Politiques de la violence
191 pages
Français

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Politiques de la violence , livre ebook

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Description

L'auteur nous propose ici une analyse du fonctionnement des mécanismes d'extermination de la vie politique dans nos sociétés. La thèse qu'il soutient : le "démocratisme", soit l'idéologie des formes de pouvoir légitimées, est cela même qui refoule et tue la démocratie. Selon lui, cette idéologie fonctionne comme un agencement de discours destinés à faire prévaloir auprès de la population cette "évidence" fallacieuse, discréditant toute autre figure de la politique ou de l'activité démocratique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 29
EAN13 9782296495579
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

POLITIQUES DE LA VIOLENCE
© L’Harmattan, 2012
5-7, rue de l’École polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-96545-4
EAN : 9782296965454
Cédric Cagnat
POLITIQUES DE LA VIOLENCE
Essai sur l’impuissance citoyenne


Préface d’Alain Brossat
L’Harmattan
Questions Contemporaines
Collection dirigée par
B. Péquignot et D. Rolland

Chômage, exclusion, globalisation… Jamais les « questions contemporaines » n’ont été aussi nombreuses et aussi complexes à appréhender. Le pari de la collection « Questions Contemporaines » est d’offrir un espace de réflexion et de débat à tous ceux, chercheurs, militants ou praticiens, qui osent penser autrement, exprimer des idées neuves et ouvrir de nouvelles pistes à la réflexion collective.

Derniers ouvrages parus

Vanessa Fargnoli, Viol(s) comme arme de guerre, 2012.
Jean-Jacques LEDOS, Petite contribution à l’histoire de la radio , 2012.
Jean-Jacques LEDOS, Petite contribution à l’histoire de la télévision , 2012.
Julien DENIEUIL, Concentration éditoriale et bibliodiversité , 2011.
Roland GUILLON, La Méditerranée à l’épreuve de la globalisation, 2012.
Esther RESTA La société patriarcale face à la résistance des femmes , 2012.
Esther RESTA, Du matriarcat au patriarcat , 2012.
Saïd KOUTANI, Le devenir du métier d’ingénieur, 2012.
Bernard GOURMELEN, Handicap, projet et réinsertion. Analyse des processus identitaires pour les travailleurs handicapés , 2012.
Eric SARTORI, Le socialisme d’Auguste , 2012.
Jean-Christophe TORRES, Du narcissisme. Individualisme et amour de soi à l’ère postmoderne, 2012.
Yvon OLLIVIER, La Désunion française. Essai sur l’altérité au sein de la République , 2012.
Joachim MARCUS-STEIFF, La société sous-informée , 2012.
Mikaël LACLAU, Le Grand Plan : nouvelles stratégies de la globalisation capitaliste , 2012.
Michel JUFFÉ, Quelle croissance pour l’humanité ?, 2012.
Daniel ESTEVEZ, Représenter l’espace contemporain, Projets et expérimentations architecturales dans les aéroports , 2012.
Stéphane JACQUOT, en collaboration avec Yves Charpenel, La justice réparatrice , 2012.
Parmi les impulsions premières qui ont présidé à l’écriture de cet essai – hormis cette logique du désastre qui gouverne le cours de notre monde dont on subit chaque jour les effets mortifères et auquel on est tout près pourtant de s’être définitivement abandonné – doit être compté l’article séminal de Denis Vernant, « Dialogue et praxis, le cas Habermas », où sont révélés avec clarté et concision les usages lénifiants du babil procédural qu’on ose encore appeler le « débat démocratique ». Parallèlement, la découverte de l’œuvre d’Alain Brossat fut décisive pour les réflexions qui vont suivre. L’incipit de L’animal démocratique notamment, qu’on trouvera ici en exergue, a ouvert en quelques mots tout un champ de perspectives qui m’ont permis d’articuler en analyses une colère et une frustration qui jusqu’alors n’étaient demeurées qu’à l’état de nébuleuse intuitive. Qu’il me soit permis en cette occasion de les assurer tous deux, une fois encore, de ma reconnaissance et de mon estime.

Ma gratitude va également à Jean-Gabriel Périot qui a d’emblée accepté de concevoir la couverture de l’ouvrage. Je ne saurais trop encourager tout un chacun à découvrir, si ce n’est déjà fait, son œuvre cinématographique et plastique, accessible sur le site www.jgperiot.net.

