Présence de Maurice Merleau-Ponty
391 pages
Français

Présence de Maurice Merleau-Ponty , livre ebook

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391 pages
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Description

En soixante ans (1950-2010), Merleau-Ponty s'est imposé à ses exégètes et à de nombreux lecteurs tel un classique de notre modernité. Cette œuvre nous concerne parce qu'elle s'enracine dans ce qui hante tout homme : notre corps, cette coexistence qu'il appelle la chair. Cet ouvrage est une reprise partielle d'une thèse sur Maurice Merleau-Ponty intitulée Du Corps à la Chair : origine, structure et réception.

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Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 253
EAN13 9782296446670
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

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Extrait

Présence de Maurice Merleau-Ponty
Ouverture philosophique Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau, Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot Une collection d'ouvrages qui se propose d'accueillir des travaux originaux sans exclusive d'écoles ou de thématiques. Il s'agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu'elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n'y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu'habite la passion de penser, qu'ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Dernières parutions Auguste NSONSISSA,Transdisciplinarité et transversalité épistémo-logiques chez Edgar Morin, 2010. Stéphane KALLA,L’acte de la Perception, Pour une métaphysique de l’espace, 2010. Jules Bourque,L’humour et la philosophie. De Socrate à Jean-Baptiste Botul, 2010. Philippe RIVIALE,Heidegger, l’être en son impropriété, 2010. Sylvain PORTIER, Fichte,philosophe du « Non-Moi »,2010. Camilla BEVILACQUA,L’espace intermédiaire ou le rêve cinématographique, 2010. Djibril SAMB,Le Vocabulaire des philosophes africains, 2010. Xavier ZUBIRI,Traité de la réalité, 2010. Marly BULCÃO,Promenade Brésilienne dans la poétique de Gaston Bachelard,2010. Martin MOSCHELL,Divertissement et consolation Essai sur la société des spectateurs, 2010. Sylvain TOUSSEUL,Les principes de la pensée. La philosophie immanentale, 2010. Raphaëlle BEAUDIN-FONTAINHA,L'éthique de Kropotkine, 2010. Arnaud TRIPET,L'éveil et le passage. Variations sur la conscience, 2010. Stanislas R. BALEKE,Ethique, espérance et subjectivité, 2010. Faten KAROUI-BOUCHOUCHA,Spinoza et la question de la puissance, 2010.
Hervé LEBAUTPrésence de Maurice Merleau-Ponty
L’HARMATTAN
© L'HARMATTAN, 2010 5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-12919-1 EAN : 9782296129191
Avant-propos La Présence d’un Classique depuis 60 ans  « Vous devriez rédiger un dernier chapitre, - très court, vingt pages, pas plus -, pour nous direce qu’est devenue la pensée de Merleau-Ponty aujourd’hui, dix ans après sa mort !» Tel était le souhait exprimé par le Docteur Georges Lantéri-Laura, notre ‘patron’ de thèse, en 1970, alors que nous lui avions remis les cinq exemplaires requis en vue d’une soutenance prochaine… Mais qu’attendait-il au juste ? Nous ne l’avons jamais su exactement ! et il est décédé en 2004. Nous répondons à son désir aujourd’hui, en 2010. Voici donc ce « dernier chapitre », devenu un ouvrage de près de quatre cents pages, pour traiter de la ‘Présence’ de la pensée du corps et de la chair selon M. Merleau-Ponty, dans la philosophie française du dernier demi-siècle. Nous avons choisi de présenter : 1° - Merleau-Ponty parmi ses pairs, soit onze portraits de philosophes contemporains lecteurs du ‘Philosophe’. 2° - Merleau-Ponty lu et commenté par douze exégètes ou interprètes. Faut-il préciser l’évidence ? Notre choix est arbitraire, nos éliminations parfois injustifiées et notre travail très incomplet. Détaillons et présentons quelquespropos et convictions dont nous souhaiterions faire autant d’attendus,pour justifier ce titre de Présence’.-1-Présence !la « présence » d’une œuvre, d’uneQu’est-ce, au juste, pensée, d’une philosophie, d’une personne ? C’est ce qu’on appelle sa réception, son accueil, son impact, son influence, ses succès et ses rejets, bref, safortune critique. Ceci reviendrait donc à examiner sa place, son emprise, sa diffusion avec les flux et reflux selon les époques et les divers courants prédominants. Ou encore, la permanence, le devenir et la vitalité de sa pensée ! Qu’est-ce qui fait qu’une œuvre s’impose à vous, qu’elle vous prend et vous fascine, au simple motif qu’un beau jour, elle vous tombe sous le regard ? Est-ce elle ? Est-ce l’auteur ? Est-ce vous simple lecteur ? Ou est-ce une circonstance favorable qui fait la conjonction de trois instances : - un producteur, l’auteur, - une matérialité, l’œuvre, - et un récepteur, le lecteur ou l’interprète : soit deux esprits, une main, un œil et cette chose morte qui provoque, fait signe et qui revit sous le regard ?
