L  Homme sans dieu ?
164 pages
Français

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L' Homme sans dieu ? , livre ebook

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Description

"Les Dieux n'étant plus et le Christ n'étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc-Aurèle, un moment unique où l'homme seul a été" (Flaubert). L'Homme aurait-il vécu "sans Dieu" à un moment privilégié de l'Empire romain ? La réflexion sur ces questions est l'occasion de reconsidérer notre vision du monde romain. L'avènement du christianisme était-il inscrit dans l'évolution d'une société soi-disant décadente ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2013
Nombre de lectures 66
EAN13 9782336328522
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes « professionnels » ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Dernières parutions

Reza ROKOEE, Le rêve et l’éveil dans les écrits de Husserl , 2013.
Jean-Marc ROUVIERE, L’homme surpris. Vers une phénoménologie de la morale , 2013.
Marita TATARI, Heidegger et Rilke, Interprétation et partage de la poésie , 2013.
Jorge Augusto MAXIMINO, Philosophie et modernité dans l’œuvre poétique d’António Ramos Rosa , 2013.
Roger TEXIER, Ré-créations cartésiennes , 2013.
Marcel NGUIMBI (dir.), Penser l’épistémo-logique , 2013.
Joël BALAZUT, Heidegger une philosophie de la présence , 2013.
Sophie ASTIER-VEZON, Sartre et la peinture. Pour une re-définition de l’analogon pictural , 2013.
Jordi COROMINAS, Joan Albert VICENS, Xavier Zubiri. La solitude sonore (Tome 2 1931-1940) , 2013.
Mara Magda MAFTEI, Cioran et le rêve d’une génération perdue , 2013.
Lou FERREIRA, Oscar Wilde. Une esthétique de la tragédie, tome 2 , 2013.
Lou FERREIRA, Oscar Wilde. Une philosophie de la provocation, tome 1 , 2013.
Denise MODIGLIANI, Fragments pour une poétique du discours historique , 2013.
Alain MULLER, Pensée dialogique et langage dans la philosophie de Franz Rosenzweig , 2013.
Titre
Du même auteur
Apprendre à philosopher avec Voltaire ,
Paris, Ellipses Edition, 2012.
Copyright
© L’Harmattan, 2013
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.harmattan.fr
diffusion.harmattan@wanadoo.fr

EAN Epub : 978-2-336-67862-7
Dédicace
Pour Corinne N., artiste chorégraphe et pédagogue,
ma compagne depuis trente-cinq ans.
DIMANCHE 20 MARS 1831.
Goethe m’a dit, pendant le dîner, qu’il a lu ces jours-ci Daphnis et Chloé [1].
« Le poème est si beau, a-t-il ajouté (…), le jour le plus pur y éclate, et l’on croit contempler de véritables peintures d’Herculanum, si bien que ces tableaux agissent en retour sur le livre et viennent en aide à l’imagination du lecteur.
– Ce qui m’a beaucoup plu, dis-je, c’est d’être mis en présence d’un monde fermé qui ne laisse rien échapper. A peine si quelques allusions nous transportent hors de ce monde enchanté. Parmi les divinités, seuls Pan et les nymphes interviennent ; c’est tout au plus si on cite le nom de quelque autre, et l’on voit que ces divinités suffisent aux besoins des bergers.
– Et pourtant, malgré que ce monde se referme sur lui-même, dit Goethe, tout y trouve sa place. Nous voyons là des pâtres de tout genre, des agriculteurs, des jardiniers, des vignerons, des marins, des brigands, des guerriers, des citadins de bonne famille, des grands seigneurs et des esclaves.
– Nous y voyons aussi, ajoutai-je, l’homme à toutes les étapes de la vie, de sa naissance jusqu’à sa vieillesse ; de même, défilent sous nos yeux toutes les conditions de la vie domestique, suivant les changements des saisons ».

( Conversations de Goethe avec Eckermann , 1835, trad. fr., Jean Chuzeville, Paris, Gallimard, nouvelle édition, 1988, pp. 404-405).

