Qu appelle-t-on destruction? : Heidegger, Derrida
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Description

Entre justification et explication, entre dire et faire, la destruction.
Est-ce une chose ou un événement ? Un geste, une œuvre ou une opération ? Un thème ou un titre ? Est-ce même bien un mot ? Qu’appelle-t-on, ce sera là ma question, destruction ?
Avec Heidegger, Derrida en appelle à la destruction. Oui, à la destruction. L’a-t-on entendu ? Comme Heidegger (et c’est aussi ce « comme » qu’il s’agira d’examiner ici), Derrida nomme et renomme la destruction. Il lui donne le temps et le nom, une renommée. Il la surnomme — déconstruction, par exemple, ou, plus tard, « mal d’archive ». Comme Heidegger, Derrida travaille, traduit et retraduit la destruction, faisant parfois comme si tous ses mots, tous les mots et les phrases qu’il propose et déploie sur et à propos de la destruction, entretenaient des rapports sans rapport, rapports déjà trop clairs, ou encore bien obscurs.
Qu’appelle-t-on destruction ? Après Heidegger, Derrida s’y est attardé, lui qui parlait, encore et encore, de destination et de destruction, lui qui nous a rappelé si souvent à la destruction qui arrive, partout où elle arrive. Posons que c’était l’un de ses combats, l’une de ses longues guerres (avec luimême, d’abord, et avec la destruction). Sera-ce finalement la nôtre ? Est-il aujourd’hui temps de penser — après Heidegger, avec Derrida —, temps de combattre aussi peut-être, au moins d’écouter, la destruction qui vient ? Est-il encore temps de témoigner de la destruction qui croît ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 septembre 2017
Nombre de lectures 6
EAN13 9782760638013
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Qu’appelle-t-on destruction?
Heidegger, Derrida
Gil Anidjar
Les Presses de l’Université de Montréal
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Anidjar, Gil Qu’appelle-t-on destruction? Heidegger, Derrida (Humanités à venir) Comprend des références bibliographiques. Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-7606-3799-3 ISBN 978-2-7606-3800-6 ( pdf ) ISBN 978-2-7606-3801-3 ( epub ) 1. Déconstruction. 2. Derrida, Jacques. I . Titre. II . Collection: Humanités à venir. B 809.6. A 54 2017 149’.97 C 2017-941165-9 c 2017-941166-7 Mise en pages et epub: Folio infographie Dépôt légal: 3 e trimestre 2017 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2017 www.pum.umontreal.ca Les Presses de l’Université de Montréal remercient de leur soutien financier le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Collection «Humanités à venir» dirigée par Ginette Michaud et Georges Leroux
En accueillant des essais brefs et la publication de grandes conférences, cette collection s’engage sur les chemins qu’ouvre aujourd’hui la pensée de ce qui vient, de ce qui arrive à un monde sans repères. Au confluent de la littérature et de la philosophie, elle inscrit son titre dans la recherche de nouvelles Humanités, libres et plurielles.
LIMINAIRE
Dix ans après la disparition de Jacques Derrida le 9 octobre 2004, nous avons souhaité inscrire un peu autrement son nom dans l’Université, cette université «sans condition» qu’il appelait de ses vœux, liant étroitement sa vocation non seulement à la littérature et à la philosophie, aux «Humanités de demain 1 », mais à la démocratie à venir.
Nous avons donc créé, avec le concours précieux de plusieurs instances universitaires, un cycle annuel de Grandes Conférences sous le signe des «Mémoires de Jacques Derrida» afin d’affirmer, de réaffirmer la portée d’une œuvre philosophique qui a profondément marqué de nombreux domaines de la pensée: philosophie, littérature, politique, droit, théologie, esthétique et architecture. Si le travail de Jacques Derrida s’est résolument engagé dès ses commencements dans une relecture minutieuse de tous les grands textes de la tradition philosophique, il ne s’est pas contenté de cette relecture, aussi radicale fût-elle: il a aussi voulu contresigner de la manière la plus forte et la plus audacieuse, pour l’avenir, chacune des œuvres auxquelles il s’est attaché.
Ces «Mémoires de Jacques Derrida» se veulent ainsi une relance de sa pensée, une réponse à des appels multiples. Comme il l’avait fait pour tant d’auteurs auxquels il était remarquablement fidèle, nous cherchons ici à répondre (à, de, pour), à parler en direction de , vers Derrida. Car, comme il l’écrivait dans «“Justices”»:
Répondre de la responsabilité, et de ce qui la lie et l’oblige à la justice, c’est penser la responsabilité en en formulant et en en formalisant la possibilité, autant que l’aporie. Responsabilité éthique (c’est-à-dire aussi juridique et politique) qui s’expose non seulement dans ce qu’on appelle la vie ou l’existence mais dans la tâche de déchiffrement, de lecture et d’écriture 2 .
Georges Leroux et Ginette Michaud


1 . Jacques Derrida, L’Université sans condition , Paris, Galilée, coll. «Incises», 2001, p. 11 sq.

2 . J. Derrida, «“Justices”», dans Appels de Jacques Derrida , Danielle Cohen-Levinas et Ginette Michaud (dir.), Paris, Hermann, coll. «Rue de la Sorbonne», 2014, p. 60-61.


