Cahier Scholem
334 pages
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Cahier Scholem , livre ebook

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Description

Gershom Scholem est un historien et philosophe juif, spécialiste de la kabbale et de la mystique juive, auteur d’une œuvre immense où le travail savant fait toujours écho aux questions contemporaines.
Des auteurs majeurs, contemporains de Scholem ou appartenant à des générations postérieures, ont reconnu la portée de son œuvre, l’ont saluée et analysée.
Des études plus récentes ont ouvert des perspectives nouvelles, en situant un milieu, les inquiétudes d’une génération, le sens des problématiques sous-jacentes. Enfin, une série d’essais ouvre sur les discussions d’aujourd’hui, soit en témoignant du parcours contemporain des études sur la mystique juive et le judaïsme en général, dans l’ère de l’après Scholem , soit en s’interrogeant sur ce qui, dans le paysage intellectuel contemporain, donne à l’œuvre de Scholem son actualité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 juin 2015
Nombre de lectures 36
EAN13 9782851971586
Langue Français
Poids de l'ouvrage 10 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0297€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Herne Scholem
L’Herne
Les Cahiers de l’Herne paraissent sous la direction de Laurence Tacou
Gershom Scholem
Ce Cahier a été dirigé par Maurice Kriegel
Ouvrage publié et traduit avec le soutien du Centre National du Livre e tde la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.
Couverture :The National Library of Israel. Cahier iconographique :The National Library of Israel : I, II (9), III (10-11), IV (15-16).DR : II (6-7-8), III (12), IV (13-14).
ÉDITIONS DEL’HERNE, 2009 22, rue Mazarine 75006 Paris lherne@lherne.com www.lherne.com ISBN : 978-2-85197-1586
Sommaire
7
10
I
17
36
44
64
70
85
92
II
97
101
103
119
123
130
133
146
148
151
154
Avertissement
Repères biographiques
ENTRETIENS AVEC GERSHOM SCHOLEM
Et tout cela estkabbalah
La jeunesse juive en Allemagne
Le sionisme : la dialectique de la continuité et de la rébellion
Messianisme, sionisme et anarchie dans la langue
Sur Agnon
Immoralisme religieux, immoralisme politique
La menace du messianisme
TEXTES DE GERSHOM SCHOLEM
95 thèses sur le judaïsme et le sionisme
Le bolchevisme
Poésie de la kabbale ?
Lettre à Bialik
Lhistoire à Jérusalem
À lombre de la peur. Sur Proust
Réflexions sur les études juives
La recherche sur la kabbale. Réflexions
La pierre quavaient rejetée les bâtisseurs
Mon chemin vers la kabbale
Dieu réside-t-il dans le cœur dun athée ? Sur Ernst Bloch
5
158 161 164
III
171
176
190
200
214
223
225
230
249
275
284
291
302
316
6
Le potentiel poétique de la kabbale Identification et distance. Un retour en arrière Le détective de Slobodka. Sur Harry Wolfson
POSTÉRITÉ
Theodor Adorno e Salut à Gershom Scholem. Pour son 70 anniversaire Pierre Bouretz Scholem et lécriture de lhistoire
Michael Brenner Gnose et histoire : les polémiques sur lidentité juive allemande de Graëtz à Scholem W. D. Davies De Schweitzer à Scholem : réflexions surSabbataï Tsevi Amos Funkenstein Gershom Scholem : charisme,kairoset dialectique messianique François Furet Gershom Scholem : la culture juive et luniversel Jürgen Habermas Dépister dans lhistoire lautre de lhistoire. Sur leSabbataï Tsevide Gershom Scholem
Moshé Idel Catalyseurs subversifs : sur la gnose et le messianisme dans la mystique juive selon Gershom Scholem Maurice Kriegel Jérusalem 1920-1980 : la solitude des historiens Baruch Kurzweil Lautorité de lhistoire et ses limites
Stéphane Moses Lautobiographie de Gershom Scholem George Mosse Gershom Scholem, Juif allemand Peter Schäfer « La philologie de la kabbale nest quune projection sur un plan » : Gershom Scholem sur les intentions véritables de ses recherches
George Steiner Lumières intérieures
Avertissement
Une expérience essentielle rassemble en une sorte de fraternité les lecteurs de Gershom Scholem : son uvre leur a fait découvrir, à lintérieur du judaïsme, des univers de pensée et de sensibilité dont ils soupçonnaient à peine lexistence, et saisir le mouvement de la vie qui dans le passé sy était déployé. Elle leur a aussi montré comment de très anciens débats font pendant aux questionnements les plus contemporains sur les façons de comprendre et dhabiter lidentité juive. Cest cette manière unique de se transporter sur des terrains éloignés pour retrouver autrement les enjeux les plus lourds de sens du présent qui a fait de Scholem, en son temps, sur toutes les choses du judaïsme, le contemporain capital. Il a ouvert son propre chemin, du temps de sa jeunesse berlinoise, au cours des deux premières e décennies duXXsiècle, sur deux ruptures. Il se détourne demblée dun judaïsme réduit à son expression « bourgeoise », tient loubli de la tradition pour la cause et le résultat dune calamiteuse diminution, et fait à toute