUCHET,Tout comprendre avec René Girard du moi aux grands problèmes actuels, 2015.
Oscar BRENIFIER
Apologie de la métaphysique
ou l’art de la conversion
Du même auteur Sagesse des contes soufis ; Sagesse des contes bouddhistes ; Sagesse des contes zen, Eyrolles. Liberté et déterminisme ; Raison et sensible ; L’art et le beau ; La conscience, l’inconscience et le sujet ; Le temps, l’existence et la mort ; L’État et la société ; L’opinion, la connaissance et la vérité ; Le travail et la technique, Nathan, coll. L’apprenti-philosophe. La vie, c’est quoi ? ; Les sentiments, c’est quoi ? ; Le bien et le mal, c’est quoi ? ; Qui suis-je ? (Ancien titre; Vivre; Savoir, c’est quoi ? Moi, c’est quoi ?)  : ensemble, c’est quoi ? ; La liberté, c’est quoi ? ; Le beau et l’art, c’est quoi ? ; Le bonheur, c’est quoi ?, Nathan, coll. PhiloZenfants. Dis, maman, pourquoi j’existe ? ; Pourquoi je vais à l’école ? ; Dis, papa, pourquoi tu m’aimes ? ; Pourquoi je ne fais pas ce que je veux ?, Nathan, coll. Les petits PhiloZenfants. Le livre des grands contraires philosophiques ; Le livre des grands contraires psychologiques ; L’amour et l’amitié ; Le sens de la vie ; C’est bien c’est mal ; La question de Dieu,Nathan, coll. PhiloZidées. Le bonheur selon Ninon ; La vérité selon Ninon ; Le beau selon Ninon ; L’amour selon Ninon, Autrement, coll. Les petits albums de philosophie. Questions de philo entre ados ; Question de logique, Seuil. La pratique de la philosophie à l’école primaire(Section philosophique dans « Manuel de l’élève » et « Guide de l’enseignant » : À nous le français CE1, CE2, CM1, CM2), Sedrap Sagesses et malices de Yoshua, l’homme qui se disait fils de Dieu, Albin Michel. Contes philosophiques, Alcofribas Nasier. Tranches de vie,L’Itinérant. Enseigner par le débat, 50 activités pour enseigner l’instruction civique et morale aux cycles 2 et 3, CRDP Bretagne, CRDP Toulouse (partie pédagogique). Un monde en couleurs, Enbiro, Suisse, coll. À la découverte des religions. La philosophie, une école de la liberté ; État des lieux de la philosophie dans le monde.Chapitre IV : « Découvrir la philosophie autrement, La philosophie dans la cité ». (UNESCO, Paris) : unesdoc.unesco.org/images/0015001536/153601F.pdf. La civilisation arabo-musulmane au miroir de l’universel.Chapitres : « Nasruddin Hodja, philosophe populaire et maître de la voie négative » et « La tradition soufie moderne en Afrique : Amadou Hampâté Bâ et Tierno Bokar ». http://islam-science.net/wp-content/uploads/2013/09/la-civilisation-arabo-musulmane-au-mi-roir-de-l’universel.pdf.© L’Harmattan, 2015 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-05751-4 EAN : 9782343057514
À tous ceux que j’ai rencontrés au cours de ma vie, qui m’ont sans cesse incité à rebattre les cartes.
INTRODUCTION
La métaphysique, pour quoi faire ?
La métaphysique, paraît-il, est une chose bien vide, selon une opinion qui reste fort commune. Pour quelques-uns, la métaphysique n’est que songe creux, pure spéculation, gratuite et dépourvue d’une quelconque substantialité, ou presque de la pseudo-religion. Pour d’autres, elle est une intervention prétentieuse et factice du raisonnement humain, ou une irruption intempestive dans le domaine du sacré. Dans tous les cas, sa réalité est mise en doute, soit face à une matérialité qui se campe comme le critère unique et l’aboutissement final de toute idée, soit face à une transcendance qui surgit aux yeux des mortels, déjà complètement bardée de ses métaphores obligatoires, défendue par une panoplie restrictive de concepts, soit encore face à une individualité pour qui la pensée se résume à la subjectivité limitative du sentiment et du raisonnement personnel.
Demandons-nous, à titre de pure curiosité, comment il reste encore possible aujourd’hui de défendre la métaphysique. Ce genre de jeu gratuit, exercice apparemment dépourvu de but, luxe inaccessible à l’homme pressé, détient un énorme avantage : avant de nous forcer à nous écrier « Au fait ! », il nous autorise à une pensée sinueuse qui se risque à penser l’impensable. Cet impensable qui exige d’être pensé, comme unique garantie de notre liberté d’être. Car si une apologie de la métaphysique reste jouable, c’est là qu’elle trouvera son assise. Gratuité et distance seront les maîtres mots de sa plaidoirie.
