Ethique du refus
160 pages
Français

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Ethique du refus , livre ebook

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Description

Le refus est le propre de l'homme : refuser, c'est affirmer son "être au monde". Parce qu'il est le produit d'une expérience humaine transformée en conscience, le refus s'impose comme le produit d'une exigence éthique. Il y a une éthique du refus, a fortiori dans la sphère politique, aiguillant les esprits et les comportements. Le refus est une aventure, une geste politique, une insurrection de la conscience qui fait l'effort de se penser dans un monde tourmenté et implacable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 septembre 2011
Nombre de lectures 162
EAN13 9782296464902
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉTHIQUE DU REFUS
Une geste politique
Du même auteur aux Éditions L’Harmattan :

La Gauche française , 2009.
Sépulture de la démocratie , 2008.
Éloge de la dérision , 2007.

© L’Harmattan, 2011
5-7, rue de l’École-polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-55101-5
EAN : 9782296551015
Christian SAVÉS
ÉTHIQUE DU REFUS
Une geste politique
L’Harmattan
Questions Contemporaines
Collection dirigée par J.P. Chagnollaud, B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Derniers ouvrages parus

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« Nul ne réussira à barrer les voies de la vérité et je suis prêt à mourir pour qu’elle avance ».

Alexandre SOLJENITSYNE
Lettre au IVe Congrès des écrivains
(22-27 mai 1967)
AVANT-PROPOS
Je refuse, donc je suis : c’est assurément une belle affirmation existentielle. Il y a là quelque chose qui tient du cogito cartésien et l’auteur du célèbre « Discours de la Méthode » n’aurait probablement pas renié ce plagiat1. Il est vrai que l’acte de penser a souvent conduit les hommes au refus, l’histoire des siècles écoulés en atteste. Au commencement était le refus ; plus exactement, au commencement de l’homme était déjà le refus. Le refus est le propre de l’homme au sens où il est son signe distinctif. Lui seul, au milieu de tant d’autres espèces vivantes, fut en mesure d’exprimer sa volonté et sa conscience par le refus. Il est peut-être bien ce qui confère à l’homme son unique grandeur. Mais, s’il n’est grand que par lui, l’explication en est simple : c’est par le refus que l’homme est la mesure de toute chose, pour reprendre le mot du fameux philosophe Protagoras2. De fait, c’est par lui qu’il parvient à prendre la mesure des choses… et donc de lui-même. Il y a entre eux comme un phénomène d’enrichissement mutuel, de fécondation réciproque. Le refus grandit l’homme et l’homme le lui rend bien. Si le refus reste la mesure de toute chose, c’est qu’il permet de déceler puis d’éprouver les vertus et les qualités intrinsèques qui font le grand homme : le courage, la ténacité, l’abnégation et la générosité (presque toujours), l’esprit de sacrifice (parfois). Noblesse de l’âme oblige…
Dans l’histoire humaine, le refus est un phénomène majeur, une idiosyncrasie qui a traversé le temps. Il est donc intéressant et révélateur à plus d’un titre. Il constitue intrinsèquement une réalité à la fois philosophique (avec une dimension métaphysique et une éthique clairement revendiquée), sociopolitique et historique. Le refus de la fatalité, de la servitude, du fait accompli, des idéologies, de l’aliénation, de la violence, du conformisme et du politiquement correct (aujourd’hui) : il y a presque autant de formes de refus qu’il y a de caractères humains. Mais, le refus, en ce qu’il peut avoir de fondateur, c’est d’abord la rencontre d’une individualité forte, consciente d’ellemême, des idées ainsi que des valeurs qu’elle véhicule, de consciences sociohistoriques bien précises. De cette rencontre, jaillit l’étincelle (ce que Lénine appelait l’ iskra ) qui peut, le cas échéant, modifier le cours de l’Histoire. Le refus c’est l’affirmation existentielle de l’être comme étant, pour reprendre la célèbre expression de Martin Heidegger3. Réaction existentielle ou, pour être encore plus précis, protestation existentielle, le refus remonte à la nuit des temps, presque à la nuit de l’homme. Il incarne une attitude ou une posture qui est le propre de l’homme et qui le différencie de manière décisive, voire définitive.
Refuser, c’est affirmer son « être au monde » par une forme de négation. Le refus est un acte existentiel. Plus qu’un exercice de conscience, il est une véritable profession de foi, une croyance en l’avenir, disons en un type d’avenir possible. Les commentateurs n’insisteront jamais assez sur le contraste qui existe entre, d’un côté, la banalité apparente du terme et, de l’autre, sa richesse intrinsèque, c’est-à-dire l’infinie variété des attitudes, des comportements qui viennent le sous-tendre et sur lesquels il prend appui. Ceci étant, refuser c’est d’abord prendre ses distances, se mettre en retrait ou en opposition franche et résolue, peut-être bien radicale.
Sur le versant politique, le refus (qui a souvent pris des expressions véhémentes) débouche non pas sur une forme d’expansionnisme, de retrait ou de démission, mais au contraire sur une sorte d’activisme intense, conduisant le sujet à surinvestir l’espace politique et médiatique, à le saturer même. Il s’agit alors, par une présence, par des déclarations ou des actes, de transfigurer en quelque sorte l’objet du refus. Son auteur ne se donne point de répit avant que d’être parvenu à ses fins. Ce refus-là n’a donc pas grand-chose à voir avec une attitude défensive, faite de repli sur soi. Il préfigure plutôt un passage à l’offensive, s’agissant d’une offensive générale et jusqu’au-boutiste. Ne le perdons pas de vue : en politique plus qu’ailleurs, le refus rend fort car il galvanise les énergies. C’est, au demeurant, la raison pour laquelle on ne s’intéressera pas ici au refus dans ce qu’il peut avoir de négatif. Aujourd’hui, ce dernier est trop souvent l’apanage d’une classe politique composée d’individus pusillanimes, veules et velléitaires, refusant de faire ou de prendre certaines décisions parce qu’ils ont peur, peur du « qu’en dira-t-on ? », peur de la pression médiatique, peur pour leur propre carrière. L’on s’intéressera bien davantage à ce que le refus peut avoir de positif et de fondateur. Ce refus-là, en ce sens qu’il grandit l’homme, l’assume, est porteur d’une certaine transcendance. Parce qu’il est dynamique et proactif, généreux et désintéressé, ce refus est l’expression privilégiée de la vertu. Il dit non à la faiblesse ou à la modération qui peut parfois, insidieusement, prendre les traits de la vertu, non au vice et à son cortège de turpitudes.
Le refus est une force qui va, dans l’Histoire. Plus qu’aucune autre, il dispose de cette incroyable faculté à mobiliser et même à galvaniser les énergies. Il ne se connaît pas vraiment de limites, en tout cas, il a la capacité de les repousser sans fin. Il est pareil au roseau, dans la fable de La Fontaine : il plie mais ne rompt pas. Il peut, à l’occasion, faire des concessions sur la tactique, bref sur les moyens, mais jamais sur les fins. Parfois, son exigence morale le porte à l’intransigeance. Dans un monde deve

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