allure, dans un formidable télescopage, le tour des différentes manières envisageables de la retrouver. En même temps, à travers lopposition à la guerre dès lété 14, il sarrache intérieurement à lAllemagne. Doué pour la décision au même degré que son ami Walter Benjamin létait pour lhésitation et la procrastination, il sengage à partir de là sur deux plans, et ces engagements vont définir sa vie : pour le sionisme, auquel il attache des espérances dun type particulier, puisquil attend de la formation dune nouvelle société en Palestine quelle serve de tremplin à la renaissance dune ancienne culture, capable de se métamorphoser tout en coïncidant encore avec elle-même ; dans lexploration de la tradition juive, et plus spécialement de la mystique kabbalistique, soit la part de la tradition à son gré la plus vivante, parce quil la crédite davoir su associer fidélité et liberté, davoir fait de linstallation dans ses espaces les plus intérieurs le gage dune perpétuelle réinvention. Établi à Jérusalem à partir de 1923, et jusquà sa mort en 1982, il élabore une uvre énorme, qui révolutionne la connaissance du kabbalisme, mais aussi, par exten-sion, du judaïsme en toutes ses dimensions, comme dune histoire juive quil veut saisir du dedans et dans ses rythmes propres. Dans la dédicace de lun de ses livres phare à la mémoire de Walter Benjamin, il a célébré en celui-ci « la pénétration du métaphysicien, le pouvoir interprétatif du critique et lérudition du savant » : voilà bien la combinaison de forces doù luvre de Scholem elle-même tire son éclat. Mais en même temps quil conduit cette entreprise de résurrection dun passé saisi dans le temps le plus long, Scholem ne cesse de revenir sur lhistoire en train de se faire : il sefforce alors, en abordant les questions qui le préoccupent le plus  le jeu des forces contra-dictoires, entre rupture et continuité, à travers lequel Israël en formation établit son rapport à la tradition, les mues de lidentité juive et la place du religieux institutionnel dans les structures du nouvel État, les transformations, prometteuses ou grosses de risques, des conditions dexercice et des orientations de la recherche sur le passé juif , dinscrire les développements courants dans les problématiques plus vastes ou les temporalités plus larges où ils prennent sens, dy reconnaître les moments dun devenir ou lexpression logique, dans un mouvement ou une culture, de ses tensions constitutives. Les entretiens réunis ici  tous inédits en français , et que Scholem a accordés dans les années e soixante et soixante-dix duXXsiècle, sordonnent autour de deux pôles. Des propositions pour un déchiffrement du mouvement contemporain des choses dans le monde juif forment un premier ensemble. La réflexion de Scholem sur litinéraire de ses jeunes années, ou autour des personnalités et des uvres qui ont compté pour lui, celle de Walter Benjamin au premier rang, celle aussi du grand écrivain hébraïque Agnon, en composent un second. Mais en réalité, comme il est naturel
7
chez un auteur qui a entièrement subordonné sa destinée propre à des choix eux-mêmes dépendants dune lecture de son temps, les deux perspectives, générale et personnelle, sont constamment mêlées, et le mouvement par lequel une personnalité forte simpose au milieu danalyses neutres et au même moment sefface pour mettre en avant ce qui est plus important que soi donne à ces entretiens leur couleur et leur force. Les découvrir offre le moyen le plus plaisant et le plus sûr dapprocher lhomme et son univers : Scholem y est tout entier, avec ses partis pris, ses emportements, et aussi bien son esprit daccueil, ses indulgences. Sil livre une version, sur ce que furent très tôt ses convictions ou ses prises de position, qui peut sur tel ou tel point être mise en doute, une absolue sincérité, labsence de posture éclatent dans toutes ses explications. La personnalité morale et intel-lectuelle se donne autant à voir. À travers cette façon, dun côté, de mettre au centre, dans le jugement sur les personnes comme sur les mouvements collectifs, la qualité de la résolution morale qui les habite ou sy exprime : conséquence de lidée quil appartient à chacun, puisque lhistoire avance certes, surtout à travers le « paradoxe » ou des « renversements dialectiques », mais que ses résultats sont parfaitement imprévisibles, de trouver sa « justification » au moyen dun pari de nature éthique. À travers, de lautre, la mise en jeu, au fil déchanges sans apprêt, et sur le terrain de lactualité, des mêmes notions clés qui ont servi à Scholem de pierres dangle dans la construction du grandiose édifice de ses principales synthèses ; elles gagnent peut-être, à cet usage direct, en tranchant, leur signification profonde se dégage là si nettement quon y puise lenvie de se confronter à nouveau aux grandes uvres en lecteur mieux averti. Les seize textes de Scholem réunis à la suite sont tous, eux aussi, rendus