REMERCIEMENTS
Nous exprimons notre reconnaissance à Gil Anidjar qui a généreusement accepté notre invitation.
Nous remercions pour leur soutien précieux la doyenne par intérim de la Faculté des arts et des sciences de l’Université de Montréal, Mme Tania Saba, et M. Laurent Lewis, vice-doyen à la recherche, à la création et à l’innovation; les directeurs des départements des littératures de langue française et de philosophie de l’Université de Montréal, Mme Marie-Pascale Huglo et M. Louis-André Dorion; la directrice du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises, Mme Martine-Emmanuelle Lapointe, et Mme Hélène Hotton, coordonnatrice scientifique du CRILCQ; le département de philosophie de l’Université du Québec à Montréal; de même que la Librairie Olivieri pour son accueil chaleureux. Sans l’appui de tous ces partenaires, la tenue de cet événement n’aurait pu être possible. Merci également à M. Nicholas Cotton et à M. Jean Grondin pour leur aide dans la mise au point de certaines références bibliographiques.
Enfin, nous remercions également vivement M. Patrick Poirier, directeur général des Presses de l’Université de Montréal, qui a repris l’initiative de M. Antoine Del Busso en créant la collection «Humanités à venir», permettant ainsi de garder une trace, une archive vivante de ce cycle de grandes conférences.
AVANT-PROPOS
Gil Anidjar est professeur au Département de Religion de l’Université Columbia de New York, où il enseigne depuis 1999. Il est aussi membre des «Middle Eastern, South Asian and African Studies» et est rattaché à l’Institut de littéra- ture comparée de la même université. Il a été Fellow au Wissenschaftskolleg de Berlin et à l’Institute of Advanced Studies de Princeton. Ses premières études se sont concentrées en études juives à l’Université hébraïque de Jérusalem puis en religion et en littérature comparée à Berkeley à partir de 1991. Son parcours nous met en présence d’un éminent savant, polyglotte, ouvert aux textes de toutes les traditions et surtout désireux de les lire.
Comment présenter un penseur aussi généreux, lui qui n’a ménagé aucun effort pour porter au cœur même des origines de l’identité le regard déconstructeur qu’il n’a cessé de préciser à travers tous ses livres? Considérer les travaux de Gil Anidjar comme une œuvre majeure, déployant au fil du temps sa cohérence et sa continuité, est sans doute tout aussi essentiel que de chercher à en marquer les étapes, à en décrire les césures, à en identifier les déplacements. L’œuvre présente en effet tous les traits d’une entreprise qui demeure depuis le début dans le prolongement de sa source: la constitution du canon occidental, un canon tout à la fois politique, religieux et philosophique. Dans le corpus immense qui soutient ce processus de constitution où interfèrent les textes et l’histoire politique, les polarités qui font s’affronter la présence et l’absence, l’approche et la distance, l’amitié et l’inimitié, se superposent au point de brouiller les références qui permettraient de les nommer. Qui est le Juif, qui est l’Arabe, qui est le Musulman, qui est le Chrétien? Chaque fois qu’on croit ou qu’on prétend saisir sa définition, arraisonner la substance qui permettrait d’en énoncer l’essence, le texte historique vient déjouer des constructions qui se révèlent sous-tendues par des conflits inconscients, par une rhétorique autodestructrice, par une herméneutique dont les projets rétrospectifs sont toujours déviés par l’intention qui les commande. L’objet se dérobe, il ne cesse de se dérober.
Quel est cet objet? Invariablement, Gil Anidjar le présente comme l’objet théologico-politique. Alors qu’on croit savoir ce que signifie la théologie politique, un concept dont le tracé court de la pensée médiévale et de Spinoza jusqu’à Carl Schmitt et Jacob Taubes, on est forcé de constater que cette signification varie selon les contextes et surtout selon les usages juridiques et polémiques: la distinction en apparence claire qui sépare le sacré du profane, le religieux du séculier, ne résiste pas à l’analyse, la coupure est toujours déjà érodée. Pour tous ceux qui, depuis Hans Blumenberg 3 , veulent faire valoir que la sécularisation est un fait accompli, qu’elle est advenue dans un espace occidental qui a dépassé ses antinomies religieuses constitutives et renoncé à toute référence transcendante, d’autres penseurs, comme Talal Asad 4 , font voir le caractère illusoire de ce constat. Comment prétendre, en effet, qu’une différence fondamentale viendrait, en gros depuis l’époque des Lumières, séparer un monde privé de référence religieuse, qui serait celui de la modernité conquérante, et un monde marqué par son retard ou son incapacité à briser le lien de la référence religieuse?
La pensée de Gil Anidjar se situe à ce carrefour critique, où l’anthropologie des traditions religieuses, face auxquelles le christianisme s’est constitué comme une construction d’emblée sécularisante, est appelée à révéler sa profonde ambiguïté: le monde séculier peut-il se définir vraiment comme ce monde libéré ou détaché de la religion? Comment même penser séparer le religieux du politique? À travers sa lecture des motifs fondamentaux, ethniques autant que religieux, qui se déploient sur ce fond de différence et se relient de manière fondamentale à la pensée de Jacques Derrida, Gil Anidjar veut montrer l’instabilité, le caractère indécidable de la brisure qui ne cesse de vouloir fonder la séparation du religieux et du politique. Comme il y insiste, son effort consiste à comprendre pourquoi le théologico-politique est le site de la différence. On pourrait dire que ce site est devenu celui de son œuvre.
Comment sommes-nous assurés que ce que nous appelons «religion» aujourd’hui corresponde à ce que la «religion» représentait dans cet autrefois mythique du pré-séculier? Dans son premier livre, “Our Place in al-Andalus” 5 , Gil Anidjar s’est tourné vers la représentation de l’âge d’or médiéval de la conviviencia , dans ce haut-lieu mythique de l’Andalousie où toute différence est appelée à se définir par toute autre, dans une rencontre infinie et ouverte: comment y saisir, dans l’écheveau complexe de la littérature juive arabe, le texte de cette rencontre qui se dégage de son contexte d’émergence? Comment y retrouver la figure de Maïmonide tout autant que les figures cryptées de la kabbale, alor

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