A l origine de la violence monothéiste le dieu jaloux
278 pages
Français

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A l'origine de la violence monothéiste le dieu jaloux , livre ebook

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Description

Avant l'émergence du monothéisme, aucune religion n'avait ordonné de détruire les dieux d'autrui pour imposer le sien, ni exhorté à convertir ou exterminer les adeptes d'autres religions. Judaïsme, christianisme et islam se veulent certes des religions de paix et d'amour, mais leurs textes sacrés contiennent en leur coeur une injonction paradoxale "Aime ton prochain, mais lapide l'idolâtre". Torah, Bible, Coran pourraient-ils ne plus être tenus pour des livres sacrés et n'être plus considérés que comme des témoignages humains, comme des invitations au questionnement ?

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Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2017
Nombre de lectures 13
EAN13 9782140028755
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JeanPierre Castel
À L’ORIGINE DE LA VIOLENCE MONOTHÉISTE, LE DIEU JALOUX
L’introduction du vrai et du faux dans le domaine des dieux
A l’origine de la violence monothéiste, le dieu jaloux
Jean-Pierre Castel A l’origine de la violence monothéiste, le dieu jaloux L’introduction du vrai et du faux dans le domaine des dieux
Du même auteur Le déni de la violence monothéiste, L’Harmattan, 2010 Science et religions monothéistes, BergInternational, 2014 La destruction des dieux d'autrui : une singularité abrahamique, Topique n° 234, mars 2016 Guerre de relig: une invention monothéiste ?ion et police de la pensée L’Harmattan 2016 A l’origine de la violence monothéiste, le dieu jaloux. L’introduction du vrai et dufaux dans le domaine des dieux, L’Harmattan, 2017 La violence monothéiste : mythe ou réalité ?L’Harmattan 2017
© L’Harmattan, 2017 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris http://www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-10650-2 EAN : 9782343106502
Introduction « Car tous les dieux des peuples sont des idoles » 1 Chr. 16, 26 «J’ai toujours vu dans le monothéisme une espèce de progrès […]Chasser les faux dieux, pour ne plus reconnaître que le Vrai. Briser les idoles, pour n’aimer plus que l’Amour» 1 André Comte-Sponville « Là où on aurait vraiment besoin d'eux[les religieux, les philosophes, …], c'est pour condamner les textes qui produisent ce type d'attentat » 2 Zineb El Rhazoui Si l’homme a probablement toujours été un animal religieux,le dieu d'Abraham fut le premier à introduire la notion de vrai et de faux dans le domaine des dieux, c'est-à-dire à qualifier les autres dieux de « faux dieux »,d’qui ne sont pas Dieu, qui sont faite« idoles » s de main d’homme. Judaïsme, christianisme et islam sont, en conséquence, les seules religions qui appellent à détruireles dieux d’autruipour les remplacer par le leur. Contre-vérité, procès à charge, vérité qu’il vaut mieux taire, ou « espèce de progrès » comme le suggère le philosophe cité en exergue ?
1 André Comte-Sponville, «De l’animisme au monothéisme. Briser les idoles»,Le Monde des religionsn°70, 13/02/2015. 2 Ancienne journaliste de "Charlie Hebdo", auteur deDétruire le fascisme islamique, Ring, 2016. In « Nous sommes tous menacés par le fascisme islamique », Le Point, 20.10.2016. 7