disponibles en français pour la première fois. Mais on ne les a pas retenus pour cette raison vaine que jusquici, au hasard des initiatives dédition, ils avaient été laissés de côté. Ces pièces prises ensemble composent encore, après les entretiens, un « Scholem par lui-même » ; chacune a sa puissance, et aucune nest à ranger dans la catégorie des curiosités, ou des morceaux mineurs dune plume prestigieuse, offerts en pâture lorsquil nest plus dautre moyen de satisfaire lappétit de fréquenter un grand auteur ; plusieurs appartiennent à ce quil y a de plus essentiel dans luvre entière. Lordre chronologique de la présentation suggère de lui-même un parcours. Les premiers essais montrent Scholem à la tâche dinventer ses propres questions. Ceux qui suivent représentent à la fois des rapports détape et des manifestes, dans lesquels il définit son projet et expose de quelles ruptures celui-ci est porteur avec la façon prépondérante de pratiquer létude du judaïsme. Dans le groupe de textes qui datent des dernières années, il cherche une dernière fois à faire comprendre ce quil a voulu faire, ou examine des uvres à la fois très proches et radicalement éloignées de la sienne : il les aborde avec un mélange de respect, de tendresse et de recul ironique qui fait le charme propre de ces études, et, en marquant la permanence de ses compagnonnages et de ses refus, y brosse aussi en creux son propre portrait. Alternent, tout au long de ces pages dépoques différentes, comme pour souligner une autre permanence, celle dun tempérament aux directions contradictoires, des styles très contrastés : ici une écriture inspirée, recherchée, qui ne répugne pas à leffet et à la stridence, là une prose apaisée, exacte, imposante de discipline. Les études sur Scholem, en troisième lieu, feront dabord mesurer la diversité des milieux intellectuels dans lesquels son uvre a été accueillie comme référence majeure : voisinent ainsi dans cette section du volume des Tombeaux de Scholem de la main des maîtres de la « sociologie critique » allemande et lessai de lun des spécialistes américains les plus réputés de lexégèse néo-testamentaire, qui réagit à la parution en anglais du grand livre de Scholem consacré à laventure, e auXVIIsiècle, du Messie juif Sabbataï Tsevi, découpée en trois moments  « échec » dans lhistoire visible, élaboration théologique de cette défaite, naissance dun système religieux  et se demande quelles conséquences cette reconstitution emporte pour linterprétation des origines chrétiennes. Dautres essais, qui représentent un moment ultérieur de la réception, cherchent à mieux cerner dun côté quels déplacements se sont opérés à lintérieur dune uvre acharnée à toujours retravailler ses hypothèses, et de lautre dans quel milieu de sensibilité les positions de Scholem, et en particulier sa façon centre-européenne de comprendre le sionisme, si différente de celle qui prévalut en Europe orientale, plongent leurs racines. Enfin, cest au travers dune nécessaire et par nature interminable explication avec Scholem que les chercheurs de la dernière génération ont engagé létude du judaïsme mystique dans des directions totalement nouvelles, quils se sont tournés, pour en iden-tifier les sources, vers dautres corpus que ceux quil avait privilégiés, et ont mis en avant, afin de
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reconstituer le cours historique de la kabbale et de saisir sa place à lintérieur de lunivers religieux juif dans son ensemble, une « certaine idée », bien différente de la sienne, de ce qui donne son ressort à cet univers religieux : Moshé Idel, dans larticle ici présenté, fait ressortir on ne peut plus nettement les points de dissension. On sest souvent demandé ce quétaient les convictions dernières de Scholem, selon quels termes il reconnaissait une vérité à la spéculation des mystiques quil a si admirablement pénétrée et dépeinte. Il sest targué, pas seulement par coquetterie, de savoir tromper son monde, davoir son secret. Et il a évoqué, à propos du dilemme des kabbalistes, partagés entre le désir de garder leurs doctrines sous le boisseau et celui de les mettre par écrit au risque de les divulguer, « cette politique mystico-anarchiste qui préserve mieux ses secrets en les exprimant quen les taisant ». Il aimait le roman de Chesterton,Le nommé Jeudi, où lon voit les anarchistes qui préparent un attentat contre la monarchie britannique se prémunir dautant mieux contre la curiosité de la police quils discutent ouvertement les détails de leur plan dans lun des restaurants londoniens les plus fréquentés ; et concluait quune pensée, à légal dun complot, pouvait se faire plus clandestine en ne cessant de sexposer. On souhaite en tout cas, avec ce Cahier, faire entrer plus avant dans luvre de Scholem : non en renforcer le mystère, encore moins le dissiper. Maurice Kriegel
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