Essai sur les formes à priori de la sensibilité
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Essai sur les formes à priori de la sensibilité , livre ebook

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Description

Position du problème. — Deux questions distinctes que Kant a négligé de traiter séparément : 1° Le temps et l’espace sont-ils de pures données de la représentation sans réalité objective ? 2° Le temps et l’espace sont-ils des formes à priori de la sensibilité, ou seulement des caractères universels de nos représentations, dont le principe serait dans une forme antérieure et plus fondamentale de l’activité de l’esprit constituant l’expérience ?Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.

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EAN13 9782346088393
Langue Français

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Extrait

À propos de Collection XIX
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Charles Dunan
Essai sur les formes à priori de la sensibilité
CHAPITRE PREMIER

Position du problème. — Deux questions distinctes que Kant a négligé de traiter séparément : 1° Le temps et l’espace sont-ils de pures données de la représentation sans réalité objective ? 2° Le temps et l’espace sont-ils des formes à priori de la sensibilité, ou seulement des caractères universels de nos représentations, dont le principe serait dans une forme antérieure et plus fondamentale de l’activité de l’esprit constituant l’expérience ?
Dès le début du grand ouvrage dans lequel il entreprend de faire la critique de la connaissance humaine, Kant distingue avec soin dans l’expérience en général deux parties : d’abord les intuitions particulières qu’il attribue à une faculté qu’il nomme la Sensibilité ; puis l’ordre de ces intuitions qui sont par elles-mêmes isolées et sans lien, et qui peuvent bien fournir une matière à la connaissance, mais qui ne sont pas la connaissance même ; et il donne le nom d’ Entendement à la faculté qui coordonne les données de la sensibilité, introduit l’ordre dans la multiplicité des intuitions éparses et constitue la connaissance.
La distinction de la sensibilité et de l’entendement a une raison d’être profonde. Du reste, elle est beaucoup plus ancienne que le Kantisme, puisqu’on la trouve déjà nettement accusée chez Aristote, quoique un peu autrement présentée. Ce qui est certain, c’est qu’elle s’impose à tout esprit non prévenu ; et nous ne pensons pas que l’immense majorité des philosophes hésite à y reconnaître la base nécessaire de toute recherche ultérieure sur les questions qui font l’objet de la Critique de la Raison pure.
Le but que nous nous proposons dans ce travail, c’est surtout d’étudier à la suite de Kant et d’une manière spéciale le problème de la sensibilité, de faire la critique des solutions auxquelles s’est arrêté l’illustre auteur de l’ Esthétique transcendantale, et, dans le cas où ces solutions ne nous paraîtraient pas entièrement satisfaisantes, de rechercher s’il n’en existerait point d’autres qui pussent leur être substituées avec avantage.
On sait quelle est relativement à la sensibilité la théorie de Kant. Tous les phénomènes du sens extérieur nous sont donnés avec le caractère de l’étendue. Tous ceux du sens intérieur nous sont donnés avec le caractère de la durée. Kant conclut de là que le temps et l’espace sont pour nous des intuitions pures, des représentations à priori, dans lesquelles nous faisons entrer nécessairement les matériaux de la connaissance sensible pour les ordonner et en constituer les phénomènes : de sorte que le temps et l’espace doivent être considérés suivant lui comme des formes à priori de la sensibilité.
Sans discuter pied à pied les quatre arguments par lesquels Kant a pensé démontrer sa doctrine relativement à l’espace d’abord, puis relativement au temps, nous suivrons la voie que nous estimons être la meilleure et la plus courte pour arriver à une solution satisfaisante de la question. Pour cela, nous nous conformerons à l’excellent précepte de Descartes : Diviser les difficultés,... etc.
