Une étrange modernité
216 pages
Français

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Une étrange modernité , livre ebook

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Description

La modernité de la culture occidentale s'appuie sur un triple héritage : celui du "miracle grec", c'est-à-dire de la naissance de la philosophie, celui de la spiritualité monothéiste judéo-chrétienne, celui d'un héroïsme de la raison scientifique. Mais l'histoire fut souvent infidèle aux exigences rationalistes et généreuses que ces valeurs proclamaient. Mais voulons-nous vraiment pour tous ce que nous revendiquons pour nous-mêmes ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2012
Nombre de lectures 32
EAN13 9782296485150
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UNE ÉTRANGE MODERNITÉ
Ouverture philosophique
Collection dirigée par Aline Caillet, Dominique Chateau , Jean-Marc Lachaud et Bruno Péquignot

Une collection d’ouvrages qui se propose d’accueillir des travaux originaux sans exclusive d’écoles ou de thématiques.
Il s’agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu’elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n’y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique ; elle est réputée être le fait de tous ceux qu’habite la passion de penser, qu’ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou… polisseurs de verres de lunettes astronomiques.


Dernières parutions

Olivier LAHBIB, Avoir, Une approche phénoménologique, 2012.
Dimitri TELLIER, La métaphysique bergsonienne de l’intériorité. Se créer ou se perdre, 2012.
Alessia J. MAGLIACANE, Monstres, fantasmes, dieux, souverains. La contraction symbolique de l’esprit chez Sade, Dick, Planck et Bene , 2011.
Xavier ZUBIRI, L’homme, sa genèse et sa durée. Etudes anthropologiques II , 2011.
Xavier ZUBIRI, L’homme, sa réalité et ses structures. Etudes anthropologiques I, 2011.
Élysée Sarin, Épistémologie fondamentale appliquée aux sciences sociales , 2011.
Pierre DULAU, L’arche du temps , 2011.
François HEIDSIECK, Simon Weil , 2011.
Guy VINCENT, Des substitutions comme principe de la pensée , 2011.
Marco BELANGER, Existe-t-il des dilemmes moraux insolubles ? 2011.
Paul AÏM, Vivre et exister, 2011.
Franck JEDRZEJEWSKI, Ontologie des catégories , 2011.
Michel FATTAL, Paroles et actes chez Héraclite. Sur les fondements théoriques de l’action morale , 2011.
Nadia BOCCARA et Francesca CRISI, Émotions et philosophie. Des images du récit aux mots de la philosophie , 2011.
Paul DAWALIBI, L’identité abandonnée. Essai sur la phénoménologie de la souffrance , 2011.
Firmin Marius TOMBOUE, Jürgen Habermas et le défi intersubjectif de la philosophie. La crise de la métaphysique de la subjectivité dans la philosophie politique et la philosophie morale habermassiennes , 2011.
Firmin Marius TOMBOUE, Jürgen Habermas et le tournant délibératif de la philosophie. La crise de la métaphysique de la subjectivité dans la philosophie politique et la philosophie morale habermassiennes , 2011.
JEAN-PAUL CHARRIER
UNE ÉTRANGE MODERNITÉ
L’Harmattan
Du même auteur

Aux Editions L’Harmattan

La construction des arrière-mondes
(La Philosophie captive 1), 2011 .

Du salut au savoir
(La Philosophie captive 2), 2011 .

Le temps des incertitudes
(La Philosophie captive 3), 2011 .

Scientisme et Occident, 2011.


