Jean-Paul Sartre et le désir d être
76 pages
Français

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Jean-Paul Sartre et le désir d'être , livre ebook

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Description

On a généralement retenu la notion sartrienne de "manque d'être", relative à l'humain. Certes il s'est employé à décrire ce manque, mais sa recherche aboutit à découvrir l'humain essentiellement animé de la tendance à "remplir les vides". Loin d'être une fatalité désespérante, ce manque est actif au point même qu'il est plutôt un désir vif et constant de ce dont il manque manifestement. L'Etre et le néant aboutit donc à la notion du "désir d'être" qui, selon Sartre, caractérise le plus concrètement possible l'être humain...

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2005
Nombre de lectures 160
EAN13 9782336276403
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© L’Harmattan, 2005
9782747584838
EAN: 9782747584838
Jean-Paul Sartre et le désir d'être
Une lecture de L'Être et le néant

Angèle Kremer-Marietti
Commentaires philosophiques
Collection dirigée par Angèle Kremer Marietti et Fouad Nohra
Permettre au lecteur de redécouvrir des auteurs connus, appartenant à ladite “histoire de la philosophie”, à travers leur lecture méthodique, telle est la finalité des ouvrages de la présente collection.
Cette dernière demeure ouverte dans le temps et l’espace, et intègre aussi bien les nouvelles lectures des “classiques” par trop connus que la présentation de nouveaux venus dans le répertoire des philosophes à reconnaître.
Les ouvrages seront à la disposition d’étudiants, d’enseignants et de lecteurs de tout genre intéressés par les grands thèmes de la philosophie.
Déjà parus
Michail MAIATSKY, Platon penseur du visuel, 2005.
Rafika BEN MRAD, La Mimésis créatrice dans la Poétigue et la Rhétorique d ’ Aristote , 2004.
Gisèle SOUCHON, Nietzsche ; généalogie de l’individu, 2003.
Gunilla HAAC (dir.), Hommage à Oscar Haac, mélanges historiques, philosophiques et littéraires, 2003.
Angèle KREMER MARIETTI, Carnets philosophiques, 2002.
Angèle KREMER MARIETTI, Karl Jaspers, 2002.
Jean-Marie VERNIER (introduction, traduction et notes par), Saint Thomas d ’ Aquin , questions disputées de l’âme, 2001.
Auguste COMTE, Plan des travaux scientifiques nécessaires pour réorganiser la société, 2001 .
Michel BOURDEAU, Locus Logicus. L’ontologie catégoriale dans la philosophie contemporaine, 2000.
Guy-François DELAPORTE, Lecture du commentaire de Thomas d ’ Aquin sur le Traité de l’âme d’Aristote, 1999.
John Stuart MILL, Auguste Comte et le positivisme , 1999.
À ma sœur Janine Ladmiral, trop tôt disparue.
Sommaire
Page de Copyright Page de titre Commentaires philosophiques - Collection dirigée par Angèle Kremer Marietti et Fouad Nohra Dedicace Introduction I. - L’ÊTRE ET LE NÉANT II - VERS UNE THÉORIE GÉNÉRALE DE L’ÊTRE III. - LA QUATRIÈME PARTIE CONCLUSION PETITE BIBLIOGRAPHIE DE SARTRE
Introduction
Il peut être étonnant de mettre en avant une notion qui n’apparaît explicitement qu’au cours et en fin de parcours d’une longue phénoménologie, autrement dit d’une longue description des phénomènes de conscience et/ou de l ’être vécu, et qui n’est autre que le texte même de L’être et le néant dont est proposée une lecture tout simplement compréhensive.

Or, cette notion à laquelle aboutit L’être et le néant est bien celle du « désir d’être » qui, selon la manière de Sartre, définit et caractérise le plus concrètement possible l’être humain.

On avait plus généralement (et un peu facilement) retenu la notion sartrienne de « manque d’être » relativement à l’humain. Certes, Sartre s’emploie patiemment à décrire ce manque qui n’est pourtant en rien passif ni nullement inerte, puisque la recherche de Sartre aboutit à découvrir l’humain essentiellement animé de la tendance à « remplir les vides ». Loin d’être une fatalité désespérante, ce manque bien réel est en tout cas un manque actif au point même qu’il est indéniablement un désir vif et constant de ce dont il manque manifestement.
I.
L’ÊTRE ET LE NÉANT
LES PRÉSUPPOSÉS PHILOSOPHIQUES

L’être et le néant 1 est à la fois l’œuvre centrale et principale de Jean-Paul Sartre qui l’a présentée comme un essai d’ « ontologie phénoménologique ». On peut affirmer avec vérité que le programme impliqué par le sous-titre a été honorablement rempli. S’agit-il, comme il a été dit parfois, d’un syncrétisme réunissant les diverses intentions de Husserl, de Heidegger et de Hegel ? Cette œuvre ne manifeste-t-elle pas plutôt une alliance entre deux formes modernes de la philosophie : la phénoménologie et la dialectique ? C’est en tout cas ce que confirmera la Critique de la raison dialectique (1960).