La métaphysique, c’est avant tout le passage à l’infini, sorte de projection de notre pensée sur fond de sa propre éternité. Au-delà du temps, de l’espace, de la matière, au-delà même de l’enchaînement causal, au-delà d’une logique linéaire et studieuse, au-delà d’un soi posé comme évidence première, au-delà de toute formule se croyant le mot de passe d’un au-delà
conçu jusqu’alors comme une chasse gardée. C’est d’ailleurs cette mise en abyme de toute attache solide qui provoque l’effroi inhérent à la métaphysique. Mais, nous objectera-t-on, comment l’individu, avec tout son cortège de médiocrités, de rationalités inconscientes et de bassesses pourrait-il avoir accès à de telles vérités ? N’est-il pas complètement exclu de permettre à la pensée d’affirmer quoi que ce soit d’universel quand elle se perd si facilement dans les vastes marécages nauséabonds qui constituent le soubassement de ses propres articulations, ceux d’une subjectivité inconsciente et débridée, guidée par la crainte, le désir et l’égocentrisme réducteurs ? Car si au-dessous se trouvent les égouts, on habite de préférence dans les étages supérieurs. Et quand par nécessité il nous faut descendre dans le cloaque, il ne s’agit pas d’en tirer une fierté, ni prétendre en rapporter une quelconque vérité.
C’est quand même dans cette direction, fondement ou fondrière, au sein des fulgurances de la pensée archaïque, que nous voulons cheminer. Et la nature de la métaphore choisie a son importance. On pourrait être choqué par ce que nous venons d’exprimer, sacrilège qui, d’un coup de baguette magique, extirpe brutalement la métaphysique de son ciel étoilé, pour la transformer en une sorte de Cendrillon à rebours. Comment ce fameux au-delà qui se prend pour un infini pourrait-il trouver les moyens d’évoluer dans un endroit si restreint, tellement dépourvu de toute dignité ? Un inconscient morbide et impudique, à la rigueur ! Mais pas la métaphysique... Même celui pour qui la pauvre vieille métaphysique est une galéjade se voilera la face et se rebiffera devant une telle incongruité.
Néanmoins, c’est de ce brouillard chtonien que nous tirions enfants des fantômes peuplant l’obscurité, que nous nous inventions des jeux, que nous nous métamorphosions en chevaliers et fées, en princes et princesses ; notre imagination courait librement sans que nous nous préoccupassions de vérifier par quelque stratagème ingénieux les fruits de notre pensée. Mais en grandissant, nous nous sommes laissé absorber par ce que communément nous nommons réalité. Et lentement cette réalité qui n’était qu’une mise à l’épreuve a pris le pas sur
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toute autre fonction mentale, une censure sévère s’est installée, interdisant le jeu qui consistait à laisser émerger de notre esprit les réalités qui le constituaient, prohibant par le même décret toute pensée librement déterminée. Il fallait dès lors qu’une pensée « adhère », mais qu’elle « adhère » à quoi, sinon au déterminisme du banal et du quotidien. Plus moyen de questionner ; seuls comptaient à présent les critères de l’évidence, ce fameux bon sens accessible « naturellement » à chacun qui permet soi-disant de ne pas errer dans le labyrinthe de l’illusion et de la subjectivité. En réaction à une telle oppression, des réponses ont fusé, proposant d’abandonner cette réalité de brimades et d’ennui, pour retourner vers le paradis perdu d’une enfance oubliée. « Trêve de cette réalité au nom de laquelle nous serions des obligés ; nous avons nos désirs, nous voulons les exprimer ». Et de ces désirs ils ont fait des maîtres, puisqu’ils ne voulaient pas les questionner. D’autres, dépités, ont prétendu que cette réalité-là était fausse, vide et maligne ; ailleurs existaient des écrits sacrés qui eux au moins manifestaient la vérité. Ces réponses-là non plus ne voulaient pas se questionner. D’autres, en réaction aux premiers, ou par simple inertie, s’installèrent piteusement dans le monde qui leur était proposé ; « Nous ferons au mieux », se dirent-ils, et ils considérèrent qu’une telle perspective leur éviterait les excès auxquels ils avaient assisté. Et la métaphysique, alors ?A priori, elle ne refuse aucun chemin, elle est prête à tout voir, à tout écouter, elle laisse venir à elle toute réalité, elle n’exige aucun billet d’entrée, mais une fois un objet happé par sa toile, elle n’a de cesse de le questionner, de le mettre à l’épreuve. Sans relâche, elle interroge. Prenant le parti du sujet, elle questionne l’objet, puis elle inverse les rôles. De la même manière, elle organise un débat entre le tout et la partie, l’unité et la multiplicité, la cause et l’effet, la matière et l’idée, la liberté et la nécessité, le fini et l’infini, le singulier et l’universel, et autres billevesées. Rien ne l’arrête, elle ne s’arrête sur rien, sinon un bref instant, le temps de reprendre haleine, le temps de se questionner elle-même, le temps de questionner les outils qu’elle s’est lentement et
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