© L’HARMATTAN, 2012
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo
fr harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-96054-1
EAN : 9782296960541
O tempora !
O mores !
CICERON
Avant-propos
Ces quelques chapitres sont inspirés de notes polycopiées que je proposais aux étudiants qui suivaient mes cours afin d’en expliciter certains passages que je n’avais pas eu le temps de développer. Je les regroupe ici dans ce livre, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que ces notes, que je confiais à leur lecture et à leur curiosité singulières, devaient, dans mon intention, être claires et exemptes des subtilités qui rendent ésotériques certaines analyses de philosophes contemporains. La clarté, disait Chamfort, est le vernis des maîtres ; mais sans prendre ce propos à mon adresse (et pour cause !), j’en fis souvent (autant que faire se peut en philosophie) un impératif pédagogique. Cet impératif ne nous contraint pas, pour autant, à vulgariser la réflexion philosophique, si l’on entend ainsi simplifier et banaliser les analyses des grands auteurs qui ne doivent leur crédit qu’à la complexité de leurs interrogations et à la rigueur de leurs exigences. Mais une part du métier de l’universitaire ne réside-t-il pas dans ces quelques biais pédagogiques qui devraient rendre plus accessible et plus attrayante la lecture difficile des maîtres ou celle des travaux de spécialistes ? On trouvera, je l’espère, dans mon travail, l’effet de ces efforts vers la clarté sans, pour autant, qu’ils aient consenti à trop de facilités dans le commentaire pédagogique.
Par ailleurs, en relisant certaines de ces notes, j’ai cru apercevoir ce qui fédère leurs analyses au sein d’un thème qui donne son titre à leur récollection. La « modernité » de la culture occidentale désigne, en effet, une interprétation de son histoire qui renvoie les valeurs dont elle prétend s’inspirer vers une configuration morale et spirituelle dont
Husserl 1 disait qu’elle est le telos , la fin et le sens de l’histoire de toute l’humanité, fin et sens puisés dans son triple héritage : celui du « miracle grec », c’est-à-dire de la naissance de la philosophie, celui de la spiritualité monothéiste judéo-chrétienne, expression de la transcendance religieuse et celui d’un héroïsme de la raison scientifique partant à la conquête de la connaissance du monde physique, vivant et social.
Or l’analyse des rapports, entre le message que ces valeurs manifestaient et l’histoire sans fard de l’occidentalisation du monde 2 , suggérait que n’avions pas fait preuve de rectitude envers les impératifs qu’elles impliquaient dans la conduite de notre action. En d’autres termes, l’analyse de la modernité, qui caractérise la civilisation européenne depuis la Renaissance et telle qu’elle s’affirme depuis la philosophie des Lumières au 18 e siècle, révèle qu’elle fut le plus souvent infidèle aux principes rationalistes et généreux que cette philosophie proclamait 3 . Ces principes devaient inspirer quatre « révolutions », tant théoriques que pratiques :
- L’affirmation de l’autonomie de la volonté de l’homme, d’abord, dans la maîtrise scientifique et technique des lois qui régissent l’univers matériel, vivant et social de notre environnement terrestre ;
- le rejet, ensuite, des mystères et des enchantements qui bloquaient la divulgation de ces lois 4 ;
- la laïcisation, également, des dimensions sociales de la vie collective, ce qui implique la promulgation de la tolérance civile à l’égard des options religieuses et philosophiques de chaque individu ;
- enfin, corollaire du principe précédent, les exigences d’un humanisme qui revendique l’égale dignité des cultures et des traditions ayant informé l’existence sociale des différentes populations à travers les continents et les siècles.
Nous partageons les réserves de ceux qui, aujourd’hui, doutent de l’incarnation de ces principes dans la réalisation effective des projets des États occidentaux 5 . L’accomplissement d’une modernité, telle que l’humanisme philosophique la postule, relève, à l’évidence et en grande partie, de l’utopie.
Cependant, ce serait une erreur d’affirmer que rien de ce que les Lumières avaient rêvé pour la suite du cours de l’histoire ne s’est réalisé : la foi dans le Progrès et le respect des différences animent parfois l’intention de politiques et d’administrateurs ayant en charge les missions des grandes organisations internationales comme l’UNESCO ou l’ONU. Mais c’est précisément dans l’ambiguïté des projets de la politique occidentale que se situent les enjeux de la modernité. Nous avons voulu faire une sorte de bilan (en partie double, avec ses succès et ses échecs) de ce mouvement qui a traversé et traverse encore l’Occident dans son action, ses influences, ses réussites ou ses illusions, au fil de l’histoire récente ou contemporaine. La modernité a indissociablement le goût des ruptures proclamées et une fascination ethnocentrique pour la continuité de ses traditions arrogantes. Elle ne cesse de promouvoir, mais aussi de bloquer les initiatives historiques à l’échelle planétaire. Elle ne parvient qu’à « bricoler » des mécanismes d’instauration de la démocratie dans le monde (du style ONG), pendant qu’elle conserve ceux qui défendent l’inégalité, l’injustice et le déficit démocratique du système international, le jeu des puissances dans le rapport des forces qui gère les situations de privilège des pays développés - les Etats-Unis, le Canada, l’Europe, la Russie, le Japon

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