Scientisme et occident
402 pages
Français

Scientisme et occident , livre ebook

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402 pages
Français

Description

Issue d'une mathématisation du monde qui trouve sa source dans la révolution galiléenne, l'idéologie scientiste, bien différente du véritable esprit scientifique, a, entre autres effets, celui de masquer les dimensions historiques, sociales et culturelles des sciences qui, depuis le 17e siècle, sont les vecteurs de l'occidentalisation du monde. La critique qu'en fait l'auteur a pour objet d'en faire apparaître la dimension ethnocentrique : celle-ci prête à la culture technoscientifique les attributs de l'universalité fondée sur les normes d'une rationalité sans rivage.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 27
EAN13 9782296478756
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Scientisme et Occident Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau,
Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot
Une collection d'ouvrages qui se propose d'accueillir des travaux
originaux sans exclusive d'écoles ou de thématiques.
Il s'agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions
qu'elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n'y
confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle
est réputée être le fait de tous ceux qu'habite la passion de penser, qu'ils
soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines,
sociales ou naturelles, ou... polisseurs de verres de lunettes
astronomiques.
Dernières parutions
Paul Aïm, Vivre et exister, 2011.
Franck Jedrzejewski, Ontologie des catégories, 2011.
Michel FATTAL, Paroles et actes chez Héraclite. Sur les
fondements théoriques de l’action morale , 2011.
Nadia BOCCARA et Francesca CRISI, Émotions et philosophie.
, 2011. Des images du récit aux mots de la philosophie
Paul DAWALIBI, L’identité abandonnée. Essai sur la
, 2011. phénoménologie de la souffrance
Firmin Marius TOMBOUE, Jürgen Habermas et le défi
intersubjectif de la philosophie. La crise de la métaphysique de la
subjectivité dans la philosophie politique et la philosophie morale
habermassiennes, 2011. Jürgen Habermas et le tournant
délibératif de la philosophie. La crise de la métaphysique de la
habermassiennes, 2011.
Vinicio BUSACCHI, Ricœur vs. Freud. Métamorphose d’une
nouvelle compréhension de l’homme , 2011.
Christophe PACIFIC, Consensus / Dissensus. Principe du conflit
, 2011. nécessaire
Jacques STEIWER, Une morale sans dieu, 2011. Jean-Paul Charrier
Scientisme et Occident
Essais d’épistémologie critique
L’Harmattan Du même auteur
Aux Editions L’Harmattan
La construction des arrière-mondes
(La Philosophie captive 1), 2011.
Du salut au savoir
(La Philosophie captive 2), 2011.
Le temps des incertitudes
(La Philosophie captive 3), 2011.
© L’HARMATTAN, 2011
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-56638-5
EAN : 9782296566385 À Claudine
sans qui ces pages n’auraient pas été écrites AVANT-PROPOS
L'Épistémologie est, comme son étymologie savante le suggère, cette part
de la philosophie de la connaissance qui se consacre à la critique de la
démarche scientifique, en analysant les formes logiques et les modes d'inférence
utilisés dans les diverses disciplines et en mettant ainsi en question les
présupposés, les principes, les concepts fondamentaux, les théories et les
applications, afin de déterminer leurs origines (empiriques et/ou théoriques) et
leurs conséquences, dans leurs prétentions à connaître la nature et les
mécanismes de la réalité. En évaluant ces prétentions, l'Épistémologie
participe à l'élaboration du statut cognitif d'un type de connaissance que le
monde moderne considère comme la plus rigoureuse des voies du savoir. La
multiplication des disciplines scientifiques et de leurs applications
techniques a, par ailleurs, bouleversé notre vision du monde jusque dans le
détail le plus intime de notre vie quotidienne. Or les problèmes de justification
et de validité du savoir scientifique — qui consistent à expliquer comment
nous nous assurons de son objectivité, de son universalité, de sa rigueur et,
en définitive, à nous convaincre de sa vérité — ne vont pas de soi. Les critères
de ces attributs ne dépendent pas nécessairement du même « canon »,
c'està-dire des mêmes règles et des mêmes principes, selon qu'ils interviennent,