Au premier effort de l’analyse, on découvre sans peine que la proposition qui exprime la doctrine de Kant sur les lois de la sensibilité implique et résume deux propositions différentes, que Kant a peut-être eu le tort de ne pas distinguer suffisamment, et de vouloir démontrer du même coup.
La première, c’est que le caractère qu’ont les choses d’exister dans l’espace et dans le temps leur vient de l’esprit qui les pense, et non pas d’elles-mêmes, indépendamment de l’esprit. Il y a là évidemment un point important à établir, et c’est du reste à quoi tendent la plupart des arguments dont s’est servi Kant pour démontrer sa théorie. Mais ce premier point établi, tout n’est pas dit, et il n’est pas prouvé encore que le temps et l’espace soient les formes a priori de la sensibilité. Il se pourrait, en effet, que l’esprit constituant l’expérience suivant une forme a priori autre que le temps et l’espace, donnât aux phénomènes les caractères de la durée et de l’étendue. Dans ce cas, le temps et l’espace seraient, non point sans doute des choses en soi existant indépendamment de l’esprit qui les pense, mais ce ne seraient pas non plus des intuitions pures et a priori, des formes essentielles de la sensibilité. Ce seraient simplement des choses de l’ordre phénoménal, connues de l’esprit a posteriori, et pourtant universelles et nécessaires, comme résultant de l’application à la matière des phénomènes d’une forme universelle et nécessaire. Il y a là évidemment un problème qu’il faut résoudre, et Kant a eu tort, à notre avis, de négliger cette seconde partie de la question qu’il envisageait, et de la confondre plus ou moins complètement avec la première, dont elle diffère d’une manière essentielle.
La théorie de la sensibilité comportera donc pour nous l’étude des deux questions suivantes : 1° Le temps et l’espace existent-ils ou non absolument et en soi ? 2° Le temps et l’espace, en supposant qu’ils n’aient point d’existence absolue, sont-ils ou ne sont-ils pas des formes que l’esprit impose a priori aux phénomènes, et d’après lesquelles il constitue sa propre connaissance ?
Il est certainement des personnes à qui la discussion du premier point paraîtra inutile et oiseuse, la question pouvant être considérée comme résolue depuis longtemps dans le sens de la non-objectivité du temps et de l’espace. Cependant, nous ferons observer que cette solution, que du reste nous adoptons pleinement, n’a pas obtenu, tant s’en faut, l’adhésion unanime des philosophes, même depuis Kant ; que par conséquent la question doit être considérée comme toujours ouverte, et que dès lors il y aurait à nous grande imprudence à prendre pour accordé ce que contestent tant de personnes habiles. Aussi nous efforcerons-nous d’établir le plus solidement qu’il nous sera possible ce que nous croyons être la vérité sur ce point.
CHAPITRE II

La doctrine de la relativité du temps et de l’espace dans l’histoire. — Les Eléates, Platon, les Alexandrins. — Leibnitz. — Berkeley, Hume et Kant — La véritable méthode à suivre pour établir cette doctrine, c’est de prouver que l’hypothèse d’un temps et d’un espace existant indépendamment de la représentation implique des contradictions.
La doctrine d’après laquelle le temps et l’espace n’auraient point de réalité absolue n’est pas moins ancienne que la doctrine contraire. Elle fut professée par un grand nombre de philosophes de l’antiquité. On la trouve chez les Eléates, chez Platon et aussi chez Aristote, et plus tard dans l’école néoplatonicienne d’Alexandrie. La pensée commune dont s’inspirèrent dans cette question les différentes écoles philosophiques que nous venons de nommer, c’est que l’espace et le temps étant essentiellement multiples ne peuvent être des attributs de l’être absolu, et doivent être considérés comme tenant du non-être beaucoup plus que de l’être, au même titre que tout ce qui est multiple et soumis à la loi du changement. Sans doute, il y avait là une solution au problème, mais une solution bien incomplète. Dans la pensée des Eléates, de Platon et de leurs successeurs, le temps et l’espace n’avaient point à la vérité d’existence absolue ; mais pourtant il

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