Autour de  Élie Wiesel : Une parole pour l’avenir
251 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Autour de Élie Wiesel : Une parole pour l’avenir , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
251 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Au lendemain du cinquantième anniversaire de la libération des camps et alors qu'Élie Wiesel publie le second volet de ses Mémoires, on peut s'interroger sur la place exceptionnelle de cet écrivain dans la conscience de son époque. En quoi Élie Wiesel est-il un homme universel, porteur d'une parole universelle, telle est la question qui parcourt cet ouvrage. Premier écrivain à avoir reçu le prix Nobel de la paix, Élie Wiesel s'est de fait engagé d'une façon qui lui est toute personnelle : si son passé l'obsède - ce « passé qui ne passe pas » -, il n'est pas seulement un homme de la mémoire. Toute son œuvre nous livre un message pour demain. Toute l'œuvre et l'action de Wiesel en effet disent ce souci constant de penser l'avenir à l'aune des événements de ce siècle. Autour d'Élie Wiesel, se sont donc regroupés des hommes et des femmes de toutes disciplines et confessions. Leurs contributions s'organisent autour de trois axes principaux : le premier aborde l'œuvre même d'Élie Wiesel dans ses aspects tant linguistiques (racines yiddish, travail syntaxique et phonétique) que théologiques (comment dès lors dialoguer avec Dieu ?). Le deuxième se veut une extension en harmonique vers d'autres champs de pensée : la vocation médicale de l'homme, les rapports de la science et de l'éthique, les enjeux du déterminisme absolu... Un troisième temps fait place au dialogue entre juifs et chrétiens. De ces interventions se dégage un commun désir d'apporter du sens à notre époque car, comme le disait Malraux, « à quoi sert d'aller sur la lune, si c'est pour se suicider ? » . Avec la collaboration de Henri Atlan, Mgr Gérard Defoix, Rachel Ertel, Marc Faessler, Marie-Odile Grinevald, François Gros, Jean Halpérin, Claude Jasmin, Ariane Kalka, Bernard Kanovitch, Nathalie Kissel, Jack Kolbert, Jacques Le Goff, Ion Mihaïleanu, Daniel Morgaine, Pierre Revah, Georges-Élia Sarfati, René-Samuel Sirat, Charlotte Ward.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 1996
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738170187
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, NOVEMBRE 1996 15, RUE SOUFFLOT , 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7018-7
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Avertissement

Du 3 au 10 juillet 1995, s’est tenu au Centre culturel international de Cerisy-la-Salle, et sous la direction de Michaël de Saint Cheron, un colloque intitulé Une parole pour l’avenir : autour d’Elie Wiesel.
Ce volume, qui est le témoignage du premier colloque consacré à Elie Wiesel en France, en reprend toutes les communications ainsi que les trois dialogues auxquels il participa à Cerisy et au conseil général de Saint-Lô.

Le colloque ne répond pas aux questions que posait la biographie : il pose celles que la biographie ne posait pas.
Ce n’est pas la biographie que le colloque met en question ; ni même l’homme, du moins directement. C’est le monde de l’écrit, dont [la production éditoriale] pressent la nouvelle ordonnance et la métamorphose fondamentale, comme elle pressentit naguère celles du monde de l’art.
André M ALRAUX , « Néocritique », in Malraux, Être et dire, Plon, 1976.
Je suis venu pour apprendre – donc prendre – le sens du partage et de l’échange.
Merci.
Elie Wiesel.

