La reconquête de l être
140 pages
Français

La reconquête de l'être , livre ebook

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140 pages
Français

Description

En se basant sur trois concepts fondamentaux, à savoir la sensibilité affective, l'existence et la conscience, Abou Rizk élabore une philosophie susceptibles de nous révéler les nécessités qui portent l'homme à croire, à penser, à créer, en vue de combler le vide de son existence altérée par la conscience. Faisant le procès de celle-ci, il estime que l'être humain ne saurait récupérer sa vérité d'être que par une communication affective et sincère avec ses semblables.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2012
Nombre de lectures 6
EAN13 9782296489271
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

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Extrait

La reconquête de l’être
Collection « PENSÉE RELIGIEUSE ET PHILOSOPHIQUE ARABE» dirigée par Antoine Fleyfel Cette collection est un espace de réflexion qui traite des problématiques religieuses et philosophiques majeures du monde arabe contemporain. Elle considère que la complexité de ces questions suppose, pour leur compréhension, un abord critique qui s’appuie volontiers sur une interdisciplinarité nécessaire pour une meilleure intelligence des mutations humaines actuelles. Cette collection publie des études qui ont comme objet le monde arabe, dans toutes ses constituantes culturelles, religieuses, politiques et sociales, ou des œuvres écrites par des penseurs arabes qui réfléchissent le monde à partir de leurs acquis contextuels. Ne voulant être limitée par aucune école de pensée mais favorisant la réforme et le renouveau, cette collection mise sur la valeur scientifique et sur l’originalité des œuvres qu’elle publie, sur les ouvertures d’horizons proposées et sur l’échange interculturel pouvant être occasionné. Dernières parutions 6-Mouchir AOUN,Une pensée arabe humaniste contemporaine, Paul Khoury et les promesses de l’incomplétude de l’être, 2012. 5-Paul KHOURY,Pensée arabe contemporaine, Tradition et Modernité, 2012. 4-Clémence HÉLOU,Symbole et langage dans les écrits johanniques, 2012. 3-Mouchir AOUN,Heidegger et la pensée arabe,2011. 2-Paul KHOURY,Islam et christianisme, 2011. 1-Antoine FLEYFEL,La théologie contextuelle arabe. Modèle libanais, 2011.
Jean-Pierre Nakhlé La reconquête de l’être
Essai sur la marginalisation de la conscience dans l’œuvre de Joseph Abou Ritz L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2012 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Parishttp://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-96372-6 EAN : 9782296963726
IntroductionEn cette époqueoù l’homme se trouve hantéparl’acquisition de tout ce qui peut lui assurer la satisfaction de ses désirs insatiables, ainsi que par la conquête du luxe et de la richesse, et où les véritables relations interhumaines se trouvent gravement perturbées, en cette époque où le rationalisme immodéré, qui ne faitque renforcer l’égocentrisme,se développe au détriment de 1 l’affection, la philosophie de Joseph Abou Rizk nous semble constituer un message authentiquement humain susceptible d’orienter l’hommedans la voie qui le conduit àrécupérer ce qu’il a perdu de son existence. Dans des ouvrages concis et avec des concepts clairs et rigoureusement définis,mais qui rendent toute l’ampleur de sa pensée, Abou Rizk nous ouvre de nouvelles perspectives sur l’homme, sa condition, ses problèmes, ses manières de résoudre ces problèmes et les conséquences peu rassurantesqu’entraînent les solutions proposées à ces problèmes. Romancier, auteur
1  Joseph Abou Rizk est né à Mtein (village du Mont-Liban) en 1926. Après avoir fait ses études primaires et commencé ses études complémentaires à l’école que son père avait fondée à Mtein, il entra au collège de la Sagesse (Achrafié-Beyrouth) et y demeura jusqu’à l’obtention de son baccalauréat (série philosophie). Après avoir terminé ses études secondaires, il s’inscrivit à l’École Supérieure des Lettres où il prépara, pendant deux ans, un diplôme de pédagogie et de psychologie de l’enfant, et au cours d’une troisième année deux certificats de licence en psychologie et en sociologie. L’Académie Libanaise des Beaux-Arts ayant ouvert, sur la demande du ministère de l’Éducation nationale, une École de Lettres dont les diplômés seront chargés d’assurer l’enseignement dans les classes du cycle secondaire des écoles officielles, il entra dans cette École où il obtint sa licence en philosophie. Sa carrière d’enseignement commença à l’Académie où il fut désigné comme répétiteur. Il assurait en même temps l’enseignement