La réponse de l oiseau
202 pages
Français

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La réponse de l'oiseau , livre ebook

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202 pages
Français

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Description

Depuis toujours le projet de domestication inclut le fait de faire naître les animaux pour les tuer, à un moment ou à un autre. Tant que l'homme n'aura pas clairement défini ce qu'est l'animal pour lui -ce que sont les animaux pour les hommes- les choses ne pourront pas avancer. Cet ouvrage a été supervisé par des spécialistes en chacune des matières abordées, philosophie, droit, biologie, peinture. Un livre sur l'élevage aussi, accessible à tous ceux qui s'intéressent aux animaux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2013
Nombre de lectures 33
EAN13 9782336663623
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Titre
Danièle Sastre






La réponse de l’oiseau
Du même auteur
Cahiers de vie – Laurent Terzieff , Gallimard, 2011
Copyright

© L’HARMATTAN, 2013
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-66362-3
Remerciements
Hervé Compère, Pierre Carel, Laurent Poullard, Etienne Doumerg, mes amis éleveurs
Jean–Luc Guichet pour le séminaire qu’il a dirigé durant six ans avec enthousiasme et brio
Pierre Sastre pour ses textes et documents concernant le Droit
Xavier Sastre et Jean-Paul Thierry pour leur aide scientifique
Jeanne Navailles et Léa Makarem pour leurs illustrations
Dédicace