   
JACQUES CHIRAC
Message du président de la République

Il y a cinquante ans, avec le retour des rares rescapés des camps, le monde, bouleversé, découvrait l’horreur.
Déporté à seize ans, revenu des « ténèbres », Elie Wiesel n’a jamais oublié. Ni la terreur nazie ni celle, ancestrale, des pogromes dont, des siècles durant, furent victimes les communautés juives d’Europe centrale.
« Pour nous, Juifs, le commencement est une nécessité fondatrice. Nous plongeons dans l’avenir à reculons. Personnellement, je me cherche dans le passé », écrit Elie Wiesel.
Son œuvre témoigne, hantée par le souvenir : celui, doux et aimant, des siens dans son Sighet natal, celui de la violence et de l’enfer où périront sa famille et ses amis. Œuvre de douleur et de révolte qui ne cesse, en un long dialogue de l’exécration et du pardon, en un poignant kaddish ou chant des morts, d’interroger le passé, la foi juive, les traditions orientales ; de sonder l’âme humaine, ses abîmes de souffrance et de folie ; de questionner victimes, rescapés et bourreaux ; pour comprendre, ne jamais oublier, trouver les raisons d’espérer encore.
« Le ghetto est en moi, en nous. Il ne nous quittera jamais », dit-il dans ses Paroles d’étranger. Exilé parmi les exilés, par son appartenance au Peuple élu, parce qu’il a laissé là-bas, dans son village des Carpates, à Auschwitz, à Buchenwald, une part essentielle de lui-même, Elie Wiesel poursuit son œuvre de Mémoire.
À l’occasion de ce colloque « Une parole pour l’avenir », premier colloque consacré en France à l’un des grands écrivains de notre temps, écrivain de langue française, je souhaitais exprimer à Elie Wiesel ma profonde estime. Saluer son œuvre, humaniste, qui n’a de cesse de nous prévenir contre l’aveuglement, l’indifférence et l’oubli quand dans le monde, à la faveur des crises sociales, des revendications nationalistes ou intégristes, ressurgissent les vieux démons : l’intolérance, la haine de l’autre et de ses différences, l’antisémitisme, le racisme sous toutes ses formes ; avec eux, bien sûr, le mensonge qui tend à nier les crimes odieux du passé.
PROLOGUE
MICHAËL DE SAINT CHERON