de la philosophie générale dans plusieurs autres écoles: l’école Saint Sauveur, l’Institut du Baccalauréat,l’école des Jeunes Filles de Makassed et l’école Saint-Éphrem. Il passa ensuiteà l’Institut desBeaux-Arts (Université Libanaise) où il fut le premier au Liban à avoir enseigné l’esthétique. À partir de 1986 il fut à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts professeur d’esthétique et directeur de mémoires de fin d’études. Parallèlement à l’enseignement, il fut nommé par le ministère de l’Éducation nationale,tout d’abord comme chef de section des affaires culturelles en 1953, ensuite comme chef de département des Beaux-Arts en 1958, et en dernier lieu comme chef de service des recherches pédagogiques en 1967. De 1972 à 2002, il occupa le poste de président du jury de philosophie aux examens officiels.
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dramatique, esthéticien, il est avant tout philosophe. Sa pensée, qui rompt avec une tradition philosophique déjà connue, trouve ses germes dans son premier ouvrageRegards sur la peinture au Liban, publié en 1956, où l’ondécèle sa première intuition philosophique et esthétique qui continue às’expliciter dans son ouvrageÀ la recherche de nos valeurs, paru également en 1956 et réédité en 1998, dans sonEsquisse d’une esthétique(paru en 1979 et réédité en 2009), dans ses deux romans :La feuille de figuier(1962),En quête d’un refuge(2009), dans ses deux pièces de théâtre :Le prince(1981),Le peuple(1997), pour se cristalliser en dernier lieu dansLe procès de la conscience(2005). En se basant sur trois concepts fondamentaux, à savoir la sensibilité affective, l’existence et la conscience, et dont il redéfinit lui-même la teneur, Abou Rizk est parvenu à élaborer une philosophie susceptible de nous faire connaîtrel’homme et de nous mettre en garde contre les chemins tortueux, voire scabreux dans lesquelsl’humanités’est engagée et ne cesse de poursuivre à l’aveuglette sa marche.La philosophie, telle qu’elle est conçue parpenseur, ne se ce réduit pas seulement à une mise et remise en question, mais dégage sa valeur dela méthode qu’iladopte pour révéler la véritable nature de l’homme etdes conclusions auxquelles cette méthode peut conduire. Ces conclusions nous font comprendre les nécessités qui portent l’homme non seulement à croire en un au-delà supraterrestre, à philosopher, à faire de l’art, mais aussi à s’étudier en psychologue, à expliquer les différentes activités humaines en sociologue ou en historien, en un mot à créer les civilisations avec tout ce qu’elles comportent de traditions, de codes moraux, de législations, de technologies…La compréhension de ces nécessités ne se justifie que dans la tentative d’appréhender d’abord et uniquement la conditionde l’hommedans laquelle les activités et les réalisations humaines trouvent leurraison d’être.L’étude de cette condition nous révèle la situation paradoxale de l’homme qui a renoncé à son état d’organismevivant du fait qu’il est parvenu à acquérir une nature distincte de sa nature vitale, voire opposée à elle. Cette nature qui constitue son titre distinctif n’est autre que l’existence. Ellen’est pas le fruit de la conscience ou de la raison qui n’interviennent pas dans sa formation, mais d’un élément qui leur est antérieur et étrangeret auquel l’existence
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doit son apparition. Cet élément qui est la sensibilité affective, dont l’hommefut doté au cours de son évolution, est le seul en mesure d’attirer les organismes vivants,équipés de cette même sensibilité, les uns aux autres et de les unir en logeantchacun dans l’affectivité de l’autre pour former ainsi un monde humain soustrait au 2 déterminisme cosmique, c’est-à-dire pour accéder à l’existence dontl’essenceest la relation humaine et dont la substance ne peut être que la liberté. La conscience, avec tout ce qu’elle comporte d’intellectuel et de rationnel,est apparuelorsque l’homme s’est trouvé en confrontation aux exigences de ses deux natures, vitale et existentielle, et en opposition avec ses semblables. La conscience ne pouvait remédier aux problèmes qui ont nécessité son apparition qu’en recommandant aux individus de convertir leurs 3 relations affectives en relations conventionnelles . État de fait qui a eu pour conséquence de masquer les individus les uns aux autres, de les rendre méfiants les uns vis-à-vis des autres et par suite de mettre en danger l’existencehumaine elle-même. Pourpallier ce malaise existentiel et pour reconquérir ce qu’il a raté de son existence,l’homme s’est trouvé dans l’obligation de créer et de développer les éléments de la civilisation