La Boétie, penseur masqué
196 pages
Français

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La Boétie, penseur masqué , livre ebook

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Description

Avec le Discours de la Servitude volontaire d'Etienne de La Boétie, nous sommes entraînés dans ces guerres fratricides entre catholiques et protestants, dans ces guerres de religion si mal nommées. Le Contr'Un fait partie d'une littérature clandestine, d'une littérature de combat, le combat contre un pouvoir injuste et despotique. Jamais pourtant La Boétie ne jette tout à fait le masque. L'ombre des gibets avait de quoi dissuader le plus généreux des pamphlétaires. Jamais La Boétie n'a renié ce texte qu'il sait hors la loi.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2007
Nombre de lectures 90
EAN13 9782336260792
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Ouverture philosophique
Collection dirigée par Dominique Chateau, Agnès Lontrade et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes “professionnels” ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou... polisseurs de verres de lunettes astronomiques.

Déjà parus
Gabriel Mareel-Max Picard. Correspondance 1947-1965, introduit par Xavier TILLIETTE et texte établi de Anne
MARCEL et Michaël PICARD, 2006.
Jean C. BAUDET, Une philosaphie de la poésie , 2006.
Gaëll GUIBERT, Félix Ravaisson, 2006.
Frédéric STREICHER, La phénoménologie cosmologique de
Marc Richir et la question du sublime, 2006.
André AUGÉ, Mille et une pensées d’Alain, 2006.
Marc DURAND, Trois lectures du Phédon de Platon , 2006.
Micheline et Vincent BOUNOURE, Légendaire Mélanésien , 2006.
Eustache Roger Koffi ADANHOUNMÉ, L’utopie des inventions démocratiques , 2006.
Nadia BOCCARA, David Hume et le bon usage des passions, 2006.
Alain TORNAY, Emmanuel Lévinas , philosophie de l ’ Autre ou philosophie du Moi ? , 2006.
Nadine ABOU ZAKI, Introduction aux épîtres de la sagesse , 2006.
Lambert NIEME, Pour une éthique de la visibilité dans l’invisible, 2006.
Michel DIAS, Hannah Arendt. Culture et politique, 2006.
Alain PANERO, Corps, cerveau et esprit chez Bergson , 2006.
Michel JORIS, Nietzsche et le soufisme : proximités gnostico-hermétiques, 2006.
La Boétie, penseur masqué