[1] Roman pastoral du grec Longus (II e siècle après JC).
INTRODUCTION
« Vous avez raison : il faut parler avec respect de Lucrèce ». Ainsi s’adresse Gustave Flaubert à l’une de ses correspondantes, Edma Roger des Genettes, dans une lettre datant probablement de 1861 1 . Pourquoi le poète latin épicurien du 1 er siècle avant Jésus-Christ mérite-t-il cette attention ?
« La mélancolie antique me semble plus profonde que celle des Modernes, qui sous-entendent tous plus ou moins l’immortalité au-delà du trou noir », poursuit-il. « Mais pour les Anciens, ce trou noir était l’infini même ; leurs rêves se dessinent et passent sur un fond d’ébène immuable. Pas de cris, pas de convulsions, rien que la fixité d’un visage pensif ».
Ce saisissant portrait de l’« Ancien » confronté à sa propre mort, face à un univers vide et sans limites, autorise chez Flaubert la conclusion suivante : « les Dieux n’étant plus, et le Christ n’étant pas encore, il y a eu, de Cicéron à Marc-Aurèle, un moment unique où l’homme seul a été ». Il aurait existé une période de l’histoire de l’humanité, dans laquelle les hommes auraient affronté leur condition mortelle avec la seule force de leur pensée. Les divinités antiques auraient disparu, alors que le Dieu unique ne dominait pas encore.
« De Cicéron à Marc-Aurèle… » . La référence à ces deux personnages délimite la période considérée dans l’espace et le temps. Cicéron, homme d’Etat, orateur et philosophe, a vécu au 1 er siècle avant Jésus-Christ ; Marc-Aurèle, empereur romain et philosophe stoïcien au second siècle après Jésus-Christ.
L’existence du fondateur du christianisme sert de pivot à cette époque qui couvre trois siècles. Depuis l’avènement de César jusqu’à la mort du seizième empereur, Marc-Aurèle, elle correspond essentiellement à ce que nous désignons sous le nom d’« empire romain » (voir notre Chronologie en annexe, p. 147). Elle concerne une aire géographique qui s’étend, en termes modernes, de l’Angleterre à la Turquie, en passant par l’Europe centrale, et inclura l’Afrique du Nord jusqu’au Proche-Orient.
« La plus belle tentative d’école laïque »
Dans ce qui suit, nous aurions pu interroger les sources dont Flaubert disposait à son époque pour établir son jugement. Nous laisserons ce soin aux spécialistes, si toutefois cette étude n’a pas déjà été faite. A la lumière des auteurs concernés, compte tenu des recherches passées et présentes sur la période de l’histoire romaine en cause, nous avons préféré nous demander si le jugement de Flaubert conservait aujourd’hui un sens.
On trouvera dans notre chapitre sur Cicéron les raisons qui peuvent justifier que son nom ouvre la période considérée. Sur son achèvement avec Marc-Aurèle, Ernest Renan, philologue et historien, propose à la fin du XIX e siècle une interprétation aussi complète que démonstrative.
En 1882, vingt et un ans après la lettre de Flaubert, il publie le dernier tome de son histoire des origines du christianisme, intitulé Marc-Aurèle et la fin du monde antique. Le second siècle de notre ère a permis « de fonder définitivement le christianisme, c’est-à-dire le grand principe qui a opéré la réformation des mœurs par la foi au surnaturel » , souligne d’abord Ernest Renan dans sa Préface.
Mais cette époque a également vu « se dérouler, grâce à la prédication stoïcienne et sans aucun élément de merveilleux, la plus belle tentative d’école laïque de vertu que le monde ait connue jusqu’ici » 2 .
En 180 après Jésus-Christ, la mort de Marc-Aurèle représenterait une rupture décisive. A cette date, avance Ernest Renan, « l’embryogénie du christianisme » est achevée : « l’enfant a tous ses organes ; il est détaché de sa mère ; il vivra désormais de sa vie propre ». Cette jeunesse conquérante de la nouvelle religion sonne « la fin de la civilisation antique ».
Au chapitre XXVII, l’auteur déplore une telle perte. « Tous tant que nous sommes, nous portons au cœur le deuil de Marc-Aurèle, comme s’il était mort d’hier. Avec lui, la philosophie a régné. Un moment, grâce à lui, le monde a été gouverné par l’homme le meilleur et le plus grand de son siècle » 3 .
L’idéal de Platon se serait réalisé : que les philosophes deviennent rois ou que les rois deviennent philosophes (voir La République , V, 473 c-d). Aux yeux de Renan, il s’agit d’un « véritable miracle historique », comme il le qualifie au chapitre III de son ouvrage, même si la philosophie dominante s’accommode de la coexistence avec des cultes et des rites superstitieux, jusque dans la Cour impériale 4 .
Dans le chapitre XXXI de son ouvrage, il relève que « la gloire de Rome, c’est d’avoir essayé de résoudre le problème de la société humaine sans théocratie, sans dogme surnaturel ». Rome sépare le politique du religieux, alors que les monothéismes – du christianis

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