propres à remédier à cette altération de l’existence.En termes plus clairs, la reconquête de l’êtretrouve sa seule justification dans le sentiment de vide creusé au sein de l’existence.Les effets de cette reconquête se révèlent dans les différentes activités et conduites humaines qui traduisent le souci inconscient de tout homme de combler, à sa façon, le vide dont il souffre. Ces activités et ces conduites ne comprennent pas uniquement celles qui se rapportent aux éléments de civilisation, mais englobent les différentes façons d’agir de l’homme à travers lesquelles ilcherche à gagner la sympathie des autres, ou croit du moins pouvoir le faire, bien que ces conduites ne satisfassent pas souvent ses aspirations saines et légitimes. Scruter inlassablement la raison d’être des activités humaines et les motivations profondes qui ont nécessité la naissance et le développement des éléments de civilisation, à la lumière de l’inspection exclusive de la condition humaine et surtout du passage qu’a connu l’homme de son état de simple organisme 2  Cf. J. ABOU RIZK,Le procès de la conscience, Beyrouth, 2005, p. 14. 3  Cf.Ibid., p. 17.
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vivant à son état d’existence, etde tout ce que ce passage a entraîné comme conséquences, problèmes et solutions, nous permet d’affirmer que la philosophie de Abou Rizk, dont le souci premier est de dévoiler le véritable sens de l’existence, mérite non seulement d’être une ontologie, mais plutôt une « psychanalyse ontologique », surtout qu’elle trouve son fondement dans la complexité de la nature humaine. Cette philosophie ne se contente donc pas de partir du concept del’être comme donnée de base, mais s’interroge tout particulièrement sur les nécessités qui l’engendrent.Elle ne se contente pas non plus de décrire ou d’analyser l’homme dans son état d’être déjà réalisé, mais en partantde l’observation des comportements et des réalisations de l’hommeau cours de son histoire, entend explorer en profondeur les raisons qui ont exigél’avènement de l’hommeà l’existenceaprès avoir rompu avecsa situation d’organisme vivantau collé monde physique, ainsi queles raisons qui l’ont déterminé et le déterminent toujours à se conduire, à penser, à philosopher, à croire, à imaginer, à découvrir, à créer et à se réaliser. Ce qui nous mettrait en droit de nous interroger soit sur les initiatives prises par l’homme en vue d’entretenir son existence, soit sur celles qui s’inscrivent sur le registre de ses besoins vitaux etde ses désirs corporels, lesquels font appel à la conscience pour leur fournir les moyens qui assurent leur satisfaction, soit enfin sur la marche progressive et rapide de cette conscience qui a dévié et qui risque, par ses moyens détournés et par ses inventions technologiques et industrielles, d’étouffer de plus en plus l’existence et de réduire l’homme à son animalité. Enne recourant qu’àl’examen de la condition humaine, et en excluant toute référence à des principes métaphysiques ou religieux, Abou Rizk interprètel’ensemble desconduites, réalisations et créations humaines à travers la place privilégiée qu’occupel’homme dans le monde. Une telle place ne se trouve fondée que dans la mutationque l’homme a connue en passant de son état de néant,c’est-à-dire d’un organisme vivant adhérant au monde physique,à son état d’existence,c’est-à-dire d’autonomie par rapport à ce monde.L’homme devient ainsi la mesure de toute chose puisque tout s’explique et se comprend à partir de lui. Autrement dit, les manières de se conduire, de penser, de croire, de découvrir ou de créerainsi que tout ce que l’homme aréalisé, à
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travers son histoire, tout cela ne peut être justifié que par le besoin qu’éprouve l’homme de récupérer ce qu’il a perdu de sonexistence. Loin de se baser donc sur des conceptions métaphysiques ou des principes surnaturels pour expliquer la situation de l’homme, c’est à partir de celle-ci et des problèmes auxquels ce dernier ne cessed’être confrontéque Abou Rizk nous montre la raison pour laquellel’être humain se trouve contraint à forger de pareils principes et conceptions. Si nous avons choisi de faire connaître la pensée de Abou Rizk, ce n’est que pourmettre en valeur son aspect original et révolutionnaire. Une telle pensée a le mérite de mieux cerner les raisons qui nous permettent d’expliquer les divers domaines de la connaissance et de la conduite individuelle et sociale. Ce qui pourrait, en dernière instance,révéler à l’hommele chemin à suivre pour recouvrer son être et retrouver son salut.
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