Bernadette Gadomski
Sommaire
Ouverture philosophique Page de titre Page de Copyright PREFACE INTRODUCTION CHAPITRE I - Biographie CHAPITRE II - La publication du Contr’Un CHAPITRE III - Les réimpressions CHAPITRE IV - Thèses sur le Contr’Un CHAPITRE V - Analyse du Contr’Un CHAPITRE VI - Le sens du Contr’Un CHAPITRE VII - Le Mémoire sur l’Edit de janvier 1562 CONCLUSION EPILOGUE BIBLIOGRAPHIE
www.librairieharmatan.com
diffusion.harmattan@waanadoo.fr harmattan1@wanadoo . fr
© L’Harmattan, 2007
9782296024212
EAN : 9782296024212
PREFACE
Bernadette Gadomski a bien vu que le Discours de la Servitude volontaire , ce petit livre brûlant, que La Boétie écrivit en 1548, à l’âge de dix-huit ans, était ancré dans la réalité vivante du XVlème siècle, et devait être pensé en rapport essentiel avec le choc de la Réforme. 1548 est la date de la répression sanglante que mena Montmorency en Bordelais. Le jeune La Boétie écrit sous le coup d’une vive émotion afin de soutenir la cause des huguenots persécutés. Aussi les protestants ne se firent-ils pas faute de publier le livre, sous le nom de Contr ’ Un en 1574 et 1578, bien sûr clandestinement. François Hotman, calviniste, qui publia en 1573, à Genève, où il était professeur de droit, son Franco-Gallia (traduit en français en 1574 par Simon Goulart sous le nom de Gaule française , aujourd’hui dans le Corpus de Michel Serres) en avait connu des copies. Or, il tend à montrer que la monarchie tyrannique, celle que les réformés subissent, est une anomalie, la souveraineté ayant été de tout temps exercée en France “par un grand conseil national, maître d’élire et de déposer les rois”. Les chefs gaulois, mérovingiens, ont consulté leurs guerriers ; les empereurs carolingiens ont consulté leurs grands et spécialement leurs évêques, les capétiens leurs pairs, etc. Hotman a compris que La Boétie n’entendait pas critiquer le pouvoir comme tel, mais seulement pour autant qu’il était autocratique, ni collectif, ni démocratique.
Sont donc visés en premier lieu les rois qui inaugurèrent et poursuivirent la persécution des réformés, les Charles Quint, les Henri II, les Henri III. Mais, comme Bernadette Gadomski l’a montré, le Discours a une portée bien plus générale. Cette leçon générale résulte de l’enseignement des persécutions. Cet enseignement est le suivant : la persécution fait des martyrs. Or, qu’est-ce qu’un martyr ? C’est celui qui subit tout ce qu’on lui fait subir sans changer en rien, et qui ainsi annule le pouvoir.
Pendant quarante ans, avant que le massacre de Vassy (1562) ne provoque le soulèvement général des calvinistes, les réformés se laissèrent torturer, brûler, enterrer vifs, en vertu du principe : “Qui résiste par les armes n’est pas chrétien.” Calvin disait : “Résistons spirituellement ; sauvons l’âme et laissons le corps.” Jamais on ne vit autant de chants, d’actions de grâce et de joie dans les supplices. On ne savait plus quels supplices inventer pour venir à bout de pareils entêtés. On brûlait les hommes ; quant aux femmes, le supplice de Jeanne d’Arc ayant laissé le souvenir d’un spectacle indécent (car, après que les vêtements avaient été brûlés par les flammes, la nudité était apparue), on les enterrait vives. Les docteurs d’Oxford imaginèrent la torture par privation de sommeil. Le supplice par le feu présentait bien des variantes : il arrivait que le patient fût flambé lentement à l’aide d’un petit feu de bois vert, ou mis vivant sur des charbons ardents et tourné et retourné avec un croc de fer. Or, ces nouveaux chrétiens restaient sans défaillance. L’un d’eux, condamné aux flammes, disait : “Je sens une grande lumière et une inexprimable joie.” Que reste-t-il du pouvoir du persécuteur ? Rien. La Boétie transpose alors la leçon au plan politique. Le tyran persécuteur est l’ennemi de la liberté de croire. Le tyran en général est l’ennemi de la liberté en général. Or, quel est son pouvoir ? Il “n’a puissance que celle qu’on lui donne”. Pour recouvrer sa liberté naturelle, il suffit de cesser d’obéir : alors, “sans combattre, sans frapper, les tyrans demeurent nus et défaits et ne sont plus rien”. Qu’est-ce qui retient le peuple de désobéir ? D’abord, l’accoutumance des gens à leur état de servitude, dont ils finissent par ne pas s’étonner. Ensuite, l’empêchement où ils sont de se réunir, de s’associer et de se fortifier mutuellement par la parole. Puis, la corruption des hommes par la faveur, les largesses, et leur amollissement par les spectacles, les jeux, les fêtes. En quatrième lieu, la pyramide des intérêts : le tyran tyrannise grâce à une cascade de tyranneaux, tyrannisés sans doute, mais tyrannisant à leur tour. Enfin, la religion, “garde du corps de la tyrannie”. Si le peuple cessait d’obéir, le tyran ne serait plus rien. Mais comment une résistance massive et passive serait-elle possible ? La révolte armée, l’insurrection sont écartées ; reste la grève générale, mais ce ne pouvait être le langage d’un homme du XVIème siècle.
Qu’en est-il aujourd’hui ? Au temps de la tyrannie absolue du grand maniaque (1933-1945), les témoins de Jéhovah furent des résistants passifs. Contre eux se brisa le pouvoir hitlérien. Les Bibelforscher , qui refusaient le service militaire et le salut hitlérien, furent soit exécutés, soit incarcérés dans des camps, à Oranienburg, Dachau, Ravensbrück, Mauthausen. Il leur suffisait, pour être libérés sur le champ, de signer une déclaration d’apostasie, ce que presque aucun ne fit. A l’heure actuelle, la démocratie règne en Europe. La tyrannie n’en est pas moins présente, en Europe et partout : partout où il y a des armées. L’obéissance n’est-il pas le premier devoir du soldat ? Les traits qui assurent le régime tyrannique se voient dans l’armée : la force de la coutume, l’isolement des hommes, la corruption, par l’honneur de porter l’uniforme et les marques d’honneur (galons, croix, médailles), la pyramide des avantages, avec la hiérarchie des fonctions, des dignités, des pouvoirs : un subordonné est soumis à un supérieur, mais il est lui-même le supérieur d’un subordonné. Comment mettre en échec le pouvoir des décideurs de la guerre et du haut commandement ? Si chacun refusait de servir, il n’y aurait ni armée, ni guerre. Mais le bon peuple, que La Bo&#

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