par exemple, dans les sciences de la nature ou dans les sciences humaines et
sociales, selon qu'il s'agit, pour les unes, d'expliquer et de prédire, pour les
autres, de comprendre, ou encore, selon que l'on considère que la
connaissance scientifique se construit dans le prolongement du sens commun et de
l'expérience sensible ou qu'elle implique un procès de rupture avec leurs
illusions. Dans sa dépendance par rapport au langage et à l'expérience, à
l'époque et aux mentalités, aux techniques expérimentales mises en oeuvre
par la recherche, apparaissent des interrogations épistémologiques touchant
10 Scientisme et Occident
à l'induction, à la vérification ou à la réfutation des énoncés scientifiques ;
plus généralement encore, ces interrogations évoquent une crise de la
rationalité scientifique et font apparaître la radicalité d'une question décisive,
posée par C. Castoriadis : toute vérité scientifique n'est-elle qu'une erreur en
sursis? (Les carrefours du labyrinthe, Le Seuil, 1978, p. 148).
En d'autres termes, la place prise par les sciences dans l'existence du monde
moderne, leurs origines occidentales et rationalistes, l'influence considérable
de l'expertise scientifique dans l'élaboration des décisions politiques et
économiques, l'efficacité redoutable des techniques industrielles et militaires
qu'elles engendrent, rendent notre réflexion sur elles de plus en plus
nécessaire et urgente, ne serait-ce que pour conjurer les menaces que font peser
sur l'avenir les moyens de destruction irréversible qu'elles mettent à la
disposition d'ambitions irresponsables.
C'est dire que l'Épistémologie n'est plus, si jamais elle le fut, une
spécialité passablement ésotérique confiée à des philosophes ou des scientifiques,
enfermés dans leur « poêle », et préoccupés uniquement de leurs disputes
innocentes. Si les références à l'Épistémologie sont devenues si fréquentes dans
le discours savant, c'est que la discipline exerce une séduction certaine sur les
philosophes et les scientifiques qui prennent la mesure des risques d'un
scientisme qui donne aux sciences expérimentales le monopole de la connaissance
rigoureuse et leur attribue le pouvoir de résoudre tous les problèmes que
l'homme peut légitimement se poser. Ces références permettent de
retrouver les conditions culturelles, sociales et historiques qui ont rendu possible
la conception moderne de la scientificité avec ses composantes logiques,
mathématiques et expérimentales, son affirmation d'une rationalité exclusive et
universelle, sa prétention de constituer le seul modèle de la connaissance
pouvant conduire à la vérité. Au-delà d'une épistémologie descriptive ou
normative, qui ne serait que le discours distingué du scientisme et de son
mythe technocratique, des scientifiques et des philosophes, de plus en plus
nombreux, engagent une « critique de la raison scientifique » en mettant au
centre de leurs analyses les rapports entre science et société Nous pensons que
leur démarche concerne et interroge tout homme cultivé se tenant, en
citoyen, pour responsable de l'avenir de la Cité : « Peut-être, écrivait le
philosophe J. T Desanti, les sciences engendrent-elles en leur sein au plus près des
objets qu'elles concernent, certaines espèces de problèmes qu'elles ne peuvent
Avant-propos 11
résoudre à partir du système qu'elles constituent elles-mêmes. » Pour le dire
en un mot, mon travail, s'inspirant notamment des analyses de P. Thuillier,
s'efforce de montrer les affinités du scientisme et de l'occidentalisation du
monde, les deux aspects d'une « police socio-culturelle » technocratique et
ethnocidaire. Voilà l'intention de ces essais, dans leur propos à la fois
modeste et ambitieux de participer à la critique de la mondialisation.
Quant à la forme de mon travail, j'ai essayé d'y établir des relations
sémantiques rigoureuses entre les concepts utilisés dans les analyses, quitte à
renoncer aux prétentions esthétiques de l'écriture et à assumer la lourdeur des
définitions et des connotations contextuelles qui éclairent sans cesse leur
pertinence, en regard de l'évolution des idées et des argumentations qu'elles
soutiennent. Il y a dans cette insistance bien plus qu'une manie d'enseignant.
Une éthique s'y devine, je l'espère, oppo

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