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-2-Traiter de la Présence de M. Merleau-Pontyce serait aussi examiner sa présence-absence dans la philosophie telle qu’enseignée et interprétée, en classe terminale et à l’Université. Et donc, déjà rassembler et consulter les manuels de philosophie, noter les citations, les références et les occurrences dans lesIndex nominum. (Mais en existe-t-il encore des Manuels et combien ont paru et disparu en cinquante ou soixante ans, depuis lesJolivet,Cuvillier, Huismans etalii?). Ce serait aussi rechercher la présence du philosophe dans les sujets et textes à commenter du Baccalauréat ! Puis, repérer et dresser le catalogue des mémoires et des thèses, avec évolutions et graphiques à l’appui, en France, en Europe et dans le monde. Peut-être suffirait-il d’interroger les éditeurs et les ayants droit pour aboutir à quelques chiffres, puisque aujourd’hui tout y aboutit ! Encore faudrait-il comparer et situer les résultats dans une échelle des valeurs et des cotes philosophiques ! Dans ce domaine du quantitatif et du mesurable nous pourrions déjà fournir laliste impressionnante des traductions de ses œuvres, mais aussi renvoyer le lecteur à l’une ou l’autre Bibliographie sur l’œuvre de Merleau-Ponty de 1945 à 2010. Cet aspect sociologique mériterait un traitement à part ! - 3 - Qui dit réception ou présence d’une personne ou d’une œuvre, dit également hommages, colloques, célébrations, séances académiques, etc. Nul doute que ce fut effectivement le cas en2008, année du centenaire de sa naissance: nombreux furent les colloques, journées et séances consacrés à sa pensée. Nous avons vécu quatre événements de ce typeà Paris: à l’Ecole normale supérieure, au Collège international de philosophie, à l’Institut 1 catholique de Paris et au Collège de France . Il convient d’y joindre la Journée du 20 juin 2009 consacrée à « M. Merleau-Ponty et la psychanalyse » et organisée à la Sorbonne par le Séminaire de l’Ecole Française de Psychanalyse, 2 sous la responsabilité de Françoise Dastur et de Eliane Escoubas . Plusieurs colloques eurent lieuen Europe: signalons notamment, celui deSofiadu 14 au 16 mars 2008, (MMP est né le 14 mars 1908), deMilan et Pavie, sur le thème 1 . Il est très significatif de noter que ce dernier colloque du Collège de France a attiré de loin le plus d’intervenants et de participants, au grand étonnement des organisateurs obligés au premier matin de migrer vers le plus grand amphithéâtre à cause de l’affluence. Serait-ce dû au fait que le maître d’œuvre était un scientifique, le professeur Alain Berthoz (du Collège de France, Chaire de Physiologie de la perception et de l’action) secondé par Bernard Andrieu (Université de Nancy) et non pas par l’un ou l’autre Philosophe des chaires de Philosophie du Collège ? La pensée de Merleau-Ponty intéresserait donc de plus en plus de scientifiques ! 2 .D’autres grandes figures de la pensée française, également centenaires en 2008, ont suscité, il est vrai, plus d’intérêt et de plus grands concours de peuples. A commencer par les nombreux hommages rendus, sur les ondes et au Musée du Quai Branly, au grand centenaire toujours vivant parmi nous,ClaudeLévi-Strauss(dont nous apprendrons la mort le 30 octobre 2009). Et puis, il y a eu les trois jours consacrés à Simonede Beauvoirau Réfectoire des Cordeliers à Paris (du 9 au 11 janvier), et à FrançoiseDoltoà l’Unesco (du 12 au 14 décembre 2008). Tous les trois furent concernés au plus haut point par l’œuvre et la personne de Merleau-Ponty !