En quoi, il est permis d’invoquer Hegel, comme le fait Walter Biemel dans son article de 1958 : « Das Wesen der Dialektik bei Hegel und Sartre » (« L’essence de la dialectique chez Hegel et chez Sartre »), paru dans la revue Tijdschrift voor Philosophie 2 ; ou comme l’a fait, à son tour, K.Hartmann dans un livre mettant en relation l’ontologie de Sartre avec la Logique de Hegel, : Grundzüge der Ontologie Sartres in ihrem Verhältnis zu Hegels Logik (Berlin, 1963). Mais Sartre connaissait-il Hegel ? En fait, il commença par lire Marx sans même passer par Hegel. Selon ce qu’en écrit Simone de Beauvoir (1908-1986) dans La force de l’âge 3 , il rédigea, vers 1931, une étude d’inspiration nietzschéenne intitulée « Légende de la vérité ».

Les maîtres vivants de Sartre furent Alain, Jean Wahl, Raymond Aron, René Laporte, auxquels on peut ajouter Günther Anders, l’auteur, entre autres publications, de l’essai d’anthropologie négative, paru en 1936 dans les Recherches philosophiques , et intitulé « La pathologie de la liberté », dont Sartre s’inspira en retenant que l’homme n’est pas là avec un but déterminé. D’ailleurs, l’agrégé que Sartre était devenu (1929) voulait, tout comme Günther Anders, réagir contre l’idéalisme universitaire, aussi commença-t-il par être influencé par Jean Wahl dont le livre de 1932, Vers le concret, allait préfigurer son projet personnel. La même année, Sartre découvrit la phénoménologie de Husserl à travers la lecture du livre d’Emmanuel Lévinas, La Théorie de l’intuition dans la phénoménologie de Husserl (1930). En 1932 également, Sartre commence à réfléchir sur la psychanalyse à propos de laquelle il conçoit une théorie qui n’est autre que la théorie de la “mauvaise foi”, selon ce qu’en écrit encore Simone de Beauvoir 4 . Boursier à l’Institut Français de Berlin, où il passa l’année 1934, Sartre voulait, comme Husserl, dépasser l’opposition entre idéalisme et réalisme. À Berlin, il écrivit La transcendance de l’ego et lut Heidegger. De retour en France en 1935, il rédigea L’imagination et ensuite L’imaginaire.
Sans doute faut-il dater également de cette époque sa décision philosophique relative à la négativité de la conscience. Toutefois, nous ne devons pas oublier que Sartre ne reçut à l’Université aucun enseignement sur Hegel; toutefois, il put lire le numéro spécial consacré à Hegel en 1931 par la Revue de Métaphysique et de Morale ou le livre que Wahl avait publié en 1930, Le malheur de la conscience dans la philosophie de Hegel, ou encore les articles sur Hegel écrits par Jean Hyppolite. Si ce n’est aussi, par la suite, qu’il put avoir eu connaissance des conférences que Kojève prononça durant les années 1933-39. Sartre dut vraisemblablement attendre 1939 pour lire Hegel directement dans le texte, comme Simone de Beauvoir attendit elle-même 1940 pour le lire à son tour.

Dans l’optique de Sartre, la philosophie de Hegel relevait d’une phénoménologie existentielle insistant sur la liberté, la négation et la contingence, notions qui ne furent pas seulement pensées mais aussi profondément ressenties par Sartre, pour qui, selon un raisonnement proprement existentiel, l’évidence de la contingence entraîne celle de la liberté totale de la conscience. Celle-ci faisant le vide autour de la conscience, l’absence ressentie, nous la rendons finalement présente à travers l’imaginaire doué d’un pouvoir néantisant. La liberté elle-même implique la capacité de dire “non”; mais, pour être capables de dire “non”, nous devons avoir, en nous et hors de nous, la présence perpétuelle du non-être. C’est dire, traduit par Sartre, qu’il faut que « le néant hante l’être » 5 . C’est pourquoi nous pouvons légitimement retrouver des traces de Hegel dans la pensée de Sartre, et surtout dans L’être et le néant , qui parut en 1943.
Le parti est donc définitivement pris pour Sartre : il sera un « phénoménologue » ; ce qui veut dire qu’il concevra les problèmes philosophiques à partir d’une conscience vécue et/ou d’un cogito vivant. En tout cas, Sartre se refusait nettement à la tâche de théoricien de la connaissance ou même d’épistémologue. Rien ne mène, en effet, de l’existentialisme de Sartre vers ce qui sera la vogue de l’épistémologie, bien qu’il ait largement traité de sa méthode propre.

Au lieu de parler de syncrétisme, il vaudrait mieux (relativement à l’ontologie visée plutôt qu’à la phénoménologie impliquée) évoquer une entreprise de “synthè

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