Je veux enfin remercier ceux qui, directement ou par des voies détournées, ont contribué à l’aboutissement de ce travail : Cyril Cagnat, pour ses remarques et sa lecture enthousiastes ; Jean-Cyril Vadi, ami précieux à l’esprit alerte et aventurier ; Frédérique Chicoineau qui m’a offert l’occasion de tenter cette expérience stimulante d’un partage philosophique, hors des enceintes consacrées, avec le jeune public du collège Simone de Beauvoir ; Éric Bévilacqua et tous les membres de Jet Set , drink tank social-démocrate avec lequel je suis heureusement toujours en désaccord.
Ce livre est dédié à Tess, Lisa et Lou, promesse d’autres avenirs, peut-être.
Préface : Contre la démocratie occupée
Dans l'essai qu'on va lire, Cédric Cagnat analyse avec autant de scrupule que de précision le fonctionnement des mécanismes d'extermination de la vie politique dans nos sociétés. Il soutient une thèse forte : le « démocratisme », soit l'idéologie des formes de pouvoir légitimées, est cela même qui refoule et tue la démocratie. Il montre la façon dont cette idéologie fonctionne comme un agencement de discours destinés à faire prévaloir auprès de la population cette « évidence » fallacieuse – la démocratie de représentation mâtinée de démocratie du public est l'horizon indépassable de notre temps –, tout en discréditant sans relâche toute autre figure de la politique ou de l'activité démocratique.

Le « démocratisme » contemporain fait flèche de tout bois. Ne trouvant guère matière à s'engraisser des succès des régimes en place, il procède essentiellement par incriminations. Ainsi, tout ce qui s'oppose à la confiscation de la décision politique par une oligarchie et une noblesse d'État inamovibles sera taxé de « populisme ». Le vieux fonds du discours anti-foule, du préjugé contre la masse emprunté aux XIX° siècle des Taine et Le Bon sera utilement remobilisé et recyclé par les tenants « réalistes » du règne de l'expertise et du gouvernement des gens « qualifiés ». La prétention tenace de l'État moderne à être la seule incarnation durable et légitime du peuple sera validée par les porte-voix du « démocratisme » comme l'alpha et l'oméga du bon sens politique le mieux partagé. Toute contestation de cette présomption se verra stigmatisée comme antichambre du désordre, de la division et manifestation de la plus basse des démagogies. Seul l'État est en position de garantir l'unité du peuple et la discorde civile est en germe dans toute affirmation des vertus du conflit ou de la division politique. Le spectre de l'ingouvernable, du mauvais peuple indocile et destructeur resurgit dès l'instant où se présente quelque argument tendant à accorder sa place à une forme ou une autre d'expression populaire qui excède ce que prévoient et permettent les institutions.
Cent cinquante ans après la Commune de Paris, l'horreur de la plèbe et de ses mouvements imprévisibles est intacte parmi les apôtres du « démocratisme » -de cette forme de gouvernement oligarchique que sanctifie le nom de la démocratie. « Populisme est le terme en lequel se condense aujourd'hui toute la détestation et le mépris dont la plèbe a toujours fait l'objet », note justement Cédric Cagnat.
Ces constantes sont impressionnantes. Elles montrent l'acharnement avec lequel le gouvernement oligarchique travaille à valider auprès du public la notion de son caractère purement et simplement naturel et donc sans alternative. La grande affaire est ici la question de l'égalité, la seconde croisade du « démocratisme » contemporain. De la même façon que celui-ci s'attache avec obstination à combattre toute autre acception du mot peuple que celle qui en lie indéfectiblement le nom et le destin à celui de l'État, de la même façon l' « égalitarisme » est ce spectre sans cesse renaissant qui, inlassablement, doit être combattu. L' « égalitarisme » entendu comme fondement de la présomption déraisonnable selon laquelle l'égalité pourrait être autre chose et davantage que ce qu'institue le suffrage universel et le code de la citoyenneté. Les tenants du « démocratisme » contemporain rejettent avec horreur tout ce qui tendrait à entériner la notion d'un « jeu avec l'égalité », d' « opérations » dont l'égalité serait l'enjeu et dont la vocation serait de dévoiler comme anomalie voire scandale la réalité des inégalités établies et enracinées dans l'état des choses. Ils considèrent comme distinctement subversive l'idée selon laquelle l'égalité pourrait être autre chose qu'une convention juridique – par exemple un postulat anthropologique, destiné à fonder en raison la notion d'une aptitude du quelconque à opiner sur les questions d'intérêt pu

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