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« Penser sans dualismes », du 25 au 27 septembre. Ces manifestations traduisent la vitalité et l’intérêt croissant vis-à-vis d’une œuvre innovante, fascinante, certes ardue, mais parfois tenue, à tort, comme rebutante. - 4- Présente parce que ‘classiqueMais qu’est qu’une œuvre’ ? ‘classique’ dans l’histoire de la philosophie occidentale ? Merleau-Ponty serait-il un passage obligé ou ‘incontournable’ selon les mots d’aujourd’hui ? Qui en décide et suffit-il de le proclamer haut et fort ? Serait-il donc impossible de penser le corps, notre incarnation et donc de bâtir une ontologie du corps et de la ‘chair’ sans faire appel à son apport ? Il s’agirait là d’une nouvelle intelligibilité de notre être-au-monde : Maurice Merleau-Pontyhabiterait,aujourd’hui plus que jamais, le monde philosophique occidental. A la limite, notre sensibilité et notre style philosophique devraient donc quelque chose à sa pensée ! Le parcours ici proposé, les témoins et les œuvres interrogés apportent, sinon des preuves, du moins des indices, que ses analyses et ses concepts éclairent et travaillent notre modernité. Son œuvre est classique dans la mesure où elle est toujours devant nous, elle nous précède et nous oblige, comme il le disait, « à penser derechef » et à « aggraver » les problèmes et les questions plutôt qu’à les résoudre. D’où ses fréquents recours au concept de « raison élargie » et ses appels à « notre archéologie » pour découvrir « tout ce qu’il entre de tacite, d’informulé, de non-thématisé dans les énoncés de la science, qui contribue à en déterminer le sens (…). » (PM,passim, 200-201). - 5 -Une présence s’auto-manifeste! Son œuvre nous apporte des éléments de réponses à nos questions. Merleau-Ponty ne nous a-t-il pas appris que toute œuvre innovante contient les éléments de sa propre compréhension ? Toute création porte en elle-même la force de sa nécessité et la lumière de son propre triomphe. Pas d’œuvre véritable qui ne suscite son audience et ne trouve son public ! Pour y adhérer ou pour la refuser en bloc, mais aussi pour la 3 contester, la redresser, la prolonger, ou encore, pour la métamorphoser . Comme la plupart des grands philosophes, Merleau-Ponty a commencé par prendre le relais de quelques-uns de ses prédécesseurs. Il a lui-même analysé le comment et le pourquoi de la ‘présence’ de tel ou tel philosophe dans son propre champ d’interrogation ! Nous pensons, en priorité, à Descartes, à Maine de Biran, à Bergson et à Husserl. Il est bon de rappeler qu’il a été pendant près
3 .A propos de cette auto-manifestation, citons l’auteur du « Doute de Cézanne » : « Un peintre comme Cézanne, un artiste, un philosophe, doivent non seulement créer et exprimer une idée, mais encore réveiller les expériences qui l’enracineront dans les autres consciences. Si l’œuvre est réussie, elle a le pouvoir étrange de s’enseigner elle-même. » (SNS, 33)