Ces trois religions sont très différentes, chacune abritant en outre une grande diversité de courants. Toutes et tous partagent néanmoins des éléments qui, comme on le verra, sont en relation directe avec la violence, et ne se retrouvent dans aucune autre religion: un dieu jaloux, l’ordre de brûler les idoles, l’exhortation des fidèles à convertir, à fuir,ou à exterminer les adorateurs d’autres dieux.3 On qualifiera cesreligions d’« abrahamiques » , carelles s’inscrivent toutes trois dans la lignée d’Abraham, ce patriarche qui,au moins d’après le Talmud, inaugura la figure du « dieu jaloux» en détruisant l’atelier de 4 fabrication d’idoles de son père. Conversions forcées, chasse aux hérétiques, aux apostats et aux idolâtres, destruction d'objets de culte, éradication de rituels indigènes, autodafés, guerres saintes, guerres de religion, bûchers de l'Inquisition, combats entre sunnites et chiites, entre musulmans et chrétiens, entre musulmans et 5 infidèles, exploitation desdhimmis, ces violencesjalonnent l’histoire du christianisme et de l’islam.Elles relèvent toutes de la catégorie de la « contrainte en religion ». Ces religions se revendiquent pourtant religionsd’amour. Ce paradoxe, Saint 6 Augustin le récapitule en proclamant : « L'Eglise persécute par amour » . La formule n’est pas anecdotique,elle reflète le fond de la pensée de ce Père de l’Eglise, quin’est pas seulement l’auteur desConfessions, mais aussi celui 7 qui fonda théologiquement les persécutions .
3 Dans le langage courant, pour désigner ces religions on emploie l’adjectif « monothéistes » plutôt que « abrahamiques ».Mais on verra d’une part que l’origine de la violence ne se situe pas dans l’unicité du divin, mais dans la notion d’un dieu jaloux, exclusiviste,etd’autre part que le monothéisme n’est pas propre aux seules religions «abrahamiques ». 4 Talmud, Bereshit Rabbah 38:13.5 Dans le monde sous domination musulmane, le statut dedhimmi accordé aux chrétiens et aux juifs dans le monde arabe, aux hindous dans l’Inde sous domination musulmane, leur assurait une certaine sécurité, une liberté de culte et une dispense de certaines obligations, avec en contrepartie de taxes spécifiques et de certaines incapacités juridiques. La situation des non-musulmans, y compris les Juifs, dans le monde islamique au Moyen Âge et pendant la période ottomane fut souvent moins mauvaise que celle des non-chrétiens et des hérétiques dans l'Europe médiévale 6 St Augustin,Lettre 185, livre sur la correction des donatistes,Chapitre 2 § 11 (417). 7 Cf. p. 72. 8
8 Un comparatif des violences religieuses de par le monde indique que : si les persécutions religieuses sont fréquentes dans l'histoire, aucune n'a jamais atteint la durée de la chasse aux hérétiques dans le monde chrétien, ni le systématisme de l'Inquisition, si des guerres de religion ont eu lieu hors des mondes chrétien et musulman, elles y eurent plus un caractère social et politique que doctrinal, la volonté d'extirpation des religions autochtones de pays étrangers 9 représente une spécificité chrétienne et musulmane , En outre, dans le monded’aujourd’hui, la recrudescence des violences religieuses à laquelle nous assistons affecte plus particulièrement les pays de 10 tradition monothéiste. Dans cet essai sur la violence monothéiste, faut-il évoquer le judaïsme, alors que, au moins durant les vingt siècles passés, il fut victime et non pas acteur de violence ? La réponse est positive, carc’est en son sein qu’en furent élaborés les concepts fondateurs : le dieu jaloux, l'idolâtrie et sa condamnation. Du fait de sa spécificité, religion ethnique peu soucieuse de prosélytisme, et de son histoire, marquée par la perte de souveraineté, les effets de ces concepts sont restés circonscritsà l’intérieurdu monde juif. Il n’enest plus allé de même avec lechristianisme et l’islam,religions qui ont hérité de ces concepts, mais qui sont sorties du cadre ethnique pour devenir 11 universalistes , età qui l’histoire aprêté la force politique.
8 Cf. Jean-Pierre Castel,Guerre de religion et police de la pensée : une invention monothéiste ?L’Harmattan 2016.9 Id. 10 Cf. Pew Research Center,Religious hostilities reach six-year high, January 2014. 11 Cf. chapitre II, § « Religions ethniques, religions universalistes, religions révélées », p. 114. 9
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