pour Paco, Santi et May
Présentation
Pendant vingt ans j’ai élevé des oiseaux, mais je pourrais tout aussi bien dire que j’ai toujours vécu entourée d’oiseaux puisque ma mère a commencé d’en posséder quand j’étais enfant. La passion est souvent affaire de transmission, retrouver une ambiance, des odeurs, un univers dans lequel on a baigné.
Un matin de juillet 1993, après une nuit de tempête, mon pied buta contre une petite boule grise sur une route de campagne. L’ayant prise dans ma main, je pus constater que ce qui n’était pas un caillou comme je l’avais cru, était « quelque chose » de vivant, et qu’il s’agissait d’un oisillon d’à peine huit jours car non encore emplumé, tombé du nid probablement. J’ai su plus tard, quand il arbora un plumage chatoyant, que c’était un chardonneret. Avec mes enfants, nous décidâmes de le recueillir puis de l’aider à apprendre la vie. Mais d’abord, il lui fallait survivre sans ses parents. Nous sommes devenus les siens. Au bout d’un mois, il se mit à manger seul. Plus tard, après bien des leçons et entraînements, il apprit à déployer ses ailes pour voler de manière harmonieuse et efficace, à chanter élégamment (avec pour maîtres de chant, la voix enregistrée de congénères) dans les rayons de soleil de l’appartement parisien où nous l’élevions en liberté. Il vécut treize années parmi nous. D’autres après lui, bien sûr, suivirent. Un élevage commence souvent ainsi, par une rencontre un hasard, beaucoup d’attention et de plaisir.
Réintroduire la passion des oiseaux dans l’existence, la familiarité du lien avec eux, retrouver au travers eux le rythme des saisons bien marqué, faire entrer une part de la nature dans la vie citadine, ouvrir notre espace intime au tout autre qu’est l’animal, telle était la volonté qui m’animait et qui durant ces vingt années relevait surtout d’un désir profond : vivre ensemble.
Ce n’est pas que d’élevage dont il s’agit dans cet essai. Je ne suis pas ornithologue bien qu’adoptant volontiers certaines de leurs perspectives et motivations. Je ne suis pas non plus « amateur d’oiseaux », connaissant les limites sur le plan éthique de ceux qui pratiquent ce hobby et le côté parfois extravagant de leurs manières de faire. Philosophe, j’ai voulu porter mon expérience et ma réflexion sur un domaine que je connais bien, en prolongeant une pratique (l’élevage) par une réflexion théorique sur l’animalité (participation durant cinq années à un séminaire d’étude). C’est donc bien de l’animal dont il s’agit ici, et de tout l’enchaînement de questions et questionnement qu’il provoque chez ceux qui veulent bien se laisser toucher par lui : questions philosophiques, scientifiques, juridiques, politiques et esthétiques.
Que répondrait l’oiseau à tout cela ou plutôt que répondrais-je moi, qui essaie de les comprendre et qui souhaite, d’une certaine façon, être leur porte-parole ?
Introduction
Aujourd’hui l’animal n’est plus seulement tué mais il est empêché de vivre. Voué qu’il est à la consommation, sa vie n’est plus une vie. On ne voit plus d’animaux dans les campagnes, leur usage utilitaire ayant pour ainsi dire totalement disparu et leur vocation à être élevés pour l’abattage se traduisant par un système concentrationnaire quasi invisible. L’animal sauvage, lui, n’est plus envisagé en termes d’individualité mais en termes d’espèce. Dévitalisé, l’animal est devenu éthiquement inenvisageable. La logique productiviste l’a éthologiquement déqualifié.
Mais autrefois, y avait-il une vie vivante pour l’animal ? Pour les animaux d’élevage, il n’y a pas eu de rupture radicale car le projet a toujours été le même aboutissant aujourd’hui à ce chiffre effrayant : 58 milliards de mammifères et d’oiseaux tués chaque année et des millions de tonnes de poissons. Pas de rupture de continuité, l’exploitation des animaux relève d’une rationalisation qui petit à petit, grâce à l’industrialisation, est devenue de plus en plus performante en terme de quantité et de violence et ce malgré les remparts législatifs édifiés à l’arraché. On peut gloser sur "une vie d’animal vouée à l’abattage vaut-elle le coup ?" et sur les conditions d’une telle vie mais pendant ce temps le destin animalier progresse imperturbable, vertigineux, puisque depuis toujours le projet de domestication inclut le fait de faire naître les animaux pour les tuer, à un moment ou un autre. Il n’est pas rare, dans les régions de France où la production de viande bovine est importante de se retrouver sur la route derrière des camions bringuebalants portant une pancarte avec pour mention « transport d’animaux vivants ». Pas pour longtemps alors… Et tandis que vous roulez lentement derrière, la problématique abyssale de l’élevage vous laisse perplexe.
Les conditions d’élevage préindustriel n’étaient pas douces et il faut se garder d’une quelconque nostalgie de ce temps. La violence s’est simplement déplacée au cœur d’un système. Que faire alors ? On se sent vide et impuissant en tant qu’humain qui ne se pose guère de questions sur ce qui semble ne pas trop nous concerner. Ne pourrions-nous continuer à faire "tout cela" en respectant l’animal ? Est-ce seulement possible sur le plan de la faisabilité et de ce qu’on appelle "les bonnes pratiques" ? Les bonnes pratiques... elles sont si difficiles à faire rentrer dans la tête des chercheurs qui, hypnotisés par leur idée, restent sourds à la souffrance animale, ne la voient même pas, restant fidèles en cela à Claude Bernard qui avait décrété une fois pour toutes que s’il regardait différemment l’animal, il mettrait en péril la recherche expérimentale.
Est-il possible de regarder autrement l’animal tout en faisant la même chose ? Il serait à mon avis plus clair de poser les termes de la problématique de façon différente, en prenant un autre angle : Si l’on regardait l’animal autrement, on ne pourrait plus faire la même chose - justement.
Tout au long du séminaire qui a eu lieu pendant six ans au Collège International de Philosophie, Animalité et anthropologie , il a souvent été question, sans la nommer réellement, de cette impossibilité à penser l’animal, cette résistance du réel qui plonge dans le désarroi un grand nombre d’entre nous. Or, on le sait, en tout cas depuis Lacan, un tel point d’ impossible est présent dans la réalité de tout fonctionnement humain. L’humain, tel un névrosé, ne peut jamais résoudre toutes les contradictions ensemble. L’opposition entre réalité et imaginaire, relevée par Freud, se trouve difractée dans un ensemble de paires opposées - pour le sujet qui nous concerne, par exemple, souci de l’animal / besoin de l’animal, ne pas tuer / consommer, connaître l’animal / utiliser cette connaissance contre lui, l’adorer / l’ignorer.
Tant qu’on n’aura pas réussi à clairement définir ce qu’est l’animal pour l’homme - ce que sont les animaux pour les hommes... - le débat ne pourra pas beaucoup avancer. Les animaux, en sommes-nous les propriétaires, les maîtres, les compagnons ?
Pour ma part, je pense, ni maîtres, ni compagnons, ni propriétaires et je voudrais, de toutes mes forces, qu’on cesse d’être leurs bourreaux. Personnellement, je ne suis pas loin de penser que je suis, moi, humaine, leur chose ... Mais il s’agit seulement d’un point de vue d’éleveur. Point de vue qui dans la tradition philosophique n’est jamais

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