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de deux ans la cheville ouvrière d’un magnifique album consacré aux 4 Philosophes célèbres, ouvrage dont peut-être trop de merleaux-pontyens ne connaissent que les « Introductions » de sa plume, textes qu’il a lui-même repris dansSignesou dansEloge de la philosophie et autres essais sous le titre 5 « Partout et nulle part » . - 6 - Sa double volonté, d’une part,d’assumer ses prédécesseurs, mais aussi d’autre part,de provoquer un tournant, voire une rupture, nous la trouvons dansLa Prose du Monde: son projet à l’époque était bien plus global qu’il n’a paru à ses contemporains les plus lucides. Aujourd’hui encore, peu de lecteurs, de critiques, d’interprètes ont su ou osé y découvrir sa révolte sous-jacente et imaginer l’ampleur de son programme. En effet, il y a dans ces textes et dans quelques autres, comme dans la Préface deSignes, toutes les idées et tous les concepts (en ordre dispersé, certes) pour ‘construire’ ce qui pourrait être une nouvelleCritique, voire, uneRéforme de l’entendement, dans les sens usuels des termes… Si Merleau-Ponty, en 1948-49, entreprend d’écrire cet ouvrage,c’est qu’il estime insoutenable ce qui se propage sur l’art, sur l’esthétique et sur la création en général. La littérature selon Sartre et l’art selon Malraux ne correspondent pas à ce qu’est, pour notre philosophe, la modernité dans « son double caractère d’inachèvement et d’ambiguïté ». Il dénonce, et ceci avec une colère contenue (« un mode de connaissance, dira-t-il, qui ne convient pas mal quand il s’agit du fondamental » (S,43) les impasses de Sartre sur la littérature, tout autant que 6 certaines impostures et appels au sacré ou à l’incantation par Malraux sur l’art . En arrière-fond, il s’en prend aussi au formalisme de Paulhan dans sesFleurs de Tarbes, ou la terreur dans les lettres(paru en 1941), à sa « littérature dégagée » 4 . Dans la ‘future’ biographie de M. Merleau-Ponty nous consacrons un chapitre à ce travail considérable dont la septième partie est consacrée à la période contemporaine, de 1900 à 1950, présentée sous l’enseigne, « L’Existence et la Dialectique ». Dans ce derniergroupe avec portraits,le ‘directeur-éditeur’ a choisi de retenir neufphilosophes célèbres:(Quatre français Bergson, Blondel, Alain et Sartre ; un italien, Croce, un anglais Russel, et trois allemands : Scheler, Husserl et Heidegger). Mais tout lecteur perspicace aura vite fait de repérerle portraitiste caché dans la trame !Et ce dixième ne serait-il pas devenu tout aussi ‘célèbre’ que les neuf autres, alors qu’à l’époque il n’avait pas encore dit son dernier mot?En effet, ne pourrait-on pasaffirmer que Merleau-Ponty est dans cet ouvrage un peu «partout et nulle part» ? Et pourtant, dans la ‘ré-édition’ ou la ré-élaboration récente de cet ouvrage, nous cherchons en vain le chapitre qu’il ‘méritait’ pour devenir le cinquante et unième grand portrait descélèbres. Philosophes Cf. lePochothèqueen 2006 par Jean-François édité Balaudé, sous le titreLes Philosophes de l’Antiquité au XXè siècle, Histoire et Portraits. Il reste qu’il s’agit là d’un nouvel outil indispensable aux professeurs et postulants de la discipline philosophique ! 5 . Précisons que les introductions sur « Les Fondateurs » et sur « La découverte de l’histoire » ne se trouvent que dansMaurice Merleau-Ponty,Parcours 2, pp. 203-208. 6 . C’est l’époque où Sartre publie, d’abord en plusieurs livraisons dansLes Temps Modernes, puis dans un ouvrage abondamment augmenté de Notes ou de corrections, (à la suite des critiques reçues) son Situations II, Qu’est-ce que la littérature? (1948 ), tandis que Malraux obtient un énorme succès avec sonMusée imaginaire, (1947).
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