Du 3 au 10 juillet 1995, s’est donc tenu au château de Cerisy-la-Salle, en Normandie, ce premier colloque organisé en France autour d’Elie Wiesel et de son œuvre. Deux ans furent nécessaires pour mener à bien cette rencontre internationale, où se retrouvèrent côte à côte des hommes et des femmes venus d’Israël, des États-Unis, d’Allemagne et de Suisse. Je tenais à ce que des dimensions encore non abordées d’Elie Wiesel et de sa pensée fussent abordées. Gageure, dira-t-on ! Plutôt une sourde conscience que l’on n’avait pas encore réellement songé à l’œuvre d’Elie Wiesel comme à « une parole pour l’avenir ».
La conférence de Rachel Ertel sur les écrits en yiddish de Wiesel fut saisissante et par la force extrême de ces textes et par la manière dont ils furent restitués, témoins qu’ils sont de l’amour porté à la langue assassinée. « Je sais seulement que s’il n’y avait pas mon premier livre écrit en yiddish, s’il n’y avait pas mes souvenirs à propos du yiddish, mes autres livres seraient demeurés muets », écrit Elie Wiesel dans un texte inconnu en français et intitulé Rand marshoves vegn yiddish (Pensées marginales sur le yiddish).
Il est difficile en quelques lignes de passer en revue chaque intervention. Qu’il me soit donné cependant l’occasion de remercier ici ceux qui contribuèrent à la réussite de cette exceptionnelle semaine, qui restera longtemps présente dans le cœur et l’esprit de ceux qui y furent : Rachel Ertel, Jean Halpérin, Daniel Morgaine, Charlotte Wardi, le grand rabbin René-Samuel Sirat, le pasteur Marc Faessler, Pierre Revah, Ariane Kalfa, Georges-Élia Sarfati, Nathalie Kissel, Bernard Kanovitch, Jack Kolbert, Marie-Odile Grinevald, Mgr Defois, archevêque de Reims, Ion Mihaïleanu, le cancérologue Claude Jasmin, François Gros, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, Henri Atlan, l’historien Jacques Le Goff, sans oublier le violoncelliste Emmanuel Tremblay. Le public était venu nombreux découvrir un homme, l’entendre et dialoguer avec lui.
Elie Wiesel arriva le mercredi soir, et après l’émotion intense de l’attente créée par les intervenants des deux premiers jours, ce furent la ferveur et la grâce – oui, la grâce – qui dominèrent.
La réception hors du commun qui eut lieu au conseil général de la Manche, à Saint-Lô, qui recevait concomitamment son premier colloque de Cerisy, son premier prix Nobel et offrait son premier repas kasher, ajoutait un caractère à la fois officiel et chaleureux à l’ensemble de la rencontre. C’est au cours de cette cérémonie à Saint-Lô que Jacques Le Goff dialogua devant un large public avec son ami Elie Wiesel de la paix, du fanatisme religieux, de la mémoire comme parole pour l’avenir .
Le sommet du colloque fut atteint vendredi soir et toute la journée du Shabbat. Il y eut d’abord la prière de Min’ha dite par Jean Halpérin – sans lequel ces journées n’eussent pas été les mêmes – avant l’office de Shabbat célébré par Elie Wiesel, revêtu de son talith et se balançant de gauche à droite au rythme des chants. Vint l’heure du dîner, où par la seule présence d’Elie Wiesel chaque homme et chaque femme, chaque jeune, juif, chrétien, agnostique ou athée (y en eut-il d’ailleurs ?) se transforma en ’hassid. Avant le Kiddoush , la prière qui ouvre le repas du Shabbat, Elie Wiesel chanta un superbe niggoun de Wizhnitz, Shabes, heiliger Shabes . « Si j’avais assez de force, dit ce chant, je courrais dans les rues criant et hurlant de tout mon souffle : Shabbat, saint est le Shabbat.   » Tout le repas fut ponctué de niggounim et d’histoires ’hassidiques. Le samedi matin, Elie Wiesel fit un commentaire de la Parasha ’Houquat , la section du Livre des Nombres lue ce Shabbat, où il est question de la vache rousse et des rites de purification qu’elle entraîne. L’après-midi, une discussion s’engagea avec lui deux heures durant, sur les questions les plus diverses, touchant aux mariages mixtes, à la littérature, à l’antisémitisme, au dialogue avec les chrétiens, à la responsabilité.
Jamais dans la mémoire des hôtes de ce magnifique château, Jacques et Catherine Peyrou, ni d’Édith Heurgon, ni de Maurice de Gandillac, président des Amis de Pontigny-Cerisy, ou de sa fille Catherine si émue par ce qu’elle vivait, c’est-à-dire en quarante ans de colloque, un Shabbat n’avait été célébré de cette manière, publiquement, entre ces murs du XVII e  siècle. Tous les participants parlèrent du miracle de ce Shabbat à Cerisy, comme du miracle de cette rencontre wiesélienne.
Pourquoi maintenant avoir intitulé ce colloque « Une parole pour l’avenir » ?
Parce que Elie Wiesel est trop souvent regardé comme un homme de la mémoire et la mémoire est constitutivement une référence au passé. De plus, dans le cas du judaïsme, la mémoire étant si souvent douloureuse et terrible, le sentiment qui lui est lié est un sentiment négatif, qui tend à fonder le judaïsme ou en tout cas la judéité par rapport à ce que les autres nous ont fait subir, à nous Juifs, et non par rapport aux valeurs éminemment positives et universelles dont nous sommes les messagers. C’est le grand penseur israélien Yeshayahou Leibovitz, mort voici quelques mois, véritable pourfendeur des idées reçues, qui disait très sérieusement, mais son sérieux n’était pas toujours exempt de provocation : « La Shoa ne nous concerne pas, nous Juifs, elle concerne les goïm », c’est-à-dire les peuples qui en furent responsables.
 
En cette année où fut commémoré le cinquantième anniversaire de la libération des camps nazis, ce n’est pas de célébration qu’il s’agissait, mais de la volonté d’apporter notre pierre à l’advenue de certaines questions. En quoi cette parole d’Elie Wiesel est-elle une parole d’avenir et non pas une parole d’un passé proche – fût-il un « passé qui ne passe pas » ? – telle est la vraie question qui nous interroge, car la seule qui importe finalement. En quoi Elie Wiesel est-il homme universel, porteur d’une parole universelle ?
Premier écrivain à avoir reçu le prix Nobel de la paix, Elie Wiesel est d

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents